Ecriture-Lecture




ARPAILLANGE



PERSONNAGES


ANDRE BARTHELEMY35 ans
GERARD 28 ans son copain.
MARTHE GRANGIER28 ans
LUC BORAN 30 ans cousin d?André.
ALICE MONGE 28 ans
VICTOR MONGE frère d?Alice 15 ans









ACTE 1


Le rideau se lève sur une grande cuisine qui sert de salle à manger. L?ameublement est spartiate. Un banc de chaque côté d?une lourde table en bois. 3 ou 4 chaises, vieux buffet campagnard, cuisinière à bois, évier dans un coin sombre. Une grande cheminée où brûle un feu ardent. Deux hommes sont assis sur des chaises, près de la cheminée.
Lorsque le rideau est entièrement levé, les deux hommes restent silencieux un bon moment.

ANDRE
Je vais mettre du tournesol sur mes terres du Plan, et de Marinier.
Un temps.

GERARD
Ouais. Mais tu as le temps d?y penser. On est en Décembre, et tu sèmeras en Mars, alors??
Un temps.
Mais tu as un autre problème à régler avant. Tu ne crois pas ?

ANDRE
Je sais, je sais?.Mais tu vois, pour mes semis, je sais ce qu?il faut faire, mais pour??l?autre chose, je ne sais pas.
Un temps
Qu?est-ce que tu en penses, toi ?

GERARD
Oh, moi !! Moi, je ne suis pas à ta place.




ANDRE
C?est vrai, mais quand même, qu?est ce que tu ferais toi ?
Un temps

GERARD
Moi, si ce problème se posait, ce serait NON.

ANDRE
Et pourquoi ce serait non ?

GERARD
Pour moi, ce serait non, parce que son père s?est pendu.

ANDRE
Elle n?y est pour rien !

GERARD
Je n?ai pas dit qu?elle y était pour quelque chose, la pauvrette, elle avait 8 ans quand c?est arrivé. Mais, ce n?est pas normal. Et quand on se marie, on risque d?avoir des enfants, et moi, je dis, il y a des choses dans le sang, et lorsque quelqu?un se suicide, dans sa descendance, fatalement il y en a qui vont se suicider.


ANDRE
C?est idiot ce que tu dis. D?ailleurs il a eu 4 enfants et aucun ne s?est suicidé.

GERARD
Des fois, ça saute une génération. Alors, pour moi, ce serait: Non.
Un silence

ANDRE
Moi, je ne vois pas comme toi. D?ailleurs, le père était toujours triste, alors qu?elle, elle rit tout le temps.

GERARD
Cela ne veut rien dire. On peut rire toute une journée, et puis, le lendemain, clac !!
Un temps

Mais dis donc, vous en avez parlé ?

ANDRE
Avec elle, tu veux dire ?

GERARD
Evidemment avec elle !

ANDRE
Si j?en avais parlé, c?est que j?aurais pris la décision. Non, je ne lui en ai pas parlé.

GERARD
Mais alors, tu ne sais même pas, si elle serait d?accord ?

ANDRE (Un peu fat)
Et pourquoi elle ne me voudrait pas ? J?ai plus de terre qu?elle !! Qu?est ce qu?elle apporte, elle ? Arpaillange, qui ne fait même pas 10 hectares, et c?est tout !

GERARD
Je ne dis pas. Mais les femmes, elles ne raisonnent pas comme nous. Tu sais, il est déjà difficile de comprendre les hommes, alors les femmes?.

ANDRE
Homme ou femme, 23 hectares c?est plus que 10 hectares, et c?est tout !!! Il y a rien à redire !


GERARD
Non, ce n?est pas tout. Il y a les sentiments.

ANDRE
Pour les sentiments, elle n?est pas mal, et moi, je ne suis pas mal, alors ça ira.

GERARD
Les sentiments, c?est plus compliqué que ça. Regarde par exemple Alice. Elle est jolie, Alice, elle est même très jolie. Est-ce que tu te marierais avec elle ?

ANDRE
Ta question est idiote. Son père est épicier, et ils n?ont pas de terre. Alors pourquoi veux tu que je me marie avec elle ? Tu me vois épicier ?
( Il rit)

GERARD
Non ! Ma question n?est pas idiote ! C?est vrai qu?elle n?a pas de terre, mais si elle voulait de moi, je la prendrais pour femme tout de suite.

ANDRE
Forcément ! Pour toi, ce n?est pas pareil. Tu as déjà 73 hectares, alors, tu n?as pas besoin de t?agrandir.
Un temps.
Et alors, pourquoi tu ne te maries pas avec Alice? Puisque, si elle n?a pas de terre, tu t?en fous !

GERARD (En hésitant)
C?est que?.elle est trop belle pour moi. Si je la demande, et qu?elle me refuse, je serais très malheureux, tandis que si je ne la demande pas, j?ai toujours l?espoir qu?un jour, peut être, ça se fera.

ANDRE
Oui, mais tu cours le risque qu?un autre, plus gaillard, se la prenne pour lui.

GERARD
Je sais bien, je sais bien..
Un temps

Mais je pense à une chose : Puisque tu n?en veux pas d?Alice, peut-être pourrais-tu lui demander, comme ça, en passant, ce qu?elle pense de moi ?
Un long temps.



ANDRE
Ca pourrait se faire. Mais il faudrait que toi de ton côté, tu discutes avec Marthe, et en parlant de moi, dis lui bien que si je n?ai que 23 hectares, il y en a 9 en vignes, et ça, ça compte, la vigne !!

GERARD
Je veux bien lui en parler, mais à mon idée, elle doit se ficher des hectares de terres. Pour se marier, les femmes, elles cherchent un homme qui leur plaise, et crois moi, ce n?est pas facile à savoir si on leur plait ! Quelquefois, il y a des beaux hommes costauds qui ne leurs plaisent pas, alors que d?autres, maigrichons leurs plaisent. Va savoir !

ANDRE
En tous cas, tu es d?accord pour parler avec Marthe, moi, je peux discuter avec Alice, dès mercredi. Je la vois toutes les semaines au marché où elle vend des légumes.

GERARD
Hé bien c?est d?accord.
Ils se frappent dans les mains pour marquer leur accord.


GERARD
N?oublie pas de lui dire, en passant que j?ai une salle de bains moderne, avec bidet et tout?..

ANDRE
Et toi, ne lui parle pas de ça. Je n?en ai pas encore, mais, si j?arrive à avoir des terres de plus, j?installerais aussi une salle de bains.

On frappe à la porte.
André va ouvrir, et revient avec du courrier. 3 lettres. André regarde attentivement les enveloppes sans les ouvrir.

ANDRE
Ca, c?est la facture du plombier, ça c?est une publicité, mais j?ai une lettre du notaire. Qu?est ce qu?il peut bien me vouloir, celui là ? Je n?ai rien en cours avec lui. Je n?aime pas beaucoup ces gens là. Quand ils vous écrivent, c?est souvent pour du pas bon. La dernière fois, c?était le père Brugier qui me faisait dire, par le notaire, que j?empiétais sur ses terres. Comme c?était un peu vrai, j?ai perdu au moins 50 mètres carrés de terrain dans cette histoire.
(André tourne et retourne l?enveloppe, sans l?ouvrir)

GERARD
Remarque, si tu ouvrais sa lettre, tu le saurais tout de suite, ce qu?il te veut.

ANDRE (Se décidant)
Tu as raison. Je vais l?ouvrir.
Il va vers la grande table, prend des ciseaux dans un tiroir, et décachète soigneusement l?enveloppe.

GERARD
Tu es drôlement patient. Moi à ta place, j?aurais déjà déchiré l?enveloppe.

ANDRE
C?est ça ! Pour risquer de déchirer la lettre !! C?est que c?est sérieux les lettres de notaire.
(André finit de décacheter l?enveloppe et lit la lettre)

ANDRE
Je suis content que tu sois là. Ces gars là ne parlent pas comme tout le monde, et tu me diras ton idée. Je vais te lire la lettre.

Cher monsieur Remarque, je trouve, que c?est lui qui est cher et pas moi?..
(Il rit, un peu bêtement)
Mon collègue de Lyon, Maitre Bességue, m?informe du décès de madame Rose Taveux
(A Gérard Merde !! elle est morte !! c?est ma tante, la s?ur de ma mère).
Célibataire, elle n?a pas eu d?enfant. Les héritiers légitimes sont donc ses deux neveux Luc Boran et vous, André Barthélemy.
L?héritage semble être positif, puisque l?actif parait supérieur au passif. Votre cousin, Luc Boran, m?a déjà fait savoir qu?il n?entendait pas rester dans l?indivision. Même si vous étiez d?un avis contraire c?est sa position qui prévaudrait, puisque, vous ne l?ignorez pas » Nul n?est tenu de rester dans l?indivision. »
L?héritage est constitué presque uniquement par un grand appartement, bien situé au centre de Lyon. L?argent de divers comptes, pourront, je l?espère suffire pour régler les quelques petites dettes que votre tante a laissées, les frais funéraires, ainsi que les frais notariaux. Pour plus de renseignements, vous pouvez passer à mon étude.

Voilà ce qu?il m?écrit. Je ne comprends pas pourquoi, c?est Luc qui a le droit de décider à ma place, mais si j?ai bien compris, je vais recevoir de l?argent. Tu es bien d?accord ?



GERARD
Bien sûr que tu vas avoir de l?argent puisque tu vas hériter. Maintenant le notaire ne te dit pas combien ça va te faire.
(Un temps)

ANDRE
Je crois que pour l?instant, il vaut mieux que tu ne parles pas avec Marthe. Je pourrais peut être acheter des terres sans être obligé de me marier.

GERARD
Que tu puisses acheter des terres, c?est possible, mais le mariage, cela n?a rien à voir.

ANDRE
Cela n?a rien à voir, je te l?ai dit, quand on a déjà beaucoup de terres. Mais dis-moi, quand on n?a pas beaucoup de terre, et que l?on n?a pas d?argent pour en acheter, on fait comment ? Hein ? Réponds ! Comment tu fais, toi qui es malin?

GERARD
Tu économises par exemple, ou tu empruntes, mais ce que je voulais te dire surtout, c?est que le mariage n?est pas fait uniquement pour acquérir des terres. C?est agréable de vivre avec une femme, et puis, elle s?occupe de la maison, des repas, sans compter que le soir, dans le lit?.ça tient chaud?partout, si tu vois ce que je veux dire.

ANDRE
Je ne dis pas, je ne dis pas, mais une femme, ça coûte aussi, et si on n?a pas assez de terres, on ne peut pas entretenir une femme.

GERARD
Je crois que le mieux, c?est que tu ailles voir le notaire, pour savoir combien tu vas recevoir, quand l?appartement sera vendu.

ANDRE
Ce qui m?embête, c?est que ça va prendre du temps, pour avoir mon argent, et que je ne pourrai pas acheter des terres avant le printemps, alors, bien sûr, je ne pourrai pas les semer. Finalement, il vaudrait mieux que tu parles avec Marthe. Un mariage, ça va plus vite, et j?aurais sa terre d?Arpaillange pour faire du maïs ou du tournesol dès ce printemps.



GERARD
D?accord, je vais lui parler. Mais toi, tu penses à voir Alice. Moi, je n?attends pas qu?elle m?apporte des terres, mais quand même, je suis impatient d?en faire ma femme.

ANDRE
Peuh ! Si tu as besoin d?une femme, tu sais bien que nous avons nos habituelles, alors, toi, tu n?as pas de raison de te dépêcher.

GERARD
Seulement, moi, je voudrais autre chose. Nos femmes habituelles, c?est bien, je n?en dis pas de mal, parce qu?elles sont bien utiles, mais moi, je voudrais une femme à moi, rien qu?à moi, gratuitement, et qui me fasse des enfants.

ANDRE
Tu n?es jamais sûr qu?une femme ne soit rien qu?à toi. Mon avis, c?est que les femmes, ça courre plus que les hommes.

GERARD
Je suis certain qu?Alice est très sérieuse. Et puis, quand nous serons mariés, ce sera mon problème. Si elle cherche ailleurs, ce sera de ma faute. C?est que je n?aurais pas su lui donner ce qu?elle veut.

ANDRE
Mon pauvre Gérard ! Tu as fait plus d?études que moi, mais tu n?as pas les pieds sur terre. Si une femme trompe son mari, ce n?est pas forcément de la faute du mari, c?est parce qu?elle pense qu?ailleurs ce sera mieux. Les femmes, ça aime le changement, et c?est tout ! Quelquefois, il y en a qui ont des maris gentils et beaux, et qui vont coucher avec des maigres et pas beaux, alors?.
C?est vrai ce que je te dis. Tu vois, on ne peut pas être sûr d?une femme, tandis que la terre, elle ne te trompe pas. Si tu la soigne bien, elle te fait gagner de l?argent : Elle ne t?en coûte pas. .
(Ils restent silencieux un bon moment)

GERARD
Tu vois, maintenant qu?on en a parlé, je suis impatient de savoir si Alice veut bien de moi. J?ai peur qu?elle me refuse.

ANDRE
Tu es idiot. Elle ne peut pas te refuser. Tu n?es pas borgne, ni manchot?..et tu as 73 hectares, alors, tu ne risques rien. Tiens ! Si j?étais une femme, moi, je ne te dirais pas non.

GERARD (Riant)
Je préfère que tu ne sois pas une femme, et que tu restes mon copain. Je ne veux pas te faire de peine, mais entre Alice et toi, il n?y a pas photo.

ANDRE
C?était pour parler.

Un temps.
Mais quand même, si je pouvais trouver une femme qui m?apporterait 73 hectares comme toi?..Enfin, moi aussi je suis idiot, il n?y en a pas dans la région.

(Un temps)
Tu sais, il y a quelques jours, j?ai fait une liste de toutes les jeunes filles et les femmes libres, Même un peu âgées, mais il n?y en a qu?une qui a des terres à elle, parce que son père est mort, il s?est pendu le pauvre !.Alors, elle a hérité. Les autres, il faudrait attendre que les parents meurent, et moi, je ne veux pas attendre. Il n?y a donc que Marthe. Je te fais confiance, parle lui en bien de moi.

GERARD
Je te le promets. Je verrai Marthe, tu verras Alice, et on fera les noces le même jour. Ce serait marrant, hein ?
(Le téléphone sonne)

ANDRE
Je n?aime pas quand le téléphone sonne. C?est comme les lettres des notaires. Ce n?est jamais pour du bon.
(Il va vers le téléphone, décroche et écoute)

???????????????????????????????????

ANDRE
Tu peux me répéter ? Je n?ai pas bien entendu.
???????????????????????????..
ANDRE
Moi, je dis que ce n?est pas assez. D?abord, qu?est ce que tu veux en faire ?
?????????????????????????????????? ;
ANDRE
Qui ça ?
????????????????????????????????????
ANDRE
Marthe ? Mais quelle Marthe ? Marthe des Combes ?
???????????????????????????..

ANDRE
C?est ça. A bientôt. On en reparlera

(Il raccroche, abasourdi)

ANDRE
Ah, ça, alors, Ah, ça, alors !!

GERARD
Quoi, ça alors ? C?est du bon ?

ANDRE
Y a du bon et du mauvais.

GERARD
Alors ? Raconte !

ANDRE
C?était mon cousin Luc. Normalement, on est fâché et on ne se parle plus, mais avec l?héritage, forcément?.On est obligé de se causer. Alors, le bon, c?est qu?il veut me racheter ma part de l?appartement de notre tante. Il m?en offre 150.000 euros. Moi, je trouve que c?est une jolie somme, mais je le connais le Luc. S?il m?en offre 150.000 euros, c?est que ça vaut beaucoup plus. Demain de bonne heure, il faudra que je me renseigne.

GERARD
Tu n?es pas obligé de lui donner une réponse très vite. Tu peux réfléchir. Mais, la mauvaise nouvelle, c?est quoi ?

ANDRE
C?est vrai que je ne suis pas obligé de lui donner une réponse demain. Je suis content que tu sois là pour me donner des conseils.

GERARD
Et la mauvaise nouvelle ?

ANDRE
Ah, oui ! La mauvaise nouvelle, c?est qu?il va se marier, et va s?installer à Lyon dans l?appartement.

GERARD
Tu t?en fous qu?il se marie !

ANDRE
Non, je m?en fous pas ! Il va se marier avec Marthe

GERARD
Ah ? Ca, c?est plus embêtant !

ANDRE
Oui. Adieu les 10 hectares d?Arpaillange

(Un silence)

GERARD
Attends, Attends ! S?il va habiter à Lyon, il n?en aura rien à en foutre d?Arpaillange. Alors tu pourrais lui racheter cette terre, sans avoir à te marier, puisque tu ne tenais pas tellement à te marier.

ANDRE
C'est-à-dire, que maintenant, je ne veux pas qu?il se marie la Marthe.

(Après réflexion)
Finalement, je m?en fous de ses dix hectares, puisque je vais avoir de quoi en acheter bien plus. Je ne veux pas qu?elle se marie, surtout avec le Luc. Parce que comme on est fâché, je ne pourrais plus la voir, elle.

GERARD
Mais dis donc, tu disais que les sentiments, ça ne comptait pas, et maintenant que te voilà riche, tu ressens des sentiments pour Marthe.


ANDRE
J?ai toujours eu des sentiments pour Marthe. Mais je n?avais pas les moyens de la demander.
Juste au moment, où je vais pouvoir m?agrandir, elle va se marier avec un autre, et surtout, avec Luc, ça me rend malade !
Qu?est-ce que je vais faire ?

GERARD
A mon avis, tu as deux choses à faire. D?abord, tu devrais te renseigner auprès du notaire, sur la vraie valeur commerciale de cet appartement à Lyon. Tu sauras si ton cousin Luc a essayé de te rouler. Ensuite, si j?étais à ta place, j?irai carrément voir Marthe. Maintenant que tu as les moyens, tu peux te permettre de lui dire que tu as des sentiments pour elle, et tu verras bien, ce qu?elle te répondra. Peut être que Luc a pris son désir pour la réalité. Si ça se trouve, il n?a même pas demandé son avis à la Marthe

ANDRE
Heureusement que tu es là, Gérard. Avec toi, les choses sont plus simples. Je vais faire ce que tu dis.

Un temps

GERARD
Quand même ! Tu te rends compte de tout ce qui t?arrive depuis que je suis arrivé tout à l?heure ?

ANDRE
Oui. Je voulais me marier avec Marthe, pour avoir Arpaillange, et elle se marie avec un autre qui va me prendre Arpaillange.

GERARD
Je te l?ai dit : Tu n?en sais rien ! D?abord, Marthe, ce n?est pas sûr qu?elle soit perdue pour toi. C?est ton cousin qui t?a dit qu?il allait se marier avec elle, mais si ça se trouve, je te l?ai dit, il ne lui en a même pas parlé. Et puis tu oublies le principal : Ton héritage, qui va te permettre d?acheter beaucoup d?hectares. Tu en as appris des choses en quelques minutes, et elles sont plutôt bonnes, non ?

ANDRE
On ne peut pas dire encore. Pour commencer, comme tu me l?as dit, il va falloir que j?aille voir Marthe. Pour moi, je crois que c?est le plus important. Hier j?y suis allé : Elle n?était pas là.

GERARD
Tu as raison. Va la voir ! Mais ne m?oublie pas, hé ? Tu parleras à Alice ?

ANDRE
Je te l?ai promis. Demain au marché je vais lui causer de toi.

GERARD
Bon. Il faut que j?aille travailler à la ferme. A bientôt André.

ANDRE
A bientôt Gérard ! Il faut que je fasse ma soupe. C?est pas marrant de vivre seul. C?est pas marrant, et c?est du boulot en plus.
GERARD
Patience mon vieux. Je suis sûr qu?on sera de noces bientôt !

ANDRE
Aux tiennes peut être !

Gérard et André se dirigent vers la sortie, Gérard sort et André va chercher des légumes, s?installe sur le banc et se met à les éplucher.
(Il parle tout seul)

ANDRE
C?est vrai qu?au lieu de me faire à manger, je serais mieux à travailler aux champs. C?est le travail d?une femme, ça (De son couteau, il désigne le tas de légumes). Enfin, je crois??? (Il est interrompu par des coups frappés à la porte. Il s?essuie les mains avec un torchon et va ouvrir. Il revient avec une jeune femme : Marthe. C?est une jolie femme, élégante, saine, avec un sourire très doux)

MARTHE
Bonjour André. On m?a dit que tu étais passé chez moi hier pendant que j?étais absente, et comme je devais aller voir Madeleine qui habite près de chez toi, je suis venue te voir. Ca va ?

ANDRE
Ca va, ça va !! Merci d?être venue.

MARTHE
Tu avais quelque chose de spécial à me dire ?

ANDRE (Un peu timide)
Oui?Non?, enfin oui. Je voulais parler avec toi.

MARTHE (Rieuse)
Hé bien, puisque je suis là, profites- en. De quoi s?agit-il ?

ANDRE
Il faut que je te dise?Tu connaissais ma tante Rose ?

MARTHE
Pas vraiment. J?ai du la voir deux ou trois fois. Pourquoi ?

ANDRE
Parce qu?elle est morte.

MARTHE
Oh !!Je suis désolée. Tu étais proche d?elle ?



ANDRE
Non. Je ne la voyais pas souvent. Mais comme elle n?avait pas d?enfant, mon cousin Luc et moi, sommes ses héritiers.

MARTHE
A quelque chose, malheur est bon. Tu vas donc recevoir de l?argent.

ANDRE
Oui, je crois. Je te dis ça, parce que je vais te demander quelque chose, et je ne voudrais pas que tu penses que c?est à cause d?Arpaillange.

MARTHE
Arpaillange ? Je ne vois pas ce que ma terre d?Arpaillange a à voir avec le décès de ta tante.

ANDRE
Mais d?abord, il faut que je te demande. Luc, mon cousin, tu le connais bien ?

MARTHE
Je le connais, mais je ne l?ai pas vu souvent. Il y a 8 jours à un bal, j?ai du faire deux ou trois danses avec lui, mais je ne peux pas dire que je le connaisse bien. Pourquoi toutes ces questions?

ANDRE
Parce que je veux t?en poser encore une : Est-ce que tu veux vraiment te marier avec lui ?

MARTHE
Me marier avec lui ? Ce n?est pas parce que j?ai dansé un peu avec lui que je vais me marier avec lui ! D?abord, il ne me l?a pas demandé, et puis?s?il me l?avait demandé, je lui aurais dit non.

ANDRE
Je suis bien content. Je te l?ai dit : Pour moi, Arpaillange, ça ne compte pas !

MARTHE
Encore Arpaillange ? Mais qu?est ce que ma terre vient faire ?

ANDRE
Oui, je ne m?explique pas très bien, excuse moi. Je voulais te dire, que comme je vais avoir un héritage, je vais pouvoir m?acheter 10 fois Arpaillange.




MARTHE
J?en suis contente pout toi. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu fais d?Arpaillange une unité de compte.

ANDRE
Ecoute moi bien (Un temps) Ce que je veux te dire, c?est ?..Que maintenant, je me fous d?Arpaillange.

MARTHE
Je suis sûre qu?Arpaillange te le rends bien, mais j?aimerais bien savoir où tu veux en venir.

ANDRE
C?est bien simple (Un temps, puis il se lance) Même si tu n?avais pas Arpaillange, j?aimerais que tu deviennes ma femme.

MARTHE
Arpaillange, Arpaillange !! Pourquoi tu me parles toujours de cette terre ? Elle n?a jamais facilité ou empêché mon mariage. En revanche, je sais très bien pourquoi je vais être bientôt une vieille fille. Personne ne veut de moi, parce que mon père s?est pendu, et ils ont tous peur que ce soit une maladie héréditaire.
(Réalisant tout à coup) Mais?Tu m?as dit que tu voudrais te marier avec moi ?
ANDRE
Même si tu n?avais pas Arpaillange. C?est pour te dire que ce n?est pas pour ta terre.

MARTHE
Je ne comprends toujours pas pourquoi tu me dis ça. Personne ne se marierait simplement pour avoir une terre de plus. Ou alors, ce serait un idiot.

ANDRE
Je ne suis pas un idiot. Mais je n?ai que 23 hectares de terre. Remarque, il y en a 9 en vigne, mais enfin, mon exploitation est trop petite. Maintenant, avec l?héritage de Rose, ce sera plus pareil.

MARTHE
Regarde-moi dans les yeux, André. Dis-moi si je me trompe : Avant d?avoir ton héritage, tu aurais voulu te marier avec moi, uniquement pour avoir Arpaillange ?




ANDRE
Non, pas uniquement, puisque je te dis que même sans Arpaillange, je voudrais me marier avec toi !

MARTHE
Pas uniquement, mais un peu quand même.

ANDRE
Comprends-moi, Marthe. Avec 23 hectares, je ne pourrais pas faire vivre une femme.

MARTHE
A ton tour, comprends- moi. Tu crois que c?est agréable de penser qu?on veut se marier avec toi parce que tu amènes un petit bout de terre ?

ANDRE
Arpaillange, ce n?est pas un bout de terre, c?est de la belle terre, riche et d?un seul tenant.

MARTHE (Furieuse)
D?un seul tenant ! Bien sûr c?est très flatteur d?avoir une terre d?un seul tenant. C?est une belle qualité de femme, ça ! Tu es très doué pour faire une déclaration d?amour. Tu ne me parles pas de mes yeux de braise, de ma taille de guêpe ou de mes lèvres sensuelles, de ma sensibilité, de mon intelligence pénétrante. Non !! Tu me parles de ma terre d?un seul tenant. Bravo. Bravo et merci.

ANDRE
Mais puisque je te dis qu?Arpaillange ne compte pas dans ma demande !!

MARTHE
Parce que tu as eu un héritage. Mais si ta tante n?était pas morte, tu m?aurais demandé en mariage pour avoir 10 hectares de plus. D?un seul tenant??.

ANDRE
Dis pas ça !!. J?ai toujours eu un faible pour toi.

MARTHE
Tu avais surtout un faible pour Arpaillange.
(Un temps)
Mais j?y pense maintenant. Ton cousin Luc aussi m?avait parlé de ma terre d?Arpaillange. Qu?est ce que vous avez, tous, dans votre famille, pour aimer ma terre ?

ANDRE
Ecoute, Marthe, pour te prouver que c?est toi et pas ta terre que je veux, tu n?as qu?à vendre Arpaillange, et je t?épouserais quand même. Comme ça les choses seront claires.

MARTHE
A qui veux-tu que je la vende ? A toi, peut être ?

ANDRE
Evidemment, à moi, ce serait mieux, mais si tu préfères à un autre qui t?en donnera plus que moi, tu pourras, bien sûr.

MARTHE (Ironique)
Je pourrais ? Oh comme tu es gentil ! Merci !
Décidemment, je suis destinée à rester vieille fille. Comme je n?ai pas besoin de cette terre pour vivre, je crois que je vais la mettre en vente, et c?est celui qui m?en donnera le meilleur prix qui l?aura.

(Un très long silence)

ANDRE
Je savais que je n?étais pas très adroit, et cela ne me gênais pas beaucoup. Mais avec toi, si, cela me gêne. J?ai honte, j?ai très honte. Si tu mets Arpaillange en vente, je ne me porterai pas candidat. Je te le jure. C?est vrai que pour avoir ta terre, j?étais prêt à me marier avec toi. Comme je n?ai pas d?argent, c?était la seule façon de m?agrandir, et de faire vivre ma femme : Toi. Mais depuis que j?ai l?héritage, je sais que ce n?est pas ta terre, c?est toi que je veux.

MARTHE (Ironique)
Je suis flattée à la pensée que tu m?estimes plus que ma terre. Mais vois-tu, je ne peux oublier que longtemps, elle et moi, nous formions un lot?dont la partie la plus importante était Arpaillange.
Je crois qu?il faut laisser passer un peu de temps, et plus tard, nous reparlerons de tout ça..
(On frappe à la porte)

MARTHE
Tiens ! Tu as de la visite, je vais te laisser.

ANDRE (En allant ouvrir)
Non, non, attends, ce n?est peut être rien?attends ! Ne pars pas?..

(Il ouvre la porte et entre un jeune homme, très à l?aise, relativement élégant, et sans doute beau parleur. C?est Luc.



LUC
Bonjour, cousin ! Ah, mais ma parole, Marthe est là !! Le hasard fait bien les choses : je voulais justement te voir, ma belle.

MARTHE
Décidemment, j?intéresse beaucoup votre famille. A moins que ce soit Arpaillange qui vous attire ?

LUC
Oui, je voulais te parler d?Arpaillange aussi, mais c?est secondaire. Je voulais d?abord te parler de nous. Remarque, il serait mieux que nous ne soyons que tous les deux, mais finalement, la présence d?André ne me gène pas : Après tout, nous sommes de la même famille, hein, André ?.
Tu me connais un peu, Marthe, et tu sais que je suis un homme droit, que je n?y vais pas par quatre chemins. Alors, je te le demande directement : Veux-tu devenir ma femme ?

MARTHE (Riant)
Décidemment, c?est mon jour. Jamais personne ne m?avait demandée en mariage, à cause de mon père qui s?est suicidé, et maintenant que je suis presque une vieille fille, j?ai deux demandes en mariage dans la même journée. Je suis comblée, mais c?est trop.

LUC (à André)
Tu as osé la demander en mariage ?

ANDRE
Et pourquoi n?aurais-je pas le droit de la demander en mariage ?

LUC
Pourquoi ? Mais regarde-toi, et tu auras la réponse.

(André s?apprête à se jeter sur Luc, quand Marthe intervient)

MARTHE (D?un ton sec)
ASSEZ !!! Voilà maintenant deux hommes qui veulent se battre pour moi. Je rêve !! Malheureusement, vous n?êtes que des gamins sans cervelle. Il n?y en aura pas un qui sera jaloux de l?autre. Je ne marierai ni avec André, ni avec toi, Luc ! Alors cessez de vous chamailler.




LUC
Je crois que tu as peur de faire de la peine à André, en me choisissant. Nous en rediscuterons en tête à tête, ma chérie.

MARTHE
Ne m?appelle pas ma chérie, ou je te flanque une claque ! Je vous demande de me ficher la paix, l?un et l?autre. Et maintenant, je m?en vais !

LUC
Attends, attends. Je voulais te parler d?autre chose. Puisque tu travailles comme secrétaire de la mairie, tu n?as pas besoin de terre, alors voilà, je suis prêt à t?acheter Arpaillange. Ca ne me gêne pas d?en parler devant André. Tu en veux combien ?

MARTHE
Mais qu?est-ce que vous en avez tous avec cette terre ? Elle n?est pas à vendre !!Le problème est réglé.

ANDRE
Même si tu me la donnais, je n?en voudrais pas. C?est toi que je veux.


MARTHE
Je suis désolée, mais tu n?auras ni l?un ni l?autre.

LUC
Ecoute, Marthe, nous pourrions nous revoir, toi et moi, et discuter bien calmement, sans ce crétin d?André.

(André s?apprête une fois encore à bondir sur Luc. Marthe se met entre les deux)

MARTHE
Ecoutez-moi, vous deux. Si vous avez envie de vous battre, faites-le ! Mais pas devant moi. Je vais partir et vous vous débrouillerez. Je vous répète seulement que je ne me marierai avec aucun de vous deux, et que ma terre n?est pas à vendre. C?est clair, non ?
(Elle se dirige vers la porte. Luc la retient par le bras)

LUC
Nous ne nous battrons pas devant toi. D?accord André ?
(André acquiesce de la tête)
Mais rien ne nous empêche de parler d?Arpaillange. Après tout, ce n?est qu?une terre, et la terre ça a un prix. D?ailleurs, tu ne la travailles pas. C?est idiot de la laisser en friche ! Je suis prêt à te faire une offre que tu ne retrouveras jamais.

ANDRE
Je ne voulais pas acheter ta terre, mais puisque mon salaud de cousin la veut, je suis d?accord pour que tu la mettes aux enchères entre nous.

MARTHE (Qui désire en terminer)
Bon. D?accord. J?en veux 100.000 euros.

ANDRE
Tu plaisantes !!!!!

LUC (En même temps)
Tu es folle !!!!!!

MARTHE
Vous n?avez pas les moyens d?acheter Arpaillange ? Alors, au revoir, messieurs.
(Elle sort)
(Un silence suit la sortie de Marthe)

LUC
Décidemment, mon cousin, tu es un crétin. Si tu n?avais pas proposé une enchère, nous n?en serions pas là. Mais écoute-moi bien : Arpaillange, c?est moi qui l?aurai.

ANDRE
Et qu?est ce que tu veux en faire de cette terre ? Ton exploitation est à 15 km d?ici, alors une terre de 10 hectares, si loin de chez toi, ce n?est pas pratique à exploiter, ce n?est pas rentable, tandis que moi, mes terres sont tout à côté d?Arpaillange.

LUC
C?est mon affaire. Mets-toi dans la tête que tu ne l?auras pas, c?est tout. Au revoir cousin.

ANDRE
Attends ; Attends ! En ce qui concerne l?héritage de la tante Rose?

LUC
Ah oui. Je voulais te dire. Mon offre ne tient plus.

ANDRE
Tu ne veux plus acheter ma part ?

LUC
Non. Je ne veux plus acheter ta part.

ANDRE
Mais tu t?étais engagé?.

LUC
Engagé ? Rien du tout !! Je n?ai pas topé, je n?ai pas signé, je ne me suis pas engagé.

ANDRE
Et pourquoi tu as changé d?avis ? Alors on fait quoi ?

LUC
Je n?ai pas changé d?avis : je ne veux pas rester dans l?indivision, le notaire a du te le dire. Mais j?ai de nouveaux projets. On va vendre, et on partagera. Il vaut mieux que ce soit moi qui m?en occupe. Je vais voir deux ou trois agences immobilières.

ANDRE
Et pourquoi je ne m?en occuperai pas ? Moi aussi, j?irai voir deux ou trois agences immobilières.




LUC
Si tu veux. Je m?en fous ! D?ailleurs, nous contacterons certainement les mêmes agences. Je te laisse.
(Luc sort et le rideau tombe.




















































ACTE 2






Avant que le rideau ne se lève, on entend frapper à une porte. Lorsque le rideau se lève, c?est le même décor. André, qui était assis sur une chaise devant la cheminée, se lève pour aller ouvrir la porte d?entrée. C?est Gérard qui arrive, et André l?accueille.

ANDRE
Ah, mon vieux Gérard, je suis heureux que tu viennes me voir. Je suis bien embêté : Marthe ne veut pas se marier avec moi. Remarque, ce qui me console un peu, c?est qu?elle ne veut pas non plus de Luc.

GERARD
Et pour Arpaillange ?


ANDRE
Pour Arpaillange, c?est la même chose. Elle ne veut vendre ni à Luc, ni à moi. Mais Arpaillange, je m?en fous. Avec l?argent de l?héritage, je pourrais m?en acheter bien plus que 10 hectares.

GERARD
Et pourquoi elle ne veut pas vendre Arpaillange, puisqu?elle ne le cultive pas ?

ANDRE
Ce n?est pas vraiment qu?elle ne veut pas vendre, mais elle en demande 100.000 euros.

GERARD
C?est de la folie.

ANDRE
Oh, elle n?est pas folle ! C?est simplement pour dire qu?elle ne veut pas vendre.

(Un temps)

GERARD
Si je comprends bien, c?est mal parti pour toi. Mais pour moi ? Tu devais parler à Alice. Tu me l?avais promis, as-tu pu la voir ?

ANDRE
Oui. Je l?ai vue au marché. Et je lui ai parlé de toi.

GERARD
Et alors ? Parle, bon sang !

ANDRE
Alors ? Rien !

GERARD
Qu?est-ce que ça veut dire : rien ?

ANDRE
Ca veut dire qu?elle ne dit ni oui ni non.

GERARD
Elle veut réfléchir ?

ANDRE
Ca dépend.

GERARD
Ca dépend de quoi ? Il faut t?arracher les mots. Dis-moi franchement ce qu?elle t?a dit.



ANDRE
Je lui ai demandé si elle envisagerait de se marier avec toi. Elle m?a répondu exactement.
« J?ai beaucoup d?estime pour Gérard, mais j?ai un gros problème à régler en ce moment, qui m?occupe entièrement. »

GERARD
Et tu ne lui a pas demandé quel était ce problème ?

ANDRE
Si bien sûr !

GERARD
Tu commences à m?énerver, André. Pourquoi tu ne me dis pas tout ?

ANDRE
Mais je te dis tout. Seulement, je n?y comprends rien, et toi non plus tu ne comprendras pas. Elle m?a dit : (Je te jure que c?est vrai) elle m?a dit : Pour l?instant, ma priorité c?est d?acheter Arpaillange.

GERARD
Quoi ?

ANDRE
Je t?avais bien dis que tu n?y comprendrais rien. Alice veut aussi acheter Arpaillange.

GERARD
Mais, ils sont épiciers ! Que veulent-ils faire d?une terre de 10 hectares.

ANDRE
Je te dis qu?on n?y comprend rien.

(Un temps)

GERARD
En tous cas, ton affaire comme la mienne, n?avancent pas. Pour moi, c?est décidé. J?irai parler directement à Alice et il faudra bien qu?elle m?explique. D?ailleurs, si Marthe maintient son prix de 100.000 euros, ça m?étonnerait qu?elle et ses parents aient l?argent nécessaire. En tenant une épicerie, on ne fait pas fortune. C?est une histoire de fous.
Au fait, tu es allé voir le notaire pour avoir des précisions sur ton héritage ?

ANDRE
Oui. D?après lui, l?appartement de Lyon est très bien situé et en excellent état. Il devrait valoir dans les 450 à 500.000 euros. Ce qui veut dire que mon cousin voulait me voler, mais ça, je m?en doutais !

(Un silence, durant lequel chacun des jeune gens semble réfléchir profondément.)

ANDRE
Je vais avoir 35 ans la semaine prochaine.

GERARD
Ah ? Bravo. Bon anniversaire.

ANDRE
Merci. Mais ce n?est pas pour recevoir tes v?ux que je te dis ça. J?ai une idée. J?ai envie de demander à Madame Germaine de venir me préparer un bon repas, ici, et j?inviterais Marthe, Alice et toi évidemment. Nous pourrions parler et éclaircir les choses. Qu?est ce que tu en penses ?

GERARD (Après réflexion)
Après tout, pourquoi pas ? Oui, pourquoi pas ? Il vaut mieux bien connaitre les choses que de rester dans l?incertitude.


ANDRE
Alors, c?est décidé. Je leur téléphone.

GERARD
Attends, attends ! Tu veux qu?on discute tranquillement, Alice, Marthe, toi et moi ?

ANDRE
Oui, c?est exactement ça !

GERARD
Oui, mais d?une part, il manquera Luc qui lui aussi veut acheter Arpaillange, et en revanche, il y aura madame Germaine, qui n?a rien à voir dans notre affaire, et qui entendra tout ce que nous dirons.

ANDRE
D?une, part, je ne veux pas que Luc vienne déjeuner avec nous, on fera sans lui et d?autre part, en ce qui concerne Germaine, tu penses bien que nous ne mangerons pas dans cette pièce. Tu le sais que j?ai une salle à manger.

GERARD
Elle ne sert jamais.


ANDRE
Hé bien, cette fois, elle servira, et Germaine n?entrera que lorsque je l?aurais appelée avec la clochette. Nous serons bien tranquilles tous les quatre.

GERARD
Dans ces conditions, d?accord. Mais propose deux jours, pour le cas où l?une ne serait pas libre l?un des deux.

ANDRE
Tu as raison, tu es toujours de bon conseil.

(André se lève, va vers le téléphone, consulte un carnet d?adresse et forme un numéro)

Allo, c?est toi Marthe. ?
?????????????????
Je voudrais donner un déjeuner chez moi mardi ou jeudi prochain. Il y aura toi, Alice, Gérard et moi. C?est pour fêter mon anniversaire. Es-tu d?accord pour venir ? C?est Germaine qui fera la cuisine.
????????????????????????..


ANDRE
Parce que ça me fait plaisir de fêter mon anniversaire avec les personnes que j?aime le plus.
??????????????????????????

ANDRE
Merci. Je te dirai celui des deux jours qui sera retenu. Je t?embrasse.
(Il raccroche et se tourne vers Gérard)
Marthe est d?accord. Elle paraissait un peu surprise, mais elle est d?accord. A l?autre maintenant.
(Il regarde son carnet d?adresse et refait un numéro)
ANDRE
Bonjour madame ; C?est André. Je voudrais parler à votre fille, c?est possible ?
??????.
ANDRE (Bouchant l?émetteur de la paume de sa main, et se tournant vers Gérard)
Elle est là, sa mère va me la passer
Allo, Bonjour Alice. C?est mon anniversaire la semaine prochaine et je voudrais faire un petit déjeuner chez moi, mardi ou Jeudi prochain. Il y aura toi et moi, Marthe et Gérard. Pourras-tu venir ? Ne crains rien, ce n?est pas moi qui ferai la cuisine c?est madame Germaine.
??????????????????????????????????.
ANDRE
C?est d?accord ? Alors disons mardi. Je t?embrasse.
(Il raccroche.)
Et voilà. C?est réglé. Je vais passer voir Madame Germaine et je confirmerai à Marthe que ce sera pour mardi. On va avoir une conversation sérieuse, et y voir clair.
(Un temps)

GERARD (Hésitant)
Il y a une chose qui me turlupine.

ANDRE
Ah oui ? Quelle chose ?

GERARD
Tu sais qu?Alice a un petit frère ?

ANDRE
Oui. Elle a un frère, beaucoup plus jeune qu?elle, c?est le petit Victor, qui doit avoir 15 ou 16 ans. Pourquoi me parles-tu de lui ?

GERARD
Figure- toi, que ce gamin et Luc se voient beaucoup.

ANDRE
Se voient beaucoup ? Qu?est ce que tu veux dire ? Ils sont homos ?

GERARD
Non, non, Je ne crois pas. Mais ils se voient beaucoup, et Luc fait plein de cadeaux au petit Victor.

ANDRE
Pourquoi ?

GERARD
Justement, je n?en sais rien. Mais ce n?est pas normal. Et si tu ajoutes qu?Alice veut elle aussi acheter Arpaillange, ça fait beaucoup de choses bizarres.

ANDRE
Parce que tu crois que les deux choses sont liées ?



GERARD
Justement, je n?en sais rien. Mais c?est bizarre, bizarre.

ANDRE
Raison de plus pour faire ce déjeuner. Il faudra également soulever ce problème. La situation devient bien compliquée, et ceux qui ne savent pas, ce sont toujours eux qui se font rouler. Il faut absolument que nous connaissions les intentions de chacun. Pout toi et pour moi, il n?y a pas de mystère. Tu voudrais te marier avec Alice et moi, je voudrais épouser Marthe. C?est clair, c?est simple.

GERARD
C?est devenu simple, mais pour être objectif, il n?y a pas longtemps, tu voulais surtout Arpaillange.

ANDRE
C?est vrai, mais maintenant, avec mon héritage, je veux Marthe, et c?est tout.

(Le téléphone sonne. André va décrocher)

ANDRE
Ah ? Marthe ? Qu?est ce qui se passe ?

????????????????????????????????????

ANDRE
Quoi ? Tu ne peux pas venir pour mon repas d?anniversaire ? Mais pour quelle raison ?
???????????????????????????????????

ANDRE
Arpaillange ? Mais cela n?a rien à voir ! Tout d?abord, c?est mon anniversaire et ensuite, pour moi, une seule chose compte : Que tu acceptes de m?épouser. C?est tout. Que vient faire Arpaillange ?
??????????????????????????????????????.
ANDRE
Tu voudrais me voir seul ? Ecoute, Gérard est avec moi, c?est mon meilleur ami, tu peux me parler devant lui.
?????????????????????????????????????
ANDRE
Bon, alors nous t?attendons.
(Il raccroche)

ANDRE
Marthe voulait me parler seule à seul, mais, tu as entendu, je lui ai dit que tu étais mon meilleur ami. Elle va arriver. Mais je me demande bien ce qu?elle va nous raconter. Elle m?a encore parlé d?Arpaillange. Tu ne vois vraiment pas en quoi cette terre présente un intérêt pour régler nos problèmes ?

GERARD
Un peu de patience. Nous étions prêts à attendre ton repas d?anniversaire, or, nous allons sans doute connaitre la vérité dans quelques minutes. Fumons une cigarette devant la cheminée en l?attendant.

(André et Gérard vous s?asseoir devant la cheminée pendant que tombe le rideau.











ACTE 3







Lorsque le rideau se lève, André et Gérard sont toujours devant la cheminée. Ils fument, et restent silencieux un moment.

ANDRE
Elle n?habite pas si loin, Marthe, qu?est ce qu?elle fabrique ?

GERARD
Tu connais les femmes ? En toutes circonstances, avant de sortir, il faut qu?elles se pomponnent. Tiens ! Je suis sûr que s?il y avait un incendie chez Marthe, elle est tellement coquette, qu?elle commencerait par se remettre du rouge aux lèvres avant de quitter la maison et de donner l?alerte.

ANDRE
En tous cas, elle est toujours impeccable, et c?est l?une des raisons pour lesquelles je l?aime.

GERARD
Moi, je crois que c?est plutôt bon signe pour toi qu?elle vienne. Pour t?apprendre une mauvaise nouvelle, elle t?aurait plutôt téléphoné, tu ne crois pas ?

ANDRE
Je n?en sais rien. Je ne veux pas me faire d?illusion. J?ai peur d?être déçu.

(On frappe à la porte)

ANDRE (Fébrile)
La voilà ! J?ai la frousse.
(Il va ouvrir. Marthe entre)

MARTHE
Bonjour vous deux ! Notre petit village est ordinairement bien calme, mais en ce moment, quelle effervescence ! Tout le monde se pose des questions, même ceux qui ne sont pas concernés par nos problèmes, mais qui aimeraient bien savoir ce qui se passe.
Je tiens à être claire. Je viens ici pour parler d?une seule question. Nous allons laisser de côté tous les problèmes de mariage ou non mariage. Compris ? Alors n?insistez pas ! Je ne répondrai pas à des questions sur ces sujets. Je vais seulement vous dire ce que je viens d?apprendre aujourd?hui même au sujet d?Arpaillange. D?accord ?

ANDRE
Je suppose que je suis obligé d?être d?accord. Mais je me demande bien ce que tu as pu apprendre sur Arpaillange. C?est ta terre, c?est une bonne terre, c?est vrai, mais elle n?a rien d?exceptionnel.

MARTHE
Hé bien si, justement, elle a quelque chose d?exceptionnel, et moi, la propriétaire, je n?en savais rien. La découverte a été faite par le petit Victor, le frère d?Alice. Mais ce petit crétin, tout excité a rencontré Luc, l?a mis au courant, et Luc lui a fait un tas de cadeaux pour qu?il n?en parle à personne.. Victor est un crétin et Luc est un salaud.



GERARD
Pourrait on savoir ce que « ce crétin de Victor » a découvert ?

MARTHE
Victor s?amusait au foot sur Arpaillange. Il avait planté verticalement deux banches d?arbre, et il essayait de marquer des buts, en tirant de plus en plus loin.
Une fois, il n?est pas arrivé à retrouver son ballon. Il s?est mis à le rechercher dans les broussailles, et à un moment au milieu des buissons, il s?est trouvé devant un trou dans la terre. Un trou qui doit faire un mètre de diamètre à peu près. Comme la profondeur n?était pas très importante, il est descendu, persuadé que son ballon était tombé dedans.
En fait, il s?est aperçu qu?un couloir s?enfonçait en pente douce sous la terre. Comme, bien sûr, ce couloir était sombre et qu?il n?avait pas de lumière, il est vite remonté, pour aller chercher une lampe électrique à la maison. Il est revenu, et a retrouvé son ballon. Par curiosité, il a voulu voir où allait ce couloir. Il avait un peu la frousse, mais le couloir était assez large, et après avoir fait une cinquantaine de mètres, il est arrivé au dessus d?une espèce de salle, en contre bas, dans laquelle il n?a pu descendre. Mais sur les parois du couloir il a vu des dessins en couleur,, qui, de toute évidence avaient été faits par des hommes.
Il est revenu comme un fou en courant. Il a rencontré Luc qui passait à bicyclette. Comme le gamin avait l?air affolé, il lui a demandé ce qu?il avait.
Victor lui a tout raconté, et ils sont retournés ensemble sur les lieux.
Luc, alors, lui a dit qu?il fallait se taire, n?en parler à absolument personne, et que s?il lui obéissait, il gagnerait beaucoup d?argent, et que pour commencer il allait lui faire de beaux cadeaux.
Il a tenu parole. Je voyais bien que le petit Victor passait devant chez moi avec des objets nouveaux, mais ma foi, je pensais simplement qu?il était très gâté.

ANDRE
Et tu ne lui as jamais demandé d?où venaient tous ces cadeaux ?

MARTHE
Si bien sûr. Il me disait chaque fois que c?était son ami Luc, qui avait fait un héritage, et comme il l?aimait bien, il lui faisait profiter de sa chance.
Ce matin, Victor passait sur un magnifique vélo. Il s?est arrêté pour me le faire admirer. Par simple curiosité, je l?avoue, j?ai voulu en avoir le c?ur net, et je lui ai dit.
« Tu sais, je ne crois pas que ce soit Luc qui te fasse tous ces cadeaux. Je le connais un peu, Luc, il est plutôt radin. Qui te fait ces beaux cadeaux » ?
Il m?a juré que c?était bien Luc, alors j?ai compris qu?il y avait une entourloupette. J?ai fait peur au gamin, en lui disant qu?il risquait de se retrouver en prison, car pour que Luc lui donne tant de choses, c?est qu?ils devaient faire quelque chose de mal et que lui, était complice, même s?il ne le savait pas.
« Je n?ai rien fait de mal, je le jure. J?ai seulement juré de n?en parler à personne ». Et après cela, comme le gamin avait la frousse, il m?a tout déballé.

ANDRE
Alors, qui, maintenant, est au courant de sa découverte ?

MARTHE
Au départ, il n?y avait que Luc et Victor. Depuis hier matin, Alice surprise également par ces dons généreux lui a fait cracher le morceau, et maintenant nous trois?..Mais en fait tout le village, je ne sais pas comment. J?ai un peu hésité, mais j?ai finalement décidé de vous en parler, à vous, sérieusement, parce que toute seule je crains de ne pas savoir me défendre.

ANDRE
Merci pour ta confiance. Je crois qu?en premier lieu, nous devrions aller voir sur place l?importance de cette grotte, ensuite, nous aviserons. Il faudra se renseigner pour savoir à quel service compétent, il faudrait s?adresser, pour connaitre tes droits.

MARTHE
J?ai commencé à chercher sur Internet. Je pense, qu?il faudrait voir la DRAC

GERARD
Qu?est ce que c?est la DRAC ?

MARTHE
C?est la Direction départementale des Affaires culturelles.

ANDRE
Tu es déjà calée. Bravo ! Moi, je ne connais pas bien cette question, mais j?ai lu quelque chose la dessus, il n?y a pas longtemps. Jee pense que dans ce domaine, il y a trois parties en cause. L?Etat, le propriétaire du terrain, et celui qui a fait la découverte et que l?on appelle, je crois, l?inventeur.

MARTHE
Oui, j?ai vu ça aussi, mais je n?en sais pas plus. Ce que je sais en revanche, maintenant, c?est pourquoi Luc d?une part et Alice, ensuite, voulaient m?acheter Arpaillange.

GERARD
Il me semble qu?André a raison. En premier lieu, il faudrait aller voir cette fameuse grotte. Ensuite, très rapidement, il faudra signaler ces peintures rupestres (Si elles semblent présenter un véritable intérêt, car rien nous dit que ces dessins sont anciens) aux autorités administratives. Si, ni Luc, ni Alice n?ont fait le nécessaire pour signaler la grotte, c?est toi, Marthe qui pourrait cumuler les droits du propriétaire et ceux de l?inventeur.

(Le téléphone sonne, André va décrocher)

ANDRE
Allo ;
?????.
ANDRE
Oui, elle est là. Je te la passe.
(A Marthe)
Pour toi Marthe ! C?est Alice.
(Marthe prend l?appareil)

MARTHE
Je t?écoute.
?????????????????????????????????????..

MARTHE
Je ne sais pas. Je te rappelle tout à l?heure.
(Elle raccroche)
C?était Alice. Elle est allée plus vite que moi. Elle vient de me dire qu?elle a signalé la découverte de son frère à la DRAC, et elle voudrait venir me voir pour, selon son expression, « accorder nos violons »

ANDRE
Si elle t?a dit toute la vérité, Luc n?est plus dans le coup, puisqu?elle a dit que c?est son frère l?inventeur. Je suis bien content que mon cousin soit hors du coup. Il en sera pour tous les cadeaux qu?il a faits pour rien au gamin. Bien fait !!!



GERARD
Il semble que les évènements se présentent sous un jour nouveau, et plus précis. Désormais, les trois parties sont bien déterminées. Il y a l?Etat, la propriétaire, toi, Marthe, et la famille Monge comme inventeur.
Je vais être franc. Pour moi, cela change les choses. Je ne vais pas pouvoir prendre partie pour toi, contre Alice.

MARTHE
Ah bon ! Et pourquoi ?

ANDRE
Parce que Gérard aime Alice comme moi je t?aime. Enfin, pas autant que moi, mais ce n?est pas grave. Je le comprends parfaitement, mais nous n?aurons pas besoin de lui.

MARTHE
Vous avez de drôles de conceptions. Vous n?envisagez les choses que sous l?angle d?une bagarre. Je crois qu?il y a des lois qui règlent notre problème, il suffira de veiller à, ce que les lois soient respectées, c?est tout. Je n?ai pas du tout envie de me battre avec Alice. C?est une amie. Bien sûr, si c?était Luc qui était dans le coup ce serait différent.

ANDRE
Je ne te donne pas tort. Mais Alice aurait pu t?en parler avant de saisir toute seule la DRAC

GERARD
Alice n?a fait que dire la vérité. Qui a découvert la grotte ? C?est son frère, non ? Il est normal qu?elle ait saisi la Drac pour que son droit prenne date.

ANDRE
Tu penses bien, que Marthe ne lui aurait pas volé sa qualité de découvreur. C?est moche de ne pas en avoir parlé à Marthe.

MARTHE
A la réflexion, André n?a pas tort. Elle aurait du m?en parler, avant de saisir l?administration.

GERARD
Elle ne pouvait pas être certaine que tu lui aurais reconnu son droit. Moi, je trouve qu?elle a eu raison, et d?ailleurs, elle n?a fait que dire la vérité. J?avais raison de dire tout à l?heure qu?il y avait des conflits d?intérêt, et que je ne pouvais pas prendre partie contre Alice. Je préfère partir

(Au moment où il s?apprête à partir, le téléphone sonne. André décroche)

ANDRE
Allo ! ????.Ah, c?est toi ? ??..Oui elle est là, tu veux lui parler ?....................Bon je t?écoute.
????????????????????????????????????????????.
ANDRE
Salaud !!!!!
(Il raccroche)

C?était Luc. Sais-tu ce qu?il a fait ? Le soir même où le gamin lui a fait voir la grotte, il a demandé à un huissier de venir faire un constat, et maintenant, c?est lui qui le premier a une date certaine de la découverte, faite par lui, selon ses dires.

GERARD
Cela se complique. Contre Luc, vous pouvez compter sur moi, mais contre Alice, non. Il vaudrait mieux que je vous quitte.


ANDRE
Finalement, je ne suis pas tellement étonné. Ce Luc est une fripouille, mais il n?est pas idiot. Il n?a pas fait tous ces cadeaux sans avoir pris ses précautions. Remarque, en ce qui te concerne, Marthe, cela ne change pas grand-chose. Tu es et reste propriétaire. C?est finalement un problème entre les deux inventeurs. Alice n?aura qu?à se débrouiller avec Luc. Après tout, l?un et l?autre ont voulu agir derrière ton dos, alors qu?ils se bagarrent entre eux, c?est assez moral.

GERARD
Je ne peux pas te laisser dire ça ! Tu n?as pas le droit de mettre Alice et Luc sur le même plan. Car enfin, si cette foutue grotte a été découverte, Luc n?y est pour rien, et c?est le frère d?Alice le véritable inventeur

ANDRE
Nous n?allons pas nous disputer à ce sujet. En défendant Alice, tu es dans ton rôle. Comme je le disais tout à l?heure, rien n?est changé pour Marthe, dont l?intérêt est de dire toute la vérité. Or la vérité, c?est que c?est bien le gamin qui a fait la découverte, alors tu vois, nous n?avons pas d?intérêts opposés.
Maintenant, je reviens à ma proposition de tout à l?heure. Il serait temps que nous allions voir cette fameuse grotte. Si j?ai bien compris, le couloir arrive près du plafond de la grande salle, et pour y descendre, il faudrait sans doute une échelle. En as-tu une assez grande, chez toi, Marthe ?

MARTHE
S?il suffit de descendre de 4 ou 5 mètres, je pense avoir ce qu?il faut.

ANDRE
Alors, allons- y. Nous prendrons l?échelle en passant chez toi, Marthe.
Que fais-tu Gérard, tu nous accompagnes ?

GERARD
Non, je vais voir Alice, et si elle est libre, nous irons peut être vous rejoindre.

ANDRE
O.K. Allons y !

(Marthe, Gérard et André sortent et le rideau tombe.



ACTE 4







Le rideau se lève sur le même décor. La scène est vide.
On entend une porte qui s?ouvre, et Marthe et André entrent. Ils ne disent pas un mot, vont s?asseoir devant la cheminée, et restent un bon moment silencieux.

MARTHE
Quand même, c?est fou, ça !

ANDRE
Tu as raison, c?est dingue !


MARTHE
Il n?est pas si fort que ça, ton cousin Luc ! Il va avoir l?air fin quand les autorités vont venir.

ANDRE
En tous cas, il ne faut surtout pas prévenir Luc. Au moins, il y aura un côté amusant.

MARTHE
Oui. Si l?on veut. Mais je dois dire que je suis profondément déçue. Il ne m?était pas venu à l?esprit que cette grotte était quelconque, et que les dessins avaient été faits avec des craies de couleur, par mon père, certainement.
Il a toujours eu un caractère bizarre, et partait quelquefois durant deux ou trois jours sans nous dire où il allait, ni d?où il revenait. La paillasse que nous avons trouvée dans la grande salle, ainsi que la cuisine rudimentaire, et quelques aliments plus ou moins pourris me donnent désormais une réponse. Il venait dans la grotte.
Enfin, voilà. Cette petite grotte n?a aucun intérêt, ni aucune valeur, sauf un peu sentimentale, et pour moi seule.

ANDRE
Tu espérais une rentrée d?argent avec cette grotte ?

MARTHE
A toi, je peux le dire. Oui, j?ai rêvé, je ne te le cache pas. Vois-tu, le travail de secrétaire de mairie ne m?enchante pas, surtout depuis qu?il y a un nouveau maire, plus crétin encore que le précédent.

ANDRE
Je ne veux pas profiter d?un moment où tu viens d?avoir une désillusion, pour te demander en mariage, mais pense que je serai toujours là pour toi.

MARTHE
Merci, André, de ne pas me parler de mariage?. tout en m?en parlant. Mais tu as raison sur un point : Ce n?est pas le moment. Je suis surprise moi-même de ressentir une telle déception. Je pensais que j?étais désintéressée, et voilà que je suis toute retournée, parce que je me rends compte que je suis dans l?obligation de continuer mon travail inintéressant. Je fais une sorte de claustrophobie professionnelle. J?en ai marre !!



ANDRE
C?est toi qui m?amène à en parler : Le mariage peut te permettre de sortir de ton job dans lequel tu te sens enfermée.

MARTHE
Mais tu ne te rends pas compte que tu me proposes de sortir d?une prison professionnelle, pour rentrer dans une autre. Quand je sors de la mairie, au moins je suis libre, alors que dans le mariage, on est enfermé 24 heures sur 24. C?est une solution à la Gribouille que tu m?offres.

ANDRE
Mais, Marthe, l?amour, tu n?en as jamais entendu parler ?

MARTHE
J?ai fait plus que cela. Je l?ai vécu. Et j?en suis ressortie toute cabossée, alors, les sentiments, merci bien, j?ai déjà donné !!!

ANDRE
Je ne sais plus que te dire.

MARTHE
Alors, le mieux est que tu ne dises rien.
Excuse moi, André, je sais que je ne suis pas très drôle, mais crois-moi, un gentil garçon comme toi, mérite quelqu?un de mieux que moi ?

ANDRE (Triste)
Des femmes mieux que toi, il en existe peut être, seulement, je m?en fous ! C?est toi que j?aime.

MARTHE
Je pense à une chose. J?ai prévenu Alice au téléphone, quand on est repassés chez moi, que la grotte n?avait pas d?intérêt, mais Luc ne le sait pas. Je vais lui téléphoner dès mon arrivée à la maison. Ce sera ma petite vengeance.

(Marthe vient embrasser André sur les joues et dit :
Il vaut mieux que je te laisse. A rester ensemble, on ne pourrait que se faire du mal. Cela vaudra mieux pour toi comme pour moi. A demain, j?espère que cela ira mieux.

(Elle sort. André revient s?asseoir devant la cheminée, prostré, les coudes sur les genoux, la tête sur ses mains. Au bout d?un moment, on frappe à la porte. André se lève lentement et va ouvrir en trainant un peu les pieds. Il ouvre la porte, toujours abattu dit :

ANDRE
Ah, c?est toi, Alice ? Entre.
(Alice est également une jolie jeune femme mince, vive, et qui semble être en pleine forme.)

ALICE (elle entre et regarde André)
Ca n?a pas l?air d?aller André. Tu es malade ?

ANDRE
Ma foi, c?est une sorte de maladie, si l?on veut. J?aime Marthe, et elle ne m?aime pas. Elle vient d?avoir une grande désillusion.

ALICE
C?est à cause de moi ? Remarque, je la comprends. Je n?ai pas été chic avec elle. J?ai voulu profiter de la découverte de mon frère et prendre date, sans en parler à Marthe. Je m?en veux un peu.

ANDRE
Je ne sais pas si elle t?en veut, à toi ; mais je sais que si elle est malheureuse, ce n?est pas à cause de toi.

ALICE
Ah bon !!! Tu en es sûr ?

ANDRE
Oui, j?en suis sûr. Marthe avait beaucoup fantasmé sur la grotte. Elle espérait gagner assez d?argent pour quitter sa fonction de secrétaire de mairie qu?elle n?aime pas. Et puis vlan !!

ALICE
Oui, je sais. Elle m?a donné un coup de fil. Moi aussi, je trouve que c?est dommage que cette grotte n?ait aucune valeur. C?est bien malheureux que nous nous soyons trompés, mais, bon ! Il n?y a pas mort d?homme !. J?ai téléphoné à la DRAC pour annuler ma demande d?enquête. Je leur ai dit que la grotte était banale et que les dessins étaient récents et faits à la craie. Mais, tu me surprends. Je ne pensais pas que Marthe soit une femme intéressée.

ANDRE (Redevenant virulent pour la défendre)
Mais Marthe n?est absolument intéressée. Elle se fiche de l?argent. Elle voulait en avoir simplement pour ne plus travailler.

ALICE
Comme tu la défends ! Elle a bien de la chance d?être aimée comme ça !

ANDRE
Tu n?as pas à te plaindre. Toi aussi tu es aimée.

ALICE
Tu veux parler de Gérard ?

ANDRE
Bien sûr, je parle de Gérard, et lui, il est comme moi. Il n?est pas payé de retour.

ALICE
Vous êtes marrant, vous les hommes. Vous dîtes que c?est nous qui avons de l?imagination, et c?est vous qui inventez des choses. On ne sait jamais ce que les autres pensent vraiment. Tu me dis que tu aimes Marthe, mais ce n?est pas certain, c?est peut être sa terre que tu aimais. Tu dis que Marthe ne t?aime pas, là encore, tu n?en sais rien. Et pour Gérard et moi, tu ne sais pas non plus si nous avons des sentiments l?un pour l?autre. Alors, messieurs, laissez les choses se dérouler normalement sans essayer de les façonner à votre goût.

ANDRE
Bon. Je ne dis plus rien.
Puisque tu es venue, c?est que tu as quelque chose à me dire ?

ALICE
Je voulais seulement avoir des précisions sur ce que vous avez vu dans la grotte.

ANDRE
Marthe
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