Ecriture-Lecture




LE SECRET DE TANTE ALICE




LE SECRET DE TANTE ALICE



PERSONNAGES



TANTE ALICE 58 ans
ROBERT Bourges 54 ans son frère
CLAIRE Bourges 50 ans femme de Robert
ANNE SOPHIE APPELEE ANNE SO 15 ans fille de Robert et Claire


Un salon bourgeois. Canapé, fauteuils, bibliothèque, télévision, piano droit, deux portes à droite, une à gauche.
Lorsque le rideau se lève, tante Alice et Robert, sont dans des fauteuils . Robert lit un journal et Alice ne fait rien. Ou plus exactement, elle semble réfléchir.
ALICE
Robert !
ROBERT
Oui, ma s?ur ?
ALICE
Je n?aime pas que tu me dises ma s?ur.
ROBERT
Et c?est pour me dire ça , que tu me déranges dans ma lecture ?
ALICE
Bien sûr que non. C?était en passant. Quand tu m?appelles ma s?ur, c?est que tu m?en veux.
ROBERT
Mais, je ne t?en veux pas du tout. Je veux simplement qu?on me foute la paix !
ALICE
J?avais bien raison. Ce que tu peux être désagréable !!
ROBERT
Si tu veux. Maintenant je peux reprendre ma lecture ?
ALICE
Non, vieil ours mal léché. J?ai à te parler.
ROBERT
C?est ce que tu fais depuis un bon moment. Et pour ne rien dire, d?ailleurs.
ALICE
Laisse moi le temps de m?exprimer sans te croire obligé de me dire des choses désagréables.
ROBERT ( d?un air excédé, il jette son journal par terre, se renverse à l?arrière sur son fauteuil, ferme les yeux, et avec un air de victime)
Bon. Je n?aurais pas la paix avant que tu puisses me dire les choses insignifiantes habituelles. Je t?écoute.
ALICE
Tu as le chic pour me faire perdre tous mes moyens. Je ne sais plus ce que je voulais te dire, mais c?était très important.
ROBERT
Si c?était important, tu t?en souviendrais. ( Il se baisse, ramasse son journal) Quand cela te reviendra en mémoire, tu me le diras. ( il se remet à lire son journal)
ALICE
Je n?arriverai jamais à comprendre pourquoi deux frère et s?ur peuvent être aussi dissemblables.
Robert ne répond pas. Un moment plus tard, elle reprend.
ALICE
Ah ! Ca me revient. C?est à propos de Anne, je suis très inquiète !
Robert baisse son journal, et regarde Alice par dessus ses lunettes
ROBERT
Très inquiète ? A propos de Anne ?
ALICE
Oui. J?ai hésité à te le dire. Avec ton foutu caractère !
ROBERT ( visiblement inquiet, et élevant la voix)
Tu vas accoucher, oui ?
ALICE
Oh?.Tu as de ces expressions !! Tu le sais, je suis célibataire.
ROBERT ( faisant mine de dominer ses nerfs)
Oh, toi !!! Pourquoi es tu inquiète à propos de Anne ? Elle est malade ?
ALICE
Non. Je crois qu?elle ne va plus à ses cours
ROBERT ( rassuré et reprenant son journal)
Ah ? Ce n?est que ça ? Et tu ne fais que le croire, tu n?en es même pas sûre ?
ALICE
Mais enfin c?est très grave. Tu es inconscient ou quoi ?
ROBERT
Du moment qu?elle est en bonne santé ! Le reste ?.( il hausse les épaules pour marquer l?insignifiance du reste).
ALICE
Et tu ne te demandes même pas, pourquoi elle ne va plus à ses cours ?
ROBERT
Pourquoi veux tu que je me questionne et m?inquiète au sujet d?un fait qui n?est même pas certain ?
ALICE
C?est pratiquement certain. J?ai regardé dans son cartable. Depuis 8 jours, ce sont les mêmes bouquins qui s?y trouvent.
ROBERT ( excédé)
Et alors ? Elle n?a pas changé de classe depuis 8 jours que je sache ! Elle a donc toujours les mêmes matières à étudier.
ALICE
Tu le fais exprès ? Ou tu es réellement bouché ? Il y a des jours où il n?y a pas de maths, alors on n?emporte pas le bouquin de maths, et depuis 8 jours, il n?y a jamais eu les bouquins de physique ou de chimie. Tu trouves ça normal ?
ROBERT
Le prof est peut être malade.
ALICE
Tu es de mauvaise foi. Je te dis qu?il y a un problème. Et un problème grave.
ROBERT ( continuant à tenir son journal)
Et même s?il y avait un problème- ce qui n?est pas établi- pourquoi veux tu qu?il soit grave ?
ALICE
Je ne le veux pas. Mais as-tu vu la tête de Anne ces jours derniers ? Pourquoi crois tu que je suis allée fouiller dans son cartable ?
ROBERT
Parce que tu es curieuse comme une vielle pie !
Anne entre à ce moment là. C?est une adolescente assez jolie.
ANNE-SO
C?est tante Alice qui est une V.I.P.
ROBERT ( qui regarde sa fille avec un sourire très affectueux)
Non ma chérie. Je ne parlerais pas anglais à ta tante, elle ne comprendrait pas. Je ne lui ai pas dit qu?elle était une V.I.P., mais une vieille pie.
ANNE-SO ( qui vient embrasser son père puis sa tante)
C?est curieux, vous êtes toujours comme chien et chat !
ROBERT
C?est d?autant plus curieux que nous avons les mêmes père et mère !
ALICE
Ma petite Anne, je suis inquiète !
ANNE-SO
Ah, bon ? C?est à cause de la bourse ? Je sais que tu as pas mal d?actions et que la bourse baisse, mais tu sais, la bourse, ça va ça vient, c?est un prof qui nous en a parlé. Alors, ne te fais pas de mauvais sang, ça remontera.
ALICE
Non, Anne So, je ne suis pas inquiète au sujet de la bourse, mais d?une autre chose dont tu as parlé.
ANNE-SO
Je ne comprends pas. Je n?ai parlé que de la bourse.
ALICE
Et d?un professeur.
ANNE-SO
Tu t?inquiètes au sujet d?un professeur ? Je n?y comprends rien du tout.
ROBERT ( intervenant gentiment)
Tu vois, ma chérie, ta pauvre tante ne sait pas parler franchement. Moi, je vais te le dire ce qui la tracasse. Elle est persuadée que tu sèches tes cours, et elle en est toute retournée.
ANNE-SO ( inquiète, à sa tante)
Qu?est ce qui te fait dire que je sèche mes cours ? Tu as rencontré l?un de mes professeur ?
ALICE
Peu importe comment je l?ai su. Ce qui est important, c?est que tu ne vas plus à tes cours pourquoi ?
ANNE-SO
Mais enfin qui a pu te dire ça ?
ROBERT ( A Alice)
Ah ? Tu vois ? Ce n?était même pas vrai !!
ALICE
Elle n?a pas dit que ce n?était pas vrai ! Elle a seulement demandé comment je l?avais su.
ROBERT ( goguenard)
Hé bien réponds lui !!
ALICE
Ca ne la regarde pas. Je sais ! C?est ça l?important Alors ? Tu avoues que tu rates tes cours ?
ANNE-SO
Avouer, avouer !!! Ce n?est pas un crime quand même !! J?ai suivi mes cours sans en rater un depuis le début de l?année, sauf depuis une semaine.
ALICE
Et peut on savoir la raison ?
ANNE-SO
Non. D?ailleurs pourquoi te dirais je la raison à toi ? Tu n?es pas ma mère. Je veux bien en parler à papa, mais pas à toi.
ALICE ( furieuse)
Mais qu?est ce que je t?ai fait pour que tu me traites de cette façon ? Je suis ta tante, je t?aime, et je fais mon possible pour que tu suives une ligne droite.
ROBERT
Tu sais qu?il y a plusieurs géométries. Ta ligne droite peut ne pas être celle de tout le monde. La petite veut me parler, tu devrais nous laisser.
Alice, très vexée, sort en disant
ALICE
Puisque je ne suis rien ici, puisque personne ne reconnaît les efforts que je fais pour que tout aille bien, soit, je sors. Mais Robert, j?espère que tu reconnaîtras loyalement, que sans moi, tu n?aurais rien su.
Alice étant partie, Anne vient s?asseoir sur l?accoudoir du fauteuil et fait un câlin à son père.
ANNE-SO
Dis, papa, comment tante Alice a-t-elle su que j?avais séché depuis quelques jours.
ROBERT
Donnant- donnant. Je te dis comment la tante l?a su et toi tu me dis pourquoi tu as du faire l?école buissonnière.
ANNE-SO
Oh, l?école buissonnière à Parie, ce n?est pas facile !
ROBERT
Bon. Je parle le premier. En fouillant dans ton cartable, Tante Alice s?est aperçue que son contenu était toujours le même, alors que les cours différents chaque jour. Et puis pendant toute une semaine, il n?y avait pas de bouquin de Physique ni de chimie. Alors elle en a conclu que tu ne touchais pas ton cartable, et que tu séchais tes cours.
ANNE-SO
Je la déteste !! C?est un viol de mon intimité !!
ROBERT
Oh, dis donc ! N?exagère pas quand même. Elle avait remarqué que tu avais mauvaise mine, et elle voulait savoir la vérité pour t?aider. Cela partait d?un bon sentiment.
ANNE-SO
Pour m?aider ? Mon ?il !! C?est une pipelette, à l?affût de tout, même et surtout, des choses les plus personnelles.
ROBERT
Ecoute, j?ai fait ma part du marché. A toi de tenir ta parole.
ANNE-SO
Il n?y a rien de dramatique. Ne te fais pas de mauvais sang.
ROBERT
Je l?espère bien. J?ai confiance en toi. Maintenant raconte.
ANNE-SO
Je te promets de te le dire un jour, mon petit papa, mais maintenant ce n?est pas possible ;
ROBERT
Tu me déçois. J?avais confiance en toi, tu devais me révéler la raison pour laquelle du ne vas plus au cours, et tu te défiles. Ce n?est pas bien ma fille. Tu vas m?obliger d?être du côté de ta tante.
Et puis, c?est vrai que tu as mauvaise mine. Que se passe t il ? Tu es malade ?
ANNE-SO
Non, papa chéri, je ne suis pas malade.
ROBERT
Un peu moins de « chéri » et un peu plus de confiance ! Parle moi !
ANNE-SO
Je ne suis pas comme tante Alice. Je n?accuse que lorsque j?ai des preuves.
ROBERT
Ta tante avait des preuves, puisque ce qu?elle avait découvert était la vérité. Allons, je suis inquiet : parle moi.
ANNE-SO ( après un moment de silence, elle éclate en sanglots)
Je ne peux pas, papa, pas encore, pas encore !
ROBERT ( se lève de son fauteuil, prend sa fille par le bras et la secoue)
Cette fois, ça suffit !! Je suis mort d?inquiétude ! que t?arrive- t- il ?
ANNE-SO
A moi, rien du tout !
ROBERT
A qui alors ?
ANNE-SO
Mais je ne suis sûre de rien ! Je te l?ai dit. Je ne veux pas dire n?importe quoi.
ROBERT
Bon. Je note et j?enregistre que ce n?est pas une certitude. Mais dis moi quand même, ce que tu crains.
A ce moment là, Claire entre
CLAIRE
Qu?est ce que vous complotez tous les deux ? Mais?..Tu as pleuré ma chérie ! Que se passe t il ?
ROBERT
Je n?en sais rien. Elle sait quelque chose qui la perturbe, mais elle ne veut pas me dire ce que c?est. Ce qu?elle a bien voulu me dire c?est que cela ne la concerne pas directement.
CLAIRE
Ah, bon ? Qui alors ?
ANNE-SO( regarde sa mère, et se précipite vers la sortie en disant)
Toi !
Robert et Claire, restés seuls sont un moment silencieux .
ROBERT
Qu?est ce qu?elle a voulu dire ? Il t?arrive quelque chose ?
CLAIRE (gênée et visiblement de mauvaise foi)
Je ne suis pas au courant !
Robert la regarde longuement.
ROBERT
Tu as l?air très gênée. Que se passe-t-il ? J?aimerais être au courant de ce qui se passe dans ma maison !
CLAIRE
Que veux tu que je te dise ? Demande à ta fille puisqu?elle sait des choses. Moi, je n?en sais rien.
Elle sort
Robert seul en scène marche de long en large, les mains derrière le dos. Il est très préoccupé, et parle tout seul
ROBERT
Cela ne concerne pas Anne Sophie, mais Claire. Peut être a-t-elle appris que sa mère avait un amant ? Non, impossible ! Claire ne peut pas me tromper. Elle est trop?.disons trop timide. Non. Elle n?oserait pas ;
Mais qu?est ce qu?elle a pu apprendre cette gamine ?
Après tout, comme je viens de le dire, c?est une gamine. Elle doit se faire des idées à partir d?un fait insignifiant. Oui, ce doit être cela. Il n?y a rien de grave. Je suis idiot de me faire du mauvais sang.
Robert sort par la gauche. Peu après Claire arrive par la droite. Elle allume la télévision et va s?asseoir dans un fauteuil




Quelques secondes après, Anne Sophie entre. Aussitôt, Claire se lève et va fermer le poste de télévision.
CLAIRE
Ah !! Puisque tu es là et que nous sommes seules, tu vas me dire ce à quoi tu pensais, hier, lorsque tu as dit devant ton père que j?avais des problèmes. Je t?écoute.
ANNE SO
S?il y a une personne à laquelle je n?ai besoin de rien dire, c?est bien toi. Tu sais parfaitement à quoi je fais allusion.
CLAIRE
Non. Je ne vois vraiment pas.
ANNE SO
Je t?en prie maman !! Je ne suis plus une gamine.
CLAIRE
D?accord,tu n?es plus une gamine, mais que tu sois une grande fille ne me pose pas de problème particulier. En revanche, ce qui me pose problème, c?est ta santé mentale. Que signifient toutes ces fausses confidences, ces sous entendus ? Tu vas parler, oui ?
ANNE SO
Bien. Tant pis ! J?ai fait une enquête sérieuse. Puisque tu te fiches de moi, je vais t?en parler. Je n?ai d?ailleurs qu?un nom à prononcer : Jean Bardet.
CLAIRE
Jean Bardet ? Oui, et alors ?
ANNE SO
Décidemment !!!! Ne prends pas cet air détaché, maman ! Je vous ai vue Jean Bardet et toi, à plusieurs reprises, en fait chaque jour depuis une semaine. Vous vous rencontrez au café de Provence en fin de matinée, et il vous arrive de vous voir dans l?après midi. Je ne suis pas sûre, mais presque, que c?est aussi chaque jour.
CLAIRE
Tu as pris un détective privé pour filer ta mère ?
ANNE SO
Oh, non !! Je n?ai pas les moyens. J?ai fait le travail moi-même.
CLAIRE ( en colère)
Mais c?est fou, ça !! Ma fille se permet de me suivre. !!!
ANNE SO
Je ne supporte pas que papa soit ridicule !!!
CLAIRE
Et où as-tu vu que ton père était ridicule ?
ANNE SO
Puisque tu rencontres un homme sans lui en parler, c?est que tu le trompes.
CLAIRE
Ma pauvre fille !! Ton père aussi dans la journée, doit rencontrer des femmes. Il ne m?en parle pas, mais ce n?est pas pour cela qu?il me trompe.
ANNE SO
Mais enfin, maman, si tu es infidèle?Il ne faut pas jouer sur les mots !
CLAIRE
Mais c?est toi qui joue sur les mots. Je rencontre un homme, je n?en parle pas à ton père, et tu conclue que je lui suis infidèle. C?est complètement idiot. Idiot et faux !!
ANNE SO
Mais pourquoi tu le rencontres ce monsieur ?
CLAIRE
Ce secret ne m?appartient pas, mais ne met pas en cause les liens qui m?unissent à ton père. Là !!! Tu es satisfaite ?
ANNE SO
En partie seulement. Je voudrais bien savoir?
CLAIRE
Tu disais que tante Alice était une pipelette, réfléchis bien. Comment te définis tu, toi ?
ANNE SO
Ce n?est pas la même chose !
CLAIRE
Bien sûr ! Ce qui est ridicule chez les autres, ne l?est pas chez toi !!! Fais moi le plaisir de reprendre tes cours, et de ne plus t?occuper des affaires des grandes personnes.
ANNE SO ( en sortant de scène)
Les affaires des grandes personnes ! tu parles ! Moi aussi, je suis une grande personne, et je dois savoir. D?ailleurs je saurai !!
CLAIRE ( seule en scène)
Elle est pénible cette gamine. Et je ne peux pas lui dire? ;

Le rideau tombe


Le rideau se lève sur le même décor.
Dans un fauteuil, Tante Alice, porte des lunettes et lit un livre.
Peu après, Anne So entre en scène, va vers sa tante et l?embrasse.
ANNE SO
Bonjour, tante Alice. Comment vas-tu ?
ALICE ( qui regarde sa nièce par-dessus ses lunettes)
Réponds d?abord à ma question, je répondrai ensuite à la tienne : As-tu repris tes cours ?
ANNE SO
Oui tante Alice, j?ai repris mes cours !
ALICE ( reprenant la lecture de son livre)
Alors je vais bien. Merci !
Un temps assez long
ANNE SO
Tu es très gentille, tante Alice de te faire du mauvais sang pour moi.
ALICE ( les yeux toujours fixés sur son livre)
C?est peut être parce que je t?aime beaucoup.
ANNE SO
C?est gentil !
ALICE
Arr^te de me dire que je suis gentille. Non, je ne suis pas gentille! Je t?aime beaucoup, c?est tout !
ANNE SO
C?est gentil ! enfin, bon?. ce n?est pas gentil, mais ça me fait très plaisir. Moi aussi je t?aime beaucoup ma petite tata.
ALICE
Si tu voulais être vraiment gentille, tu ne m?appellerais pas tata. Tu sais que j?ai horreur de ça.
ANNE SO
D?accord ma tante !!
( un silence)
Comment trouves tu maman en ce moment
ALICE
Mais?.Bien pourquoi ?
ANNE SO
Parce qu?elle est bizarre. Elle cache quelque choses et je ne sais pas quoi.
ALICE
Tu te fais des illusions ma petite, ta maman est incapable de cacher quoique ce soit.
ANNE SO
Ne m?appelle pas ma petite. Si ! Maman nous cache quelque chose?.Et je sais même un peu ce que c?est
ALICE
Ca veut dire quoi : Je sais un peu ce que c?est ? Tu sais ou tu ne sais pas.
ANNE SO
Je sais qu?elle voit un monsieur, en cachette, mais je ne sais pas pourquoi.
ALICE ( abandonnant son livre)
Ta maman voit un monsieur en cachette ? Alors si c?est en cachette comment le sais tu ?
ANNE SO
Enfin, pas vraiment en cachette, mais sans en parler à papa, donc c?est bien en cachette.
ALICE ( remuée)
J?ai du mal à te croire. Ta maman ne rencontre certainement pas un monsieur en cachette, et surtout, si elle rencontre quelqu?un, il n?est pas possible que ce soit?. pour des motifs ?.inavouables.
ANNE SO
En tous cas, elle rencontre un monsieur, c?est sûr. Je connais même son nom.
ALICE
Ah ? Et comment s?appelle t il ?
ANNE SO
Je crois que ce n?est pas un français. Son prénom est Giuseppe.
Alice sursaute, pâlit, cache son visage avec ses deux mains
ALICE
Giuseppe comment ?
ANNE SO
Ah, ça, je n?en sais rien. Mais maman l?appelle Giuseppe.
Alice semble extrêmement secouée, ce qui étonne fortement Anne So
ANNE SO
Mais , ma tante, tu as l?ait bouleversée. C?est parce que maman sort avec un monsieur ?
ALICE
Non, non, tu ne pourrais pas comprendre
Alice , pleure
ANNE SO
Dis moi ce que tu as ma petite tante. Qu?est ce que tu as ?
ALICE
Non, non, je ne peux rien te dire ! mais c?est lourd, lourd, je n?en peux plus !
ANNE SO
Tu sais, maintenant je suis grande. Je peux tout comprendre. Dis moi ce que tu as et je suis sûre que cela te soulagera.
ALICE
Rien ni personne ne pourra me soulager.
ANNE SO
Tu sais, si tu te confie à moi, cela ne pourra pas de faire de mal, et il est possible que cela te soulage. Parle moi, ma petite tante.
Un long moment s?écoule, durant lequel Alice pleure, renifle et semble hésitante.
ALICE
18 ans ans, 18 ans que je porte ce secret, je n?en peux plus?.
ANNE SO ( elle prend sa tante dans ses bras)
Fais moi confiance. Cela te fera du bien. Que s?est il passé il y a 18 ans.
ALICE ( qui se décide à parler)
Depuis 18 ans, je n?en ai parlé à personne ; A personne. Je me confessais 3 ou 4 fois par an, depuis 18 ans, je ne me suis plus confessée, et je ne vais pratiquement plus à l?église.
ANNE SO
Si tu as un lourd secret et que tu sois seule à le porter, il est normal qu?il t?étouffe. Parle moi , tante Alice !
ALICE
Il y a 18 ans, pour mes quarante ans, j?ai décidé de faire un voyage de un mois à Venise. J?avais pas mal d?argent de côté, et je voulais vivre durant un mois sans privation.
J?ai retenu une chambre au Danielli le célèbre hôtel de Venise. J?ai beaucoup aimé mon premier contact avec Venise. Le lendemain de mon arrivée, je suis allée dans un dancing très chic.
Presque tout de suite, un homme très séduisant est venu m?inviter à danser. Nous ne nous sommes pas quittés de la soirée. Son prénom était Giuseppé, c?est pourquoi j?étais très émue tout à l?heure.
Pendant tout mon séjour de un mois, nous sommes restés constamment ensemble. J?ai passé beaucoup plus de temps dans l?hôtel particulier de Giuseppe que dans ma chambre du Danielli, mais même lorsque j?étais dans ma chambre d?hôtel, il était avec moi. Ce fut un mois paradisiaque.
Nous n?étions pas trop malheureux de voir arriver la fin de mon séjour, car nous avions décidé de nous revoir moins de quinze jours plus tard. Il avait pris ses dispositions pour venir trois mois en France avec moi.
La veille de mon départ, Giuseppe avait une réunion de son club, et nous nous sommes séparés pour 2 ou 3 heures. Avant de partir à sa réunion, il m?a demandé si je pouvais lui repasser un pantalon pour le lendemain, car sa domestique était partie pour la journée. Bien sûr j?acceptais.
Lorsqu?il fut parti, j?ai pris son pantalon, pour le repasser j?ai vidé ses poches.
Il y avait une lettre froissée, que je ne voulais pas lire, mais mes yeux sont tombés sur le début de la lettre. « Mon grand chéri »
Je n?ai pas pu me retenir. J?ai lu cette lettre. C?était une femme qui lui écrivait. Elle lui disait son impatience de le revoir, et se plaignais d?un long mois de silence. La lettre était très récente, et Giuseppe m?avait dit plusieurs fois qu?il n?y avait aucune femme dans sa vie. Il m?avait menti.
J?ai cru devenir folle de douleur. Je me suis écroulée dans un fauteuil, et j?ai pleuré, pleuré?.jusqu?à son retour.
Quand il m?a vue dans cet état, il s?est précipité vers moi pour me prendre dans ses bras. Il ne savait que dire : ma chérie, ma chérie?.
Je l?ai repoussé, il est revenu vers moi, alors je me suis levée et tout en le traitant de tous les noms, « salaud, menteur, ?. » je l?ai repoussé plus violemment. Il est parti à la renverse et son crâne???..Oh, mon Dieu ! Cette scène est en permanence devant mes yeux ?.son crâne est allé heurter l?angle de la cheminée en pierre. Je l?avais tué ;;;Tu entends, Anne So, je l?avais tué?. Cet homme que j?aimais plus que moi-même était mort par ma faute?Je me suis affolée, je suis partie dans ma chambre d?hôtel. J?avais deux images qui se succédaient dans mes pensées. Giuseppe qui sous ma poussée tombait lentement, très lentement en arrière, puis son crâne heurtait la cheminée. L?autre image, c?était une petit pièce sombre, avec un peu de paille comme literie?C?était la prison qui m?attendait..
J?ai passé une nuit atroce, mais pas une seconde je n?ai pensé aller à la police. J?avais trop peur. La vision de cette prison qui m?attendait pour toute ma vie me glaçait de frayeur. Le matin, je suis partie en France comme c?était prévu.
Depuis 18 ans, ce sont toujours les mêmes images qui me hantent, même si la vision de la prison s?est estompée avec le temps. Mais je vois toujours le regard étonné de Giuseppe pendant qu?il tombait en arrière.
( Un long silence suit le récit d?Alice)
ANNE SO
Je comprends ma tante chérie ton calvaire depuis tant d?années. Mais c?était un accident . un simple accident. Tu ne voulais pas le tuer, mais simplement le repousser parce qu?il t?avait menti. Il ne faut plus que tu te sentes responsable, c?est le destin qui l?a tué, ce n?est pas toi.
ALICE
Ce que tu me dis, j?ai essayé mille fois de me le dire, mais je n?arrive pas à me convaincre. C?est moi qui ai tué Giuseppe, le seul homme que j?ai aimé, et lâchement, je suis partie. Malgré le temps qui passe, il m?arrive encore de penser que des policiers italiens vont retrouver ma trace, et venir m?arrêter?
Les deux actrices restent un moment silencieuses.
ALICE
Dis moi, Anne So, il est comment ce monsieur Giuseppe que ta maman connaît ?
ANNE SO
Ma foi Je n?en sais rien. Je l?ai vu deux ou trois fois, mais il était toujours assis et tourné vers maman avec qui il parlait.
ALICE
Le mien de Giuseppe était merveilleux. Il avait un charme fou. Et ce n?est pas parce que j?étais amoureuse que je le dis. Il était athlétique, brun, les traits fins mais virils?et c?est moi qui ai détruit tout ça !!
( elle se remet à pleurer)
ANNE SO
Ne sois pas triste ma tante ! D?abord, je te le répète, c?était un accident, un simple accident. Et puis, maintenant, après 18 ans, tu penses bien, que s?il était encire en vie, il ne serait plus du tout comme tu l?as connu. Et sur l?influence de l?âge non plus, tu ne peux être responsable.
CLAIRE
Tu me parles comme une grande personne. Je suis fière de toi, mon Anne Sophie. Cela m?a fait du bien de parler de ce drame effroyable
Tiens ! J?entends ta mère qui ouvre la serrure de la porte d?entrée. Surtout, tu me le promets, tu ne dis pas un mot de ce que je t?ai raconté. A personne !!! Nous sommes bien d?accord ?
ANNE SO
Oui, ma tante. Ce sera un secret entre toi et moi.
Claire entre dans la pièce. Elle semble préoccupées ;
CLAIRE
Alors ? Ca papote ? Ca papote ? Mais tu en as une tête Claire ! qu?est ce qui t?arrive ?
ALICE
Oh, rien de particulier. Je suis un peu ridicule. Anne So m?a dit qu?elle avait repris ses cours, et cela m?a fait pleurer?.de joie. Je dois être un peu trop sensible.
CLAIRE
C?est vrai, tu es très sensible, et tu as un c?ur d?or tante Alice. Enfin, il me semble. Mais connaît on même les personnes les plus proches ?
Figure toi que j?ai fait la connaissance il y a peu d?un Giuseppe?
ALICE ( vivement)
Un Giuseppe, comment ?
CLAIRE
Giuseppe Monti.
ALICE ( qui s?écroule dans un fauteuil en pleurant)
Ce n?est pas possible, ce n?est pas possible?.il est mort
CLAIRE
Calme toi, Alice. Non, il n?est pas mort. Anne So, peux tu sortir ? J?ai à parler avec tante Alice.
ANNE SO
Mais je ne suis plus une gamine, et puis j?en sais peut être plus que toi sur cette histoire.
CLAIRE
Cette histoire, comme tu le dis élégamment ne te regarde pas. Elle concerne tante Alice, et exclusivement elle.
ALICE ( qui se lève brusquement de son fauteuil)
Assez !! Parle Claire, et tu peux le faire devant la petite, elle sait tout. Mais je t?en supplie parle vite. Il n?est pas mort ?
CLAIRE
Alors tu as raconté à la gamine ce que tu me caches, ainsi qu?à ton frère depuis je ne sais combien d?années.
ANNE SO
Depuis 18 ans exactement, maman ! Et je ne suis plus une gamine !
ALICE
Assez ! assez !! assez !!!! Claire, parle moi de Giuseppe.
CLAIRE
Et bien voilà ce qu?il m?a raconté.
Vous vous êtes connus à Venise, vous avez eu une aventure..
ALICE ( la coupant vivement)
Pas une aventure : Nous nous sommes aimés !
CLAIRE
Bien. Vous vous êtes aimés durant un mois. Et puis la veille de ton départ pour la France, pour une raison qu?il ignore, il t?a trouvée la mine défaite et enragée. Il voulait te consoler et toi, tu l?as repoussé, il a fait une chute et son crâne a heurté la cheminée en pierre. Il s?est évanoui et a repris conscience dans une clinique. C?est sa femme de ménage qui l?avait trouvé le lendemain sans connaissance. Il est resté hospitalisé plusieurs semaines. Comme il ne comprenait pas pourquoi tu avais complètement changé à son égard, il en a conclu que tu avais eu une crise de folie, car il n?y avait aucune raison à ce changement.
Il n?a jamais cessé de penser à toi, mais n?a jamais rien fait pour te retrouver.
Dernièrement, il se trouvait en France chez son cousin qui est un as en informatique, et ils se sont amusés à retrouver des personnes perdues de vue. Il pensait à toi, mais ne voulait pas te rechercher. Pourtant presque à son insu, il a demandé à son cousin : Cherche une Alice Bourges?Je sais qu?elle était dans le Vaucluse.
Il y avait 15 réponses. Hé oui, 15 réponses.
Giuseppe a pris tous les numéros de fil et il a téléphoné à tous ces numéros. C?est moi qui ai reçu la communication, et il était arrivé à la conclusion que celle qu?il cherchait était chez moi. Il a demandé à me voir. Nous nous sommes rencontré une première fois, et il m?a tout raconté. Il m?a demandé si je pouvais lui donner une photo de toi récente. Nous nous sommes vus une seconde fois, et en regardant ta photo, des larmes coulaient sur son visage. Il disait que tu n?avais presque pas changée J?ai été très émue.
Dés la première fois, il m?avait demandé si tu m?avais parlé de lui. J?ai répondu par la négative et il a fait la réflexion que tu avais du l?oublier après tant d?années.
Nous nous sommes vus deux autres fois. Il ne pouvait se résoudre à faire irruption dans ta vie. Notre dernière entrevue vient d?avoir lieu. Il m?a autorisé à te dire qu?il avait trouvé ta trace, mais qu?il n?accepterait de te revoir que si tu lui expliquais pour quelle raison, il y a 18 ans tu étais si furieuse et tu l?avais rejeté.
( Un long silence. Tante Alice est transfigurée, et murmure sans arrêt : « je ne l?ai pas tué, je ne l?ai pas tué », puis se tournant vers Claire)
ALICE
Et cette femme, A-t-il parlé de cette femme ?
CLAIRE
Non. Quelle femme ? Il ne m?a parlé de rien.
Anne So se met en devoir de renseigner sa mère sur la lettre de femme trouvée dans la poche du pantalon de Giuseppe.
CLAIRE
Je ne sais rien de tout cela, mais ce que je sais, c?est que cette femme ne devait pas peser bien lourd, puisque c?est à toi qu?après 18 ans, il pense toujours.. Il doit y avoir une explication, et vous n?allez pas attendre encore 18 ans pour élucider ce problème. Il est en bas de la maison, et je dois lui donner un coup de fil sur son portable. Je peux lui dire de venir ?
ALICE ( toute excitée et fébrile)
Je ne peux pas, je ne peux pas le revoir comme ça, regarde comme je suis fagotée, et puis, il a beau dire, j?ai vieilli, je ne veux pas le décevoir?
ANNE SO
Ecoute, tante Alice, va mettre ta belle robe que tu mets rarement, et pour le reste ne te fais pas de mauvais sang. Tu as des couleurs magnifiques, et je ne t?avais jamais vue aussi belle?
ALICE ( déjà convaincue)
Tu crois ? Cette robe, c?est celle que j?avais le jour où nous nous sommes connus. J?ai la chance de pouvoir toujours la mettre, et je l?ai portée chaque jour anniversaire de notre rencontre.
CLAIRE
Alors, va vite la mettre, je lui téléphone.
Alice sort accompagnée de Anne So qui a dit vouloir l?aider à se « faire une beauté »
Claire forme un numéro sur son portable.
CLAIRE
Allo Giuseppe ? Vous pourrez monter dans dix minutes. A tout de suite.
Le rideau tombe.

Le rideau se relève presque immédiatement.
Claire est seule en scène. L?actrice doit marquer son impatience. Elle se lève, se rassoit, consulte sa montre.
Entrent la tante Alice et Anne Sophie.
La tante Alice est presque méconnaissable. Elle a sa très jolie robe, maquillée, bien coiffée. Peut être un peu trop chargée en bijoux??.
CLAIRE
Oh Alice, je ne te reconnais plus. Tu es magnifique??.peut être un peu trop de bijoux. Tu devrais ne garder que 2 ou trois bagues, et il me semble qu?un seul bracelet à un poignet devrait te suffire.
ALICE ( timidement)
Tu crois ?
CLAIRE
Oui, je le crois. Tu sais, tu n?as pas a étaler tes richesses, cela ne l?étonnera pas, il est lui-même très riche si j?ai bien compris.
ALICE
Tu as raison. Quand nous nous sommes connus, je n?avais pas tous ces bijoux ( elle enlève quelques bagues et ne conserve qu?un bracelet, puis demande timidement) Comme ça, ça va ?
CLAIRE
Je te l?ai dit tu es magnifique.
ANNE SO
Moi, je préférais quand elle avait tous ses bijoux.
ALICE
Tu es gentille, mais c?est ta maman qui a raison. Je t?en donnerai quelques uns si cela peut te faire plaisir
ANNE SO
Oh merci tata?.je veux dire ma tante. Quel effet ça te fait de le revoir après 18 ans.
CLAIRE
Fiche lui la paix?
On sonne
ALICE
Oh, mon Dieu, c?est lui !
CLAIRE
Bien sûr que c?est lui. Je vais aller lui ouvrir moi-même puisque nous nous connaissons.
( elle sort, va ouvrir, bruits de voix, et un homme entre suivi par Claire. Une cinquantaine bien conservée, grand, distingué, il se retourne vers Claire
GIUSEPPE
J?ai l?impression de revenir à l?oral de mon bac?j?ai un trac !!
( Il s?avance vers Alice)
Mais ce n?est pas possible !! C?est un effet de la cryogénie ! Vous êtes telle que dans mes souvenirs. 18 ans sont passés sans vous effleurer.
ALICE ( minaudant un peu)
Et, vous,vous n?avez pas changé de nationalité. Vous êtes toujours italien, Giuseppe, toujours flatteur, le compliment à la bouche.
CLAIRE
Viens, Anne So, tu vas m?aider. Nous allons préparer le seau de champagne
Visiblement Anne So préférerait rester mais elle finit par suivre sa mère, et Alice et Giuseppe restent seuls.
GIUSEPPE
Nous sommes idiots à nous vouvoyer. Claire a du te le dire, durant ces 18 ans, je n?ai pas cessé de penser à toi, et chaque fois, je me posais la question lancinante et sans réponse :
Qu?avais je pu faire il y a 18 ans pour qu?elle m?accueille avec cette hargne, cette colère ? Maintenant, je vais savoir. Alice, qu?avais je fait pour mériter ton courroux ?
ALICE
J?aurais préféré qu?on n?en reparle pas?Tu me mentais, Giuseppe !! Tu me disais que tu m?aimais exclusivement, alors qu?il y avait une femme.
GIUSEPPE
Une femme ? Quelle femme ?
ALICE
Celle qui t?écrivait des lettres d?amour.
GIUSEPPE
Mais il n?y avait pas d?autre femme !Qui a pu te raconter cette bêtise ?
ALICE
Je ne sais pas si tu t?en souviens, mais tu m?avais demandé de repasser ton pantalon pendant que tu allais à une réunion?.Enfin c?est ce que tu m?as dit..
GIUSEPPE
Je m?en souviens parfaitement, et je suis effectivement allé à une réunion. Et alors ?
ALICE
Alors ? Pour repasser ton pantalon, il a bien fallu que je vide tes poches, et dans une poche, il y avait une lettre de femme, une lettre qui commençait par « Mon chéri » et dans laquelle, elle était impatiente de te revoir.
GIUSEPPE ( cherche visiblement pendant un moment puis son visage s?éclaire, il vient visiblement de comprendre)
Attends, attends ! ( il sort une lettre de sa poche)
Ce n?était pas une lettre dans le genre de celle-ci ?
( Il lui tend la lettre, elle la parcourt puis la lui rend)
ALICE
Elle est récente. Alors ça continue ! Tu as un sacré culot ! Tu es un monstre !!
GIUSEPPE
Adorable idiote ! C?est pour ça que tu as voulu me tuer ? C?est une lettre de ma mère !!!! Elle se plaint chaque fois que je ne viens pas la voir assez souvent. C?était vraiment la raison de ton courroux ? Je n?arrive pas à y croire, ce serait trop bête.
ALICE
Alors je t?ai tué?ou presque pour rien ? Et moi, qui suis partie sans te porter secours?.J?étais tellement sûre de t?avoir tué..
GIUSEPPE
Je suis resté évanoui toute la nuit. C?est ma femme de ménage qui en arrivant le lendemain matin m?a trouvé, elle a appelé l?hôpital, où j?ai fait un séjour de deux semaines, durant lesquelles, j?ai commencé à me poser la question qui m?a taraudée durant 18 ans. Pourquoi, mais pourquoi Alice m?en voulait avec une telle hargne.
Claire et Anne Sophie entrent avec un seau de glace avec le champagne et des coupes
ANNE SO
Alors, tante Alice, raconte ! Ca s?est arrangé ?
ALICE
Petite curieuse ! Je ne sais pas si ça s?est arrangé comme tu dis, mais tout c?est éclairci. Nous avons vécu Giuseppe et moi durant 18 ans sur un quiproquo. Tout a été de ma faute, et je ne sais pas si Giuseppe va pouvoir me pardonner
GIUSEPPE
Ton pardon est possible, mais il est entre tes mains. Il va falloir que tu m?aimes très, très, très fort pour me faire oublier les années perdues.
ALICE
Alors je suis bien tranquille : Tu n?es « plus mort », Je n?ai plus cet atroce secret sur la conscience, je suis folle de joie, et??.
( elle hésite, en la présence de Claire et Sophie, et Claire s?en rend compte)
CLAIRE
Je sais bien qu?il y a des choses que l?on ne peut dire que lorsque l?on est deux. Mais patience.
Je suppose que ce soir, à table, il y aura une assiette de plus, et à partir de demain, il y en aura deux de moins que ce soir. Alors vous aurez tout le temps de vous exprimer pleinement.
Anne So avait servi les coupes de champagne. Les 4 personnages lèvent leur coupe pendant que le rideau tombe.

FIN
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