Ecriture-Lecture




ET PLUS, SI........



ET PLUS SI??.






PERSONNAGES
Norbert, 45 ans
Philippe, 48 ans
Madeleine.42 ans femme de Philippe
Isabelle, 42 ans ...On verra bien ce qu'elle est
Le rideau se lève. La scène est vide. Nous sommes dans un salon confortable, mais sans luxe excessif.
Sur la gauche, un bar, prés d'une grande baie.3 hauts tabourets devant le bar. Au fond et au centre, un canapé, 3 fauteuils, un meuble télévision et une télévision. Au fond à droite, une porte donnant sur un couloir qui mène à la porte d'entrée. A l'avant scène, sur une petite table basse, des journaux et des revues en vrac indiquent que l'occupant des lieux n'a pas l'ordre comme qualité première.
On entend une clef tourner dans une serrure, et 2 voix d'homme, encore off.
Le premier, Norbert, entre, un paquet de courrier à la main. Il est suivi de Philippe.
Pendant les applaudissements qui suivent toujours les premières entrées en scène, Norbert regarde les enveloppes de son courrier. Philippe, lui, va s'asseoir sur le canapé, s'étire bras et jambes écartés et baille affreusement.
Philippe;
Il fait soif
Norbert, continuant à regarder ses enveloppes.
Tu sais où ça se trouve, sers toi.
Philippe se dirige vers le bar et sort 2 verres.
Norbert.
Dis donc, j'ai les premières réponses à mon annonce
Philippe.
Chouette! On va pouvoir se marrer!
Norbert.
Non mon vieux. Ce n'est pas un jeu pour moi. C'est très sérieux!
Philippe.
D'accord, c'est sérieux. Mais dans le tas, il y en aura de marrantes
Norbert,
Les tas? Il n'est pas très gros le tas.
Il ouvre la grosse enveloppe et en retire 4 enveloppes
Norbert.
4 lettres, tu te rends compte! Ce n'est pas bésef!
Philippe.
Mais enfin, ce n'est pas un harem que tu veux constituer! Tu n'en cherches qu'une! Et puis, je te l'avais dit. Ton annonce est trop précise. Si tu avais dis: " Monsieur, cherche une Femme" tu aurais eu des tonnes de réponses. Mais tu la veux comme ceci, comme cela...et si tu avais pu envoyer une photo robot, tu l'aurais fait. Remarque, d'un autre coté, tu auras moins de réponses, mais elles seront sélectionnées. Qu'est ce que tu bois?
Norbert.
Un Whisky, bien sur. Il s'assied dans un fauteuil.
Philippe.
Vas y. Je t'écoute.
Norbert ouvre la première enveloppe. Il lit la lettre a haute voix.
" Monsieur, je viens de lire, de relire, de rerelire votre annonce, Après m'être retirée en moi même, pour un examen minutieux et objectif, je suis heureuse de vous dire, que je suis la Femme que vous cherchez..."
Philippe.
Tu vois bien. En voilà déjà une de marrante. Du premier coup, tu as trouvé la perle rare..
Norbert.
Oui. Attendons la suite...." Mais ne criez pas victoire..."
Ah! tu vois? " Il faut encore que vous soyez celui que je recherche"
Philippe.
Mais ça, c'est quand même normal
Norbert continue la lecture
" Désireuse de ne pas vous faire passer a coté de la Femme de votre vie, je serais modeste dans mes prétentions." Ca, je n'aime pas du tout " L'homme que je recherche, doit mesurer au minimum 1 mètre 75, mince mais costaud quand même..."
Philippe.
Là, ça se gâte pour toi
Norbert.
Idiot! Il continue " Ni buveur ni fumeur, il doit avoir une situation confortable, et des trésors de tendresse qu'il réservera à sa petite femme, qui est très sensible aux petites attentions...et même aux grandes."
La salope! Elle veut surtout mes sous.
.Philippe.
Le fait est que ça se termine moins bien. Allez, passe à la suivante. Je sens que ce sera la bonne........
Norbert
Tu te rends compte? C'est quand même dangereux ce système. Encore, celle là elle a dévoilé son jeu très vite. Mais comment savoir si elles ne veulent pas simplement se caser?
Philippe.
Mais enfin, toutes elles veulent se caser. Et toi aussi, tu veux te case. Le tout est de se trouver bien casés tous les deux. Allons lis nous la deuxième
Norbert.
»Monsieur. Votre annonce me plait bien. Je travaille dans un hôpital. Je suis d'origine de la Guadeloupe »Ah! Non! Une Antillaise!
Philippe( souriant ).
Mais je croyais que tu n'étais pas raciste.
Norbert
Je ne suis pas raciste du tout! Tu es idiot! D'ailleurs, j'ai signé une pétition contre le racisme. Mais ça n'a rien à voir du tout. Pour bâtir un ménage, il faut qu'il y ait une communauté de culture, d'éducation de milieu..
Philippe.
Et qui te dis, qu'avec ta correspondante, il n'y a pas de communauté de culture d'éducation et de milieu? Non. Je trouve que tu vas trop vite. Tu juges à priori.
Norbert
Arrête veux tu? Tout le monde sait que les Antillaises, dans les hôpitaux sont les filles de salle. Si elle était médecin elle l'aurait dit. Et puis son style.....
Philippe.
Bon, bon, ça va. La suivante?..
Norbert déchire la 3ème enveloppe et lit.


« Monsieur. « Je pense correspondre à ce que vous cherchez ».
Philippe.
Hé bien voilà!
Norbert.
« Malheureusement, vous ne parlez pas beaucoup de vous. »
Philippe.
C'est parce que tu es trop modeste!
Norbert.
Non. Comment veux tu que je résume en quelques lignes ma personnalité riche et chatoyante?
Philippe.
Allez le chatoyant. Continue ta lecture.
Norbert.
« Aussi vais je à mon tour vous dire quel est l'homme de mes rêves. Très grand, brun frisé » Voilà encore une intellectuelle! » Je suis très sensible à la gentillesse. Je déteste les radins. Je voudrais un homme bien équilibré, sérieux et très généreux »
Norbert.
Alors elles sont toutes les mêmes: Le fric, le fric, le fric.
Philippe.
Ca, c'est de ta faute. Dans ton annonce tu précises: » Situation confortable. »Que pensais tu attirer avec ça? Des adeptes de l'abbé Pierre? Mais ne te décourage pas. Je sens que la dernière sera la bonne.
Norbert.
La deuxième, déjà tu sentais que c'était la bonne.
Philippe.
Ben, je ne m'étais pas tellement trompé. C'était une bonne..... D'hôpital..
Norbert.
Ah c'est malin!Toi tu t'en fous, tu vis avec Madeleine depuis 3 ans, tu n'es pas seul. Mais moi, j'en ai marre de la solitude. Et j'espérais beaucoup dans cette annonce.
Philippe.
Mais enfin, rien n'est perdu! Tu n'as pas fini de lire les premières réponses, et il y en aura bien d'autres. Bien sur, je te le concède, les Madeleine ne courent pas les rues. Mais je te souhaite d'en trouver une. Non enrhumée...
Norbert.
Qu'est ce que ça veut dire, non enrhumée?
Philippe, assez fier de lui.
Ben oui. Une Madeleine enrhumée, ça ferait un bas de laine..
Norbert,
S'avançant vers l'avant scène et s'adressant au public. Regardez moi ce crétin. Il est fier de lui. Remarquez, lui, il n'y est pour rien, c'est un type intelligent. Mais c'est l'auteur qui a écrit ça.
Revenant en scène: Tu te crois drôle, tu parles de ta Madeleine, comme si c'était la merveille des merveilles. Je n'aurais pas la cruauté de te rappeler ce que tu me disais d'elle, hier, au sujet de ses qualités de femme d'intérieur.
Philippe.
Tu n'as pas la cruauté de me le dire, mais tu le dis quand même. Je ne t'ai jamais dit que Madeleine était parfaite, sans défauts (Ce serait d'ailleurs affreux) . Je te dis simplement, et moi, avec gentillesse, que je te souhaite de trouver une femme comparable à Madeleine, pour sa gentillesse, sa gaîté, et bien d'autres qualités dont je n'ai pas à te parler...
Norbert.
Bon ça va. Je t'accorde que Madeleine est une femme pleine de charme, très sympathique élégante, et j'ai beaucoup d'affection pour elle.
Philippe.
Je suis heureux que tu aies de l'affection pour elle, mais sans exagération quand même. Vous autres célibataires, vous avez une tendance » coucou » qui vous pousse à vous installer dans le nid des autres.
Norbert.
J'espère que tu plaisantes. Madeleine, c'est comme une soeur pour moi.
Philippe.
D'accord. Mais alors, pas d'inceste... Allons, redevenons sérieux. Tu nous lis cette dernière lettre?
Norbert, ouvrant et lisant la dernière lettre
« Monsieur. Je suis seule et malheureuse de l'être. Je désirerais mettre fin à cet état contre nature. Mais pas à n'importe quel prix, bien sur. Parmi toutes les annonces du mois, la votre seule a retenu mon attention « Norbert, saluant: Un bon point »
« Je me décide à vous écrire mais sans illusion excessive.
Vous ne vous étendez pas beaucoup sur vous même, mais ce n'est pas en quelques lignes que l'on peut résumer une vie et camper une personnalité.
Le fait que vous ayez une bonne situation, ne constitue pas à mes yeux un critère suffisant. Ni nécessaire d'ailleurs »
Philippe
Ah, au moins sur ce point, elle est différente des autres.
Norbert.
Oui Mais je reprends à mon compte son expression: Ce n'est pas suffisant. Je continue:
« J'ai cru discerner quelques ressemblances avec moi, dans la description de celle que vous recherchez. Divorcée depuis 8 ans, je suis libre, financièrement et affectivement. Je suis prête à aliéner une part de ma liberté pour réaliser un couple véritable, car les cicatrices de mon divorce sont enfin cicatrisées. Je ne pense pas que mon physique puisse être un obstacle.
Philippe.
Elle doit se trouver très chouette.
Norbert
- Pas forcément. Elle peut simplement avoir voulu dire.......Ce qu'elle a dit
Philippe.
Tu la défends déjà?
Norbert.
Idiot! Je continue
« En ce qui me concerne, sur le plan physique, je ne suis pas attirée par un type d'homme particulier »...
Philippe.
Là, ça te laisse toutes tes chances
Norbert.
« Je suis en revanche très attachée à l'ouverture d'esprit, à la gaieté, à l'humour, et je suis persuadée qu'un couple ne peut se constituer harmonieusement qu'entre deux êtres qui ont les mêmes valeurs, la franchise, la fidélité, le respect de l'autre. Bien sur, j'en suis très consciente: ce ne sont que des mots à
« Vous habitez dans le 84, moi je suis a Valence. Nous ne sommes pas très loin. Pourtant, si vous jugez utile que nous fassions plus ample connaissance, je préfèrerais que nous correspondions un certain temps avant de nous rencontrer. Je ne cherche pas une aventure. Vous non plus je suppose, et la première rencontre ne doit pas être très agréable. Qu'au moins, en nous connaissant déjà un peu, nous ayons une chance de nous plaire. »
Pas mal celle là. Qu'en penses tu?
Philippe.
Je pense que ton truc d'annonces doit être très amusant
Norbert.
Je te le répète. Je ne fais pas ça pour m'amuser
Philippe.
Je sais bien. Mais moi ça me plairait.
Norbert.
Mais enfin, tu as une perle en la personne de Madeleine. C'est toi qui me l'as dit.
Philippe.
Et je le maintiens. Madeleine est mon port d'attache. Mais tous les bateaux ont un port d'attache , et cela ne les empêche pas de naviguer. C'est même leur vocation.

Norbert
Alors tu voudrais « naviguer », Madeleine restant au port évidemment?
Philippe.
Je sais bien. Cela semble anormal. Pourtant je ne me sens pas anormal.
Norbert.
Je ne sais pas si c'est anormal, En tous cas, en fait de port, tu en es un avec........ Un C.
Philippe.
Je serais ce que tu dis, si je « naviguais ». Mais ce n'est pas le cas. Je n'ai jamais trompé Madeleine. Il n'empêche, que rencontrer des correspondantes, ça doit être excitant.
Norbert.
Hé bien franchement, pas pour moi. Tu vois, ce que j'aimerais, c'est qu'une femme vienne sonner à ma porte, en me disant » Vous ne me connaissez pas mais moi, je vous connais, vous me plaisez. Passons 15 jours ensemble, apprenez à ma connaître, et nous verrons bien »
Philippe.
Oui. En somme tu voudrais escamoter l'obligation de plaire. Mais tu n'es pas logique. Que tu fasses des efforts pour plaire, en vue d'une liaison: d'accord. Mais pour bâtir quelque chose de durable, tu n'as pas d'efforts à faire pour plaire. Il faut au contraire être naturel. C'est logique. Tu vois, c'est toi, à ton tour qui est anormal.
Norbert.
Un but partout. La balle au centre!
Philippe regarde sa montre:
Zut!J'ai rendez vous chez mon dentiste. Tu ne veux pas y aller à ma place?
Norbert.
Ecoute, les rendez vous que j'ai en perspective ne sont pas plus marrants
Philippe.
Alors là tu es dingue. On change quand tu veux!
Philippe se lève, va vers la sortie. Norbert l'accompagne, puis revient reprend la grosse enveloppe, et s'assied dans un fauteuil pour relire ses lettres.
De temps en temps, il arrête sa lecture, lève la tête, semblant réfléchir et reprend sa lecture.
La sonnerie de la porte retentit. Norbert se lève, vient vers l'avant scène, et s'adressant au public:
-C'est peut être mon rêve qui se réalise.
Puis il sort vers le couloir et la porte d'entrée
Une jeune femme entre, précédant Norbert
Norbert.
Quel bon vent Madeleine? Philippe sort juste d'ici!
Madeleine.
Justement, je pensais le trouver là
Norbert.
Il est parti chez son dentiste
Madeleine.
Ah, bon. Alors quoi de neuf?
Norbert, venant vers l'avant scène et s'adressant au public: Là, j'aimerai répondre Molière! Mais l'auteur n'apprécierait pas; Revenant à la scène
Pas grand chose. Asseyez vous. Ce qu'elle fait
Madeleine.
Et cette annonce? Avez vous eu des réponses?
Norbert.
C'est Philippe qui vous en a parlé?
Madeleine.
Oui. Pourquoi? Cela vous gène?
Norbert.
Pas spécialement. Oui j'ai eu 4 réponses dont 3 sans intérêt.
Madeleine.
Et la quatrième?
Norbert.
C'est à voir. Je n'en sais rien.
Madeleine.
Je peux la lire?
Norbert, après un instant de réflexion.
Après tout, si ça vous amuse. Il se lève, tire la lettre de l'enveloppe et la tend à Madeleine. Vous buvez quelque chose?
Madeleine.
Un jus de fruit. Merci. Elle commence à lire la lettre.
Norbert se dirige vers le bar, sort 2 verres les remplit et revient vers Madeleine. Alors?
Madeleine.
Je n'ai pas fini. Elle n'est pas illettrée?..
Norbert.
Ca, j'avais remarqué.
Madeleine poursuit sa lecture. Divers mimiques et onomatopées font comprendre qu'elle n'approuve pas tout ce qu'elle lit. La lecture terminée, elle regarde Norbert durant quelques secondes.
Norbert.
Alors Docteur, votre diagnostic?
Madeleine.
Bien, mais....
- Norbert.
Mais quoi?
Madeleine.
Mais, elle a une haute opinion de son physique. A t on idée de dire « Je ne pense pas que mon physique puisse être un obstacle » ?? C'est d'un prétentieux!!!!
Norbert.
Que voulez vous qu'elle dise, si elle est jolie?
Madeleine.
Jolie, jolie! Ca ne veut rien dire jolie. On est jolie pour les uns pas pour les autres. Il y a des hommes qui préfèrent les minces, d'autres les plus enveloppées, des petites, ou des grandes... Elle est ridicule de dire ( elle prend un air de suffisance » Je ne pense pas que mon physique puisse être un obstacle ». Et puis, l'histoire du couple » avec les mêmes valeurs, la franchise, la fidélité » c'est d'un banal!! Et puis encore, pourquoi ne veut elle pas vous rencontrer tout de suite? Si elle est belle et intelligente, que craint elle?
Norbert.
Elle le dit elle même. Une première rencontre n'est jamais drôle. Mieux vaut ne la faire que si l'on a quelques chances de se plaire.
Madeleine.
Non. Moi je vous dis que c'est une intrigante. Elle va vous appâter avec de belles lettres, et lorsque vous la rencontrerez, vous serez mûr, et elle vous jettera le grappin dessus.
Norbert.
Mais enfin, c'est gratuit tout ce que vous dites là! On peut être belle et intelligente, sans être une intrigante. Tenez, vous par exemple, vous êtes belle et intelligente. Etes vous une intrigante pour cela?
Madeleine.
Oh, Si j'avais répondu à votre annonce, je ne vous aurais pas écrit une lettre comme celle là
Norbert.
Non? Hé bien écrivez moi une lettre, elle me servira d'étalon pour les autres.
Madeleine.
Mais moi, je ne suis pas libre!
Norbert.
Mais je sais bien que vous n'êtes pas libre! Mais faites comme si...Tenez prenez l'annonce et répondez moi comme si vous ne me connaissiez pas. Cela me rendra service.
Madeleine
Cela fait beaucoup de « si ». Enfin, après tout, cela m'amusera. Mais n'en parlez pas à Philippe, je ne veux pas d'histoire!
Norbert.
Cela restera entre nous. Mais je vous trouve un peu dure pour ma pauvre correspondante.
Madeleine.
Oh, vous les hommes, vous n'êtes pas armés contre les ruses féminines.
Norbert.
Vous avez beaucoup rusé pour « mettre le grappin « sur Philippe?
Madeleine.
Oh, avec Philippe, c'est différent. Et puis moi, je suis très droite!
Norbert, se levant pour saluer.
Je salue l'exception. Vous êtes une femme remarquable!
Madeleine.
Mais vous ne l'aviez remarqué?
Norbert.
Vous, vous êtes la femme de Philippe.
Madeleine
Vous auriez pu le remarquer quand même!
Norbert.
Mais je ne vous ai pas dit que je ne l'avais pas remarqué.
Un silence, un peu ambigu suit cette remarque
Madeleine
. En tous cas, ce n'est pas la femme qu'il vous faut. J'en suis certaine. Il y en aura d'autres.
Norbert.
Oui. Il y aura votre lettre. Mais elle est hors jeu.
Madeleine, un peu songeuse.
Oui. Elle est hors jeu.
Elle se lève.
Madeleine.
Bon. Je vais aller réceptionner Philippe. Lorsqu'il revient de chez le dentiste, il donne l'impression de sortir d'une abominable séance de torture.
Norbert la raccompagne; et lorsqu'ils sont dans le couloir, on entend des voix « off »
Madeleine.
Réfléchissez, à ce que je vous ai dit. Réfléchissez bien, et soyez sur vos gardes.
- Norbert,
Je me garde, je me garde? On entend la porte se refermer, et Norbert revient dans le salon en monologuant.
Norbert.
Je me garde, je me garde.......d'écouter les conseils idiots. Il va reprendre la lettre. Isabelle. Isabelle Grange. Alors, je fais quoi, belle Isabelle? Je vous téléphone?
Il vient à l'avant scène et s'adresse au public? Qu'en pensez vous? J'appelle?
(Il y a 3 possibilités.
- La salle se tait (peu probable) et Norbert dit « Oui, vous n'avez pas payé votre place pour écrire la pièce »
- Unanimité de OUI. Norbert dit « Bon. Vous en prenez la responsabilité
- Il y a quelques NON dans le public. Et Norbert dit: « J'entends quelques NON. Ceux là peuvent partir! La pièce est terminée pour eux; Et moi, je fais ce qui me plait. Ou du moins ce qui plait a l'auteur. Et l'auteur veut que je téléphone. Allons y
Norbert va vers le téléphone et forme le n° indiqué sur la lettre. Le micro d'ambiance est mis. On entendra toute la conversation. Il doit y avoir au moins 6 sonneries.
Norbert.
Il n'y a personne..... On décroche. Ah si. Allo? Madame Isabelle Grange?
- Non. Ne quittez pas .Un instant.
Après une courte attente
A l'autre bout du fil. Allo?
Norbert.
Madame Isabelle Grange?
Une voix OUI.
Norbert. Ici le matricule 48 202
Pardon?
Norbert.
Oui. Oh je ne vous téléphone pas de prison. C'est le numéro de mon annonce a laquelle vous avez répondu.
Isabelle.
Ah oui? J'avoue que je ne m'y attendais pas beaucoup.
Norbert.
Je m'appelle Norbert Chale.
Isabelle.
Je n'ai rien contre. Votre nom tient chaud.
Norbert.
Hé bien voilà un bon début. Ce n'est pas très facile....Vous me posez des questions ou je commence?
Isabelle.
Allez y. Mais vous ne perdez rien pour attendre!
Norbert.
Bon. Parlez moi de vous?
Isabelle.
C'est que le sujet est vaste. Que voulez vous savoir?
Norbert.
Tout. Pour commencer, je crois que vous ne vivez pas seule?
Isabelle.
Je vis seule, mais je suis venue pour quelques jours chez ma soeur, j'ai fait suivre mes communications, et voilà pourquoi vous avez pu m'avoir au bout du fil.
Norbert.
Bien. Voilà un point d'élucidé. Je sais que vous êtes divorcée depuis 8 ans, et que vous avez beaucoup souffert de cette séparation. Pensez vous être vraiment prête pour une nouvelle vie de couple?
Isabelle
Oui. Je crois l'avoir écrit, je suis totalement libre affectivement.. C'est vrai, j'ai souffert de mon divorce. Maintenant je souffre de ma solitude. Ce qui ne veut pas dire que je sauterai à la tête du premier venu.
Norbert.
Alors, j'ai toutes mes chances. Je ne suis pas le premier venu.
Isabelle.
Vous vous aimez bien?
Norbert.
Je crois que je pourrais aimer plus que je ne m'aime. Rassurée?
Isabelle.
C'est joli, mais ce ne sont que des mots.
Norbert.
Vous avez les pieds sur terre. C'est bien. Mais par téléphone, nous ne pouvons échanger que des mots. Au départ, nous sommes bien obligés de faire confiance aux mots, quitte à réviser notre jugement par la suite.
Isabelle.
C'est vrai. Mais il est bien difficile de savoir si les mots expriment un vérité ou s'il s'agit d'une plaisanterie.
Norbert.
Bon. Tout à l'heure, je plaisantais....en partie. Je ne pourrais pas vivre avec moi, si je me détestais. Mais en cherchant bien, je dois avoir quelques défauts....mineurs. En tous cas pas de vice.
Isabelle
Me voilà rassurée. Vous habitez dans le 84?
Norbert. Oui. Dans la Cité des Papes et vous à Valence je crois?
Isabelle
Ca c'est drôle. Je suis en ce moment en Avignon, prés de la gare, chez ma soeur.
Norbert.
Et moi rue de la République. Vous avez raison. C'est drôle; un temps. Vous ne teniez pas à une rencontre rapide, moi non plus pour ne rien vous cacher...Tiens voilà un défaut: Je suis timide.
Isabelle.
Vous n'en avez pas l'air. En tous cas, c'est un défaut facile à avouer....
Norbert.
Ecoutez, Isabelle, nous n'avancerons pas beaucoup par téléphone, Et puisque le hasard (donnons lui ce nom) nous amène à quelques centaines de mètres l'un de l'autre,armons nous de courage, et rencontrons nous.
Que risquons nous? L'IVG d'une espérance? C'est tout. Il y a 3 solutions. Nous nous donnons rendez vous en terrain neutre, dans un café par exemple. Moi, avec un oeillet rouge à la boutonnière et vous avec un livre de Teillhard de Chardin à la main pour nous reconnaître. Ou bien nous nous voyons chez votre soeur, ou alors chez moi.
Isabelle. Après un temps de réflexion)
Puisque le sort l'a décidé pour nous, rencontrons nous. Mais je ne suis pas certaine de trouver un livre de Teillhard de Chardin, cela m'embêterait de vous recevoir chez ma soeur, alors je vous fais confiance si vous le voulez, j'irais chez vous?
Norbert.
Votre confiance spontanée me touche. Voulez vous cette après midi a 3 heures, je suis au 23, au 2 ème étage
Isabelle
J'ai noté. Je viendrai. Je serai un peu stressée, mais je viendrai
Norbert.
A tout à l'heure Isabelle.
Le rideau tombe

Le rideau s'ouvre sur le même décor. Un énorme bouquet de fleurs trône sur la table basse. Norbert, seul en scène vaporise un aérosol antiodeur. Il avait fait une pile des revues et journaux qui se trouvaient sur la table. . Après réflexion, il les enlève. Puis, pensant sans doute que cela faisait trop nu, il remet la pile.
Il regarde en penchant la tête, puis prend les 2 revues du dessus et les jette sur la table pour que ça fasse plus habité.
Il va vérifier sa coiffure devant la glace prés du bar. On le sent fébrile, aux aguets. Pourtant la sonnerie de la porte d'entrée semble le prendre au dépourvu. Un dernier coup d'oeil autour de lui, et il va ouvrir.
On entend dans le couloir un échange de Bonjour Isabelle, Bonjour Norbert, entrez je vous prie.
Isabelle entre.
C'est une jolie femme, habillée simplement mais avec goût. Les 2 acteurs doivent donner une impression de gène durant les premières répliques.
Norbert.
Asseyez vous Isabelle. Ce qu'elle fait. Eh bien voilà, voilà.
Isabelle.
Oui. Hé bien voilà, voilà, quoi?
Norbert.
Rien. C'était une très originale entrée en matière. Voulez vous boire quelque chose?
Isabelle.
De plus en plus original....Vous savez, je suis aussi mal à l'aise que vous.
Norbert.
Rien de plus normal. Nous vivons peut être un moment important de notre vie.
Isabelle.
Une chance sur....je ne sais combien. Mais il n'est pas interdit d'espérer.
Norbert.
Espérons, espérons. La vie est un pantalon soutenu par les bretelles de l'Espérance.
Isabelle.
Pas très poëtique, mais c'est amusant
Norbert.
Oh j'en ai d'autres. Ils se regardent un moment, puis Norbert reprend: Isabelle, vous m'avez trompé, ou plus exactement, vous vous êtes trompée...
Isabelle qui a un peu sursauté.
Je vous ai trompé? Et en quoi?
Norbert.
Oui m'avez écrit que votre physique ne me poserait pas de problème.
Isabelle.
Ah? Un temps....Je vous déplais?
Norbert.
Mais non. Bien au contraire. Vous me posez un problème parce que je crains que votre physique séduisant m'aveugle, et que je ne puisse pas voir vos défauts. Car vous en avez, c'est mathématique.
Isabelle.
Vous êtes gentil, trop peut être? Un peu flatteur hein? Bien sur j'ai des défauts, encore que ce mot ne veuille rien dire. Je crois que l'on a des caractéristiques, qui pour les uns sont des défauts et les autres des qualités. Quel défaut craignez vous de trouver en moi?
Norbert.
Je ne sais pas. Vous êtes jolie, intelligente, alors, peut être....êtes vous une intrigante, une aventurière....
Isabelle.
Vous pensez que je suis une aventurière?
Norbert
...Oh, moi, non!!!
Isabelle.
Comment ça « Oh, moi non » Qui alors?
Norbert très gêné.
Il hésite puis se jette à l'eau. Voilà, je vais tout vous dire. Lorsque j'ai reçu votre lettre ce matin, j'ai un très grand ami qui était là, avec sa compagne. A vrai dire, c'est mon meilleur ami, bien que l'on ne se connaisse que depuis 5 ans. Et je leur ai lu votre lettre.
Isabelle.
Ah bon. Et de cette lecture, ils ont déduit que j'étais une aventurière?
Norbert.
Non, bien sur que non. Ils n'ont rien conclu du tout. Une simple possibilité.
Isabelle.
Je me demande bien sur quoi ils ont basé cette possibilité?
Norbert.
Oh c'était idiot. Vous nous laissiez penser que vous aviez un physique agréable, vous êtes intelligente, alors pourquoi redouter une première rencontre? Vous ne pouviez pas déplaire. Alors l'idée a été lancée que peut être, vous vouliez ferrer le poisson par correspondance, et ensuite, hop, à la première rencontre, vous pouviez me cueillir comme un fruit bien mur.
Isabelle.
C'est affreux ce que vous me dites là. Je crois que je vais m'en aller;
Norbert.
Oh non, non, je vous en supplie. Vous vouliez la vérité, je vous l'ai dite, mais je vous jure qu'en ce qui me concerne, je ne partageais pas leur hypothèse. Vous me croyez Isabelle? Vous voyez, je vous dévoile un nouveau défaut. Je suis trop franc.
Isabelle souriante.
Vous avez le chic pour vous trouver des « défauts » faciles à avouer...Et qui a émis cette hypothèse? Lui ou elle?
Norbert.
C'est elle, mais...
Isabelle.
Alors je pense qu'elle est un peu amoureuse de vous.
Norbert.
Vous n'y pensez pas? C'est la compagne de mon meilleur ami.
Isabelle.
Votre raisonnement est un peu curieux. En tous cas, la base de son hypothèse ne tient plus, puisque je suis là.
Norbert.
Oui vous êtes là. Et surtout ne parlez plus de partir ...enfin pas tout de suite..
Isabelle.
Ecoutez Norbert, j'ai certainement des défauts, mais je ne suis pas une aventurière. Matériellement j'ai de quoi vivre. Je possède 6 appartements que je loue. Je gère moi même ce petit patrimoine immobilier, cela me suffit, et je n'ai pas de goût de luxe. Je ne cherche pas « une poire » à cueillir; mais après avoir beaucoup souffert après mon divorce, je souffre maintenant de la solitude, et suis prête à bâtir un couple, si c'est possible.
C'est tout. Je n'ai pas d'arrières pensées.
Norbert.
J'en suis certain. Je regrette seulement que ma colonne » débit »soit déjà entamée dans votre esprit. Et je me demande ce que je dois faire pour alimenter ma colonne » crédit ».
Isabelle.
Qui vous dit qu'elle n'est pas déjà entamée. Quand au débit, vous me dites que vous n'étiez pas d'accord avec la compagne de votre ami. Jusqu'à plus ample informée, je vous crois
Norbert
Merci. Je me sens plus à l'aise. Bien que ce ne soit pas très original, je vous le demande à nouveau: Voulez vous boire quelque chose?
Isabelle.
Maintenant, la situation est différente. J'ai soif. Un jus de fruit, c'est possible?
Norbert.
Bien sur. Il se dirige vers le bar.
Isabelle.
Je ne vois pas de cendrier? Vous êtes non fumeur?
Norbert.
Aïe! Pour la colonne débit! Si! je fume. Pas énormément, mais je fume.
Isabelle.
Tranquillisez vous. Moi aussi. Je peux?
Norbert amène les boisons et un cendrier. Ils allument une cigarette;

Isabelle.
Et si vous me parliez un peu de vous? Avez vous été marié avez vous une activité?
Norbert.
C'est juste. Je suis encore un inconnu pour vous.
Sur le plan professionnel, je suis vétérinaire. Nous dirigeons un cabinet avec mon associé, et cette organisation nous permet de prendre quelques journées de repos supplémentaires comme aujourd'hui par exemple.
Avant la fin de mes études, à 24 ans, je me suis marié avec une amie d'enfance. Depuis notre prime jeunesse, nos parents nous destinaient l'un à l'autre, et pour nous, c'était une évidence: nous devions nous marier.
Ce n'est qu'au bout de 8 ans de mariage, que nous nous sommes aperçus que nous nous aimions beaucoup...Mais plus comme un frère et une soeur. Nous avons divorcé d'un plein accord, en nous sommes restés en excellents termes. Elle s'est remariée et elle a 2 enfants.
Quelques années plus tard, j'ai eu une liaison qui a duré également 8 ans. Curieuse liaison d'ailleurs. C'est une femme très jalouse de son indépendance. Bien entendu, il n'était pas question de mariage, mais sa crainte de perdre une once d'indépendance était telle, qu'elle n'a jamais mis les pieds chez moi.
J'allais chez elle, mais « de passage ». Nous n'avons jamais vécu 48 heures ensemble. Notre relation s'est « effilochée » au cours des derniers mois, et notre liaison a pris fin il y a 3ans.
Voilà un court résume de ma vie sentimentale. Vous constatez que je n'ai jamais vraiment connu une vie de couple, qui me paraît pourtant devoir être le socle de toute une vie.

Ce n'est pas la fréquentation des chiens et des chats, à mon cabinet, qui pouvait me permettre de trouver la femme que je recherche, D'ou l'idée de passer une annonce. Des questions?
Isabelle.
Des milliers sans doute. Mais pas pour le moment.
Norbert.
Voilà une réponse qui me ravit. Pour poser vos mille questions, il va falloir que nous nous voyions beaucoup.....
Isabelle.
Ma réponse n'était pas à prendre au pied de la lettre. Au fait avez vous reçu d'autre réponses?
Norbert.
4 avec la votre. Mais 3 éliminées d'office.
Isabelle.
Permettez moi de vous faire une prière. Au nom de la solidarité féminine. Ne leur répondez pas. Je sais que personnellement je préférerais ne pas avoir de réponse, plutôt qu'une réponse alambiquée pour me donner les raisons de ma mise à l'écart.
Norbert.
Je prendrai d'autant plus facilement votre prière en considération, que c'est le parti qui demande le moins d'effort.
Isabelle.
Parfait. Dans la colonne « Débit » je note : paresse
Norbert.
Et moi, dans votre colonne débit, je note mauvaise foi. Car si vous m'aviez dit: il faut répondre, je l'aurais fait.
Isabelle.
D'accord. Je barre paresse et je mets: influençable.
Norbert.
Mais alors Isabelle, c'est la guéguerre?
Isabelle.
Non, et vous le savez bien. Nous tâtons nos défenses, c'est tout. D'ailleurs, avez vous remarqué tout ce que l'on a pu apprendre l'un sur l'autre, en quelques minutes? Beaucoup plus que si nous avions dit: je suis ceci ou je suis cela.
Norbert.
C'est vrai. Beaucoup plus que si nous avions échangé 1O lettres. D'ailleurs....
A ce moment la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Manifestement, Norbert n'a pas envie d'aller ouvrir. Puis comme la sonnette persiste,Norbert s'excuse pour aller ouvrir.
On entend un conciliabule dans le couloir d'entrée, sans comprendre les paroles échangées. Puis Norbert entre, suivi par Philippe;
Philippe, décontenancé
Mais....Isabelle, qu'est ce que tu fais là?
Isabelle, de même
Je peux te poser la même question. ( Ils sont l'un et l'autre très gênés. Norbert s'en aperçoit et pose bêtement la question.
Norbert.
Vous vous connaissez?
Philippe.
Isabelle était ma première femme
Norbert, toujours aussi bêtement.
Mais tu ne me l'avais pas dit!
Philippe.
Pas dit quoi? Tu m'avais lu sa lettre sans me dire son nom. Ni son prénom. Si j'avais lu la lettre moi même, peut être aurais je reconnu l'écriture (ce qui n'est d'ailleurs pas sûr)
Norbert.
Quelle situation!!!
Isabelle.
Ainsi, Philippe est votre meilleur ami? S'adressant à Philippe, car c'est elle qui se remet le plus rapidement du choc: En tous cas, je ne suis pas une aventurière comme semble le penser ta compagne.
Philippe, s'adressant a Norbert.
Tu lui as dit ça?
Isabelle.
Hé oui. On se dit tout.
Philippe.
Vous en êtes déjà là?
Isabelle
Qu'est ce que tu veux dire par « déjà là » ? Nous essayons de nous connaître c'est tout.
Philippe.
Bon, bon, ça va. Alors Isa, que deviens tu?
Isabelle.
Tu veux que je te raconte ma vie depuis 8 ans?
Philippe,
Oui. Pourquoi pas?
Norbert, furieux.
Vous voulez que je vous laisse?
Philippe.
Mais non, mais non. C'est moi qui devrais partir.
Norbert
Tu ne devrais pas partir. Tu DOIS partir!
Philippe-
Mais enfin Norbert, ne sois pas ridicule!Je revois ma femme pour la première fois depuis 8 ans (a Isabelle: tu sais que tu as encore plus de charme qu'avant?)Il est normal que nous discutions un peu.
Norbert.
Si j'ai bien compris, ce n'est plus ta femme, et si elle est libre, toi tu ne l'es plus.
Isabelle.
S'il vous plait. Pouvez vous vous arrêter tout les deux. La situation est gênante, j'en conviens, mais je crois que Norbert a raison. Je suis venue ici pour le voir, et non pour raconter ma vie à mon ancien mari.
Philippe.
Ca va ! Je m'en vais.
Isabelle.
C'est ça. Va t en. Tu en as d'ailleurs l'habitude.
Philippe
Ah non. Ne dis pas ça. Ce n'est pas moi qui suis parti!
Isabelle.
Ne jouons pas sur les mots. Je suis partie, parce que tu partais trop souvent...et pas seul.
Norbert.
Si vous voulez vous faire une scène de ménage à retardement, je vous laisse.( il se lève)
Philippe.
Non. Je pars, je pars. Mais je vous fais remarquer que j'ai l'avantage de bien vous connaître tous les deux. Et je vous le dis très objectivement: Vous n'êtes pas faits pour vivre ensemble

Norbert.
L'objectivité d'un ancien mari...Tu permets.
Isabelle.
Et puis je ne suis peut être plus celle que tu as connue. Il arrive que l'on change...( un peu perfide): Es tu toujours aussi volage?
Philippe.
Je n'ai jamais trompé Madeleine!
Isabelle.
Tu vois que des changements radicaux peuvent intervenir!
Philippe.
Tu dis des bêtises. Je n'ai jamais été vraiment volage.
Isabelle
Tu as eu raison d'ajouter » vraiment »Et quoiqu'il en soit, je te demande de ne pas te mêler de ma vie qui ne te regarde plus....
Philippe.
C'est dans votre intérêt. Je vous aime bien tout les deux, et je ne voudrais pas que vous fassiez des bêtises;
Norbert
. Sur un ton acide Tu es un adorable ami. Maintenant nous sommes majeurs et tu nous laisses.
Philippe.
D'accord, d'accord. Je pars.
Lorsqu'il arrive prés de la porte du couloir, la sonnerie retentit.
Philippe
On sonne!
Norbert.
Merci. J'avais remarqué. Puisque tu sors, vois ce que c'est.
Philippe va ouvrir. On entend des chuchotements, et Philippe revient avec Madeleine.
Philippe.
C'était Madeleine.
Norbert, excédé
.Merci! Ça aussi je l'avais remarqué Bonjour Madeleine. Je te présente l'ex femme de Philippe.
Madeleine.
La première femme de Philippe? (furieuse)Qu'est ce que tu fais avec ta première femme ?
Philippe.
Mais je ne savais pas...enfin je ne savais pas qu'elle était là. C'est la correspondante de Norbert.
Isabelle.
Oui, l'intrigante, c'est moi.
Madeleine.
L'intrigante? Ah oui. Hé bien je ne me suis pas trompée. Vous venez relancer votre ex jusqu'ici...
Philippe.
Mais Madeleine, ne soies pas ridicule. Je ne savais pas qu'Isabelle était la correspondante de Norbert.
Madeleine( qui n'en démords pas)
Il ne faut pas me prendre une idiote. C'était un coup monté!!
Philippe.
Un coup monté? Si j'avais monté un coup comme tu dis, crois tu que j'aurais donné rendez vous ici à Isabelle? Ici où nous venons souvent toi et moi?

Madeleine de mauvaise foi.
Si Norbert n'avait rien dit, je ne saurais pas qu'elle (elle désigne Isabelle) était ton ex. e suis dans une situation désagréable.
Philippe.
Tu es, tu es...........Nous sommes tous dans une situation désagréable
Norbert.
IL y a une solution simple pour mettre fin à cette situation désagréable. Il suffit, Philippe et Madeleine, que vous partiez.
Isabelle.
Ecoutez Madame, Il n'y a pas de coup monté, bien sur. Et vous pouvez être rassurée. Philippe et moi, n'avons eu absolument aucun contact depuis notre divorce. J 'ignorais même votre existence, et il est à vous toute seule...du moins je vous le souhaite. Mais avec moi, la page est entièrement tournée. Norbert et moi, nous nous rencontrons pour la première fois. Maintenant si ma présence doit poser problème, je suis prête à me retirer;
Norbert.
Il n'en est pas question. C'est à eux de partir.
Madeleine
C'est bon. Nous partons.( à Norbert) en tous cas, je ne vous écrirai pas.
Philippe.
Qu'est ce que c'est que cette histoire? Tu devais écrire à Norbert?
Madeleine.
Oui. Je devais présenter ma candidature. Norbert me l'avait demandé.
Philippe;
C'est vrai Norbert?

Norbert.
Mais non....C'est une présentation tendancieuse. Elle devait me faire une lettre qui me servirait d'étalon pour juger des autres réponses, c'est tout.
Isabelle.
Moi qui aime les situations claires, je suis servie!!!! (elle se lève) je m'en vais.
Philippe.
Attends, attends, Isabelle. C'est trop bête. Arrêtons ces âneries. Je vous propose que nous discutions gentiment, comme deux couples amis.
Isabelle.
Norbert et moi, ne formons pas un couple. Nous nous connaissons à peine. Ta proposition est ridicule. Je m'en vais.
Elle sort, suivie par Norbert qui tente de la faire changer d'avis. On les entend discuter à voix basse dans le couloir, puis une porte qui se referme. Norbert revient furieux.
Norbert à Madeleine.
Ah! Bravo. Merci. Vous avez raconté des bêtises pour la faire partir. Mais pourquoi n'êtes vous pas partis? Pour des amis, je vous retiens...... Maintenant avec Isabelle, c'est foutu!
Madeleine.
Ne regrettez rien, Norbert. C'est une intrigante. Je vous l'avais dit!
Philippe.
Non. Ne regrette rien, Norbert. Ce n'était pas une femme pour toi. Et je parle en connaissance de cause
Norbert, furieux.
Foutez moi la paix. Si c'était une intrigante, elle ne serait pas partie. Quand à toi, Philippe, tu n'as pas su la garder, alors, je t'en prie, garde tes conseils pour toi...
Philippe.
Mais enfin, Norbert, je suis ton ami. Je te connais bien. J'ai été marié avec Isabelle, je la connais bien. Si je te dis que vos caractères ne sont pas faits pour s'entendre, crois moi
Norbert.
Je te le répète. Fous moi,la paix. Et déguerpissez tout les deux. Là!!
Philippe
. Bon, bon, ça va nous partons. Allez viens Madeleine!
Ils sortent. Norbert reste seul en scène. Il va s'asseoir dans un fauteuil. Penché en avant, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains. Il reste immobile pendant que le rideau tombe.

Une semaine plus tard, lorsque le rideau se lève, la scène est vide. Venant du couloir d'entrée, Norbert entre avec un paquet de courrier dont une grande enveloppe..
Il v a s'asseoir regarde brièvement des autres enveloppes sans les ouvrir, il les met sur la petite table, et ouvre la grande enveloppe. Il en sort 3 enveloppes normales.
Il ouvre la première, et la lit rapidement.
Norbert.
Aucun intérêt. Une femme encore mariée, et qui envisage de divorcer. Pas bête. Elle ne veut pas se lâcher des 2 mains, et attend un autre Jules avant de quitter son mari. Au panier!
Il lit la seconde lettre.
Norbert.
Ah ça par exemple!Je mettrais ma main au feu que c'est Madeleine qui m'écrit. Prenant le public à témoin:
Il y a 8 jours quand je l'ai vue pour la dernière fois, elle m'avait bien dit qu'elle ne m'écrirait pas. Curieuse bonne femme. Il me semble qu'Isabelle avait raison. Elle semble avoir un faible pour moi. C'est bien votre avis aussi hein?
On sonne. Norbert va ouvrir. C'est Philippe.
En entrant dans le salon, il dit:
Philippe.
Ecoute, Norbert, je sais que tu m'en veux. J'ai voulu laisser passer quelques jours avant de revenir te voir. Tu as du réfléchir, et j'espère que tu as bien compris que je n'avais pas de mauvaises intentions quand je te disais qu'Isabelle et toi n'étiez pas faits pour vous entendre.
Norbert.
Que tes intentions soient bonnes ou mauvaises, je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que j'aurais voulu me faire mon opinion moi même, et qu'à cause de toi et de Madeleine, je n'ai plus de nouvelles d'Isabelle, et de cela, oui, je t'en veux.
Philippe.
Mais enfin, pour toi, Isabelle, c'était une inconnue. Et tu en rencontreras bien d'autres. A propos, as tu reçu d'autres réponses?
Norbert.
Oui, j'ai reçu d'autres réponses, mais je me garderai bien de t'en parler.
Philippe.
Oh Norbert, ne sois pas vache! C'est très amusant de lire ces lettres. Et je te le promets, je ne me suis marié qu'un fois...Tu vois que le petit problème ne peut se répéter...
Norbert.
Je suis certain que consciemment ou non, Madeleine et toi, avez fait, par jalousie capoter mes relations avec Isabelle.
Philippe.
Mais tu es fou!! Quelle jalousie? Isabelle est pour moi une étrangère maintenant et je suis heureux avec Madeleine.
Norbert.
Je suis heureux qu'il n'y ait aucun nuage, aucun point d'ombre dans votre couple. Mais à mon tour de te donner un conseil. Nous croyons connaître une femme. Mais ce n'est pas toujours vrai.
Philippe.
Que veux tu dire par là.
Norbert
.Eh bien...Je parlais ...en général
Philippe.
Tu deviens bien sibyllin. Enfin, tu me fais lire ces lettres?
Norbert.
Non. N'insiste pas!
Philippe.
D'accord. Je vois que tu es toujours de mauvais poil. Je te laisse. A bientôt. Il sort.
Norbert, s'adressant au public.
Hein? La gueule qu'il aurait faite si je lui avais dit que Madeleine a écrit?..tiens encore un de mes défauts...Je suis trop bon.
Le rideau tombe brièvement
Lorsque le rideau se relève, Norbert est seul en scène et se livre aux mêmes occupations qu'avant la première visite d'Isabelle.
Il y a un énorme bouquet de fleurs sur la petite table, et des revues et journaux traînent sur cette même table. Norbert va vérifier sa coiffure devant la glace. Sonnette de la porte d'entrée.. Norbert sort et revient avec Isabelle. Ils vont s'asseoir sur des fauteuils sans dire un mot.
Une fois assis,
Norbert.
Bon. Où en étions nous?
Isabelle.
S'il faut reprendre où nous en étions lorsque je suis partie, j'aime autant pas.
Norbert.
C'est vrai. Je suis maladroit. En fait, nous n'avions pas eu beaucoup de temps pour parler. Les fâcheux sont arrivés.
A ce propos, j'aimerais que très sincèrement vous me disiez ce que vous avez ressenti lorsque vous vous êtes retrouvée en présence de votre ancien mari.
Isabelle.
Votre question est tout à fait naturelle. Bien sur, la première réaction a été la surprise. Je viens chez vous et je rencontre mon ancien mari qui aux dernières nouvelles il y a 8 ans se trouvait a Lyon.
Ensuite, je n'ai pas apprécié l'attitude de Philippe qui s'incrustait. Puis Madeleine est arrivée dont la suspicion à mon égard m'avait blessée. Enfin j'ai réalisé que Philippe étant votre meilleur ami, rien n'était possible entre nous Vous voyez qu'en peu de temps, il y a eu en moi, une succession de sentiments que j'ai essayé de vous décrire scrupuleusement.
Norbert.
Merci pour votre franchise. Vous savez que votre colonne « Actif » commence a être impressionnante?
A ce moment là, la sonnette d'entrée retentit.
Isabelle.
Je vous avais demandé....ce ne sont pas...
Norbert.
Non. Ce ne peut être ni Philippe ni Madeleine. Excusez moi.
Il va ouvrir. On entend une exclamation de Norbert: AH, non!!
Et Madeleine entre très déterminée.
Madeleine
Bonjour Isabelle
Isabelle à Norbert.
Je vous avais demandé...
Norbert.
Mais oui. Je leur avais demandé de me ficher la paix aujourd'hui.
Madeleine.
Vous m'avez demandé cela? Je ne m'en souviens pas du tout.
Norbert.
J'ai dit à Philippe de vous prévenir
Madeleine.
Il a du oublier s'adressant à Isabelle. Vous semblez vous plaire en Avignon et plus particulièrement ici.
Isabelle.
Certainement pas quand vous y êtes. Je pars. Ca devient une habitude, .....Mais cela ne se renouvellera pas. Elle sort, accompagné par Norbert qui essaye de la retenir.
Norbert revient furieux dans le salon.
Mais enfin Madeleine, qu'est ce que je vous ai fait pour que vous m'empoisonniez ma vie?
Madeleine.
Mais...justement rien, Norbert. Rien
Norbert-
Ah. Vous l'avouez. Mais alors pourquoi?
Madeleine
Vous ne me faites rien. Alors que moi je vous aime.
Norbert
. Mais vous êtes complètement folle! Vous êtes la femme de Philippe.
Madeleine.
Folle? Oui. Folle de vous. Et je ne veux pas que l'ex de Philippe......
Norbert.
Ecoutez, Madeleine, moi je ne vous aime pas, mais alors pas du tout. Je dirais même que je vous déteste. Par deux fois vous avez fait fuir une femme que je commence à aimer sérieusement...Partez, partez, je ne veux plus vous voir..
Madeleine.
Mais enfin Norbert, vous voyez bien que cette femme n'est pas faite pour vous. Dés qu'elle entend un mot qui ne lui plait pas, elle fiche le camp...Ce qui prouve entre parenthèse qu'elle ne tient pas tellement a vous.
Norbert.
Le problème des relations entre Isabelle et moi, ne vous concerne en rien. Maintenant, partez
Madeleine
. Bon, bon, je vois que vous êtes en colère. Mais vous allez réfléchir...et vous constaterez qu'Isabelle ne soutient pas la comparaison avec moi. D'ailleurs, Philippe l'a laissée tomber pour moi.
Norbert.
Vous êtes pleine de délicatesse. Allez déguerpissez
Madeleine sort.
Norbert seul en scène pense tout haut.
Norbert.
Mais c'est pas possible des gens comme ça, Vous parlez d'amis!!!
S'avançant a l'avant scène et parlant au public.
Vous ne trouvez pas ça dégueulasse? Ils sont jaloux tout les deux? Philippe, parce qu'Isabelle est son ancienne femme et Madeleine, parce qu'elle aurait un sentiment pour moi.
Alors, ils me cassent la baraque! Isabelle ne voudra jamais revenir. (Il regarde sa montre) Vous croyez qu'elle a eu le temps de rentrer chez sa soeur? Oui, hein. Bon. Je tente de l'appeler. Mais ça va être coton. A tout à l'heure.
Norbert se dirige vers le téléphone et fait un numéro.
Norbert.
Allo ? Je pourrais parler à Isabelle Grange, Ah? Elle n'est pas rentrée? Je rappellerai
On entend la voix de la soeur d'Isabelle.
La soeur.
Ah, Attendez! J'entends la porte qui s'ouvre, c'est sans doute elle, ne quittez pas? Qui dois je lui annoncer?
Norbert.
Norbert Chale.
La soeur.
Bien.
On entend des chuchotements, puis la soeur revient au téléphone
La soeur
. Je regrette Monsieur, elle ne veut pas vous parler.
Norbert.

Je vous en supplie, Madame, insistez!! Cela ne l'engage en rien. Il y a un quiproquo a éclaircir. S'il vous plait, Madame, passez la moi.
Isabelle.
Encore votre histoire de quiproquo. Il n'y a pas de quiproquo. Vous m'aviez promis que nous parlerions tranquillement, sans intervention de Philippe et de Madeleine, et dés mon arrivée, elle vient chez vous.
Norbert.
Mais croyez que je suis plus en colère que vous. C'est parce que je leur avais demandé de ne pas venir, qu'elle est venue, soi disant pour me dire ( ce que vous aviez compris la première) qu'elle a un faible pour moi. En fait, elle est jalouse de vous. Si nous ne nous revoyons plus, c'est qu'elle aura gagné. Est ce que c'est ce que vous voulez?
Isabelle.
Après un long moment de silence. Si je retourne une nouvelle fois chez vous, qui me garantit qu'aucun des deux ne viendra?
Norbert.
Ce sera très simple. Dés votre arrivée, je couperai la sonnette d'entrée. Nous fermerons la porte du couloir, et même s'ils s'amusent à frapper, nous n'entendrons rien.
Je vous en supplie, Isabelle, revenez. Vous voyez bien que dans tous les ennuis que nous avons, nous n'avons ni vous ni moi une part de responsabilité. Ne nous laissons diriger par des gens malfaisants.
Isabelle.
Bon. Je vais revenir. Mais il me semble que je fais une bêtise. Il y a beaucoup trop de choses contre nous. Cette rencontre avec mon ex mari, sa femme qui se déclare amoureuse de vous...
Norbert.
Justement, Isabelle. Si nous surmontons ensemble ces difficultés, ce sera un gage pour notre avenir.
Isabelle.
Nous verrons bien. J'ai une visite à rendre. Je serai chez vous dans une heure.
RIDEAU

Le rideau se lève sur le même décor. Norbert est seul en scène. Il est fébrile, regarde sa montre, réarrange quelques revues sur la table basse, viens sur l'avant scène et dit au public
J'ai la frousse!
La sonnette d'entrèe retentit, Norbert va ouvrir .
On entend Norbert dire : « Vous voyez, Isabelle, je débranche la sonnette d'entrée. Nous serons tranquilles » Ils rentrent au salon.
Isabelle.
C'est la première fois que je réponds à une annonce. C'est la première fois évidemment que je rencontre quelqu'un par ce moyen. Je ne sais si vous êtes un vétéran de la chose, mais pour moi, c'est un baptême dont je me souviendrai.
Norbert.
C'est la première fois que je passe une annonce, et pour moi aussi c'est un baptême...qui quoiqu'il en soit marquera ma vie.
Isabelle
. Ne nous le cachons pas. Il y a entre nous un obstacle que je crois insurmontable......et je me demande bien pourquoi je suis revenue quand même
Norbert.
Il ne peut y avoir qu'une réponse à cette question, et cette réponse me fait un énorme plaisir
Isabelle.
Peu importe...L'important, c'est l'obstacle. Philippe et Madeleine sont vos meilleurs amis. Ils doivent le rester. Et il n'y a pas de place pour moi, car il me serait très désagréable d'avoir à les côtoyer.
Norbert, pensif.
Oui,...oui...je vous comprends....Ce sera à moi de faire un choix. Pour que je fasse un choix, il faut que ce soit en connaissance de cause. Je vous le demande, Isabelle. Pour l'instant, ne tenez pas compte de cet » obstacle ». Apprenons à nous connaître, et si je dois faire un choix, je le ferais. Je vous demande de me faire confiance.
A ce moment là, le téléphone sonne.
Isabelle
Je vous préviens, si c'est l'un d'eux..
Norbert.
Cela m'étonnerait beaucoup, je les ai engueulé. Non, ce doit être mon associé Pierre Vidal.
Norbert va décrocher? Allo?
Une voix
Allo? C'est Monsieur Norbert Chale
Norbert
Oui!
La voix.
Ici Madame Pierre Vidal. Mon mari m'a demandé de vous téléphoner. Il a eu un accident de la circulation ce matin, il est hospitalisé.
Norbert.
Merde!!!Oh pardon! C'est grâve.?
Mme Vidal
Fractures de la jambe gauche et du bras gauche. Il est à la clinique Romain. Il a été plâtré. La secrétaire a renvoyé tous les rendez vous d'aujourd'hui, et le cabinet est fermé. Pierre m'a fait un mot pour vous, et il tient absolument à ce que je vous le remette aujourd'hui.
Norbert.
Je suis navré de cet accident. J'espère que Pierre ne souffre pas trop. J'irai le voir ?.Quand au mot de Pierre, vous pouvez bien sur, venir me l'apporter; cela me donnera le plaisir de faire votre connaissance, car nous n'avons pas eu l'occasion de nous rencontrer. J'aurais préféré évidemment une occasion plus agréable.
Madame Vidal.
Je vous téléphone d'une cabine de la gare. A tout de suite
Norbert.
Je vous attends. Il raccroche.
Isabelle
. Je commence à croire que mon apparition dans votre vie ne vous amène que des désagréments.
Norbert.
Simple coïncidence, Vous n'êtes pour rien dans tout cela. En revanche vous êtes beaucoup et même tout, dans le plaisir que je ressens quand je suis avec vous;
Isabelle.
Vous êtes gentil. Mais cet accident va vous poser beaucoup de problèmes?
Norbert.
C'est à dire que pendant un certain temps je vais avoir beaucoup plus de travail, et que j'aurai beaucoup moins de temps libres. Mais ce ne sera que provisoire, peut être Pierre va t il m'en parler dans son mot.
Isabelle
. Il serait peut être préférable que je vous laisse recevoir la femme de votre associé
Norbert.
Oh, non. D'ailleurs, nous ne nous connaissons pas. Elle va me remettre le billet de Pierre, et ne s'attardera pas. Votre séjour chez votre soeur est prévu jusqu'à quand?
Isabelle.
Je vous avais dit que je possédais des appartements que je louais. J'en ai deux sur Avignon, et l'un de mes locataires vient de résilier son bail. Je dois faire visiter demain l'appartement à un candidat. Je repartirai sur Valence, après demain matin.
Norbert.
Ce soir, je vais aller à la clinique voir Pierre, mais si vous le voulez, déjeunons ensemble demain à midi.
Isabelle.
Volontiers Norbert. Je vais vous faire une confidence. Vous avez un bel appartement mais il s'y est passé des surprises et des conversations si désagréables pour moi, que je ne m'y sens pas très à l'aise
Norbert.
Voyez vous, mon désir de réaliser un vrai couple est tel, que je ne vois pas une difficulté que je ne pourrais résoudre. Cela va vous paraître prétentieux, mais doit en tous cas vous faire comprendre l'attachement que déjà je ressens pour vous.
Isabelle.
Je ne vous cache pas que, de mon côté.....Mais ne nous emballons pas. Nous avons passé l'age..
Norbert ayant omis de rebrancher la sonnette, on entend frapper à la porte.
Norbert.
C'est Madame Vidal. Excusez moi, je vais lui ouvrir
C'est ce qu'il fait. On l'entend pousser un cri: Ah, non, c'est pas possible!!!
Il rentre l'air abattu suivi d'une femme très à l'aise.
Norbert va s'asseoir dans un fauteuil, penché en avant, la tête entre les mains. Mais ce n'est pas vrai! Qu'ai je fait au bon Dieu?
Il se lève et s'adresse à Isabelle. Cette Dame, qui est la femme de mon associé et que je n'avais pas revue depuis 3 ans, se trouve être la personne dont je vous ai parlé et avec laquelle j'ai eu une liaison durant 8 ans
Madame Vidal
Hé oui, mon cher Norbert. Moi je savais que Pierre était associé avec toi, mais toi tu n'en savais rien. Je préférais ne pas en parler à mon mari.
Isabelle.
C'est parfait. Vous allez, Norbert me présenter toutes les relations que vous avez eues....ou que vous vous apprêtez à avoir, comme Madeleine.
Norbert.
Vous êtes injuste Isabelle. N'oubliez pas que vous m'avez présenté votre ancien mari.
Isabelle.
Je ne vous l'ai pas présenté. J
Vous ne disposez pas des permissions nécessaires pour répondre à un sujet de la catégorie THEATRE.

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