Ecriture-Lecture




NAPOLEON EST REVENU


NAPOLEON EST REVENU


CHAPITRE 1
LA RENAISSANCE

Ce laboratoire, le plus avancé du monde dans son domaine, les recherches génétiques, avait déjà réussi il y a quelques mois à faire renaître une souris morte depuis 3 ans, et ce, à partir d'un minuscule morceau de peau. En ce 28 juillet 2010, une activité intense régnait au rez-de-chaussée de l'immeuble occupé par le laboratoire. Car c'était le jour J.

Depuis 183 jours, un cheveu de Napoléon avait été enfermé dans la chambre d'incubation, un cube métallique de 3 mètres de côtés. On avait mis ce cheveu sur un lit, et l'on avait disposé sur une chaise des vêtements analogues à ceux que Napoléon portait à son époque, pour (si l'opération réussissait) que Napoléon puisse s'habiller sans être stressé au moins sur ce point.

Qu'allait-on trouver ?

Simplement le cheveu déposé là il a 6 mois ? Ou bien un être plus ou moins fini, ou... on n'ose à peine y croire, Napoléon avec son physique légendaire, son intelligence fulgurante... On allait bientôt savoir.

10 heures. Samuel Brun, le Directeur, entouré d'une vingtaine de collaborateurs se trouvait devant la chambre d'incubation. Il tenait à la main une carte magnétique qui devait permettre l'ouverture. D'une main qui tremblait un peu, Samuel Brun glissa la carte magnétique dans la fente prévue. Le silence était impressionnant. Les visages pâles et tendus.

Après 2 interminables minutes, dans un doux chuintement, deux panneaux de 20 cm d'épaisseur s'écartèrent et découvrirent une porte métallique munie elle aussi d'une fente. L'adjoint de Samuel Brun lui tendit une deuxième carte magnétique qu?après un instant d'hésitation, il glissa dans la fente. La porte s'ouvrit vers l'intérieur, et sous les yeux médusés de tous les assistants, apparut Napoléon.

C'est bien lui. Sans aucun doute. Il était debout, petit. Il avait revêtu son uniforme. La porte n'était pas entièrement ouverte qu'il s'exclamait déjà avec un accent corse très prononcé :

- Messieurs, il y a plus d'une heure que j'attends.

La gorge nouée par l'émotion, Samuel Brun lui dit :

- Sire, nous vous avons fait revivre...
- Croyez-vous m'apprendre quelque chose ? Depuis une heure, j'ai eu le temps de réfléchir. Je me souviens de ma mort à Sainte Hélène et puisque je suis vivant, c'est que j'ai été ressuscité.

Après un moment de réflexion, Napoléon demanda :

- À quelle époque sommes-nous ?
- Sire nous sommes en 2010.
- Ah ! Vous avez mis bien du temps ! Faites-moi connaître le monde nouveau.
- Sire, dit Samuel Brun qui s'était un peu repris, nous espérions réussir sans trop y croire. Mais nous avons préparé un appartement au 17e étage. Notre joie est immense. Mais songez que cela fait près de 200 ans que vous avez quitté l'Europe. Dans votre appartement, peu à peu, vous prendrez contact avec le monde nouveau. Vous constaterez que beaucoup de choses ont changé, les moyens de communication, les énergies, etc.

Après un temps, Napoléon répondit :

- 24 heures je vous donne 24 heures pour m'expliquer ce que vous avez inventé. Ce sera plus que suffisant. Après, je veux voir... Qui règne en ce moment ? Est-il de ma descendance ?
- Non Sire. Nous sommes en République.
- Mon fils n'a pas régné ?
- Non Sire. Mais votre neveu, Louis Napoléon a régné sous le nom de Napoléon III.
- Ah ? Tout de même ! Bon. Allons dans mes appartements.
- Sire, votre appartement est au 17e étage, et vous allez tout de suite prendre contact avec le monde moderne. Nous allons emprunter l'ascenseur. Si vous voulez bien me suivre.

Suivi de Napoléon, Samuel se dirigea vers la porte d'ascenseur, appela la cabine et lorsqu'elle arriva, ils montèrent et Samuel appuya sur le chiffre 17. Sans dire un mot, Napoléon avait suivi toutes les phases. Une légère secousse et l'ascenseur monta.
- Quelle force utilisez-vous pour monter ?
- C'est l'électricité Sire. C'est une force que nous avons domestiquée pour nous éclairer, nous chauffer et faire tourner nos machines.
- J'avais bien vu votre système d'éclairage dans la cabine. J'ai examiné les petites boules de verre et j'ai constaté qu'en effet elles éclairaient, mais aussi qu'elles chauffaient.

L'ascenseur s'arrêta au 17e étage et les 2 hommes se trouvèrent dans un appartement assez luxueux. Les yeux vifs de Napoléon examinèrent l'agencement du logement, puis il s'assit et demanda :

- Vous allez répondre à mes questions. Ce sera plus rapide pour que je me fasse une idée de la situation. D'abord comment se déplace-t-on ? Utilisez-vous toujours des chevaux ?
- Sire, les chevaux ne sont plus guère utilisés que pour les loisirs. Sur terre, on utilise beaucoup, des engins qui s'appellent automobiles
- Automobiles ? Cela veut dire qu'elles marchent toutes seules ?
- Pas exactement. Il y a un conducteur qui a des manettes et peut faire démarrer, accélérer, ralentir, tourner et s'arrêter, une sorte de caisse dans laquelle peuvent s'asseoir 4 ou 5 personnes.
- Et c'est votre électricité qui la fait marcher?
- Non Sire, pour l'instant, on utilise l'essence. C'est un produit qui vient du pétrole que l'on trouve dans le sol.
- Et vous pouvez transporter 4 ou5 personnes ? À quelle vitesse ?
- Tout d'abord Sire, il y a de très grandes automobiles dans lesquelles on peut transporter 40 ou 50 personnes à plus de 100 km à l'heure.

Napoléon est songeur.

- Vous voulez dire que l'on peut transporter 40 ou 50 personnes de Paris à Marseille dans la journée ?
- Évidemment, Sire. Par voie terrestre nous avons d'autres engins, des trains qui transportent un millier de personnes à la même vitesse. Nous avons également d'autres engins qui volent, les avions qui vont beaucoup plus vite et peuvent transporter des centaines de personnes à 800 km à l'heure.

Napoléon pensif :

- Par voie des airs ? Je sais que Léonard de Vinci prétendait que c'était possible. Mais j'ai vu ses croquis. Ça ne pouvait pas marcher.
- Sire nous y sommes arrivés.

Un long silence, puis Napoléon reprit :

- Si j'avais eu ces moyens à ma disposition, j'aurais été rapidement le Maître du monde. Bon. Vous m'avez dit que la France était en République. Qui dirige la France? Un seul homme ou plusieurs ?
- Il y a un Président de la République.
- Comment est-il désigné ?
- Il est élu au suffrage universel.
- Vous voulez dire que tous les hommes de toutes conditions votent pour élire le président ?
- Oui Sire. Tous les hommes. Et toutes les femmes.
- Les femmes aussi ?
- Oui Sire.

Napoléon réfléchit un moment :

- Vous avez sans doute fait de très belles choses sur le plan technique, mais sur le plan politique, vous êtes dans l'erreur totale. Dans les périodes normales, le Pouvoir est en haut et doit rester en haut, sans que le peuple et surtout les femmes s'en mêlent. Dans les périodes de crise, le Pouvoir est à celui qui le prend. Le Pouvoir doit être libre, en ce sens qu'il ne doit être débiteur de personne. Dans votre système, votre Président doit son pouvoir au peuple, et le peuple ne voit que ses intérêts particuliers, pas ceux de la Nation.
- Mais Sire, les peuples ont beaucoup évolué. On ne peut les diriger comme auparavant.
- Quelle est la plus grande Nation du monde ? La France ou l'Angleterre ?
- Ni l'une ni l'autre Sire. Ce sont les États Unis d'Amérique.
- Quoi ? Ces sauvages ?
- Sire, il n'y a presque plus de sauvages en Amérique. Ce pays est maintenant peuplé de gens venant de toutes les parties du monde.

Napoléon songeur :

- Peut-être ai-je commis une erreur en vendant mes territoires d'Amérique.
- C'est probable Sire.
- Comment l'histoire me juge-t-elle? Estime-t-on que j'ai commis beaucoup d'erreurs ?
- Sire vous êtes considéré comme un homme de guerre exceptionnel. De plus, vous avez créé de nombreuses institutions qui existent encore. Bien sûr, on vous reproche d'avoir trop fait la guerre. On vous reproche aussi l'exécution du duc d'Enghien.
- Ah non ! Pas ça ! Le duc d'Enghien conspirait avec les Cadoudal et Pichegru.
- Sire le fait est contesté.
- À tort. À tort. J'ai eu les preuves en main. L'exécution du duc d'Enghien n'était ni une faute ni un crime comme le colportait cet arriviste de Talleyrand. Il fallait étouffer dans l'?uf toutes ces tentatives de déstabilisation de la Nation. Ce n'était ni un crime ni une faute. C'était un acte d'État.

Napoléon qui s'était levé, marchait nerveusement dans la pièce.

- Ça n'avance pas. Je suppose que les livres existent toujours ?
- Oui Sire.
- Alors faites-moi apporter 3 ou 4 livres sur chacun de ces sujets. L'histoire française depuis la révolution. Les moyens de communication. L'état des forces armées dans le monde et les économies des principales puissances du monde.
- Bien Sire. Mais les forces armées de nos jours ont beaucoup moins d'importance qu'au début du 19e siècle. Lorsque l'on parle de guerre, elle est surtout économique.
- Fournissez-moi les livres demandés. Faites-moi apporter un repas à midi. Un autre à 19 heures. En dehors de ça, je ne veux voir personne jusqu'à 11 heures demain. Vous viendrez seul. J'attends vos premiers livres dans le quart d'heure. Les autres seront déposés à ma porte. Maintenant, laissez-moi.
- À demain Sire... Ah... il faudrait qu'un médecin puisse vous examiner.
- Plus tard, plus tard. Je vais très bien. Allez !

Samuel Brun entra dans l'ascenseur et rejoignit son bureau du 3e. Il sonna sa secrétaire :

- Colette, allez à la bibliothèque et apportez-moi immédiatement des bouquins traitant l'histoire de France depuis la Révolution. Par la suite, vous me chercherez des livres sur les moyens de communication (y compris téléphone, Fax et Internet) ainsi que sur l'Économie dans le monde. Je ne pense pas que vous trouviez ici quelque chose sur les Forces armées. Faites en sorte d'en avoir d'ici ce soir. Allez et dites aux chefs de service que je veux les voir à 12 heures à la salle de réunion.

À midi, dans la salle de réunion.

- Mesdames Messieurs, vous le savez notre réussite est complète. Nous avons ressuscité Napoléon, et je dois dire qu'il est bien tel que je me le représentais. Il ne semble pas étonné par ce qui lui arrive et sa soif de connaître notre époque est tout simplement prodigieuse. Il mobilise toute son énergie pour "se mettre à jour". Que va faire cet homme quand il va prendre pied dans notre époque ? Je dois vous avouer mon inquiétude. Nous avons réussi scientifiquement, mais il n'est pas homme à se désintéresser de la vie publique. N'avons-nous pas recréé un ferment dangereux pour la paix ? Je ne puis m'empêcher d'y penser. Je suppose que notre réussite est déjà connue. Je ne vous demande rien. Il est humain que certains d'entre vous en aient déjà parlé à l'extérieur. Mais nous devons officialiser la chose. Les 3 Directeurs et moi-même donnerons une conférence de presse à 14 heures. Je vais téléphoner au président Sarkozy à l'Élysée. Je vous reverrai demain ici à la même heure.

Au cours de la conférence de presse, toutes les premières questions portaient sur Napoléon. Comment était-il physiquement, avait-il l'accent corse? Paraissait-il mentalement normal, etc. Puis vinrent les questions d'ordre plus général.

- Votre Laboratoire a su faire revivre Napoléon. Il semble donc que rien ne s'oppose à ce que d'autres illustres personnages soient ramenés à la vie. Et par ailleurs, s'il est possible de faire renaître un être humain, on doit pouvoir dire que la mort est vaincue ?
- Messieurs, sans entrer dans trop de détails techniques, je vais essayer d'être clair. L'expérience que nous venons de réussir est extrêmement complexe. Elle comporte de nombreux paramètres que nous sommes loin de maîtriser. Malheureusement, il n'est pas exagéré de dire que la renaissance de Napoléon doit plus au hasard qu'à la science. Nous avons subi beaucoup d'échecs auparavant. Il semble qu'il existe un phénomène de résonance encore mal connu, entre le sujet , son époque de vie d'une part, et l'époque et le lieu de l'expérience d'autre part. Lorsqu'une personne décède, elle n'est plus en résonance avec son époque. Cela me rappelle un mot de Tabarly, tristement prémonitoire "Lorsqu'un marin tombe à la mer, c'est qu'il n'avait plus sa place à bord". Toutes les expériences pour faire revivre une personne récemment décédée ont toutes largement échoué. Je vous demande, Mesdames et Messieurs les journalistes de ne pas faire naître dans l'opinion des espoirs qui seraient vite déçus. Nous sommes loin, je le répète, de maîtriser tous les paramètres.

Si la conférence de presse ne réunissait (si l'on peut dire) qu'une centaine de journalistes en majorité des Français, durant toute l'après-midi, du monde entier, des envoyés spéciaux convergèrent vers le Cantal.

En Corse, l'ambiance était indescriptible. Toute la population était dans la rue. Des portraits de Napoléon, souvent tirés à la hâte sur des photocopieuses, ornaient non seulement les vitrines, mais les fenêtres des maisons, les arbres de toutes les localités. On criait "Vive Napoléon", on tirait des coups de feu en l'air, on chantait l'ajaccienne.

Les Instituts de sondage s'étaient mis en branle et dès la fin de l'après-midi le premier sondage tombait. 13% des personnes interrogées estimaient que la prouesse technique était la chose la plus importante. 85% estimaient que l'évènement le plus extraordinaire était le retour de Napoléon. Les 2% restants mettaient les 2 évènements au même niveau. Le monde politique était lui aussi en effervescence. Le Parti communiste, une large frange du parti socialiste et quelques UDF s'étaient réunis pour demander au Président de la République qu'il s'adresse sans tarder à la Nation et précise l'attitude qu'il entendait prendre vis-à-vis "du citoyen Bonaparte", et s'il envisageait une loi pour lui interdire toute activité politique.

La grande majorité de la droite estimait que Napoléon Bonaparte était un citoyen comme les autres et ne devait faire l'objet d'aucune disposition particulière. Assez curieusement, le Front National ne prenait pas partie dans cette querelle, le retour d'un homme qui a vécu il y a 200 ans n'était "qu'un détail" sur le plan politique.

Bien entendu, la presse le lendemain titrait sur "le retour de Napoléon" et friand de "scoops" annonçait des informations fantaisistes : Napoléon vivait, mais était grabataire. Il vivait, mais était sourd et muet. Pour d'autres, il était dans un état de débilité mentale, etc. D'autres enfin, plus sérieux posaient la question : Napoléon est-il toujours atteint de la maladie qui l'a tué.

À 11 heures du matin, comme prévu, Samuel Brun frappa à la porte de l'appartement de Napoléon et après le "oui" de Napoléon entra. Napoléon était assis. Sur le bureau devant lui, tous les livres qui lui avaient été apportés. Certains ouverts, d'autres fermés, mais munis de nombreux morceaux de papier qui marquaient les pages.

- Bonjour Sire.
- Bonjour. Comment vous appelez-vous ?
- Samuel Brun, Sire.
- Eh bien, Brun, les historiens sont des crétins ou des gens malhonnêtes. Ils rapportent des faits, mais déforment le contexte, interprètent à leur goût, les motivations. Bref ce n'est pas de l'histoire, c'est une caricature de l'histoire.
- Sire, il vous sera possible de redresser beaucoup de choses.

Après un instant de silence, Napoléon reprend :

- Vous a-t-on chargé d'une mission auprès de moi ?
- Non, Sire. Pourquoi ?
- Il est possible que l'on veuille me confiner dans un rôle d'historien. Savez-vous les intentions des autorités à mon égard ?
- Sire, c'est beaucoup trop tôt.
- Lorsque je suis revenu de l'île d'Elbe, la réaction a été plus vive !
- Mais Sire, vous faisiez alors partie du paysage politique.
- Oui bien sûr... maintenant je suis un homme déphasé. Il me faudra 3 jours de plus pour appréhender la situation actuelle. Faites-moi apporter d'autres livres.
- Avez-vous l'intention Sire, de vous occuper des affaires de la France ?
- Vous a-t-on chargé de me sonder à ce sujet ?
- Non Sire.
- Bien. Revenez dans 3 jours à 11 heures. Que personne ne me dérange d'ici là. Faites déposer mes repas à la porte. Si des Autorités veulent me voir ou me délivrer une communication, je compte sur vous Brun pour les en dissuader pour l'instant. Mettez en avant mon état de santé, enfin débrouillez-vous.
- Comptez sur moi Sire.
















CHAPITRE 2
NAPOLEON ENTRE DANS LE XXI ème SIECLE

Lors de la réunion avec ses chefs de service, Samuel Brun insista auprès de ses collaborateurs pour que l'isolement du grand homme soit scrupuleusement respecté. Pour qu'il prenne pied dans notre époque, il faut qu'il prenne son temps. La réussite de l'opération dépendait de cette prudence.
En fait, Napoléon avait fait sa première recrue...

Pendant les 3 jours suivants, l'effervescence dans les milieux politiques alla crescendo :

"Il est inadmissible, que la représentation nationale ne soit pas mise au courant de l'état de santé du citoyen Bonaparte"

"Quelles mesures le gouvernement va-t-il prendre à son égard ? "

De nombreux députés demandaient qu'une rente correcte soit versée à Napoléon, qu'il soit astreint à résidence, et qu'on lui interdise toutes activités politiques, toutes déclarations publiques.

Chaque jour, un communiqué signé Samuel Brun indiquait :

"Napoléon Bonaparte poursuit sa réadaptation. Son état de santé ne donne pas d'inquiétude"

C'était bien maigre. Et les journalistes étaient bien obligés de "broder" un peu.

Le nouveau Ministre de l'Intérieur vint lui-même dans le Cantal et demanda à Samuel Brun de voir Napoléon. Poliment, mais fermement, Brun indiqua que la chose était impossible pendant encore quelques jours. Les rythmes biologiques devaient se remettre en route, et il était trop tôt pour savoir quel sera l'état psychique du sujet, lorsqu'il sera au contact du monde moderne. Constatant que son insistance était inutile, le ministre demanda qu'à tout le moins, dans les 3 jours, un rapport très étoffé lui soit adressé, traitant de l'état physique et mental de Napoléon, ainsi que de son comportement et de ses projets. Samuel Brun s'engagea à rédiger ce rapport. À plusieurs reprises le ministre de l'Intérieur harcela Brun qui tint bon. Deux jours plus tard, Brun se présenta chez Napoléon.

- Bonjour, Sire. Comment vous sentez-vous ?
- Les historiens disent que je suis mort d'un cancer à l'estomac.
- C'est l'hypothèse la plus défendue.
- Hé bien elle est fausse. J'ai été empoisonné.
- Par les Anglais Sire ?
- Certainement pas. Les Anglais sont bien trop sûrs d'eux. Ils me tenaient. Ils ne me craignaient plus.
- Mais qui alors, Sire ?
- À peu près certainement sur ordre de ce gros poussah de Louis XVIII. Il a toujours eu peur de moi. Il suffisait que l'on prononce mon nom devant lui, pour qu'il devienne blanc comme un linge.
À mon dernier repas, le vin avait un goût bizarre. J'ai toujours souffert de l'estomac, mais ces douleurs étaient tout à fait différentes. Vous auriez pu me ressusciter sans mes douleurs !!!
- Sire voulez vous que je fasse venir un médecin ?
- Plus tard, plus tard. Quelles nouvelles des autorités ?
- J'ai reçu la visite du Ministre de l'Intérieur. Il voulait vous voir.
- Le Ministre de l'Intérieur ? Certainement pas. Si je dois rencontrer une autorité, ce sera la plus haute : Le président de la République. Mais auparavant, j'aimerais voir le monde extérieur sans être vu. Menez-moi à un endroit ou ce sera possible.
- J'ai beaucoup mieux Sire. La télévision.
- Expliquez !
- Hé bien, c'est une sorte de boîte. Vous pouvez voir ce qui se passe à l'instant même à des centaines ou des milliers de kilomètres. Vous pouvez voir aussi des choses qui se sont passées, il y a 10 ou 20 ans.
- Je peux voir ce qui se passe n'importe où, ou ce qui s'est passé n'importe quand ?
- Ah non Sire. Pour que vous puissiez voir quelque chose, il faut qu'il y ait sur place des appareils spéciaux.
- Faites-moi apporter une de ces caisses. La science a fait de grands progrès.

Après un silence...

- ... Puisque vous avez su me faire revivre, pourriez-vous en faire autant pour Joséphine ?
- Sire je crains que non. Je ne crois pas qu'il nous reste des empreintes génétiques de Joséphine et surtout, nous avons eu beaucoup de chance pour réussir votre résurrection.

Au bout d'un certain temps, Napoléon reprit :

- La tenue que vous portez est-elle portée par tout le monde ?
- Oui Sire. À peu près. Lorsque nous avons aménagé votre caisson, j'ai tenu à déposer une tenue telle que vous la portiez, afin de ne pas vous dépayser, et vous l'avez revêtue sans problème. Ce qui n'aurait peut-être pas été le cas avec un costume actuel.
- Le fait est que votre tenue est bien laide.
- Mais pratique, Sire.
- Je ne vois pas en quoi ces jambes flottantes seraient plus pratiques que nos culottes serrées. Mais peu importe. Faites-moi apporter cette boîte magique avec une note expliquant comment s'en servir. Allez !

Samuel resta debout sans bouger pendant que Napoléon alla s'asseoir à son bureau et prit un livre. Au bout de quelques secondes, il s'aperçut que Brun était toujours là.

- Allez !
- Sire je suis dans une position un peu délicate. Le Ministre de l'Intérieur me harcèle. Il veut vous voir....
- Je vous ai déjà répondu. J'accepterai de recevoir la plus haute autorité, disons... dans 48 heures... Et faites-moi apporter de ces vêtements que vous portez maintenant. Allez !

20 minutes plus tard, un installateur vint brancher une télévision, chez Napoléon qui, sans lever les yeux de son livre, demanda :

- Vous avez apporté une note concernant l'emploi ?
- Oui Monsieur.

Le "Monsieur" lui fit lever la tête, mais, il se contenta de dire :

- C'est bien. Allez !

Pendant ce temps, Samuel Brun téléphonait au Ministre de l'Intérieur pour lui rendre compte de son entrevue avec l'Empereur. Le ministre était fou de rage :

- Mais enfin, qui avez-vous ressuscité ? L'Empereur d'avant les adieux de Fontainebleau ou l'homme vaincu et déchu de Sainte Hélène ? Comment voulez-vous que je dise au président qu'il "est convoqué dans 48 heures". Devra-t-il mettre un genou à terre ? Nous sommes en pleine folie ! Pour faire votre expérience, vous ne pouviez pas prendre un homme quelconque ? Si vous vouliez une célébrité, vous n'aviez qu'à prendre un artiste, mais surtout laisser Napoléon où il était ! D'ailleurs entre parenthèses, où était-il Napoléon depuis sa mort ? Y a-t-il une autre vie ? Vous en a-t-il parlé ?
- Monsieur le Ministre, le problème n'a pas été abordé. Il est très... directif dans ses conversations et ne parle que de ce dont il veut bien parler.
- Ça va être drôle ! Vous avez fait une belle boulette en le faisant renaître. Je vais à l'Élysée, et je vous ferai part des décisions du président. Ces décisions, vous les ferez connaître à "votre protégé"... en tout cas, vous vous débrouillerez avec lui. Je vous téléphonerai dans la soirée.

Ce n'est que 3 heures plus tard que le ministre put entrer dans le bureau du président Sarkozy.

Ce dernier avait la mine soucieuse. Aussi curieux que cela puisse paraître, il venait d'avoir un violent accrochage avec son Premier Ministre. Il s'efforça cependant d'accueillir son ministre de l'Intérieur d'un ton bonhomme.

- Enfin des nouvelles originales ! Alors que dit le Grand Homme ?
- Des nouvelles originales ? On peut le dire. Monsieur le Président, je ne sais pas si vous allez les apprécier.
- Allons bon ! Encore des ennuis ?
- Napoléon Bonaparte "convoque" pour après-demain le Président de la République Française !!!

Le Président réfléchit un long moment.

- Convoque ? Bigre !!! Après tout, pourquoi pas ? Je suis très impatient de le rencontrer. Si je le fais venir ici, cela prendrait un caractère officiel. Si je vais à lui, je vais simplement voir une curiosité scientifique. Oui. Décidément, j'irai le voir... (il consulte son agenda)... après-demain à 16 heures.
























CHAPITRE 3
L?ENTREVUE avec le PRESIDENT

Le Laboratoire ne pouvait plus se contenter du bref communiqué habituel. Tous les médias se déchaînaient. "Il est anormal, inadmissible que nous ne soyons pas tenus au courant de l'état réel dans lequel se trouve Napoléon. S'il y a des problèmes, nous devons le savoir"

Lors des questions au gouvernement, les députés de tous bords demandaient des informations précises. Le Ministre de l'Intérieur demanda à Samuel Brun de tenir une conférence de presse et de répondre aux questions qui lui seraient posées. Il fallait calmer l'opinion et faire comprendre qu'il n'y avait pas de secret d'État. Une conférence de presse fut convoquée.

En ouverture de la conférence, Samuel Brun fit un exposé purement technique sur la réalisation de l'expérience. Il ne parla pas une seule fois de Napoléon, mais le désignait sous le nom de "Le sujet"... Ce qui ne manquait pas d'humour, et fut relevé par le premier journaliste qui posa une question :

- Monsieur le Directeur, durant votre exposé, vous nous avez parlé "du sujet" ce qui ne manque pas de sel pour nous parler de l'Empereur Napoléon. Avez-vous reçu des instructions précises des autorités françaises ?
- Je n'ai reçu aucune instruction. Je suis un scientifique. Nous avons travaillé sur des »sujets » d'expérimentation. C'est le terme que nous utilisons. Ne cherchez pas plus loin. Bien sûr de nombreuses questions furent posées sur l'état physique et mental du "sujet".

Samuel Brun répondit que tout semblait normal, mais que pour l'instant, il devait rester isolé pour éviter un choc brutal qu'il subirait si, sans préparation, il était mis en contact avec notre monde moderne. Il n'a pas connu les automobiles, les avions, les trains, le téléphone, la télévision, etc? Un journaliste demanda si des dispositions avaient été prises sur le plan juridique. Aura-t-il une nouvelle identité ? Sera-t-il né en 1769 ou en 2010 ? Samuel Brun répondit que ces questions n'étaient pas de son ressort, et que pour sa part, il s'attacherait uniquement à ce que son expérience soit couronnée de succès. La conférence de presse terminée, Samuel Brun se rendit chez Napoléon.

- Sire, le Président Sarkozy viendra vous voir après-demain à 16 heures.
- C'est bien. Je viens de regarder dans votre appareil, votre conférence avec des journalistes. Cet appareil est extraordinaire. Mais je maintiens ce que je vous ai dit. Votre évolution technique est remarquable, cependant, les hommes n'ont pas évolué en bien. Je n'aime pas tous ces questionneurs qui vous harcelaient. Si c'est l'effet de votre République, ce n'est pas un progrès. Comment voulez-vous gouverner lorsque n'importe qui peut vous demander des comptes ?
- Sire, il est difficile de dire si c'est la démocratie qui a fait les gens comme ils sont, ou si c'est l'évolution des gens qui a amené, mécaniquement si je peux dire,Démocratie.

Napoléon réfléchit longuement.

- Je crois que ce que vous venez de dire, résume l'état d'esprit actuel. Vous pensez trop. Penser, c'est se retenir d'agir. Et ce n'est pas avec des "parlottes" que l'on dirige une nation. C'est par l'action. Il n'y a pas de gens faits pour la Démocratie. Il y a des gens qui vivent en société et doivent être dirigés.

Napoléon semblait un peu fatigué. Depuis sa résurrection, il n'avait pas dû dormir beaucoup, en revanche il avait dû lire près de 20 heures par jour.

- Savez-vous enfin quelles sont les intentions des Autorités à mon égard ?
- Je les ignore toujours Sire. Mais je pense que lors de votre entrevue avec le Président, ce dernier ne manquera pas de vous en parler.
- C'est de bonne guerre. Je suis en position d'infériorité. Je suis un peu son prisonnier.
- Sire ne parlez pas de guerre ! Sans rien savoir réellement, ce que je sais du caractère du Président me fait espérer la plus grande bienveillance à votre égard.
- Je ne réclame aucune bienveillance. Mais du respect. Oui. Maintenant laissez-moi. Tenez, vous pouvez remporter ces vêtements "modernes". Décidément, ils sont trop laids. J'ai voulu les mettre... Ridicule... Vous me ferez refaire 4 ou 5 tenues comme celle que je porte. Allez ! C'est vous qui me présenterez le Président.

Pendant les 48 heures qui suivirent, Napoléon passa la plus grande partie du temps à lire, en particulier les ouvrages qui retraçaient l'histoire contemporaine. De temps en temps, il allumait la télévision. Il ne regardait jamais une émission en entier. Il zappait constamment, en cherchant les séquences qui se déroulaient en automobile, en avion, en train, ou des gens téléphonaient... il cherchait à voir le maximum de ces machines modernes. Il tomba sur une émission où il était dit que son entrevue avec le Président aurait lieu le lendemain du jour où elle devait avoir lieu.

Pendant ce temps, dehors, l'effet "renaissance de Napoléon" continuait à passionner l'opinion. En Corse, un nouveau parti était né : le P.D.E (Parti de l'Empereur) qui fédérait tous les anciens partis bonapartistes, et qui attirait des adhérents de tous horizons. Ils voulaient que leur Grand Homme revienne sur l'île. Ils voulaient le voir, l'écouter...

Le matin du jour de l'entrevue, Sarkozy avait demandé à Samuel Brun de venir le voir pour lui donner le maximum de renseignements sur l'aspect technique de la résurrection, mais surtout pour savoir comment était Napoléon, son degré de "mise à jour", son caractère, ses intentions. Samuel répondit en toute franchise aux questions du Président, tout en précisant qu'en ce qui concerne ses intentions, non seulement il n'avait rien dit, mais à aucun moment il n'a laissé entendre où il aimerait aller et ce qu'il aimerait faire. Après un repas à l'Élysée, Le Président et Samuel prirent l'avion pour le Cantal.

Lorsqu'ils se trouvèrent face à face, Napoléon et le Président restèrent un court instant silencieux, se scrutant mutuellement, puis avec le grand sourire, si l'on peut dire, officiel, qu'on lui connaît, Sarkozy s'approcha de Napoléon la main tendue.

- Sire, c'est pour moi un immense honneur, une très grande joie de pouvoir vous saluer !

Il est difficile de dire si Napoléon n'a pas vu ou n'a pas voulu voir la main tendue. Toujours est-il qu'il alla s'asseoir sur un fauteuil.

- Monsieur le Président, je suis moi-même très heureux de vous recevoir. Asseyez-vous, je vous prie. Brun vous pouvez nous laisser maintenant !

Pendant que Brun sortait, le Président vint s'asseoir face à Napoléon. Son sourire avait disparu. Il était soudain tendu. Il reprit la parole :

- Sire, je suis très fier. Très fier que le premier homme qui soit rappelé à la vie soit un Français. Très fier que ce soit l'?uvre de chercheurs français. De plus, j'aime énormément l'histoire Sire, et vous avez écrit de belles pages de notre histoire.
- On ne peut gouverner sans aimer l'histoire. C'est la connaissance de l'histoire qui nous permet de gouverner dans le présent, et de préparer l'avenir.
- Certes, l'histoire nous aide à comprendre la situation actuelle. Mais il est aussi certain que l'histoire ne se reproduit jamais. Jamais.
- Les conditions techniques changent, mais les mécanismes, les ressorts de l'action sont des données permanentes. Beaucoup de choses ont changé depuis ma première vie, mais il y a des constantes immuables.
- Puisque vous parlez de votre première vie, Sire, vous devez comprendre notre impatience de savoir ce qui s'est passé entre vos deux vies. Vous êtes le premier et le seul à pouvoir nous éclairer.

Napoléon, en souriant :

- Le premier ? Non. Vous oubliez Jésus Christ !!!
- Son passage dans la mort a été bref,... et vous savez qu'il n'a jamais dit ce qu'il avait fait pendant ces trois jours...
- Hé bien je vais vous décevoir. Il me semble que tout s'est passé comme si ma résurrection était prévue. Même dans la mort, je n'ai pas été soumis au droit commun. J'étais en attente. Je me souviens parfaitement de ma première vie terrestre, entre les deux, je n'ai qu'une sensation vague. Je pressentais une vie autour de moi, faite de vibrations de couleurs, de pensées, mais j'étais isolé de ce monde. Je n'en faisais pas partie... puisque nous parlons de l'au-delà, pouvez-vous faire renaître Joséphine ?
- Samuel Brun m'a déjà fait part de votre désir. Mais nous ne savons pas s'il existe quelque part son empreinte génétique. Je dois vous dire qu'il ne nous serait pas possible de la faire renaître, jeune.
- Curieuse remarque. Je vous parle de Joséphine, pas d'une femme quelconque. L'âge importe peu.
- Sire je ferai faire des recherches. Avez-vous d'autres désirs ?
- Quelles dispositions comptez-vous prendre à mon égard ?
- Que désirez-vous vous-même ?
- Monsieur le Président, ne tournons pas autour du pot. Vous savez très bien que je suis en grande partie entre vos mains. Quelles sont vos intentions ?
- En ce qui concerne votre installation, vous pourrez vous installer ou bon vous semble. Sauf en Corse.
- Pourquoi pas la Corse ?
- Sire, depuis votre renaissance, il existe une grande effervescence en Corse. C'est une question d'ordre public. Vous avez trop le sens de l'État pour ne pas le comprendre.
- Bien. Dans ce cas je m'installerai dans le Var, près de Toulon. C'est là que ma gloire a pris son essor.
- La République achètera une propriété et vous versera une pension conforme à la gloire dont vous venez de parler.
- Je vais donc dépendre de la République. Serai-je libre ?
- Sire, il n'est pas question de vous imposer un régime analogue à celui de Sainte Hélène. Vous serez libre bien entendu. Je ne vous cache pas que de nombreux hommes politiques voudraient qu'il vous soit impossible d'avoir une activité politique, de faire des déclarations. Je ne les suivrai pas. Je fais une fois encore confiance à votre sens de l'État pour que vous ne suscitiez pas de troubles dans une République qui vous a fait renaître.
- Ce n'est pas la République qui m'a fait renaître. Ce sont des savants Français.
- Voulez-vous me dire que j'ai tort de vous faire confiance ?
- Ai-je dit ou laissé entendre une chose semblable ? Monsieur le Président, j'ai gouverné la France durant de nombreuses années, et je ne ferai rien qui puisse lui nuire.
- À la France... et à la République ?
- Monsieur le Président, vous devenez trop subtil... Songez que je viens de faire un prodigieux bond dans le temps. Mon problème immédiat est de me réadapter à un monde qui n'est plus le mien. Quand pensez-vous qu'il me sera possible de m'installer dans le Var ?
- Je vais prendre les dispositions nécessaires pour que cela aille vite. Brun vous tiendra au courant.
- Bien. J'ai été heureux de pouvoir bavarder avec vous Monsieur le Président. J'espère que nous nous reverrons, et que nous parlerons de notre amour commun : La France.
- Je l?espère. Savez vous, Sire que nous avons des points communs ?
- Nous avons été appelés à diriger la France !
- Oui, mais il y en a d?autres.
En souriant, le Président Sarkozy poursuivit.
-Il y a d?abord notre taille. Nous ne sommes pas très grands, l?un et l?autre?
- Les autres ne sont pas plus grands. Ils sont plus longs?
- Si vous voulez. De plus, nous qui aimons profondément la France, venons de familles qui n?étaient pas Françaises. Si vous étiez né un an plus tôt, vous auriez été Génois, et je suis moi-même issu d?une famille Hongroise.
-Nous ne sommes pas les seuls. Mazarin qui fut un grand politique qui défendit avec acharnement les intérêts de la France n?était pas non plus d?origine Française.
- Cela prouve, Sire, que la réputation de xénophobie des Français, n?est pas fondée.
- C?est certain. Ma Grande armée était composée de plus d?étrangers que de Français.
- C?est un grand plaisir de discuter avec vous, mais les devoirs de ma charge m?obligent pour aujourd?hui à aller vers des occupations moins attrayantes. Bien entendu, nous nous reverrons.

Au moment où le Président s'apprêtait à sortir, Napoléon lui dit :

- J'ai appris par votre boîte magique, la télévision, je crois, que notre entrevue devait se dérouler demain.
- Sire, j'ai voulu que notre rencontre se déroule dans un climat serein. Si j'avais annoncé ma venue pour aujourd'hui, il y aurait eu une meute de journalistes, et nous aurions dû en admettre quelques-uns pour prendre des clichés sur une rencontre historique. Même si cela n'aurait duré que quelques minutes, j'ai voulu vous éviter ce désagrément.
- En somme le Chef de l'État ne pouvait ni se taire ni dire la Vérité. C'est une grave atteinte à vos prérogatives.
- Lorsque vous serez familiarisé avec notre époque, vous constaterez que l'on ne mène pas un peuple au début du XXIe siècle comme il y a 200 ans. Si l'autorité y perd quelques forces, le peuple est globalement plus heureux, et c'est là l'important.
- Je pense Monsieur le Président que vous commettez une erreur. Que le peuple puisse profiter de vos avancées techniques, pourquoi pas ? Mais qu'il vienne s'immiscer dans les prérogatives du Pouvoir... Quelle que soit l'époque, le Pouvoir doit être fort, dans l'intérêt du peuple.
- C'est un débat intéressant Sire. Mais je suis persuadé que tout est lié. Il ne peut y avoir un développement du bien-être matériel du peuple sans qu'il acquière par la force des choses, quelques pouvoirs dans le domaine politique.
- Vous posez un simple postulat qui est en contradiction avec un principe fondamental. Le Pouvoir ne se partage pas. C'est la condition de sa durée.
- Sire, mon prédécesseur est resté 12 ans au pouvoir, son prédécesseur 14 ans... alors que vous avez abdiqué 2 fois en 13 ans...
- Les circonstances étaient différentes. J'avais toute l'Europe contre moi. Et la royauté a duré 10 siècles.
- Nous pourrions parler des heures. Mais les Français sont républicains et heureux de l'être. À bientôt Sire.

Le Président reprit l'ascenseur, et fut à moitié surpris de constater qu'une trentaine de journalistes l'attendaient au rez-de-chaussée. Il pensa que Napoléon avait une conception bien simpliste, ou en tout cas dépassée de l'exercice du Pouvoir.
S'il était lui, Sarkozy, le Chef de l'État, en fait le pouvoir était partagé, et les médias en avaient une bonne part. Toujours est-il que malgré la fausse date annoncée, pour son entrevue avec Napoléon, plusieurs journalistes avaient su la date exacte. De bonne grâce, le Président accepta de répondre à quelques questions.

- Monsieur le Président, comment avez-vous trouvé l'Empereur ?
- Napoléon Bonaparte m'a semblé en excellente santé. Je n'ai eu aucune surprise. Il est bien tel que je me le représentais.
- Pouvez-vous nous dire où l'Empereur va fixer son domicile, et à quelles activités il va se consacrer ?
- Napoléon Bonaparte a émis le souhait de se fixer dans le Var. Quant à ses projets, vous pensez bien qu'un homme qui vient de faire un bond de presque 2 siècles dans le temps, a besoin de s'habituer à notre mode de vie.
- Monsieur le Président, pourquoi l'Empereur n'a-t-il pas voulu s'installer en Corse et lui est-il fait défense de s'occuper de politique ?
- Le lieu de résidence de Napoléon Bonaparte a été fixé d'un commun accord. Par ailleurs, il est devenu citoyen de notre République, avec tous les droits et devoirs qui s'attachent à la citoyenneté. J'ajoute que Napoléon Bonaparte a le sens de l'État et de l'ordre public... Messieurs, je ne puis m'attarder davantage. À bientôt.

Le Président sortit rapidement, suivi par des journalistes qui, micros tendus, essayaient de grappiller quelques renseignements complémentaires. Cette mini conférence de presse fut reprise dans les journaux télévisés du soir, et Napoléon tomba dessus par hasard... La séquence terminée, il murmura :

Ça, un chef d'État ? La fonction s'est bien abâtardie.




























CHAPITRE4
LE DEPART DANS LE VAR

Durant les jours suivants, Napoléon continua à lire et à regarder la télévision. Chaque jour, à 11 heures, Samuel Brun venait, apportant des brassées de quotidiens et d'hebdomadaires que Napoléon dévorait... Il posait des questions sur les sujets les plus divers. Il semblait qu'aucun domaine ne pouvait le laisser indifférent. Il était curieux de tout. Même les sports. L'engouement pour les sports et les jeux lui semblait être des symptômes de la décadence.

- Brun, la France s'ennuie. Elle n'a plus de grands desseins. Les Français se créent des émotions passagères avec des activités subalternes. Ils font des rêves au rabais.

Les jours passant, Napoléon devenait de plus en plus nerveux. Il est évident que cet homme d'action se trouvait à l'étroit dans son appartement.

Samuel Brun lui avait dit, qu'il y avait un parc autour du laboratoire, et qu'il lui serait peut-être agréable de prendre un peu l'air ; Napoléon avait eu cette réponse sibylline :

- Je ne veux être vu de personne. Le temps n'est pas venu.

Vers le 10e jour après la visite du Président, Samuel Brun, en arrivant pour sa visite quotidienne, annonça :

- Sire, le Ministre de l'Intérieur me prie de vous transmettre cette proposition : La République se propose d'acheter une propriété dans le Var dont voici le plan et qui sera mise à votre disposition. La République prendra à sa charge l'embauche de 5 personnes (une cuisinière, un jardinier, un chauffeur et deux servantes) qui seront à votre service et payées par la république. Enfin une pension annuelle de 500.000 euros vous sera attribuée. Napoléon réfléchit un moment.

- Quel est le coût annuel des 5 employés ?
- Sire il m'est difficile de vous répondre avec précision. Avec les charges sociales, peut-être 80.000 euros...
- Bien. Je fais un mot que vous remettrez directement au président.

Napoléon s'installa à son bureau et écrivit :

" Monsieur le Président,

Brun, vient de me communiquer vos propositions pour mon installation. La place que j'ai tenue dans l'histoire de la France, me confère des droits spéciaux.
Dans votre proposition, logé par la République, servi par des gens payés par la République, ma situation serait plus celle d'un prisonnier que d'un citoyen libre.
Je propose donc :

1/ Que la propriété soit achetée et mise à mon nom.
2/ Que la pension versée par la France à celui qui lui a amené tant de gloire, soit fixée à 600.000 euros, étant bien entendu que je m'occuperai personnellement du recrutement et de la rémunération de mon personnel.

Croyez, Monsieur le Président, en mes sentiments les meilleurs."

Napoléon cacheta l'enveloppe, la remit à Brun, et lui dit :

- Vous la remettrez au Président en main propre. J'ai bien dit : en main propre. À demain, Brun.

Grâce à la télévision, aux livres et aux journaux, Napoléon, sans en avoir l'expérience directe, connaissait à peu près tous ces objets qui font notre vie de tous les jours. Il demanda qu'un appareil téléphonique soit installé dans son appartement. Ce que Samuel Brun fit faire immédiatement.
La réponse de l'Élysée à la lettre de Napoléon, n'était pas encore parvenue, mais un matin Napoléon dit à Samuel Brun :

- Je dois m'occuper de l'embauche de mon personnel. Je ne peux le faire moi-même directement évidemment. J'ai entendu à la télévision que j'avais des compatriotes corses désireux de venir à mon service. Ils ont créé une sorte d'amicale. Je voudrais entrer en contact avec l'un d'eux.

Samuel Brun répondit en souriant :

- Vous savez très bien Sire, qu'il ne s'agit pas d'Amicale, mais d'un Parti politique, et ils se sont rassemblés avant tout parce qu'ils attendent beaucoup de vous...
- Brun, vous m'énervez ! Allons à l'essentiel. J'ai besoin d'un compatriote pour se charger de l'embauche de mon personnel. Je vous demande le nom du chef de mes amis, et comment je dois faire pour qu'avec cet appareil (il désigna le téléphone) je puisse entrer en contact avec lui.
- Sire, je vais me renseigner. Mais il est possible que le gouvernement se charge lui-même de l'embauche.
- Brun, je sais bien que je devrais vous appeler "Ma Mère" puisque vous m'avez redonné le jour. Mais vraiment vous m'énervez. Faites ce que je vous ai dit !

Une demi-heure plus tard, Samuel Brun revint :

- Sire, le chef de... vos amis s'appelle Siméoni. J'ai pu le joindre et il va vous appeler ici. Je lui ai demandé de me laisser le temps de vous prévenir. Il ne va pas tarder.

En effet, une minute plus tard, le téléphone sonnait. Samuel décrocha.

- Oui, ne quittez pas, je vous le passe... Sire, c'est à vous.

Napoléon prit l'appareil et Samuel Brun fut stupéfait de voir avec quelle aisance Napoléon se saisit de l'appareil. Siméoni, à l'autre bout du fil devait trop s'étendre sur l'immense joie, l'honneur et les sentiments qu'il ressentait, car Napoléon le coupa.

- Siméoni. Venez me voir. Vous savez où je suis. En arrivant, demandez Brun, il vous conduira à moi. Quand pouvez-vous être là ? Ce soir même ? Bon je vous attends.

Après avoir raccroché, comme s'il l'avait fait maintes et maintes fois, Napoléon demanda :

- Peut-il vraiment être là ce soir ?
- Oui Sire. Il suffit qu'il loue un avion privé et il sera là en fin d'après-midi.

C'est en effet vers 18 heures, que Siméoni arriva au Laboratoire, et accompagné de Brun, entra chez Napoléon. À la vue de celui qu'il avait vénéré toute sa vie, Siméoni ne savait que dire :

- Sire, Sire ! Quelle joie ! Quel honneur, ah Sire...
- Bon, dit Napoléon. Vous m'attendiez, je suis revenu. Vous êtes content, moi aussi. C'est bien. Je vous ai fait venir pour que vous engagiez le personnel nécessaire au train de ma maison. Je vais me fixer près de Toulon, dans une propriété dont voici le plan.

Pour débuter, le strict nécessaire. 4 ou 5 personnes. Nous verrons par la suite. Prenez des Corses. Je vous ferai connaître le jour de mon arrivée, mais que le personnel soit prêt à venir dans les 3 jours si nécessaire. Allez Siméoni. Et dites à vos amis que j'irai les voir dès que j'en aurai la possibilité.
Samuel Brun, mais surtout Siméoni, furent fortement impressionnés par le ton de commandement de cet Empereur déchu et revenu à la vie depuis quelques jours seulement. Ils sortirent alors que Napoléon avait déjà pris un livre sur son bureau pour poursuivre sa "mise à jour".

48 heures après la visite de Siméoni, l'Élysée prévenait Samuel Brun que la demande de Napoléon était acceptée. Il aurait à signer les actes de propriété dès son arrivée sur les lieux. Pour faciliter son installation, la pension ne serait pas versée à terme échu, mais dès qu'il aura fait connaître le compte sur lequel elle devait être versée. Napoléon ne marqua ni soulagement ni reconnaissance, en apprenant la nouvelle. Il se contenta de dire :

- Brun, dites à Siméoni de faire le nécessaire. Je partirai dans 3 jours. Qu'il organise mon voyage. Une partie en automobile, une partie en avion.

À 23 heures 30, Samuel Brun vint chercher Napoléon qui avait revêtu pour la circonstance des vêtements modernes. Assez curieusement, Napoléon qui s'était extraordinairement fait à l'idée d'être ressuscité, qui s'était montré très à l'aise dans l'utilisation du téléphone, avait tout de suite compris comment se servir d'une télévision, bref qui semblait être entré dans notre époque sans difficulté, était mal à l'aise, gêné, dans ses nouveaux vêtements. De fait, petit, un peu boudiné dans son costume, Napoléon, n'eût été son regard vif et acéré, serait passé pour un Français moyen. Une automobile attendait sur l'esplanade devant le laboratoire. À l'avant le chauffeur et un garde de corps. Napoléon monta à l'arrière avec Samuel Brun. Pendant le trajet d'une heure et demie, pas un mot ne fut échangé. Napoléon regardait dans le faisceau lumineux des phares, disparaître vers l'arrière le paysage. Il semblait fasciné par ce spectacle. En arrivant à l'aérodrome, les dispositions avaient été prises et l'automobile pénétra sur une piste ou un petit avion privé attendait son V.I.P. C'est là que Samuel Brun devait quitter Napoléon. Très ému, il dit :

- Sire, grâce à vous, j'ai vécu les heures les plus lumineuses de ma vie. J'espère que vous ne regretterez jamais d'avoir été rappelé parmi nous.
- Brun, nous nous reverrons bientôt. Une dernière question : pour Joséphine, y a-t-il un espoir ?
- Sire, votre destin était d'être un homme exceptionnel en toutes circonstances. Si la Science a un peu contribué à votre renaissance, je dois bien avouer qu'il y a encore tant de paramètres inconnus, que votre présence, là, tient beaucoup plus de miracles que de lois maîtrisées... Non, Sire. Au moins dans un avenir proche, l'Impératrice ne pourra pas revivre.
- Brun, continuez vos recherches et tenez-moi au courant.

Seul passager dans l'avion, Napoléon ne cessa durant le vol d'un peu plus d'une heure, de regarder par le hublot, les lumières des villes survolées. Par radio, le commandant annonçait le nom de ces villes. Un quart d'heure avant l'arrivée, l'hôtesse demanda au passager (dont elle ignorait le nom) s'il voulait durant quelques minutes regarder les appareils de pilotage. Napoléon écouta les explications succinctes du commandant de bord et ne posa que deux questions :

- À quelle vitesse volons-nous ?
- À 620 km/h.
- Quelle distance peut-on couvrir sans s'arrêter ?
- C'est un petit appareil : 1000km seulement.

Napoléon pensif, murmura :

- Oui, bien sûr...

Il devait penser aux longues marches de ses grognards.

À l'aérodrome, il était prévu qu'une voiture attendrait l'avion, voiture dans laquelle, Napoléon avait demandé qu'il n'y ait que le chauffeur et Siméoni. Une demi-heure plus tard, la voiture entrait dans la propriété où Napoléon allait entamer sa nouvelle vie.

La propriété était toute illuminée. Dans le hall d'entrée, tout le personnel attendait le Maître des lieux. Siméoni présenta chacun d'eux à l'Empereur, qui se contenta de dire :

- C'est bien... Maintenant, Siméoni, montrez-moi ma chambre. Je vous verrai à 11 heures pour vous donner mes instructions. Vingt minutes plus tard, les lumières de la chambre de Napoléon étaient éteintes.

Après le petit déjeuner que Napoléon prit dans la salle à manger, tout en marchant nerveusement, il se dirigea vers son bureau, devant la porte duquel, Siméoni l'attendait.

- Sire, je suis follement heureux d'être là, près de vous. Vous savez que nous avons créé un parti pour vous soutenir. Avez-vous un message à leur transmettre ?

Napoléon réfléchit quelques secondes :

- Dites-leur exactement ceci. "Je pense beaucoup à eux. J'irai les voir, lorsque le moment sera venu" Transmettez-leur ce message, rien que ce message. Maintenant, nous avons à parler. Entrons dans le bureau.

Le bureau de Napoléon était une grande pièce, très claire, entièrement meublée de style oriental. Siméoni qui s'était souvenu de la grande attirance de Napoléon pour l'Orient, avait accompli le tour de force de trouver en quelques jours des objets, des meubles, des statues, des estampes provenant principalement d'Égypte. Napoléon fit lentement le tour de la pièce et sembla apprécier, les tapis, les photos des pyramides et des temples Égyptiens.

C'est bien Siméoni. Maintenant, au travail.


















CHAPITRE 5
NAPOLEON REVIENT EN POLITIQUE

Vous m?avez dit qu?un parti s?était constitué pour soutenir mon action. Je déteste le mot parti. Vous allez le débaptiser et l'appeler "Mouvement", Le Mouvement Bonapartiste Européen. Il est bien entendu que ce mouvement est créé en dehors de moi. Je n'ai dans ce mouvement, aucune fonction, même de président d'honneur. Officiellement, je ne le connais pas. C'est un Mouvement spontané. Vu ?
- Oui, Sire.
- Bien. Qui fait partie de ce mouvement ? Y a-t-il des personnalités importantes ? Des Parlementaires ?
- Sire, il y a essentiellement le peuple Corse. En ce qui concerne les Députés et Sénateurs, je me suis entretenu avec chacun d'eux.

En souriant, Siméoni ajouta :

- Il semble qu'ils aient calqué leur position sur la vôtre. Ils sont vos partisans, mais pour l'instant n'ont pas adhéré officiellement.
- Ils ont bien fait. Qu'ils restent en dehors du Mouvement pour l'instant. Mais conservez le contact avec eux. Je veux que dans un premier temps, vous me trouviez en Corse, quatre hommes spécialisés. Un spécialiste de la politique étrangère. Un spécialiste de la Politique française. Un spécialiste des problèmes économiques. Un spécialiste des problèmes financiers. Ensuite sur le Continent, vous me trouverez quatre hommes ayant les mêmes spécialités. Je veux qu'il n'y ait aucun contact entre les spécialistes Corses et ceux du Continent, c'est compris ?
- Oui Sire.
- Bon. Passons à l'intendance. Qui avez-vous chargé de la responsabilité de ma Maison ?
- C'est Sabattini, Sire.
- Dites-lui en partant, que je veux un bon cheval de selle.
- C'est fait Sire. Comme il n'y avait pas d'écurie, j'ai fait construire un box provisoire. Mais le cheval est là.

Pour la première fois, Napoléon marqua sa très profonde satisfaction.

- C'est bien Siméoni. C'est très bien.

Après le départ de Siméoni, Napoléon fit le tour de sa nouvelle demeure. Une douzaine de pièces dans le corps principal. À quelques dizaines de mètres, un autre bâtiment de huit pièces dans lequel était logé le personnel. Napoléon rencontra Sabattini qui donnait des instructions au jardinier. Napoléon lui demanda de seller son cheval immédiatement et remonta dans sa chambre, pour revêtir sa tenue classique. Désormais, il ne porterait plus que cette tenue qu'il trouvait plus pratique, mais surtout dans laquelle il se sentait plus à l'aise. Pendant une heure, il chevaucha dans sa propriété qui s'étendait sur une cinquantaine d'hectares. C'était bien exigu pour de longues chevauchées, mais permettait de prendre un peu d'exercice.

Pendant la semaine qui suivit, Napoléon passa son temps en lectures de livres et de la presse, à donner des ordres à Sabattini pour l'implantation de nouveaux arb


C'était bien exigu pour de longues chevauchées, mais permettait de prendre un peu d'exercice.

Pendant la semaine qui suivit, Napoléon passa son temps en lectures de livres et de la presse, à donner des ordres à Sabattini pour l'implantation de nouveaux arbres, et à chevaucher son cher Grognard, puisque c'est ainsi qu'il baptisa son cheval. La semaine écoulée, Siméoni téléphona pour dire à Napoléon qu'il avait sélectionné les quatre spécialistes Corses. Napoléon voulut les voir durant une journée chacun.

Le programme de ces journées de travail avec les spécialistes était immuable. Le spécialiste faisait en début de matinée un exposé général sur la situation actuelle, puis devait répondre d'une façon précise à 15 ou 20 questions de Napoléon, qui ne prenait aucune note. Après un repas très bref pris en commun, dans un silence presque total, Napoléon sautait sur Grognard et allait faire un temps de galop sur sa propriété.

À 14 heures, les deux hommes se retrouvaient dans le bureau de Napoléon qui posait toujours la même question :

- Que proposez-vous comme changements ?

Le spécialiste répondait, puis à son tour, Napoléon faisait quelques suggestions et demandait si ces idées étaient réalisables. Dans la négative, le Spécialiste devait en donner les raisons. Jamais Napoléon ne laissa voir si ces raisons avaient été jugées valables ou non.

Les huit spécialistes défilèrent ainsi dans le bureau de Napoléon. Le jour suivant le départ du dernier spécialiste, Napoléon convoqua Siméoni.

- Siméoni, dans quatre mois auront lieu des élections municipales. Je veux faire un test ; où en est l'implantation de votre mouvement ?
- Sire, les choses vont aller vite. Les Amicales de Corses sur toute la France forment des noyaux de fidèles. Nos points d'implantation sont donc très nombreux. Mais pour augmenter le nombre d'adhérents, il faudrait Sire que vous parliez.
- Non. Pas question pour l'instant. Je ne parlerai pas. Mais nous allons lancer quelques idées simples, et nous présenterons le maximum de candidats dans les communes. Je veux des listes homogènes, sous l'égide du mouvement avec le maximum de non corses. Aucun accord avec les partis. Aucun. Notre slogan sera d'ailleurs : NI DE GAUCHE, NI DE DROITE, NOUS SOMMES EN HAUT. C'est pompier. Mais pour l'instant nous sommes en Démocratie, et il faut user de ces ficelles. Les Municipalités n'ont aucun pouvoir sur les grandes orientations du pays, mais nous allons lancer, je vous le répète, quelques idées-forces. Dans toutes les idées lancées ces dernières-nées, une seule est valable. Il faut en finir avec la Pensée Unique. Malheureusement, tous les tenants de cette thèse sont restés englués dans cette pensée unique. La France, comme bien d'autres pays, a crée tant de lois dans tous les domaines : la fiscalité, l'Économie les droits sociaux... Il y a tant d'organismes qui ont été créés pour appliquer tant bien que mal ces réglementations, que la France est ligotée, paralysée par toutes ces pesanteurs. Il va falloir codifier tout cela, comme je l'avais fait pour le Code Civil. Il va falloir simplifier au maximum, avec des idées claires. Notre but premier est la Grandeur de la France et le bonheur des Français.
Un seul but, car les deux choses sont liées. Nous les étendrons ensuite à l'Europe. Lorsque nous serons au pouvoir, je ne veux plus de chômeurs inactifs. Tous ceux qui percevront une aide de l'État devront fournir un certain nombre d'heures de travail. Nous trouverons à les occuper à des tâches d'intérêt collectif. Nous créerons un statut du Travailleur Indépendant. Tous les Français savent faire quelque chose. Celui qui veut laver des voitures, faire des gâteaux pour les vendre au marché, remplacer des vitres, etc., doit pouvoir le faire, en toute légalité, sans tracasseries administratives. Je veux que dans toutes les Ambassades à l'étranger soit créé un véritable service commercial, très étoffé, chargé de représenter les produits de toutes nos entreprises, même les plus modestes. Je veux simplifier notre système administratif pléthorique. Plus d'élection cantonale et de conseil général, plus de départements. À la base, les communes (ou des groupes de communes lorsqu'elles seront trop petites) qui auront des pouvoirs renforcés. Puis la Région qui absorbera les tâches actuelles des départements. Enfin, le Pouvoir Central qui concentrera ses efforts sur les tâches régaliennes. Voilà quelques idées simples que nous ferons connaître à l'occasion des Municipales, pour tester notre audience.
Pour l'instant, nous n'attaquerons pas la république et sa devise ridicule. Liberté et Égalité sont deux termes antinomiques. Naturellement, les hommes sont inégaux. L?Égalité ne peut se réaliser qu'en sacrifiant des Libertés. La Liberté laisse s'épanouir les inégalités. Siméoni, ne tenez pas compte de ces derrières observations... Je veux que vous me présentiez un dépliant du Mouvement qui reprendra les idées que je viens de développer (sauf les toutes dernières, je vous le répète). Des idées claires. Pas trop de détails. Ce prospectus sera signé de votre nom.... Alors, ne dites pas trop de bêtises...
- Sire, cela va bien sûr m'être demandé : dois je accepter de faire une conférence de Presse ?
- Surtout pas !!! Vous me soumettrez le prospectus, il sera largement distribué, c'est tout. Il faut garder une grande part de mystère. Les Français aiment ça.

















CHAPITRE 6
NAPOLEON CREE SON BRAIN TRUST

Quelques jours plus tard, des millions de prospectus, à en-tête du Mouvement Bonapartiste Européen, et signés Siméoni, partaient dans toutes les antennes créées sur le territoire. Bien entendu, ce prospectus fit l'effet d'une bombe dans l'opinion publique et en particulier dans le microcosme politique.

Toute la gauche, et la plupart des centristes ameutèrent l'opinion contre le risque fasciste. L'extrême droite, très curieusement, estimait que cette ébauche de programme était parfaitement ringarde, et ne tenait pas compte du problème le plus important de l'époque moderne : l'immigration. Seule une partie du centre droit estimait que cette vision nouvelle pouvait être étudiée sans passion, et avec un esprit constructif.

Bien évidemment, les instituts de sondage se lancèrent sur ce problème brûlant, et l'on constata une fois de plus, l'énorme décalage qui existe entre le monde politique et l'opinion publique. En gros 1/5e des sondés pensaient que les idées développées par le mouvement étaient dangereuses; 1/5e pensaient que cette nouvelle voie pourrait être explorée, mais la majorité, 60% accueillait sans hostilité ni adhésion a priori ces idées nouvelles qui devaient être développées pour être jugées. Malgré le court délai dont disposaient les organisateurs du MBE, il y eut une liste de candidats dans toutes les communes de plus de 5.000 habitants. Il fut recommandé de ne pas prendre sur les listes des personnalités trop marquées politiquement. Il s'agissait donc d'hommes neufs avec les avantages et les inconvénients que cela comporte : candidats sans clientèle électorale, et sans expérience dans la gestion municipale.
Le contenu municipal des programmes était pratiquement nul. Toute la propagande des partis classiques se faisait sur cette vacuité. Le MBE se trompait d'élection. Que feraient les Conseillers municipaux MBE si par malheur ils étaient élus ? De leur côté, les candidats du MBE avaient pour mission de développer le thème suivant : Les Pouvoirs municipaux s'exercent dans le cadre d?une politique générale. Les meilleurs administrateurs du monde ne feront rien de bon si le cadre de leur action est détestable. Il est donc primordial, le plus rapidement possible, de changer profondément l'organisation administrative de la France. Il fallait profiter de ces élections pour donner un signal fort.

Dès qu'il avait eu connaissance des sondages, Napoléon convoqua Siméoni :

- Siméoni, nous allons passer à une nouvelle phase. Vous allez me sélectionner une dizaine de personnes parmi lesquelles je vais choisir les quatre ou cinq qui vont constituer mon État-major. Vous allez me trouver des gens de caractère qui ont eu des responsabilités à haut niveau, mais qui ne sont pas des spécialistes. Je n'aime pas les spécialistes qui n'ont pas une vue générale, une hauteur nécessaire... Les spécialistes ont une vue partielle et partiale des choses. Là encore, je ne veux pas d'hommes trop marqués politiquement. En revanche, qu'ils soient de droite ou de gauche peu m'importe. Je recevrai individuellement ceux que vous aurez sélectionnés.

En fait 10 jours plus tard, Siméoni revenait avec une liste de 10 noms. Le 10e nom était celui d'une femme. Madame Solange Criel. Aussitôt, Napoléon réagit :

- Qu'est ce que c'est que cette femme ? Vous l'avez sélectionnée pour qu'elle nous serve à boire ?
- Sire, vous m'avez demandé de sélectionner 10 personnes qui me semblaient les plus aptes à constituer votre État Major. Madame Criel en fait partie. Son mari avait une petite entreprise dans l'agroalimentaire. Il est mort, il y a 8 ans. Madame Criel a repris l'entreprise qui est aujourd'hui la première de France et la seconde en Europe. Sa valeur est reconnue de tous, puisqu'elle est présidente de son Syndicat...
- Siméoni, arrêtez votre plaidoirie, et... Dites-moi simplement que ce n'est pas une vraie femme? D'accord, envoyez-moi votre hermaphrodite.

Napoléon reçut successivement les 10 personnes de la liste. Il ne chercha pas à cacher que c'était un véritable examen. La plupart des questions de Napoléon étaient d'ordre général ou philosophique :

- Que pensez-vous de la Démocratie ? Du système électif ? Du rôle de l'État dans l'Économie ? De la Nature Humaine ? Des aspirations des hommes de notre temps ? Etc.

Puis soudain, d'un ton brusque, Napoléon déstabilisait le "candidat" par une remarque désagréable :

- Vous êtes laid. Cela vous a-t-il gêné dans votre carrière ? ou bien Vous ne dites que des bêtises. Pourquoi êtes-vous là ?

Au moment où il faisait ces remarques, le regard acéré de Napoléon devenait plus vif encore. Il examinait toutes les réactions du "sujet".

Quelquefois, en fin d'entretien, il disait :

- Vous vous êtes bien rendu compte que je voulais surtout vous connaître. Nous nous reverrons.

À d'autres il ne dit rien, et ils repartaient, persuadés que Napoléon était peut-être un Grand Homme, mais certainement l'être le plus désagréable, le plus impoli, le plus imbuvable du Monde.


CHAPITRE 7
SOLANGE
Lorsque vint le tour de Solange Criel, elle pénétra dans le bureau de Napoléon. Ce dernier, appliquant la tactique de tous les petits chefaillons administratifs, continua à écrire, sans lever la tête. À tel point que Madame Criel finit par dire :

- Je suis là Sire.

Napoléon leva la tête et la regarda très longuement...

- Madame, vous êtes très belle. Asseyez-vous.

Manifestement surprise, elle s'installa cependant dans un fauteuil.

- Savez-vous Madame pourquoi vous êtes là ?
- Après votre première réflexion, j'ai quelques craintes... J'ai cru comprendre, d'après les propos de Monsieur Siméoni, que vous désiriez consulter quelques personnes.
- Ausculter serait le mot plus juste.

Sur le mode mi sérieux mi-plaisant, Madame Criel demanda :

- Sire, faut-il que je me déshabille ? Je vous préviens, ce n'est pas dans mes habitudes !
- Mais... je ne vous le demande pas... pour l'instant. Je veux constituer un cabinet de très proches collaborateurs. J'ai accepté de vous recevoir sur l'insistance de Siméoni... Mais je dois vous dire que je vois assez mal une tête politique posée sur un corps de femme.
- Sire, je n'ai rien demandé. Je ne demande rien. S'il est en mon pouvoir d'aider votre majesté à mieux appréhender les problèmes du moment, je le ferais volontiers, mais je n'ai pas l'intention de m'imposer.

Napoléon resta quelques instants silencieux.

- Siméoni m'a dit qu'après le décès de votre mari, vous avez pris en main une petite société et que vous l'avez considérablement augmentée. Vous êtes une technicienne de l'agroalimentaire ?
- Absolument pas. Je crois mener mon affaire avec bon sens et autorité. Pour les techniques professionnelles, le marketing, et les finances, j'ai des spécialistes...
- C?est bien. Voilà pourquoi vous avez réussi, Madame. Les collaborateurs que je recherche auront aussi des techniciens à leur disposition, mais leur bon sens, leur autorité, toutes leurs facultés, ils devront les exercer pour suivre le chemin que j'aurais tracé..
- Sire, vous n'en êtes pas à la phase du Pouvoir. Si je comprends bien, il s'agit d'établir le programme de votre parti.
- Vous comprenez très mal. Un programme, c'est une liste d'idées figées qui ne tiennent aucun compte des réalités fluctuantes. Un programme, c'est un frein à l'action. Ce sont des promesses qui restreignent l?exercice du pouvoir. Et puis mon action n'est pas soutenue par un parti, mais par un mouvement.
- Je vous demande pardon Sire, mais le terme de parti me semble le plus approprié ! Un mouvement, cela évoque un certain nombre d'idées, sans personnalisation. Dans votre cas, il s'agit du groupement de vos partisans, sans référence à des idées très précises (vous l'avez dit vous-même) quant à la personnalisation, elle est tellement évidente que votre nom figure dans l'intitulé du parti.
- Vous avez tort, Madame ! Vous êtes une intellectuelle. Ce qui n'a rien à voir avec l'intelligence. Ce qui est important dans le choix des mots c'est leur poids réel dans l'opinion. Dans le mot parti, il y a à la fois la notion de fraction (une partie) qui est le contraire de la Nation qui est un tout. Par ailleurs, parti évoque partisan, c'est-à-dire sectarisme et bêtise. Un parti donc, ne peut avoir vocation à diriger qu'en divisant. Ce n'est pas ma conception du Pouvoir.
- Sire, dit Madame Criel en se levant, il est bien évident que la cérébrale que je suis ne peut rien vous apporter.
- Asseyez-vous Madame et détrompez-vous. Il est très probable au contraire que vous pouvez m'apporter beaucoup... Puisque vous m'avez déjà apporté. Je vous en prie, rasseyez-vous. Vous êtes la première personne qui ose me parler librement. C'est un lieu commun que de parler de la solitude du Pouvoir... Mais elle est réelle. Vous voyez, je me laisse un peu aller devant vous.
- Si je comprends bien Sire, vous me réservez le rôle du fou qui était auprès du roi ?
- Madame, Madame, laissez les comparaisons. J'ai besoin de vous. Est-ce suffisant pour que vous m'assuriez de votre concours ?
- Mon concours Sire vous serait peut être acquis si je savais en quoi il doit consister. Pourriez-vous être plus précis ?

Napoléon réfléchit un instant.

- Bon. Je vais descendre quelques instants de mon piédestal. Votre présence m'est très agréable. Parce que j'aime le Beau sans doute, mais il y a... Enfin votre présence m'est très agréable. Maintenant je remonte à ma place.
Madame, j'ai besoin de vous, parce que le Pouvoir, pour réduire ses erreurs doit préalablement à son action soumettre ses idées à la critique. Madame, nous avons des structures mentales différentes. Cela peut me servir.
- Sire, vous êtes déconcertant. Je ne sais que vous dire. Il faudra que je réfléchisse.
- Vous l'avez dit vous-même : je ne suis pas encore au Pouvoir... Avez-vous la possibilité de rester ici encore 48 heures ?
- Mais Sire, je ne sais. Cela n'était pas prévu.
- Eh bien improvisez que diable !!! Savez-vous monter à cheval ?
- J'ai su, mais il y a bien longtemps que je n'ai pas fait d'équitation.
- Oh! Vous saurez toujours. Moi, après près de 200 ans, je n'avais rien oublié. Et j'ai dans mon écurie, une petite jument très douce. Vous n'aurez aucune difficulté.
- Mais sire, je n'ai pas de tenue d'équitation
- Vous ne montez pas en amazone ?
- Non, Sire. Cela ne se fait plus guère....
- Oui. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre. En tout cas, donnez vos mensurations à Sabatini. Nous monterons demain. Voulez-vous que nous fassions quelques pas dans le parc ?
- Vous m'aviez demandé si je pouvais rester 48 heures... mais je constate que vous avez répondu vous-même à votre question. Pourrais-je à tout le moins passer quelques coups de fil pour prendre des dispositions ?
- Mais bien entendu. Vous n'êtes pas ma prisonnière, vous êtes entièrement libre...
-... de faire ce que vous voulez, Sire. Mais n'extrapolez pas. Vous pourriez avoir des désillusions.
- Je me suis toujours attaché à goûter le succès du moment. À tout à l'heure.
Madame Criel ne repartit que le surlendemain après-midi. Pendant ces 48 heures, elle fit avec Napoléon des promenades à cheval et ils eurent des conversations sur des sujets les plus divers

Bien entendu, les problèmes politiques tinrent une grande place. Comme Madame Criel s'étonnait de ce que dans l'ébauche de ses idées-forces, à aucun moment il n'a été fait allusion au problème de l'immigration et de la Nationalité, problèmes au centre de discussions en France), Napoléon répondit :

-Voyez-vous Madame, vous venez de toucher un problème primordial. Quelle est la mission de celui ou ceux qui sont chargés du destin d'un pays ? C'est d'établir une hiérarchie dans les problèmes qui se posent. Les problèmes que vous soulevez sont secondaires, et c'est à tort que les hommes politiques en font un problème central. J'ai lu qu'on m'avait prêté le mot suivant " laissez-les parler allemand, pourvu qu'ils se battent en Français". Je n'ai pas prononcé ce mot, mais j'aurais pu le faire. L'assimilation des races étranges, je l'ai réalisée, ou du moins, elle s'est tout naturellement réalisée dans mes armées. Ils se battaient pour leur propre gloire et pour leur Empereur. Ils avaient un métier qui ne leur laissait pas le temps de se perdre dans des réflexions fumeuses, et ils avaient un idéal qui créait un ciment entre eux.
Lorsque l'on aura fait qu'il n'y ait plus d'oisifs, que les gens au chômage seront tous dans l'obligation de fournir une certaine somme de travail pour toucher leur indemnité, que l'on aura redonné l'Espoir à tous les Français, que tous pourront rêver à une vie meilleure parce que des décisions simples et efficaces auront été prises, alors le problème de l'immigration ne se posera plus. Ceux qui sont en France pour gagner de l'argent sans travailler, auront à faire le choix suivant : rester en France, travailler et par la force des choses, intégrer la communauté ou bien puisqu'ils n'auront rien pour vivre, s'en aller. Pour la même raison, il n'y aura plus de clandestins. Ceux qui escomptaient une régularisation pour ensuite toucher des allocations sans travailler en seront pour leurs frais, et ceux qui venaient pour travailler au noir également, car d'une part je lutterai sans merci contre les négriers, mais surtout, nous aurons toute la main d'oeuvre des chômeurs qui sera disponible et à la disposition d'entreprises actuellement marginales. Vous le voyez Madame, l'Immigration n'est pas un problème.

Madame Criel prenait un vif plaisir à l'écoute de ces longs monologues de Napoléon, qui passait aisément d'un sujet à l'autre (méthode des petits tiroirs dont il avait parlé lui-même). De son côté, il questionnait beaucoup Madame Criel sur sa vie actuelle, son passé, ses goûts. Elle en éprouvait une grande joie, une grande fierté. L'intérêt que lui manifestait Napoléon lui donna suffisamment d'assurance pour qu'à son tour elle ose poser des questions plus personnelles.

- Sire, je suis très impressionnée par la facilité avec laquelle vous vous adaptez à cette situation ahurissante, jamais vécu par aucun être humain : revenir sur terre près de 200 ans après l'avoir quittée. La faculté que vous avez de saisir tous les problèmes présents est extraordinaire. Mais elle n'est rien par rapport à cette acceptation de votre résurrection. N'êtes-vous pas étonné par ce qui vous arrive ?
- Madame, chaque seconde des milliers de personnes naissent à partir de la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule. Vous en étonnez-vous ? Moi je suis né à partir d'un cheveu. La différence n'est pas grande.
- Mais Sire, c'est très différent au contraire. En somme, vous êtes né adulte, vous avez un passé. Vous avez connu une époque, vous en connaissez une autre très différente.
- Je vous accorde que sur ce point, c'est exceptionnel, mais toujours l'exceptionnel a été mon lot.
- Sire, je comprendrais parfaitement que vous laissiez ma question sans réponse. Savez-vous exactement où vous allez ? Avez-vous des projets précis ?

Comme Napoléon resta un long moment silencieux, elle ajouta :

- Je vous demande pardon. Je n'aurais pas dû vous questionner. Il est normal que vous ne répondiez pas.
- Je réfléchissais. Je n'ai pas dit que je ne voulais pas vous répondre. D'ailleurs, je vais le faire.
Tout d'abord, sur le plan politique, oui, je sais où je vais. La France a besoin d'un profond renouveau. La France est prise dans un réseau de lois, de règlements de groupes d'influence (syndicats, partis politiques groupements d'intérêts divers) et d'habitudes détestables. La République telle qu'elle est, est incapable de rompre toutes ces chaînes. Seul un Pouvoir fort y parviendra. Un pouvoir fort doit avoir la possibilité de travailler tranquillement. Ce qui ne serait pas le cas si ce Pouvoir était issu d'un coup d'État. Il faut donc qu'au départ, ce Pouvoir ait l'onction du peuple. Je connais bien les Français. Si je les fais rêver, si je leur propose un grand dessein, ils me suivront. Voilà pourquoi si le test des municipales est concluant, ce dont je ne doute pas, je gagnerai les prochaines législatives et un congrès réuni à Versailles rétablira l'Empire. Parallèlement je travaillerai avec les pays d'Europe, où à l'exception de l'Angleterre peut-être je me ferai également reconnaître. Voilà Madame, vous connaissez en gros mes projets politiques
- Mais Sire, les temps ont changé. Je doute qu'un régime dictatorial puisse se maintenir longtemps au pouvoir. Il est certain que la France a besoin d'un profond renouveau. Pourtant il y a des faits troublants. Tous les pouvoirs forts au XXe siècle et même au XIXe sont tous tombés rapidement. Votre neveu est tombé après Sedan. Guillaume en Allemagne après 14-18, Hitler en Allemagne en 1945. Mussolini en Italie après la guerre 39-45. Après Franco en Espagne, ce fut une monarchie démocratique. Au Portugal après Salazar, ce fut la République.
- Je vous ai dit que vous pouviez me servir : vous représentez la pensée actuelle. Mais votre raisonnement est manichéen. Il y a d'un coté les régimes dictatoriaux voués à l'échec, et d'un autre des démocraties qui durent. J'estime qu'entre les dictatures et les démocraties il y a place pour un régime qui réunira les qualités de l'un et l'autre système. Oui il y a une place pour un Pouvoir fort capable d'assurer la puissance de l'État et le bonheur de ses habitants.
- Sire, je ne vois pas très bien la différence qu'il y a entre un pouvoir dictatorial et un pouvoir fort.

Napoléon réfléchit quelques secondes.

- Pensez-vous qu'une personne qui a blessé volontairement une autre personne doit être jugée et condamnée ?
- Bien sûr que oui. Mais je ne vois pas bien...
- Dites-moi maintenant ce que fait quotidiennement un chirurgien ?
Il plante volontairement son couteau dans le ventre d'autres personnes.
Hé bien, Solange, il y a autant de différence entre un régime dictatorial et celui que je veux instaurer qu'entre un malandrin qui poignarde quelqu'un pour le voler, et un chirurgien qui plante son scalpel dans le ventre d'un patient pour le sauver.
- Il vous reste à m'expliquer, Sire, comment un pouvoir fort peut respecter les libertés.
- Je vais vous révéler comment je conçois le Pouvoir fort pour la France. L'organisation comporte trois étages. Le Pouvoir Central a entre les mains la totalité des fonctions régaliennes. De plus, il impulse les politiques des autres domaines. Le pouvoir, c'est un homme seul. Il n'y a pas de chambre de députés sur le plan national. Par définition, les droits régaliens appartiennent à un seul. Le Pouvoir Central est représenté dans les régions par un gouverneur, dont la tâche est de faire respecter strictement les dispositions prises dans le domaine régalien. Voilà pour le Pouvoir fort.
Maintenant il est certain, et cela je l?ai bien compris, que les gens ont besoin pour être heureux d'une part de se sentir libres, d'autre part de pouvoir espérer améliorer leur condition matérielle. Pour arriver à ce résultat, je ne vois que des avantages à ce que la démocratie s'exerce au niveau de la commune et de la Région. Des assemblées Régionales seront élues au suffrage universel.
- Sire, les Femmes auront-elles le droit de vote ?
- Si vous pensez que dans ce domaine vous allez pouvoir exercer une influence sur moi... Allons, allons, bien sûr : les femmes auront le droit de vote. Je veux une vraie décentralisation. C'est à dire, par exemple que la région dans le cadre des directives générales aura sa politique de l'enseignement, sa police, sa politique économique, son budget.
- Comment concevez-vous la fiscalité ?
- Solange, vous voulez me rendre humble. Vous voulez m'entendre dire : je ne sais pas. Les grandes lignes de mon projet sont là (il se frappe le front), mais songez que je n'ai que trois mois d'existence. Les détails viendront après.






















CHAPITRE 8
NAPOLEON ME CONVOQUE


Note de l?Auteur :

Arrivé à ce point de mon récit, je me dois de vous faire part des événements survenus ces jours derniers. Il y a une semaine environ, je recevais un coup de fil de mon ami Samuel Brun, Directeur du laboratoire de Clermont Ferrand. Il me demandait de suspendre mes communications sur Napoléon. Bien entendu, j'en demandais la raison, et voici ce qu'il m'expliqua : il venait lui même de recevoir un coup de téléphone de Solange Criel. Cette dernière, qui aime se promener sur Internet, était tombée par hasard sur un article relatant mon travail et mes révélations concernant Napoléon. Elle en avait parlé à l'Empereur qui était entré dans une colère noire et avait demandé de tout arrêter. Mon ami me demanda donc à tout le moins de suspendre pour l'instant dans l'attente d'autres précisions, mon projet de livre à son sujet.

Je n'en ai rien fait. Par la suite, j'ai su que Napoléon avait été frappé par l'exactitude de la relation de toutes ses conversations. Sabatini a fait des recherches dans toutes les pièces de la maison, et a découvert des micros astucieusement dissimulés partout. Qui avait posé ces micros ? Avant l'arrivée de Napoléon bien sûr. De mon côté, j'ai un aveu à faire. Pour écrire toute la première partie, je me suis basé sur les informations fournies par mon ami Samuel Brun. Puis, du jour où Napoléon est arrivé dans son domaine, et chaque jour, au courrier, je recevais une cassette sur laquelle étaient enregistrées les conversations que Napoléon avait avec ses divers visiteurs.

J'en fais le serment, j'ignore totalement qui me faisait parvenir ces cassettes. Elles étaient toutes postées de Paris, mais les bureaux de poste de départ étaient différents. C'est en partant de ces cassettes que je pouvais vous tenir au courant des faits et gestes de l'Empereur. Jusqu'à ce jour, je n'ai rien dit. Je vais maintenant expliquer pourquoi j'ai décidé de parler. Dans la matinée, j'ai reçu un coup de fil de Sabatini qui me disait que Napoléon me "convoquait" pour demain.

- Vous avez bien dit que Napoléon me convoque ?
- Oui, Aristée, c'est le terme qu'il a employé.
- Écoutez j'ai une profonde admiration et un grand respect pour l'Empereur, mais je n'admets pas qu'il me "convoque".
- Cela veut dire que vous ne viendrez pas ?
- Si. Je viendrai... Par curiosité. Mais je ne veux pas être "aux ordres" et je vais prouver que je ne le suis pas. Il m'avait demandé de me taire. Je vais parler.

Voilà pourquoi , je viens de passer un communiqué sur mon blog, et je poursuis ma narration

Il est à peu près certain que nous sommes au début d'une affaire d'État. Je sais que l'Élysée a diligenté une enquête aux fins de savoir qui a posé des micros chez l'Empereur et quels sont les buts poursuivis.
J'avoue que ce soir, mes sentiments sont mélangés. Je vais voir l'Empereur. Celui dont à 12 ans, je connaissais déjà toute la vie. J'ai d'ailleurs toujours un grand livre illustré qui pour les enfants retrace toute la vie de Napoléon. Je le connaissais par c?ur. Sauf les dernières pages. Je ne sais pourquoi, mais, après la retraite de Russie, ce livre ne m'intéressait plus... Pour être juste, il y a tout de même vers la fin un passage que j'aimais bien. C'était le retour de l'île d'Elbe. Donc je suis heureux et fier de pouvoir rencontrer cet illustre personnage. Mais d'un autre côté, je me sens pris dans une affaire extrêmement embrouillée et qui va dépasser ma modeste personne. Au moment où j'écris ces quelques lignes, j'ignore totalement si j'aurais vraiment la possibilité de reprendre le récit que j'avais entamé. Je n'en suis plus maître, vous le comprendrez aisément.

Hier matin, je suis parti de l'aérodrome d'Agen par avion privé à destination du Var. Dès mon arrivée à l'entrée de la propriété de Napoléon, j'ai constaté avec surprise que la télévision était là... (D'ailleurs, j'ai pu discuter durant quelques minutes avec un ministre qui, on le sait, ne dédaigne pas la communication...) Sabatini vint me dire que l'Empereur m'attendait. Je ne saurais décrire les sentiments multiples qui m'agitaient. Se trouver face à face avec l'un des hommes les plus célèbres dans le monde entier depuis deux siècles, avouez, vous qui êtes de sang-froid, qu'il s'agit d'instants extraordinaires, et mon émotion était à son comble. Lorsque je fus introduit dans son bureau, Napoléon qui lisait un dossier, leva presque aussitôt la tête.

- C'est vous Aristée ?
- Oui Sire. Il s?agit d?un pseudonyme sur internet.
- Vous êtes journaliste ?
- Non Sire. Je ne suis pas journaliste.
- Alors, pourquoi ? Pourquoi ou pour qui avez-vous dévoilé les conversations que j'avais eues ici.
- Pourquoi ? J'avais commencé à retracer vos premiers jours après votre résurrection. J'ai eu la possibilité de continuer. Je l'ai fait. Pour qui ? Pour que l'opinion publique soit au courant de cet événement extraordinaire.

Napoléon se leva et vint vers moi. En effet, il n'était pas très grand, mais quel magnétisme dégageait cet homme, quelle pénétration dans son regard noir où je sentais la colère monter.

- Non. Pour qui me prenez-vous ? Des micros ont été déposés dans mes appartements, comme par hasard toutes mes conversations ont été enregistrées et c'est vous qui avez eu connaissance de ces enregistrements. Pourquoi avez-vous fait installer ces micros ? Pourquoi vous apprêtez vous à publier toutes mes conversations ? J'écoute !
- Sire, je vous en conjure, croyez-moi. J'avais commencé à écrire vos premiers jours grâce aux indications de mon ami Samuel Brun. Je pensais que mes informations cesseraient du jour où vous seriez installé dans votre propriété. Or à ma grande surprise, chaque jour par courrier, j'ai reçu des cassettes contenant vos conversations. Elles venaient toutes de Paris, mais de bureaux de poste différents. Je n'ai jamais reçu un mot, je n'ai jamais reçu la moindre indication sur l'expéditeur de ces cassettes. Bien entendu, j'ignore qui a fait installer des micros dans vos appartements.

Napoléon me regarda longuement, puis il me dit :

- Je vous crois.

Et il alla rejoindre son fauteuil derrière le bureau.

- Je vous crois, mais je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez indiqué que vous alliez porter à la connaissance du public mes conversations... même privées.
- Sire, le public auquel je me suis adressé jusqu?à ce jour, n?est pas très étendu puisqu'il s'agissait d'un blog parmi des milliers. Par ailleurs, je dois le dire, j'ai la certitude que la totalité de mes lecteurs pense que ce je raconte est simplement issu de mon imagination. Personne ne croit à la réalité de "mes révélations". C'est un peu vexant pour moi, mais cela peut faciliter l'issue de ce que l'on pourra considérer que comme... une petite plaisanterie.
- Cette "petite plaisanterie"comme vous dites, est une affaire d'État. Sarkozy m'a téléphoné. Une enquête est diligentée par les services spéciaux, dont un délégué est ici et va vous recevoir. Allez voir Sabatini, allez!

CHAPITRE 9
NAPOLEON ABANDONNE SON PROJET

Et Napoléon sans plus s'occuper de moi se replongea dans son dossier. Je sortis sans dire un mot, tant ma gorge était serrée. Sabatini qui sans doute me guettait, se précipita sur moi et me demanda de le suivre, ce que je fis, la tête vide, incapable de dire si j'avais vécu ou rêvé cette entrevue avec Napoléon.

Dans un petit bureau, un homme jeune, au visage ouvert et sympathique, m'attendait. Il était chargé de l'enquête sur la pose des micros. Il me demanda de lui raconter très exactement comment j'avais pu recueillir tous les renseignements qui formaient la matière de mes petits articles sur le forum. J'avais apporté les deux seuls papiers d'emballage des cassettes que j'avais conservés, et je les lui remis. C'est en vain que je lui ai demandé s'il avait un début de piste. Mais j'ai senti qu'il commençait à avoir une idée sur la question. En sortant de cette entrevue, Sabatini était encore là.

- L'Empereur veut vous revoir.
- Ah ? À quel sujet ?
- Je l'ignore.

Je me suis une nouvelle fois trouvé devant Napoléon.

- Cet endroit où vous racontez vos histoires, un blog, je crois, est lu par beaucoup de personnes ?
- Oui et non. Non si vous considérez chaque blog individuellement et oui, si vous considérez tous ceux qui vont sur des blogs et des forums.
- Cela peut donc constituer une tribune intéressante, en multipliant les interventions sur plusieurs forums ou blogs ?
- Certainement, mais...
- Vous êtes Aristée certainement l'une des personnes le plus au courant de mes projets. Développez-les sur votre blog et des forums.

J'étais à cent lieues de m'attendre à une telle demande.

- Non, Sire, cela m'est impossible.
- Ah ? Et pourquoi donc ?
- Parce que je ne peux défendre que des idées que je partage. Or je l'avoue, Sire, la conception du Pouvoir que vous développez n'est pas la mienne. Je suis Républicain.
- Républicain ? Ce n'est qu'un mot qui recouvre les combines et l'impuissance.
- Non Sire, ce n'est pas qu'un mot. C'est une façon de penser, et cette façon de penser est actuelle, elle s'impose donc.
- Donc vous refusez.
- Je le regrette sire, car j'ai pour vous...
- Ça va, ça va... Je n'ai rien à faire de votre admiration. Mais puisque vous ne voulez pas défendre mes idées, je vous demande à tout le moins de ne plus parler de moi.
- Sire, j'ai annoncé sur mon blog notre rencontre. Je dois donc faire une dernière communication, après quoi, je n'écrirai plus à votre sujet.
- Allez !

J'ai regardé une dernière fois cet illustre personnage et je suis sorti. Je crois avoir fait un compte rendu fidèle de ma journée d'hier. Et maintenant je vais me taire. Puisque ma plume ne peut être libre, elle ne sera pas serve. Si je ne puis dire ce que je pense, je ne dirai en tout cas pas ce que je ne pense pas. Malgré mon profond respect pour l'Empereur, respect qui reste intact. Je sais que certains ne croient pas vraiment à la réalité des faits et paroles que j'ai rapportés. L'avenir me rendra justice.
Je viens de reprendre cet écrit que j?avais abandonné à la suite de mon entrevue avec l?Empereur, il y a 6 mois.
Certes , je n?ai pas encore pris la décision de l?éditer, mais, je continuer à consigner cette extraordinaire aventure d?un Empereur qui ressuscite 200 ans après sa mort, et se réintègre avec une rapidité foudroyante dans une nouvelle époque .
Je veux être le premier historiographe de la seconde vie de Napoléon.
Il y a trois mois, les élections municipales qui avaient été provoquées avant l?échéance normale, à la suite de la loi sur la centralisation, ces élections, donc, furent un succès pour le Mouvement Bonapartiste Européen.
Des grandes villes comme Marseille, Toulouse et Bordeaux ont été conquises par ce nouveau parti. Aucun des candidats n?étaient vraiment connu sur le plan national?.. et guère plus sur le plan local. C?est donc le seul nom de Napoléon, qui assura leur élection.
Bien entendu, l?inexpérience de ces nouveaux édiles, pose déjà, et posera pendant quelque temps des problèmes dans certaines communes.
Napoléon, parfaitement conscient de ce problème, vient de créer, sous l?égide du parti M.B.E., dans chaque région, un organisme de conseils, auprès duquel, tous les élus du parti peuvent solliciter un conseil ou une aide.
Je suis bien sûr resté en contact avec Samuel Brun, qui se rend chaque mois dans le Var, auprès de l?Empereur. Par lui, j?ai su qu?une nouvelle constitution était prête. Cette Constitution, reprendrait les grandes lignes que l?Empereur avait développé devant Madame Creil. Un Pouvoir Central fort, concentrant toutes les fonctions régaliennes, et agissant sans aucun contrôle.
Le stade de la région, ou la démocratie serait établie, avec une Assemblée régionale et un gouvernement régional, exerçant ses prérogatives sous le contrôle du Gouverneur, émanation du Pouvoir Central.
( A suivre)


Suppression des départements et des cantons. Renforcement des Pouvoirs des Municipalités et des Regroupements de petites communes

Lors des Présidentielles de 2012, il est à peu près certain que Napoléon se présentera contre le Président Sarkozy.
Personnellement, malgré tout le respect que je porte à Napoléon, je ne souhaite pas, et du reste je ne crois pas qu?il puisse être élu.
Son projet de constitution, quand il sera connu, va créer un front uni de tous les démocrates de droite et de gauche. C?est ce que je prévois, mais il est évident que le magnétisme de cet homme peut renverser tous les pronostics. Que va-t-il se passer quand il apparaîtra à la télévision ?
Cet homme est capable de convaincre une multitude de Français, qui, en se disant Démocrates, ont cependant conservé une certaine nostalgie d?un Pouvoir fort, du temps ou la France était la Première Puissance mondiale.
Et puis, un homme ressuscité n?est pas un homme comme les autres. Connu universellement, il est la fierté de nombreux Français.
Donc, je ne croyais pas qu?il puisse être élu Président de la République- dans un premier temps, évidemment- Mais la possibilité restait ouverte.
Deux entrevues eurent lieu entre Napoléon et Monsieur Sarkozy, Président de la République.
Chaque fois, ce dernier insistait sur le seul élément qui devait être pris en compte : l?intérêt de la France. Napoléon se montrait entièrement d?accord, et développait sa thèse selon laquelle, seul un Pouvoir fort, que lui seul pouvait incarner, permettrait à la France de reprendre sa place de leader mondial. On tournait en rond?.



Samuel brun, qui eut une longue discussion avec Napoléon la semaine dernière, vient de me dire, que sous l?influence peut être de Madame Criel, le Grand homme semblait modifier sa position.
Il commençait à réaliser que sa victoire, lors des Présidentielles était extrêmement aléatoire.
Sa décision définitive n?était pas encore prise. Une chose me semblait certaine. Napoléon avec sa lucidité hors du commun, pouvait renoncer à devenir Président de la République Française( en attendant de transformer la République en Empire Européen. Mais il n?est pas dans le caractère de cet homme de lâcher un plan sans en avoir un autre en réserve.
Mais que pourrait être ce nouveau plan ? Je n?en ai aujourd?hui pas la moindre petite idée.



















CHAPITRE 10
NAPOLEON L?AFRICAIN

Je n?allais pas tarder à être informé?..et par le Grand homme lui-même !!


J'ai reçu, il y a 3 semaines, un coup de fil de Siméoni. Napoléon me faisait demander si je voulais bien aller le voir. Tiens, tiens ? Il semble que l'empereur se civilise. Il ne me convoque plus. Bien entendu, je suis trop curieux pour ne pas me rendre à son " invitation."

J'ai passé la journée du lendemain dans le Var, aux côtés de l'Empereur. Que cet homme soit intelligent, je pense que personne n'en doutait. Il en donnait une nouvelle preuve : après avoir étudié la vie politique en France, et l'évolution des moeurs en 2 siècles, il en était arrivé à la conclusion que dans notre pays, un régime, tel qu'il le concevait n'était pas viable.
Ses chances d?être élu dans un premier temps Président de la République, avec dans son programme une révolution (et non pas une réforme) constitutionnelle étaient pratiquement nulles. Il intégra cette certitude avec un sang froid surprenant. Il n?était pas homme à perdre son temps dans des regrets stériles.
Comme il était exclu que Napoléon ne soit plus Napoléon, comme il était évident qu'il ne changerait pas ses conceptions, il fallait tout simplement trouver la région mondiale dans laquelle ses méthodes pourraient être appliquées.
Il avait étudié minutieusement les situations politiques dans toutes les parties du monde, et il était arrivé à une conclusion.

C'est en Afrique Noire, et plus particulièrement dans l'ex A.E.F que son avenir devait s'inscrire, pour l?amorce de sa politique.

Napoléon était resté en contact étroit avec "sa deuxième mère", mon ami, Samuel Brun. Par lui, il avait su que je connaissais cette région, d'où sa demande de venir le voir. Il me dit sa conviction que ses conceptions seraient acceptées avec enthousiasme dans cette région, dans laquelle, un ancien chef d'État, Bokassa, admirateur de Napoléon, s'était même fait nommé Empereur.
Il me dit aussi que dans l'ex A.O.F (Afrique Occidentale Française) ses chances étaient moindres, car le fait démocratique commençait à s'implanter, en particulier au Sénégal. Napoléon envisageait donc la constitution d'un seul État qui rassemblerait sous son autorité, Le Cameroun, Le Gabon, le Congo Brazza, la République Centrafricaine et l'ancien Tchad.

Napoléon me demandait de lui parler de chacun de ces États et de donner mon avis sur le territoire par lequel sa conquête (pacifique) devrait commencer. J'ai donc fait à l'Empereur un exposé sur chacun de ces États, en particulier sur le plan économique. J'ai tenu à souligner la pauvreté de ces États. Je ne suis pas au courant des derniers chiffres, mais je sais que le Gabon par exemple avait un budget d'État inférieur au chiffre d'affaires des Galeries Lafayette. Napoléon me répondit :

- Peu importe. La richesse, cela se crée. Et ce n'est qu'un début
- Mais, sire, vous êtes Corse. Vous savez qu'il y a un gros problème avec la Corse. Pensez-vous intervenir dans ce problème ?

Napoléon me répondit en souriant :

- Bien entendu, sans difficulté, je pourrais être Empereur de Corse. Ce qui serait ridicule... et sans perspective. La Corse n'est rien sans la France. Et la France ne voudra pas de moi. Pour l'instant, je ne peux rien pour la Corse.
- En ce qui concerne l'Afrique Équatoriale, vous venez de me dire : " ce n'est qu'un début". Vous avez des projets pour la suite ?
- J'ai besoin d'espace. Avec la France, j'aurais pu être le Maître de l'Europe. Ce n'est pas possible. En Asie et en Amérique, mes possibilités de succès sont nulles. Il ne me reste donc que l'Afrique. Lorsque je serai devenu Maître de l'A.E.F., j'instaurerai un ordre et une puissance qui attireront tous les autres États d'Afrique. Je serai Maître du Continent de l'Afrique du Nord jusqu'au Cap. Alors, et alors seulement, je rattacherai la Corse à mon Empire, et la France ne pourra s'y opposer, puisque toute la population est pour moi...
Lorsque je serai solidement implanté dans les actuels 5 Etats, je pense rattacher en priorité à mon Empire, l?ex Congo Belge, dont les ressources minières sont considérables.
Attirée par la prospérité économique de mon Etat, c?est l?ex A.E.F qui demandera tout naturellement à faire partie de mon ensemble. Pour l?Afrique du Nord, ce sera un peu plus long, mais j?y parviendrai. L?Afrique, cet éternel continent à la traîne du monde, deviendra un modèle pour tous
- Vos projets Sire, sont grandioses. Mais je ne vois vraiment pas comment vous pourriez vous imposer en Afrique Équatoriale qui doit être votre première marche. Par ailleurs, ne craignez-vous pas d'être taxé de "colonialiste" ?
- Le colonialisme est la menace brandie par quelques politiciens avides de pouvoir et de dessous de table. Les peuples africains demandent 2 choses :
1/ Vivre en sécurité. Cette Sécurité, je la leur apporte.
2/ Avoir une vie matérielle plus décente. Et cela aussi je vais leur apporter. Je peux faire le bonheur des africains.
Aristée, voulez-vous travailler pour moi ? La France n'est plus en cause, vous ne devriez plus avoir de prévention à mon égard.
- Sire, je ne vois pas en quoi je pourrais vous être utile.
- C'est par le Cameroun que partira ma conquête. Pouvez-vous effectuer une mission pour moi dans ce pays que vous connaissez, je crois ?
- Sire, il ne m'est pas possible de vous répondre sans, d'une part savoir en quoi consisterait cette mission et d'autre part, sans avoir pris un délai de réflexion.
- J'ai préparé un dossier pour vous. Étudiez-le, ensuite vous le brûlerez. Vous me donnerez une réponse d'ici 48 heures. Il est inutile que je vous demande le secret le plus absolu sur la nature de votre mission. Même auprès de vos proches.
- Sire, je ne pourrai cacher mon voyage éventuel au Cameroun, mais en aucun cas, je ne dévoilerai la raison de mon voyage.
Je passais de nombreuses heures sur le dossier préparé par Napoléon lui-même. Je dois à la vérité de dire qu?une grande partie de ce temps était consacrée à déchiffrer l?écriture de l?Empereur, dont la moitié des mots n?étaient pas terminés. Il n?en était pas encore arrivé à écrire sur un ordinateur, ce que je regrettais amèrement.
48 heures après notre entrevue, je me présentais devant Napoléon.
- Alors, Aristée, voulez vous travailler pour moi ?
- Sire, je dois dire honnêtement qu?après avoir compris les grandes lignes de votre projet, je l?ai trouvé absolument irréalisable.
Et puis, en étudiant les mesures que vous comptiez prendre, je me suis mis peu à peu à y croire.
Votre plan n?est pas gagné d?avance. Mais il est je crois parfaitement viable.
- Bien, Aristée. Bien. Préparez votre voyage au plus tôt. Vous me téléphonerez chaque soir. Nous allons gagner.

Trois jours plus tard, j'atterrissais à Douala. Je retrouvais la chaleur humide presque insupportable lorsque l'on arrive de France, et qui m'avait tellement frappée lors de mon tout premier voyage en Afrique Noire. Dès mon entrée dans l?aérogare, un haut-parleur demandait à Monsieur Aristide Aristée de se présenter à la douane. Je m'y rendis immédiatement et un homme blanc vint aussitôt vers moi.

- Monsieur Aristide Aristée je présume ?

Et après mon acquiescement, il se présenta :

- Raphaël Santucci. J'ai été prévenu par l'Empereur de votre arrivée. Je dois faciliter votre mission dans tous les domaines. Votre chambre est retenue à l'hôtel des Cocotiers. Nous allons y aller immédiatement, vous pourrez vous détendre durant le reste de la matinée. J'ai pris votre premier rendez-vous avec le Président à 14 heures 30, je passerai une demi-heure avant pour vous prendre à l'hôtel.

À 14 heures 30, je pénétrais avec Santucci dans le bureau du Président. Et tout aussitôt, je lui expliquais le but de ma mission.

- Monsieur le Président, vous avez entendu parler de Napoléon Ier qui fut Empereur des Français et qui a été ressuscité il y a quelques mois.
- J'ai bien entendu parler de cette résurrection et j'avais entendu parler de Napoléon, lorsque je faisais mes études à l'école primaire de Bafoussam
- Eh bien Napoléon a de grands projets pour l'Afrique. Et je vais vous les exposer. Napoléon se propose de créer un Empire avec les pays de l'ancienne Afrique Équatoriale. Le Cameroun, le Gabon, le Tchad, le Congo Brazza, la République Centrafricaine. Vous seriez nommé Prince d'Empire, avec tous les avantages matériels que cela comporte. Une nouvelle monnaie serait créée : l'Africa, qui aurait une valeur égale au dixième de l'Euro auquel il serait rattaché. Sur le plan économique, Napoléon a des projets grandioses. Il a d'ores et déjà pris des contacts avec des hommes d'affaires européens, américains et japonais. Des sociétés d'une forme nouvelle seraient créées. Des Sociétés d'Empire. Ces sociétés seraient constituées avec des capitaux privés étrangers. Ces sociétés donneraient 20 % du capital social à l'Empire, qui en contrepartie ne prendrait un impôt sur les Sociétés que de 5% sur les bénéfices. Ces Sociétés seraient appelées à investir dans 4 domaines.
1/ Le forestage. En particulier au Gabon et au Cameroun.
2/ Dans le tourisme. Dans tous les États-Provinces, mais en particulier au Cameroun. Un aéroport serait créé à Garoua dans le Nord-Cameroun, capable d'accueillir les longs courriers d'Amérique, d'Europe et d'Asie. Deux grands hôtels de luxe seraient créés à Garoua et Maroua, d'où des safaris-photos seraient organisés pour les touristes. La région étant extrêmement giboyeuse.
3/ La culture du riz serait enfin développée au Gabon, au Cameroun et dans l'ouest du Congo.
4/ Un effort serait entrepris dans le domaine artisanal, où les ressources des peuples africains sont grandes. L'école de peinture Poto Poto de Brazzaville serait rénovée. La production des objets traditionnels serait organisée. Deux grandes écoles de musique et de danses seraient créées. Monsieur le Président, tous les peuples seront heureux, et comme vous êtes le premier Chef d'État que l'empereur a voulu contacter, c'est en grande partie à vous que les peuples africains devraient votre prospérité. Je vous demande Monsieur le Président de réfléchir à tout ce que je viens de vous dire, au nom de l'Empereur.
- Si je comprends bien, Monsieur Aristée, Napoléon veut prendre ma place ?
- Je vous le demande, Monsieur le Président, étudiez le problème sous deux aspects, en ce qui vous concerne.
Si vous participiez à cette énorme mutation de l'Afrique, vous rentreriez dans l'histoire. Qui se souvient aujourd'hui de l'un de vos prédécesseurs, le Président Ahidjo par exemple ? Qui ? Personne. Et il était au pouvoir il y a peu d'années. Vous en revanche seriez connu dans les siècles à venir comme celui qui le premier a su faire prendre à tout un continent la voie de la prospérité.
Par ailleurs, je vous l'ai dit, nommé Prince d'Empire, ce qui est un titre autrement honorifique que simple Président d'un petit État, vous auriez, je vous l'ai dit aussi, tous les avantages matériels attachés à cette haute fonction.
Là je n'ai parlé que de votre situation personnelle, mais songez à votre peuple qui grâce à vous va retrouver sa dignité, en participant à sa puissance.
- Vos arguments, Monsieur Aristée, sont recevables. Mais je dois réfléchir.
- C'est tout à fait normal, Monsieur le Président. Je vais faire le tour de l'AEF dans le sens des aiguilles d'une montre. Je vais à l'ancien Tchad, puis en République Centrafricaine, puis au Congo Brazza, et enfin au Gabon. Je serai de retour à Douala ou à Yaoundé, en fonction du lieu où vous vous trouverez dans 8 jours.
- Je serai ici à Douala. Je note, dans une semaine, même heure.....

Durant toute la semaine, j'ai effectué le périple prévu, et j'ai tenu le même langage aux 4 autres Présidents de la République. En partant de France, j'étais très sceptique sur la possibilité d'obtenir des résultats positifs, au cours de ma mission.

En fait, Napoléon avait fort bien préparé le dossier, et si je n'avais aucun accord définitif, du moins n'ai-je enregistré aucun refus. Bien mieux, je n'ai senti une petite réticence qu'à Brazzaville, où la tendance théoriquement marxiste, s'accommodait mal d'un Empire. Mais si j'obtenais l'accord des 4 autres Présidents pour la constitution d'un Empire, je ne vois pas comment le Congo pourrait se trouver en lisière de cette formidable opération.

Chaque soir, je téléphonais à l'Empereur, qui tout en approuvant la façon dont je conduisais les négociations, me disait chaque fois :

- Ne les laissez pas trop réfléchir, Aristée. Il faut les bousculer un peu. Soyez ferme et faites bien ressortir que c'est pour eux une occasion unique. Actuellement, chacun tremble pour son poste de Président. Avec moi, ils n'auront plus aucun risque. Leur poste sera éminent et jamais menacé.

J'ai bien entendu ajouté cet élément à mon argumentaire et une semaine après mon arrivée à Douala, lors de notre seconde entrevue, le Président du Cameroun, me donnait son accord, sous réserve de l'accord des 4 autres Présidents. Comme les 4 autres Présidents émettaient la même réserve... Un accord total est intervenu rapidement. En particulier sur les émoluments des Princes d?Empire.
A deux reprises, des rencontres eurent lieu entre Napoléon et le Président Sarkozy. Ce dernier se montrait favorable à l?entreprise projetée. Il est certain, qu?une partie de l?Afrique devenant prospère, pourrait attirer de nombreux Africains en provenance d?autres régions. Ce serait autant d?émigrants en moins vers le sol Français. Et puis, la France, par la force des choses serait un allié privilégié pour notre pays.
La France avait donc tout à gagner à regarder avec bienveillance la tentative de Napoléon. Bien sûr, avec ce mégalomane, il y avait bien un risque qu?il veuille, après l?Afrique, conquérir l?Europe, mais il était minime. Le fait démocratique était bien trop implanté sur notre Continent.


Napoléon doit arriver à Douala le 30 octobre. Il vient de se marier avec Solange qu'il a débaptisée (ce qu'il avait déjà fait pour Joséphine). Il l'appelle Romane. Pour des raisons encore mystérieuses pour moi.

Il a été prévu que lors des journaux télévisés de 20 heures, dans chacun des 5 États, les Présidents vont simultanément prendre la parole, pour indiquer : qu'à la suite d'un accord historique, un Empire Africain est créé. Que d'énormes projets économiques vont transformer l'Afrique en puissance mondiale. Que les peuples vont voir enfin leur niveau de vie s'élever rapidement. Que la Paix et la Prospérité régneront désormais et à tout jamais sur ce Continent qui trop longtemps était resté à la traîne de l'humanité.

Teilhard de Chardin avait dit : "l'Afrique ne fera jamais partie de l'aile marchante de la Société." Nous allons prouver que ce grand penseur s'était trompé (c'est moi qui avais donné aux Présidents cette citation. Ils sont friands de citations)

Il y eut en fait peu de réactions à la suite des déclarations télévisées des Présidents. Le peuple est tellement habitué aux belles envolées, aux mirifiques promesses non suivies d'effets... En revanche, les hommes d'affaires attirés par la perspective d'un développement économique doublement intéressant et sur le plan du coût de la main d'oeuvre au départ, et d'une fiscalité allégée, se bousculent au portillon...
Napoléon a prévu de constituer une armée relativement modeste, en prenant les éléments les plus compétents dans chaque État. Il avait compris que l'armée n'était plus le fer de lance de conquête et de développement d'un pays. En accord avec le Président Sarkozy, un général de division Français va être nommé chef d'état-major des troupes impériales.

En revanche, il entend étoffer considérablement les forces de gendarmerie, pour assurer la paix intérieure. Mon fils, colonel de gendarmerie, se voit confier la Direction de la Gendarmerie Impériale (note de l'auteur : il n'y a pas de honte à user de népotisme, lorsqu'il est virtuel). Un autre corps de serviteurs de l'État est en cours de constitution et doit prendre une grande importance. Il s'agit des Douanes. L'Empereur sait que la prospérité de l'Empire va attirer énormément d'émigrants. Et il veut pouvoir, en permanence, contrôler ce flot d'émigrés. Il compte d'ailleurs sur le côté attractif de l'Empire, pour que les États d'Afrique ( en premier lieu l?Afrique Occidentale) poussés par leurs peuples, demandent le rattachement à l'Empire.

Tout se met en place avec une stupéfiante rapidité. Les médias vous tiendront au courant du développement de la situation. Je vous précise que le couronnement de l'Empereur Napoléon et l'Impératrice Romane aura lieu durant la première quinzaine de décembre.
En ce qui me concerne, je pense que mon rôle auprès du Grand Homme est terminé. Si je connais un peu l'ex A.O.F et l'Afrique de l'Est, je ne connais ni l'Afrique du Sud ni l'Afrique du nord. Je ne pense donc plus pouvoir rendre de services à Sa Majesté. Mais sait-on jamais ?

En tout état de cause, grâce à l'Empereur, j'ai passé des moments inoubliables. Essayez de vous imaginer, vous, en face de Napoléon. Oui, imaginez, puisque vous n'avez pas eu la chance de le connaître dans la réalité. Et vous comprendrez parfaitement mon intense émotion, chaque fois que je me suis trouvé en sa présence.

F I N




















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