Ecriture-Lecture




L\'ERMITE DU MONT VENTOUX



PIERRE CHOCQUET











L?ERMITE DU MONT VENTOUX
Ou

LA METEORITE













Pierre CHOCQUET passe sa jeunesse à Grillon, un petit village du Vaucluse. Après sa licence en droit, il entre dans l?Inspection d?assurances, où il parvient au grade le plus élevé : Contrôleur général
Amené à s?intéresser à l?apiculture pour aider des amis de famille, il se prend de passion pour les abeilles, donne sa démission et entame une seconde profession en créant une exploitation apicole dans le Gers. Il se livre à des recherches et parvient à faire produire aux abeilles des produits nouveaux
C?est en 2005 qu?il se met à écrire. Son premier livre est édité en Octobre 2007, et 1 an plus tard, 16 livres ont été édités et 5 autres vont l?être prochainement.
Il vit actuellement dans le Lot et Garonne.


L?ERMITE DU MONT VENTOUX OU LA METEORITE
J?ai vécu des journées extraordinaires. Un danger mortel menace notre planète. Je rencontre une déesse de l?Olympe, j?apprends que le Hasard n?existe pas, je fais la connaissance d?un ermite dont la personnalité est exceptionnelle, je rencontre le Président de la république, et puis il y a Mathilde?.



ISBN -13.9782810601660
Fabrication : Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne
Editeur : Books on Demand GmbH, Paris, France

PRIX 9 euros






PIERRE CHOCQUET











L?ERMITE DU MONT VENTOUX
Ou
LA METEORITE










Fabrication : Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne
Editeur : Books on Demand GmbH, Paris, France



ISBN-13.9782810601660

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CHAPITRE 1




Cela fait trois jours que j?ai la jambe dans le plâtre. Trois jours, ce n?est pas beaucoup, et pourtant je m?embête déjà comme un rat mort. Je regarde la télévision, je bouquine, mais les programmes comme les livres me semblent débiles.
Alors, après avoir réfléchi au problème, je suis arrivé à une conclusion : Tu n?as qu?à écrire toi-même?? et tu hésiteras à te juger débile. D?autant plus que cette jambe dans le plâtre est la fin ( après tout, je ne suis pas sûr que ce soit vraiment la fin), d?une histoire curieuse, qu?il serait intéressant d?écrire, quoiqu?elle ne soit pas appelée à être lue, en tout cas prochainement.
. Puisque je m?adresse à des personnes (ou des êtres) inconnues, il faut que je me présente.
En essayant de rester objectif, bien sûr.
Je m?appelle Pierre Delacour,( en un seul mot, pas de particule) J?ai 34 ans, je suis célibataire. J?ai vécu chez mes parents jusqu?à la fin de mes études de droit, à 23 ans, et je réside maintenant à Agen, où j?ai crée il y a 8 ans une agence immobilière.
J?aime bien les femmes. Je les aime tellement que je n?arrive pas à en choisir une seule, une fois pour toute. Pour en faire une à mon goût, il faudrait que j?en prenne 5 ou 6 et rassemble des morceaux de chacune d?elles. Donc, je suis célibataire.
Je me suis engagé à être objectif. Je me dois donc de dire qu?avec mon mètre 80 pour mes 75 kilos, et mon visage viril, je présente un bel aspect de la race humaine. Si vous trouvez que j?exagère, venez me voir?.
Je sais que tout cela n?a que peu d?importance, pourtant il me semble que je devais me situer.
Il y a dix jours, je me trouvais derrière mon bureau, à l?agence immobilière qui m?appartient, terminant les comptes du mois qui venait de se terminer, lorsque Annie, ma secrétaire, est entrée dans mon bureau pour me dire qu?une personne demandait à me parler.
Tout en me disant cela, elle me tendait une carte de visite que je pris :
Mathilde Longereau Public relation.
Ca veut dire quoi » Public relation » ? La serveuse d?un café est une public-relation, une hôtesse de l?air, et même une simple femme bavarde??
Il est des moments dans la vie qui sont d?une importance capitale, malheureusement, on ne s?en rend compte que beaucoup plus tard, lorsqu?une décision a déjà été prise, sans grande réflexion.
J?aurais pu dire à Annie : « Je suis très occupé (c?était vrai, je voulais finir mes comptes dans la matinée) Pouvez-vous prendre un rendez vous sur mon bloc ? »
Au lieu de cela, j?ai dit à Annie de faire entrer Mathilde Longereau. Et cela a changé beaucoup de choses dans ma vie, car, à quelques jours près, tout aurait pu être différent, et se dérouler sans moi.
Après avoir terminé une addition, je levais les yeux, et vit devant moi une jeune femme mince, élégante, au regard triste.
Confus de l?avoir laissé attendre ne serait ce qu?une ou deux secondes, je me levais vivement, et la priant de bien vouloir m?excuser je lui offris le meilleur de mes trois fauteuils, en m?asseyant en face d?elle..
- Je crois, Madame Longereau que je n?ai jamais eu le plaisir de vous rencontrer. Est-ce au titre d?éventuelle cliente que vous venez me voir ?
A toute autre personne, je n?aurais pas posé cette question idiote. Si l?on vient dans une Agence immobilière, c?est pour des raisons professionnelles, mais là, il me semblait, je sentais, qu?il s?agissait de tout autre chose.
- Je suppose que lorsque l?on vient vous voir, c?est parce que l?on cherche à vendre ou à acheter un bien immobilier. Pourtant tel n?est pas le cas. Vous semblez l?avoir deviné.


Elle parlait d?une voix calme, une voix de contralto qui allait chez moi titiller quelque chose dans le moi le plus profond.
Si l?on tient à ce que le mot charme soit appliqué à bon escient, c?est à Mathilde Longereau qu?il faudrait l?appliquer.
Je l?avoue, je perdais un peu mes moyens devant elle ; Elle sembla ne pas s?en apercevoir, ou du moins fit comme si?.

Heureusement, c?est elle qui reprit la parole.
- Vous l?avez dit vous-même, vous ne me connaissez pas (moi, je vous connais un peu, mais nous en parlerons plus tard).
J?ai 28 ans, j?ai été marié durant 2 ans. Je suis veuve.
Je me suis demandé à ce moment là si je ne devrais pas marquer ma désolation pour ce veuvage précoce, mais j?ai préféré la laisser parler
- Merci, monsieur, de m?avoir fait grâce de ces phrases toutes faites et sans signification, que l?on prononce dans ces occasions.
Vous avez vu que sur ma carte est indiqué « public relation » Ce titre, je vous le concède, n?a pas beaucoup de signification. En fait, mon mari possédait une société d?import export, et c?est sur le plan professionnel que j?avais fait sa connaissance. Il m?avait embauchée comme « plante décorative ». Je veux dire que mon rôle consistait à l?accompagner dans ses déplacements, ses réceptions, ses dîners d?affaires. Je devais m?occuper des épouses des messieurs importants qu?il rencontrait pour traiter ses marchés.
Il m?avait donc donné le titre de « public relation », avant de le transformer en celui d?épouse légitime.
Lorsque nous nous sommes mariés, il y a 4 ans, mon mari m?a dit
- Vous (oui, il tenait à ce que nous nous vouvoyions) vous êtes ma femme. Cela vous confère des devoirs. En premier lieu, vous devez respecter le nom que vous portez. En contrepartie, vous n?aurez plus de soucis matériels, jusqu?à la fin de votre vie.
Je sais bien que les paroles que je vais prononcer ne sont pas celles qu?utilise un jeune marié, mais qu?importe ? Je vous conseille de ne pas trop vous attacher à moi. Tout d?abord, j?ai 32 ans de plus que vous, et surtout, je vis quelque chose de spécial. Il vous suffit de le savoir, sans tenter d?en connaitre plus. Je compte absolument sur votre discrétion à ce sujet. Je crois que vous êtes digne de ma confiance.
Durant les presque trois années de mon mariage, je me suis conformée à ses désirs, et je n?ai pas su ce que faisait mon mari, en dehors de son activité d?import-export.

Je me demandais toujours pourquoi cette femme, que je ne connaissais pas, venait me raconter sa vie, aussi pour essayer d?activer son monologue, je l?interrogeais

- Votre confiance en moi m?honore, madame. Vous me racontez votre vie avec monsieur Longereau??..
- Longereau est mon nom de jeune fille, me coupa -t-elle. Mon mari portait le nom original de Martin.
- Soit. Monsieur Martin semblait donc avoir une activité occulte. Mais pourquoi venir me raconter tout cela à moi, moi, que vous ne connaissez pas. ?
- Oui, je suis un peu longue. Excusez- moi. Je vais essayer d?être plus brève. Pourquoi, vous ? Vous avez vendu une propriété à mon mari..
- Ha ? C?est ce monsieur Martin qui était votre mari ? En effet, je lui ai vendu une propriété, et par la suite, il est venu très souvent me voir à l?agence, et nous avons eu de très longues conversations sur des sujets les plus divers.

- Je comprends mieux pourquoi il m?a adressée à vous. Vous vous connaissiez donc bien.
A son testament, était jointe une enveloppe sur laquelle était indiqué : « A n?ouvrir que lorsque vous recevrez un message qui ne comportera qu?un mot : Venez ! »
Ce matin, j?ai reçu ce message, qui ne contenait en effet qu?un seul mot : Venez.. Ce message avait été posté dans le Vaucluse. J?ai donc ouvert la lettre de mon mari, et tenez ! Vous pouvez la lire.
Je lus cette lettre que je reproduis ici :
« Mathilde, vous venez de recevoir le message : Venez. Il faut que vous alliez voir monsieur Pierre Delacour, l?agent immobilier. Vous pourrez lui faire lire cette lettre.
Il faut que très rapidement, en tous cas dans les huit jours, pas plus tard, vous vous rendiez sur le Mont Ventoux, la montagne provençale. Demandez à monsieur Delacour de vous y accompagner. Il me connaît, il sait que je ne suis pas un plaisantin, il acceptera de vous consacrer 8 jours.
Sur le Mont Ventoux, se trouve mon frère, qui y vit en ermite depuis plus de 30 ans.
Je vous joins un plan que je crois très précis. Lorsque vous parviendrez au lieu marqué d?une croix , vous descendrez de voiture et suivrez à pied le chemin tracé en rouge sur le plan. Vous verrez un massif de buissons. Vous vous en approcherez, et vous sifflerez (Vous ou monsieur Delacour), un air quelconque. Mon frère vous rejoindra et vous expliquera tout.
J?attache beaucoup de prix à ce que vous puissiez suivre et je l?espère, élucider une histoire bien mystérieuse »
Ma lecture terminée, je restais un long moment silencieux, réfléchissant à ce que je devais faire.
- Votre mari vous a t- il donné de son vivant d?autres précisions ? Vous a-t-il parlé de son frère ?
- Non. J?ignorais même qu?il avait un frère.
- C?est bien curieux tout cela. M?absenter durant une semaine me pose des problèmes en ce moment. Etes-vous décidée à aller voir votre beau frère ?
- Si je ne l?étais pas, je ne serais pas ici. Je sais que mon mari ne parlait jamais à la légère. Il m?a dit que je recevrai un message, je l?ai reçu, je vais donc aller au Mont Ventoux?..avec ou sans vous.

Après quelques secondes de réflexion, je lui dis que nous partirions le lendemain matin.

CHAPITRE 2

Elle devait venir me chercher avec sa propre voiture, et nous sommes partis sur l?autoroute pour faire les 500 kilomètres environ, qui nous séparaient du pied du Ventoux.
Comme tout le monde, je savais que cette montagne avait de nombreuses particularités. Sa situation géographique et sa topographie font que l?on trouve sur le Ventoux des végétaux qui ne poussent normalement que dans les régions les plus froides et les régions les plus chaudes du globe. La faune est également très diversifiée, et cette montagne exceptionnelle a de tout temps été considérée comme un lieu mythique, un Dieu païen. Mes connaissances ne vont pas au-delà.

Ayant décidé Mathilde et moi ( nous nous appelions par nos prénoms) qu?il serait inutile de parler de ce que nous allions faire sur le Mont Ventoux, puisque nous ne savions rien, durant tout le voyage, nous avons parlé de choses et d?autres, ce qui m?avait permis de constater que Mathilde n?était pas seulement une très jolie femme, mais qu?elle était très cultivée, et de goûts très éclectiques.
Nous avons déjeuné à Avignon, et à 15 heures nous attaquions l?ascension du mont Ventoux.
Le plan que nous possédions était en effet précis, et c?est sans aucune difficulté que nous sommes arrivés à proximité du lieu marqué d?une croix. Nous avions pour instruction de laisser la voiture à environ 100 mètres du lieu vers lequel nous nous sommes dirigés en marchant. Il y avait effectivement un massif de buisson épineux, dont nous nous sommes approchés en sifflotant..
Nous nous demandions comment quelqu?un pouvait habiter là. Nulle trace d?habitation, nul passage visible à travers les buissons.
Je me mis à siffler une rengaine de ma jeunesse, très sceptique sur les effets de mes efforts musicaux.
Nous étions là depuis une ou deux minutes, lorsque nous vîmes un morceau de buisson pivoter et un homme apparaître.
Cette « porte » était constituée de buissons plantés dans un bac de 3 mètres de long, qui s?ouvrait en arc de cercle, et qui, lorsqu?il reprenait son emplacement était indécelable parmi les buissons environnants.
Je n?avais jamais vu d?ermite, mais celui qui venait vers nous, était tel que je pouvais l?imaginer. Si ses cheveux étaient tombés, sa barbe en revanche était abondante et d?une blancheur immaculée. Il était vêtu sobrement d?un pantalon de velours marron et d?un pull over de la même couleur.
Pour un homme retiré du monde depuis longtemps, il avait conservé des habitudes urbaines et nous accueillit avec beaucoup de civilité.
- Vous êtes venus très vite, et je vous en remercie.
Entrez vite, je n?aime pas laisser ma « porte » ouverte trop longtemps.
Nous sommes entrés dans un couloir de verdure de 4 ou 5 mètres de long, pendant que l?ermite actionnait un long levier en bois qui referma la porte.
- Je m?appelle Robert, nous dit-il. Je pense que vous ne serez pas étonnés en voyant la rusticité de ma demeure. Bien entendu, je ne pourrai pas vous loger ici, il faudra que vous redescendiez dans un hôtel, mais je vais aujourd?hui vous expliquer ce dont il s?agit.
-
La demeure en question était constituée d?une seule pièce de 3 mètres sur quatre qui faisait cuisine, chambre, salle à manger. Les parois et le plafond étaient en tôle ondulée.
La cuisine était une petite cheminée avec un tuyau d?évacuation de fumée, la chambre, une simple paillasse à même le sol en terre battue, et la salle à manger comprenait une table et 3 chaises.
- Je n?avais qu?une chaise, j?en ai fabriqué deux quand j?ai su que vous alliez venir, nous expliqua- t- il, comme s?il voulait s?excuser de ce luxe inutile de trois chaises pour lui tout seul.
- Asseyez- vous, je vais vous expliquer la raison de votre venue.

Il y a environ 30 ans que je suis ici. J?étais là depuis 15 ans, lorsque j?entendis pour la première fois des bruits curieux qui semblaient venir des entrailles de la terre. Ces bruits durèrent une quinzaine de jours, puis disparurent, et je pensais alors que j?avais souffert d?un trouble passager de l?audition.
Cinq ans plus tard, les bruits recommencèrent. Je résolus de me livrer à une expérience. Je sortis de ma demeure, et en m?éloignant, les bruits disparurent. Il ne s?agissait donc pas de troubles de l?audition : Les bruits étaient bien réels. Cependant, je ne cherchais pas plus loin.
Encore 5 ans, et les bruits revinrent. J?avais réfléchi entre temps, et j?avais décidé d?essayer de déterminer si ces bruits provenaient d?un endroit proche de la surface terrestre, ou plus profondément. Pour cela, je m?éloignais dans plusieurs directions, et finis par déterminer qu?il suffisait de faire 100 mètres pour ne plus rien entendre. J?en conclus que la source des bruits était donc proche de la surface. En rayonnant autour de mon domicile, je déterminais ensuite le point exact où les bruits étaient les plus élevés. Ce point était situé à une trentaine de mètre, derrière mon habitation.
J?attendis que les bruits cessent, et je me mis à creuser pendant des semaines et des mois. Je dus très vite me servir d?une longue échelle de corde, car au bout de quatre mois, j?étais parvenu à une vingtaine de mètres de profondeur.
A ce niveau, je tombais sur une plaque dure, qui n?était ni un rocher ni du métal, mais quelque chose qui ressemblait à du plastique très dur.
Comme je ne pouvais plus creuser verticalement, je me mis à creuser horizontalement, en ayant la plaque comme plancher.
Cette plaque s?interrompait à environ 15 mètres de mon point de départ.
Je voulais savoir, ce qu?il y avait sous cette plaque. Pour cela je repris mon creusement vertical, et je pus voir que la plaque avait une épaisseur de 1 mètre environ.
Je creusais sous la plaque, presque immédiatement un trou se forma et je vis que sous la plaque se trouvait un espace vide d?une dizaine de mètres de hauteur.
Il fallait que je remonte pour aller chercher une autre échelle de corde un peu légère certes, mais qui me permettrait de descendre sous la voûte.

Le lendemain, je revins avec elle, pour partir en exploration.
Une certitude : Il ne s?agissait pas d?une cavité naturelle. Tout d?abord ; le « plafond » avait été manifestement construit, car il avait une forme géométrique. C?était un rectangle de 20 mètres sur 40 environ. Ensuite, il y avait sur le sol, en même matière que le plafond, des sortes de bancs, très bas, comme s?ils étaient destinés à de petits enfants.
C?est à la suite de cette découverte, qu?il m?a semblé nécessaire de mettre quelqu?un au courant de ma découverte. Tout naturellement, c?est à mon frère que je fis appel, car il avait un esprit très cartésien, et j?espérais qu?il pourrait m?aider à comprendre ce dont il s?agissait.

Je dois dire aussi, que je n?avais pas les moyens matériels pour poursuivre mes investigations. Afin de survivre, je fabrique des espadrilles que je vais vendre une fois par trimestre à Avignon, mais vous devez vous en douter, mes moyens sont très limités.
Mon frère est allé acheter deux longues échelles de corde, beaucoup plus resistantes que les miennes et, avec lui, nous sommes descendus dans la pièce souterraine, où nous avons vite trouvé une sorte de porte, construite elle aussi avec le même matériau que le plafond.
Malgré tous nos efforts, nous n?avons pu ouvrir cette porte sur laquelle, nous n?avions nulle prise, nulle poignée. Nous avons alors décidé de revenir avec une perceuse pour essayer de savoir ce qu?il y avait derrière cette porte.
Le lendemain, après trois heures d?efforts, nous sommes arrivés à ouvrir cette porte et je dois dire que mon frère et moi étions très émus à la pensée de ce que nous allions découvrir.
Il y avait un long boyau horizontal d?une cinquante de mètres de long, 1 mètre de large et 1 mètre de haut. Les êtres qui passaient par là devaient être de petite taille, ce dont nous nous doutions déjà en découvrant les sièges de la grande pièce.
Nous avons du ramper dans ce boyau avec nos lampes frontales pour éclairer notre chemin. J?étais en tête. Arrivés à environ mi-chemin, il me sembla entendre des bruits. Je m?arrêtais, demandais à mon frère de faire silence, et nous avons en effet entendu ce qui pouvait être un bruit de conversations.
Nous avons repris notre progression, et arrivés au bout de l?étroit couloir, nous nous sommes trouvés sur une petite plateforme, où mon frère et moi, pouvions nous tenir côte à côte, et nous avons vu.
Dans une pièce analogue à la première mais plus profonde dans la terre, une quinzaine d?êtres se trouvaient là, et semblaient s?exprimer tous en même temps en un langage que nous ne comprenions pas.
Je vais d?abord décrire les êtres qui étaient en bas, sous nos yeux.


CHAPITRE 3


Incontestablement, il s?agissait d?humanoïdes, d?environ 1 mètre de haut, possédant comme nous des jambes des bras etc. Il sera plus rapide de vous dire en quoi ils se différenciaient de nous.
Le front était bas, et le haut du crâne était plat, et non arrondi.
Mais ce qui était le plus étrange, c?est qu?ils possédaient juste au dessus du nez, un troisième ?il, plus gros que les deux autres.
- Des personnages de petite taille, vivant sous terre, ne s?agirait il pas de gnomes ? demandais- je ?
- Il est évident que mon frère et moi y avons pensé. Mais, d?une part, ces êtres mythiques, les gnomes, sont toujours représentés comme étant beaucoup plus petits, environ une quinzaine de centimètres, et d?autre part, nous n?avions pas assez d?éléments pour savoir la vraie nature de ces êtres que nous regardions.


Le brouhaha des conversations, à je ne sais quel signal s?interrompit brusquement, et un silence complet régna immédiatement. Mon frère et moi, avons pensé que nous étions découverts. Mais il n?en était rien. Par une autre porte au fond de la pièce, face à nous, entra une Femme. Merveilleusement belle, richement habillée, il s?agissait à priori, en tous cas sur le plan morphologique, de l?une des nôtres. Une femme de 1 mètre soixante environ, avec deux yeux seulement.
Dès son apparition (et ce mot est particulièrement choisi) chacun des petits êtres se coucha sur le sol, et releva la tête pour de ses trois yeux, contempler la Femme.
Elle s?avança, lentement, et se dirigea vers une espèce d?estrade sur laquelle elle monta.
Elle prononça un mot de deux syllabes et aussitôt, tous se levèrent et lui firent face.
Elle se mit à parler, un langage que nous ne connaissions pas, mon frère et moi. Plus tard, nous en avons discuté avec mon frère, qui parle le provençal couramment et qui me dit qu?il y avait une certaine analogie entre le langage de cette femme et la langue de Mistral. De son bras tendu, et l?index pointé vers nous, elle sembla un moment nous désigner, mais personne dans l?assistance ne bougea, et elle poursuivit son discours, ce qui nous fit penser que le hasard seul avait amené ce geste dans notre direction.
Cependant, nous avons pris conscience du danger que nous courions, et, nous nous sommes retirés pour faire le trajet en sens inverse.
Mon frère est reparti, et par la suite, il est revenu cinq ou six fois. Il était persuadé, qu?un mystère d?une portée mondiale se trouvait sous nos pieds, et que dès la réapparition des bruits, il faudrait absolument que nous tirions au clair, le rôle de ces êtres étranges.
La dernière fois qu?il est venu, il se sentait malade, et il m?a donné comme instruction de vous prévenir madame, dès le retour des bruits, si lui-même n?était plus là.
Je ne sais pourquoi il vous a désignée pour le remplacer, mais je lui fais confiance.
Les bruits ont recommencé depuis 4 jours. Je n?ai rien fait. Je vous attendais. Si vous êtes prêts, nous allons descendre.
- Allons-y ! Vous êtes d?accord Mathilde ?
- D?accord, Pierre. Je suis impatiente de voir par moi-même ces curieux petits bonshommes.
L?échelle de corde n?ayant pas une solidité à toute épreuve, nous l?avons emprunté à tour de rôle. Robert descendit le premier, puis Mathilde, enfin, je les rejoignis. Nous avons suivi le couloir horizontal, et les bruits de voix s?amplifièrent.
Arrivés près du trou qui donnait sur la première salle, nous avons constaté qu?elle était occupée par une vingtaine de ces curieuses créatures qui semblaient toutes parler en même temps.
Soudain, une sonnerie retentit, et un silence se fit immédiatement. Quelques secondes plus tard une voix très pure, très nette prononça quelques mots en Français.
- Nous sommes épiés.
-
Puis se tournant vers nous, l?un des personnages qui ne se distinguait en rien des autres, continua :
- Nous avons vu les travaux que vous avez effectués pour venir jusqu?à nous. Nous aurions pu sceller votre puits. Mais La Puissante nous a dit de vous laisser venir jusqu?à nous. Vous pouvez lancer votre échelle de corde, nous vous attendons.
C?est moi qui portais la seconde échelle de corde, et après avoir consulté du regard mes compagnons, je jetais l?échelle et descendis.
Arrivé en bas, je tins solidement le bas de l?échelle pour faciliter la descente de mes compagnons.

Une fois réunis tous les trois en bas, Robert demanda :
- Vous parlez parfaitement le Français, c?est à peu près tout ce que nous savons de vous. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes et d?où vous venez ? Il est évident que, de notre côté, nous répondrons à vos questions, si vous le désirez.
Celui qui s?était adressé à nous s?approcha. Ce qui était frappant, c?est que son visage était inexpressif. Lorsqu?il parlait, ses lèvres bougeaient mais le reste du visage ne bougeait pas.
- Nous ne sommes pas autorisés à vous parler de nous. Seule, La Puissante peut le faire. Elle va venir. Attendez là.
Un nouveau silence se fit et je sentais que mes compagnons comme moi-même, devaient ressentir une grande impatience, à la pensée que nous allions enfin savoir. Robert nous avait parlé d?une Femme merveilleuse qu?il avait vue et qui semblait être le chef de ces étranges petites créatures. Nous étions certains que c?était elle qui allait venir.
Certes, nous nous attendions à la voir, pourtant, nous fûmes sidérés lorsqu?elle apparut dans ses voiles blancs. De longs cheveux blonds ondulaient sur ses épaules, elle était merveilleusement belle, mais ce qui m?avait frappé personnellement, c?était son regard, brillant, étincelant d?intelligence, et qui se posait sur nous, avec bienveillance.
Elle frappa dans ses mains, et sans qu?elle ait à prononcer un mot, des gnomes (appelons les ainsi, avant d?en savoir plus) sortirent et revinrent aussitôt porteurs de chaises à notre taille.
- Asseyez-vous messieurs.
Sa voix était à la fois douce et autoritaire, ce qui faisait qu?un ordre semblait être une prière.
- Messieurs, reprit-elle, vous êtes les premiers hommes à connaître notre existence. Au risque de blesser votre vanité, je vous dirais que c?est parce que je l?ai voulu ainsi. Vous allez avoir un rôle important à jouer. Si vous parvenez à être crédibles.
Quelques mots à notre sujet. Je suis une Déesse des monts Olympes. Je suis Aphrodite. Contrairement à ce que pensez, la mythologie que vous prenez pour des légendes, est de l?histoire, à quelques détails près. Quelques échantillons de mon
Peuple, sont devant vous. Ce sont des Carbons. Leur durée de vie est de 300 à 400 ans. Ils sont depuis longtemps sur terre, bien avant les hommes, puisqu?ils ont connu les dinosaures.
Les hommes ne nous connaissent pas, cela ne veut pas dire que nous vivons en marge de vous. Bien au contraire. Nous intervenons souvent lorsque nous en avons la possibilité. Il y a un mot que vous aimez bien, c?est le mot miracle. Chacun de vous a connu une circonstance dont les conséquences heureuses sont attribuées au miracle. Par exemple :« Je suis tombé avec ma voiture à 5 mètres en contrebas de la route. Je n?ai pas eu une égratignure. C?était un miracle »
Non, ce n?était pas un miracle. Un Carbon passait par là. Les Carbons, invisibles dès qu?ils sont à l?air libre, ont une force physique considérable. C?est l?un d?eux qui a en douceur, accompagné votre chute, vous évitant toutes blessures. Ce que vous appelez miracle, c?est tout
simplement l?intervention d?un Carbon.
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Malheureusement, notre action bénéfique sur les humains, est contrebalancée par des forces du mal, nos ennemis implacables, les Gours. Eux aussi ont à leur tête une Déesse de l?Olympe, Héra, férocement jalouse de son mari Zeus, elle étendit sa hargne, sa vindicte, aux hommes, que Zeus aimait et protégeait.

Nous sommes les deux seules déesses de l?Olympe qui avions décidé de rester sur cette terre. Les autres, ainsi que les Dieux, sont disséminées dans le Cosmos
Les Gours et les Carbons se font une guerre acharnée dont personne, jamais, ne sortira gagnant, et c?est ce qui vous explique qu?à côté des miracles, il y a ce que vous appelez « des accidents idiots » Ils sont dus à des Gours qui un court moment ont pris l?avantage sur nous.
Je me permis d?intervenir.
- Nous savons, nous autres humains, que notre intelligence est limitée. Nous nous moquons de ceux qui croient en l?existence du bien et du mal. Nous les trouvons simplistes. Ils auraient donc raison ?
- Je sais que vous considérez le Manichéisme comme une théorie peu sérieuse. Pourtant, c?est cette philosophie qui se rapproche de la réalité. Oui. Durant toute votre vie terrestre, vous êtes soumis alternativement aux forces du bien et du mal, et il en sera toujours ainsi. Il est vain de penser que la nature humaine pourra s?améliorer. La nature humaine n?est ni bonne, ni mauvaise, elle est neutre, et subit des influences soit bonnes soit mauvaises, selon que Héra ou moi pouvons avoir le dessus.
Mathilde intervint alors
- Vous nous dites que nous sommes les premiers humains auxquels vous révélez votre existence. Je suppose qu?il y a une raison à cela, puisque vous nous avez dit l?avoir voulu ?
- Exact. Vous tenez entre vos mains, tous les trois, les destinées des habitants de la terre.
Je sais que les hommes ont fait des progrès techniques considérables. Ils ont en tous cas la possibilité de sauver la terre de la destruction qui la menace. Si rien n?est fait, une météorite de très grandes dimensions, environ le quart de la lune, heurtera la terre dans moins de trois mois. Sur le plan technique, vous avez la possibilité de détourner cette bombe qui vous menace et vous détruira si rien n?est fait.
J?ai noté toutes les caractéristiques, et la situation dans le cosmos de cette météorite.
Les choses seraient relativement simples, s?il n?y avait Hera et ses Gours. Ils vont tout faire pour vous empêcher d?intervenir. Ils veulent la destruction de la terre, sans courir aucun risque, puisqu?ils ont la possibilité, comme moi-même avec mes Carbons de quitter la terre pour aller sur une autre planète de la galaxie.
Je ferai tout, pour que mes Carbons vous protègent, mais il peut arriver que les Gours aient le dessus, à un moment ou à un autre, et alors??..
Faites vite. Je souhaite votre réussite.
- Merci Aphrodite, dis- je. Vous avez été élue la plus belle Déesse de l?Olympe ( * ), mais vous êtes également un exemple de bonté pour tout l?univers.
- ( Note en bas de page)
( * ) La déesse Discorde, n?était pas très aimée chez les Dieux Grecs. Elle était rarement invitée dans les banquets des Dieux.
Lors du banquet organisé pour le mariage du roi Pelée et de Thétis, elle était la seule déesse à ne pas être invitée.
Bien sûr, elle l?avait mauvaise !!!!
Pour se venger, la gentille Déesse envoya une pomme en or sur laquelle, était la simple inscription : « A la plus belle »
Zeus, le Dieu en chef n?était pas un crétin.
« Ca, se dit il , c?est un piège à c? » ( oui son langage n?était pas très châtié ) Si j?en désigne une, les autres seront furibardes, et je vais avoir un tas d?histoires, comme toujours avec les femmes. Je vais refiler le choix de la plus belle Déesse, à un humain »
Et il choisit Pâris, qui lui, était beau, mais n?était pas très futé.
Le concours mis aux prises les trois Déesses , Athéna, Héra et Aphrodite.
Lorsqu?elles se présentèrent devant lui, oh là là les yeux !!!Des merveilles ces Déesses !!Qui choisir ?
Les trois Déesses , qui connaissaient déjà le principe des campagnes électorales, firent des promesses au « décideur »
Athéna promis à Pâris qu?il vaincrait des armées de la Grèce
Héra lui promis qu?il deviendrait Roi de l?Europe et de l?Asie
Quand à Aphrodite, elle promit simplement à Pâris, l?amour de la belle Hélène.
Sans doute, un peu émoustillé par la vue de ces magnifiques Déesses, Pâris préféra l?Amour plutot que la Gloire.( Ce qui prouve qu?il n?était pas aussi débile que ça !) Il opta pour la belle Hélène???? et proclama Aphrodite la plus belle.
Cette dernière ( là, elle se distingua des hommes politiques) tint sa promesse.
Vous pensez si les deux autres étaient contentes !!!!!Elles complotèrent pour exciter les esprits, et organisèrent le rapt de la belle Hélène , qui fut considéré comme un « casus belli »?
Et c?est ce rapt de la belle Hélène qui fut à l?origine de la guerre de Troie.
La Déesse Discorde s?était bien vengée !!!!!
Rien de nouveau sous le soleil??..

Mathilde, Robert et moi-même, après avoir remercié vivement Aphrodite, sommes remontés sans échanger une parole. Chacun de nous réfléchissait profondément à tout ce que nous venions de voir et d?entendre, et à la mission vitale pour notre terre, dont nous avions la charge.













CHAPITRE 4


Arrivés chez Robert, c?est lui qui le premier fit part de ses cogitations.
- Aphrodite nous a prévenus. Nous avons des alliés, mais aussi des ennemis. Il est indispensable qu?au moins l?un de nous puisse avertir les autorités compétentes du danger qui nous menace. Pour cela, nous devons nous séparer. Chacun aura un exemplaire des notes données par Aphrodite. Je propose que nous partions tout de suite, nous allons faire des photocopies du document et nous partirons chacun de notre côté. Qu?en pensez- vous?
- Si Mathilde est d?accord, je le serai également.
Mathilde était hésitante, et après un instant de réflexion, elle finit par dire.
- Je suis désolée, mais je ne me sens pas capable, seule, d?affronter les dangers, qui je le sens, vont nous assaillir. J?ai un peu honte de l?avouer, mais je préférerais aller avec l?un de vous deux.
Robert, toujours plein de bonté, lui dit qu?elle n?avait pas à avoir honte, qu?elle était au contraire très clairvoyante, et qu?elle et moi ferons une équipe plus apte à surmonter les obstacles.
Mathilde me regarda pour quêter une approbation que je donnais aussitôt.
Mais une idée me vint à l?esprit. Robert ne devait pas avoir beaucoup d?argent. Or, il était indispensable qu?il puisse utiliser des moyens de transport, et je lui posais la question d?une façon très directe.
- Robert, il est important que nous réussissions. Il serait idiot de perdre pour une question d?argent. Avez-vous un compte bancaire ?
- J?ai du en ouvrir un, car mes espadrilles sont payées par chèque. Mais il n?est jamais très approvisionné.
- C?est bien normal. Aussi, je vais vous faire un chèque de 3000 euros que vous pourrez déposer avant votre départ. Comme je vous l?ai dit, le sort de la planète est entre nos mains, nous n?allons pas rater notre mission pour un problème d?argent.
Robert était à la fois intelligent et très simple. Il me répondit :
- Si nous réussissons, l?humanité vous devra beaucoup. Maintenant, si vous le voulez bien, ne perdons pas de temps, partons.
Nous sommes montés dans la voiture de Mathilde, et sommes allés à Avignon, où nous avons pris congé de Robert, pour emprunter ensuite l?autoroute vers Paris.
J?avais pris le volant, et nous avons bien évidemment parlé longuement du problème qui se posait à nous.
Si nous en croyions Aphrodite, un astéroïde de grandes dimensions se dirigeait sur la terre. Peut être serait il possible de le faire dévier de sa trajectoire. Nous devions prendre contact à Paris avec les plus hautes autorités politiques.
Par ailleurs, je me demandais si la collision entre la terre et une météorite d?un volume égal au quart de la lune, signifierait la destruction totale de la terre, et c?est Mathilde qui me répondit avec bon sens.
- Imaginons qu?une petite partie de l?humanité, située dans la zone diamétralement opposé au point d?impact puisse survivre. Que se passera-t-il ? La trajectoire de la terre sera en tout état de cause grandement modifiée, et même si nous restons en orbite autour du soleil,( ce qui n?est pas certain) nous risquons fort d?avoir une orbite en forme d?ellipse écrasée. C'est-à-dire qu?à certaine période nous serions très près du soleil, avec des températures tellement élevées qu?aucun être vivant n?y résisterait. A d?autres périodes, nous serions tellement éloignés du soleil que les températures seraient très basses et également insupportables pour des êtres vivants.
Je ne pus que constater la justesse de son raisonnement. Il fallait donc éviter à tout prix la collision avec cette sacrée météorite.

Nous avons pris la décision, arrivés à Paris, d?aller à l?Assemblée Nationale. Pourquoi ? Parce que c?était là que nous avions le plus de chances de trouver des hommes politiques de haut rang
Le lendemain Mardi à 15 heures, il y avait les questions au gouvernement. Nous allions nous débrouiller pour trouver un député qui arriverait à nous écouter sans nous prendre pour des fous, ce qui ne sera pas facile, mais il était indispensable que nous y parvenions. Nous avons pensé qu?il était heureux que nous soyons deux. Nous devenions tout de même plus crédibles. Ensuite, si nous parvenons à convaincre un député, il nous mènera sans doute à contacter une haute personnalité du ministère de l?intérieur, ou de tout autre ministère.
Pour l?instant, nous ne pouvions pas faire de prévisions plus précises, et nous nous sommes mis à parler de choses et d?autres.
Il est incontestable que Mathilde était une femme extraordinairement attirante. Bien sûr, il me serait possible de faire la liste des caractéristiques qui me plaisaient en elle, mais à quoi bon ?
Oui, je n?aime pas parler de qualités et de défauts, car ce sont des notions essentiellement subjectives. Je préfère utiliser le mot neutre de caractéristiques.
En effet, un homme qui ne dépense son argent qu?à bon escient, sera considéré par certains comme un radin.
Le même homme pourra être considéré comme sage et raisonnable, ce sont des qualités, pour d?autres personnes.
Alors, même si j?accumulais toutes les qualités au sens subjectif, que je recensais chez Mathilde, cela expliquerait mon estime pour elle, et non pas le sentiment beaucoup plus profond qui prenait en moi des proportions gigantesques.
Depuis près d?une heure, nous n?avions pas prononcé un seul mot. Moi, perdu dans les sentiments qui m?agitaient, elle, je n?en savais rien avant qu?elle ne reprenne la parole.
- Pierre, nous sommes partis pour une mission d?une importance telle qu?aucun être humain avant nous n?a connue. Nous devons donc nous dépouiller de tout ce qui pourrait faire obstacle à notre action. La franchise entre nous s?impose, pour que nous ne soyons pas sous l?emprise de questions personnelles.
Je vous aime. Si vous vous posiez la question sur mes sentiments, votre problème est résolu, et vous en êtes débarrassé. Je vous demande de me dire, très franchement, sans souci de gentillesse ou de tact, quels sont vos sentiments à mon égard. Il est indispensable que les choses soient claires entre nous, et à la limite, peu importe que nous soyons ou non sur la même longueur d?onde sentimentale. La mission que nous avons, nous dépasse, vous et moi. Il faut seulement purger nos esprits de toutes interrogations.
- Mathilde, vous avez dit que nos sentiments étaient secondaires. Mais ma petite condition humaine, ne peut m?empêcher d?être follement heureux. Oui, je vous aime comme un fou. Cependant, pour tenter de m?élever à votre hauteur, avec la certitude que notre amour est partagé, je vous demande de mettre nos sentiments personnels entre parenthèse, jusqu?à la fin?..que j?espère heureuse de notre action.
Je venais à peine de terminer ma phrase, que je faillis perdre le contrôle de la voiture. Nous venions de crever de la roue avant gauche.
Après avoir changé de roue, je regardais la roue crevée. Notre crevaison avait été provoquée volontairement par un objet à diverses pointes, qui faisaient que dans n?importe quelle position, il y avait toujours une pointe en l?air pour provoquer une crevaison. Mathilde et moi avons eu aussitôt la même pensée : Ce sont eux. Et par eux, nous entendions Les Gours de la déesse Héra.

Nous avons fait réparer à la première station service et nous avons repris la route.
Après être repartis et avoir fait une vingtaine de kilomètres, nous sommes tombés en panne. Nous étions heureusement près d?une borne téléphonique, et nous avons été dépannés. Le garagiste ne comprenait pas cette panne sur un véhicule qui n?avait que quatre mois.
Nous n?avons pas eu d?autres incidents jusqu?à Paris, où nous sommes descendus à l?hôtel, dans deux chambres différentes, puisque nous avions décidé de mettre nos amours entre parenthèses.
Le lendemain, Mathilde et son charme, sont parvenus sans difficulté à pénétrer au Palais Bourbon, où de nombreux députés se pressaient avant la séance des questions au gouvernement. Nous avions décidé d?attaquer chacun de notre côté, étant entendu que dès qu?un député semblerait intéressé par nos dires, l?autre viendrait aussitôt pour confirmer les fait


CHAPITRE 5
Il y a plus d?hommes que de femmes à l?assemblée, aussi est ce tout naturellement Mathilde qui la première sembla se faire entendre d?un jeune député. Je vins aussitôt à la rescousse.
- Monsieur le député, il y a quatre hommes au monde qui portent sur leurs épaules le destin de notre terre. Nous avons un ami, et il y a vous. Désormais, votre rôle à vous est primordial. Il faut absolument et rapidement que nous rencontrions une haute personnalité qui pourra contacter le chef de l?Etat.
Je pense que nous avons dû être assez convainquant, car le jeune député nous emmena dans un bureau où se tenant le Président de l?Assemblée nationale. Nous avons du faire à nouveau notre récit, en lui faisant voir les plans que nous avait remis Aphrodite.
- Votre histoire est tellement baroque, que je suis enclin à croire qu?il y a quelque chose de vrai.
A ce moment là, le téléphone sonna sur son bureau. Il décrocha, écouta longuement son interlocuteur, puis en nous regardant, lui répondit.
- J?ai tout lieu de penser que c?est sérieux. J?ai devant moi les deux personnes dont vous a parlé votre informateur. Qu?il vienne dans mon bureau. Après avoir raccroché, il nous expliqua que notre ami Roger était avec la ministre de l?intérieur, et lui avait fait le même récit que nous. Après s?être excusé auprès de nous, il reprit son téléphone pour prévenir qu?il ne pourrait pas présider lui-même la séance des questions au gouvernement, puis nous attendîmes l?arrivée de Roger.
Nous avons attendu trois quart d?heure, et lorsqu?il est arrivé, ses vêtements étaient tachés d?une peinture orange, et lui, si calme habituellement paraissait singulièrement excité
Je me suis précipité sur lui ;
- Que vous est-il arrivé ?
- Le principal est que nous soyons arrivés à donner l?alarme. Mais j?ai eu de nombreuses attaques avant d?arriver ici. Et tout à l?heure, je venais vers vous, accompagné par un Directeur du ministère de l?intérieur. Il y avait des travaux sur une façade, un pot de peinture est tombé sur le Directeur. Il a l?épaule fracturée et mon plan de la Déesse, qu?il tenait à la main, a été recouvert de peinture. Il est illisible. J?espère que vous avez les vôtres ?
- Oui, nous les avons, mais je crois, dis-je en me tournant vers le Président de l?assemblée, qu?il serait bon de faire d?autres photocopies et de les conserver dans votre coffre fort, car il y aura d?autres attaques.
- Je me demande, si de bonne foi bien sûr, vous n?êtes pas tentés d?attribuer à des êtres malfaisants ce qui n?est dû tout simplement qu?au hasard.
- Le hasard ? Ce serait curieux, monsieur le président. 3 attaques en 48 heures, c?est beaucoup non ? Un violent coup de vent qui n?a duré que quelques secondes a failli me précipiter dans la Seine?..qui a recueilli ma valise. J?ai pris un taxi qui a été heurté violemment à l?arrière, alors qu?il était à l?arrêt. Le chauffeur est à l?hôpital, et maintenant ce pot de peinture.
A mon tour, je racontais les incidents que nous avions eus dans le même laps de temps.
- Le fait est, admis le Président, que tout cela parait bien singulier. Cependant, il me semble que nous serions plus convaincus de la réalité de ce que vous m?avez raconté, si, nos spécialistes confirment que les notes rédigées par votre Déesse sont crédibles. A première vue, il s?agit de calculs assez complexes.
Je vais donc expédier cette note à Toulouse où sont nos meilleurs spécialistes, puis, je vais contacter le Président de la République. Si tout cela était vrai, ce serait terrifiant. Je vous demande de rester à Paris tous les trois. Donnez- moi vos coordonnées.
C?est ce que je fis, avant de prendre congé.

Il fut décidé que Roger viendrait dans notre hôtel, et comme il avait perdu sa valise, nous sommes allés tous trois lui acheter le minimum indispensable.
Le soir même, à 21 heures, nous recevions un coup de fil de l?Elysée. Une voiture viendrait nous chercher dans une demi-heure, pour nous amener voir le Président de la République.
Malgré l?heure tardive, le Président travaillait dans son bureau. Il avait les traits tirés, et ses tics, bien connus étaient exagérés.
- Je vous écoute. Racontez- moi tout. Je dis bien TOUT. N?omettez aucun détail. La note que vous avez apportée a été reconnue comme très sérieuse par nos plus éminents savants. Le repérage de cette météorite est en cours.
- A la demande de mes compagnons, c?est moi qui fis le récit, le plus complet possible au Président.
A la fin de mon exposé, sans doute pour détendre un instant l?atmosphère, le Président me demanda :
- Aphrodite est-elle aussi belle que le dit la légende ?
- La légende??Et Aphrodite elle-même n?ont pas menti. Le risque que nous courons est bien réel.
Le Président ne me sembla pas me tenir rigueur du fait que je remettais immédiatement le sujet sur le problème sérieux.
- Je partage votre opinion. La terre entière est concernée par cette catastrophe potentielle. Toulouse et Kourou tentent déjà de repérer cet aérolithe. Je vais entrer en contact avec les Présidents des Etats Unis, de la Russie et de Chine, et le Premier ministre anglais. Les puissances maitrisant les vols interstellaires et l?énergie atomique, doivent unir leurs efforts. Je vous demande, j?exige, le silence le plus absolu sur toute cette affaire. La moindre fuite, et la panique envahirait le monde entier?. Puis, après un moment de réflexion il ajouta.
- Le plus sûr est que vous restiez à l?Elysée. Je ferai prendre vos affaires à votre hôtel. J?espère qu?ici vous serez à l?abri?..de tout.
Mathilde tint à marquer le coup.
- Merci pour votre invitation, Monsieur le président, mais même dehors, nous n?aurions pas parlé.
- Je n?en doute pas, je n?en doute pas, madame. Mais je peux avoir besoin de vous, et ce sera plus simple, si vous êtes ici.
Nous nous sommes installés donc tous les trois dans des chambres de l?Elysée.

CHAPITRE 6

Le lendemain matin, alors que nous prenions notre petit déjeuner ensemble, dans une petite salle à manger, le secrétaire général de l?Elysée vint nous rejoindre.
- J?ai une nouvelle qui va vous intéresser. Nous avons pu situer la météorite en question. Les renseignements que vous nous aviez fournis sur sa position et ses dimensions, étaient parfaitement exacts et précis. Par ailleurs, il est certain, que si rien n?est fait, cet aérolithe entrera dans la sphère d?attraction terrestre dans 3 mois et deux jours, et nous serions tous fichus. Nous travaillons sur un projet commun avec les Américains, les Russes, et les Anglais, pour que des fusées à charge nucléaires soient tirées simultanément de trois lieux différents, pour infléchir la course de cette météorite. Nos spécialistes estiment que c?est très possible, à condition d?aller très vite. En effet, plus cette météorite sera loin, plus petite sera la correction angulaire nécessaire pour qu?il passe en dehors de l?attraction terrestre.
Je vous rappelle que vous ne devez en aucun cas parler de ces problèmes, même à des personnes très proches de vous. Si vous le désirez, vous pouvez vous rendre au CNES à Toulouse, pour suivre les opérations.
- En ce qui me concerne dit Roger, j?aimerais retourner dans mon cher Mont Ventoux. Je dois vous dire que je suis peu habitué à côtoyer du monde, même pour peu de temps, alors, venir à Paris et y rester plusieurs jours, est je ne vous le cache pas une épreuve extrêmement pénible pour moi.
- Pas d?objection dit le secrétaire général. Vous pourrez partir quand vous le désirerez. Nous pouvons mettre un véhicule et un chauffeur à votre disposition, pour vous ramener chez vous.
- Merci, Monsieur le Secrétaire général, j?accepte de grand coeur

- En ce qui nous concerne, intervint Mathilde qui me regardait pour recueillir mon approbation, que je lui donnais d?un hochement de tête, nous aimerions pouvoir suivre les développements de cette extraordinaire aventure.
- Je crois que vous avez un véhicule, vous pouvez partir quand vous le désirerez.
Une demi-heure plus tard, Mathilde et moi prenions congé de Roger, et nous repartions vers Bordeaux.
Nous roulions sur l?autoroute, lorsque, soudain, alors que j?accomplissais le dépassement de véhicules lents, nous vîmes arriver une voiture qui circulait à contre sens.
Le choc, violent, a été inévitable, et normalement, aurait du nous être fatal, car nous nous dirigions, par delà les rails de sécurité vers un ravin de plus de vingt mètres. Heureusement, fort opportunément, un autre véhicule est venu nous heurter très légèrement, mais suffisamment pour nous remettre dans l?axe de la route.
Je me suis arrêté sur le bas coté. Nous n?avions pas une égratignure, et Mathilde, d?une voix calme me dit
- Toujours le hasard, Pierre. En fait, je suis persuadée maintenant que les Gours de Héra qui nous veulent du mal, ont été contrecarrés par les Carbons d?Aphrodite.
- Vous avez raison, Mathilde. Le problème est de savoir si les Carbons pourront toujours nous sauver.
- Bien sûr. Mais si cette sacrée météorite vient nous rendre visite, nos petits problèmes personnels seront insignifiants.
- C?est un fait ! Ne nous attardons pas sur ces petits désagréments. La voiture est un peu cabossée certes, mais elle marche parfaitement.
Je repris la route et nous avons roulé sans encombre jusqu?à Agen. Nous avions prévu de nous arrêter à la première aire après cette ville pour faire le plein, et boire un café.
J?avais garé la voiture juste devant le magasin, lorsqu?un camion passa près de nous. Il était lourdement chargé de matériels de manutention encombrant. Un engin, mal arrimé tomba du camion. Par miracle encore, l?engin qui par sa position aurait du tomber sur Mathilde et moi, pivota sur un montant métallique et se rabattit de l?autre côté. Au passage ma jambe droite fut cependant happée, alors que Mathilde était indemne. Malgré une violente douleur, j?eus le temps de dire : « Merci les Carbons », avant de tomber dans les pommes.
Je repris mes esprits assez vite. Un médecin de passage sur l?aire examinait ma jambe, Mathilde me maintenait dans ses bras, et bien sûr un attroupement s?était constitué autour de nous.
Le médecin me dit que j?avais une fracture au niveau du tibia et du péroné. Peut être les deux. Une radio était indispensable, et une demi- heure plus tard, une ambulance arrivait pour m?emmener à l?hôpital d?Agen. J?aurais voulu que Mathilde continue jusqu?à Toulouse comme cela avait été prévu, où je la rejoindrai dès que possible, mais elle tint à m?accompagner à l?hôpital. Elle suivit donc l?ambulance au volant de sa voiture.
Les radios permirent de savoir que j?avais en effet une double fracture du tibia et du péroné. Un plâtre me fut posé, et le lendemain, je me retrouvais dans mon appartement, à Agen.


CHAPITRE 7

Cela fait donc trois jours que je suis chez moi, comme je le disais en commençant ce récit.
Mathilde est repartie sur Toulouse pour suivre l?évolution des évènements. Elle me téléphone chaque jour, et comme j?en fais autant, nous discutons deux fois par jour.
Je viens de relire ce que j?ai écrit. Moi, je sais que j?ai vécu tout cela, mais je reconnais qu?une personne étrangère aux évènements aurait de la peine à les croire vrais.
Au moment où j?écris ces lignes, la vie sur terre est condamnée, et une pensée incongrue me vient à l?esprit : je vais peut être mourir, juste au moment où j?ai trouvé la femme dont je rêvais sans trop y croire. Nous avons décidé Mathilde et moi de mettre nos sentiments entre parenthèses, mais parenthèse ou pas, je sais que je l?aime comme un fou, et j?ai la certitude qu?elle ressent les mêmes sentiments que moi.
Pourvu que nos grosses têtes pensantes de l?humanité trouvent la parade au danger qui nous menace tous !!!
Oui, je viens de passer des journées extraordinaires, et ce n?est que maintenant que je le réalise vraiment. Quand on est dans l?action, on peut marquer quelque surprise, mais l?on ne possède pas suffisamment de recul pour juger de la portée réelle des évènements.
Oui, je viens de passer des journées extraordinaires, et sur de nombreux plans.
Qui aurait pu penser que les Déesses de l?Olympe avaient réellement existé, et qu?elles vivent encore. Qui aurait osé espérer en rencontrer une ? C?est pourtant ce qui m?est arrivé.
Qui aurait pu soupçonner, l?existence d?êtres chargés de s?occuper des humains pour leur nuire ou pour leur venir en aide. Cette idée folle, est une réalité que j?ai pu côtoyer. Et j?ai appris que le hasard n?existait pas.
Qui aurait pensé que la terre pouvait être menacée par une énorme météorite ? Certes des météorites étaient déjà tombées sur terre, mais aucune n?avait mis en danger la vie sur notre planète. Et je suis l?un des rares dépositaires de ce lourd secret.
Et ces personnages exceptionnels qui sont entré


Qui aurait pensé que la terre pouvait être menacée par une énorme météorite ? Certes des météorites étaient déjà tombées sur terre, mais aucune n?avait mis en danger la vie sur notre planète. Et je suis l?un des rares dépositaires de ce lourd secret.

Et ces personnages exceptionnels qui sont entrés dans ma vie ?
Roger, un ermite, qui depuis 30 ans vit dans son ermitage, organisé d?une façon très rudimentaire, mais à l?abri des regards indiscrets. Cet homme est extraordinaire. Il me semble qu?après avoir vécu si longtemps en dehors du monde, on devrait revenir à des habitudes de vie, à des attitudes primitives. Or Roger, n?est pas un être asocial. Il a conservé la politesse, la civilité qu?exige la vie en société. N?est ce pas miraculeux ? Malgré cela on sent en lui une force de caractère, des trésors de bonté, que seules les profondes méditations peuvent générer.
Et puis (et oui, je l?ai gardé pour la bonne bouche) il y a Mathilde. Certes cette femme n?est pas douée de pouvoirs surhumains. Mais la probabilité de trouver en une seule femme toutes ces richesses est hautement improbable.
Elle ne se contente pas d?être une très jolie femme pleine de charme. Elle est très cultivée, intelligente, bonne, franche??.Lorsqu?elle m?a dit en substance que nous étions appelés à remplir une mission d?une importance capitale, et qu?il était nécessaire de nous débarrasser de toutes autres considérations, qu?il était préférable de ne rien cacher?.et qu?elle m?aimait, quelle autre femme aurait été capable d?un tel élan de sincérité ?
Chaque point que je viens d?évoquer est en soi extraordinaire, or, je viens de vivre en quelques jours, et simultanément tous ces évènements. Qui pourrait me croire ? Qui ?
Pas mes contemporains, en tous cas !
Ah ? Le téléphone !

Mathilde vient de m?appeler. Il y a du nouveau.
La France, les Etats Unis et les Russes travaillent la main dans la main, et ont décidé l?envoi de fusées lourdes lestées de charges atomiques vers la météorite.
Ces trois nations ont accompli un tour de force. En très peu de temps, les calculs ont été faits, des fusées sont en préparation, des charges nucléaires seront arrimées sur les fusées. Lorsqu?ils s?unissent les hommes peuvent réaliser des exploits époustouflants.
Simultanément, des fusées partiront de Kourou, de Baïkonour et du centre spacial Kennedy à Cap Canaveral. Les ondes de choc devraient faire dévier l?astéroïde, très légèrement, mais suffisamment pour qu?il passe dans une zone extérieure à l?attraction terrestre.

L?opération pourra normalement se dérouler dans un mois environ, ce qui permettra d?atteindre l?astéroïde suffisamment tôt pour dévier sa trajectoire hors de l?attraction terrestre.
Je suis extrêmement surpris de constater que toute cette affaire demeure encore secrète. Car enfin, maintenant, des dizaines de personnes sont au courant. Je me demande comment les hautes autorités des divers pays vont pouvoir éviter la panique générale lorsque l?affaire tombera dans l?oreille d?un journaliste.
Je souffre un peu de ma jambe, mais je parviens à me déplacer avec des béquilles. Je deviens même un as. Au point que j?ai proposé à Mathilde, de retourner tous deux voir Roger au Mont Ventoux, pour essayer de reprendre contact avec Aphrodite.
Plaisantait-elle complètement quand elle m?a répondu
- Avouez qu?elle vous manque, Aphrodite, c?est une femme merveilleuse !
- Je n?ai connu Aphrodite qu?après vous, et après vous, il n?y aura plus aucune femme pour moi, lui ai-je répondu.
Elle a du être satisfaite de ma réponse car elle m?a donné son accord pour que nous retournions au Mont Ventoux. Plus un long baiser.

Elle viendra me chercher demain, et nous prendrons aussitôt l?autoroute.
Nous venions d?entrer sur l?autoroute, à la sortie d?Agen, lorsque je lui dis :
- Il est bon, de temps en temps, d?ouvrir des parenthèses, mais si cela dure trop longtemps, on risque de perdre le fil de l?histoire. Il faut donc savoir les fermer. N?est ce pas votre avis ?
- S?agit-il d?une considération générale ou une allusion à notre cas particulier ?
- Disons que partant d?une considération générale, je l?applique à notre cas particulier. Pour être plus direct, je dirais qu?en tout état de cause, nous n?aurons les résultats de l?opération en cours que dans plusieurs semaines. Devons nous pendant ce temps, renoncer à nous aimer ?
Elle resta un long moment sans répondre, puis finit pas dire :
- Nous prendrons une chambre à Avignon, et nous irons voir Roger demain matin.
Elle a bien dit UNE chambre ! Youpi !! Oui, cette femme est exceptionnelle, directe et?.volontaire. Oui, c?est peut être la seule petite chose qui me gène. Elle est un peu autoritaire, je lui laisse prendre toutes les initiatives. C?est elle qui la première a parlé de notre amour. Sans doute, suis-je un peu vieux jeu, mais n?était ce pas à moi, l?homme, de prendre l?initiative ? Je sais bien que si l?on réfléchi, ma position est ridicule, mais ridicule ou non, cela me gène de devoir m?incliner devant ses initiatives. Pourtant, c?est normal, puisqu?elle a toujours raison.
Je posais ma main sur sa cuisse, et elle me fit remarquer qu?elle conduisait, et qu?elle devait garder son sang froid. Voilà encore une nouvelle preuve de son caractère directif. Pour, tout de même m?affirmer un peu, je me penchais alors vers elle pour déposer un petit baiser dans le cou. Et là, elle voulut bien sourire et accepter mon initiative.
Nous n?éprouvions plus le besoin de parler, nous nous contentions de ressentir l?immense bien être que la présence de l?autre nous procurait. Ces moments sont indicibles je ne tenterai donc pas de les décrire) mais merveilleux.
Je vais zapper sur la soirée et la nuit qui suivirent. ( pardon Cotinne) Je ne peux me départir d?une certaine pudeur, et puis, je n?écris pas pour décrire nos amours qui sont intimes, mais pour suivre pas à pas, l?évènement de toute première importance pour l?humanité, auquel la Providence a cru bon de nous mêler.




CHAPITRE 8

Nous sommes arrivés vers 10 heures à proximité de la « maison » de Roger, et Mathilde et moi, nous nous sommes mis à siffler une chanson de Bécaud. Elle siffle bien, Mathilde pour une femme ! Décidemment, elle fait tout au moins aussi bien que moi !
Quelques minutes plus tard, Roger ouvrit sa « porte » en souriant
- J?étais certain que vous ne tarderiez pas à venir. Comment va votre jambe, Pierre ?
- Mieux que la terre. Ma blessure est en voie de guérison alors que la terre, on ne sait toujours pas, si elle va s?en sortir.
Comme Mathilde et moi nous nous tenions par la main, Roger reprit, toujours souriant:
- Je ne suis pas certain que le sort de la terre vous préoccupe en priorité. Entrez !
Nous sommes allés nous asseoir dans la pièce unique de Roger, et il nous a raconté comment il avait échappé à un accident sur le chemin du retour. Il venait de monter dans un car à Avignon pour venir retrouver ses pénates, lorsqu?à la suite d?un violent coup de frein, une lourde valise, sur le porte-bagages au dessus des sièges, tomba et Roger se demandait encore comment son voisin avait pu la faire dévier. Il aurait du la recevoir sur le crâne, et compte tenu de son poids??

- Merci encore, les Carbons. Ils semblent bien vindicatifs les Gours, car, pourquoi me supprimer maintenant, alors que l?alerte a été donnée ? Heureusement, les petits amis d?Aphrodite veillent toujours sur nous.
- Depuis votre retour, demandais-je, avez-vous tenté d?aller les revoir.
- Non. J?étais certain que vous viendriez, et mieux vaut y aller ensemble.
Après un frugal déjeuner, nous avons décidé de descendre pour essayer de voir, sinon Aphrodite elle-même, du moins des Carbons.
Je dois l?avouer, ma jambe me faisait souffrir, et malgré tous mes efforts, je ne pus descendre par l?échelle de corde.
- Restez là, me dit Roger. Reposez vous. Avec Mathilde nous allons voir s?il y a du monde en bas. Il serait idiot de vous faire encore plus mal, surtout s?il n?y a personne.
L?attente fut longue. Plus de deux heures. L?inaction me pesait, mais d?un autre côté, je me dis que s?ils étaient si longs, c?est qu?ils devaient discuter avec les Carbons, ou avec Aphrodite elle-même.
Je les entendis revenir et m?avançais vers eux, impatient de savoir les résultats de leur petite expédition.
- Alors ? Vous avez pu les voir ?
- Nous verrons Aphrodite demain matin. Mais nous avons discuté avec des Carbons. Ce sont des êtres curieux. Dans leur vie, qui dure de 3 à 400 ans, ils ont une mission et une seule : Protéger les humains des attaques des Gours. Ils nous ont expliqué que le hasard dont nous parlons n?existe pas.
D?ailleurs nos scientifiques eux-mêmes définissent le Hasard comme étant une interférence de séries causales indépendantes. Ils se rapprochent d?avantage de la vérité, mais en fait, vis-à-vis de l?homme, la nature est neutre, et ce sont les Gours qui sont responsables de tous nos problèmes et les Carbons qui nous ménagent d?heureux hasard.
- Dans cette lutte, fis- je remarquer, ce sont les Gours qui finissent toujours pas avoir raison, puisque tous les hommes meurent.
- Non, me répondit Mathilde. Ce sont des problèmes différents, comme nous l?ont expliqué les Carbons. Au cours de notre vie nous subissons les influences des représentants du bien et ceux du mal. S?il est exact, que certains hommes meurent du fait que les Carbons n?ont pu les sauver des attaques Gours, il n?en demeure pas moins, que la mort est inéluctable pour tout être vivant, et ce sans aucune intervention des Gours. La vie est une machine complexe et fragile, qui a été construite pour une durée limitée.
- Et de trois !! dis- je.

- Quoi « Et de trois »?
- Hé bien oui. On peut mourir du fait que les Gours ont été plus habiles que les Carbons. Deuxièmement on peut mourir parce que le délai maximum prévu pour notre survie est écoulé. Et troisièmement si la météorite vient heurter notre planète, notre mort ne viendra pas des deux premières causes. Donc : Et de trois !
- Cela, c?est un cas exceptionnel dit Roger, l?humanité n?a jamais connu une telle catastrophe, et je demeure persuadé que les hommes parviendront à écarter cette menace.
-
- Nous avons fait pour notre part, ce que nous devions faire. Maintenant, notre destin ne nous appartient plus.
Ce qui nous appartient en revanche, continuais-je, c?est que nous pouvons, Mathilde et moi, aller visiter la région qui est magnifique.
Nous sommes repartis, Mathilde et moi et nous sommes allés visiter les Baux de Provence, le Moulin de Daudet et l?abbaye de Sénanque, avant de revenir à notre hôtel.
Il avait été entendu avec Roger que nous viendrions le lendemain matin vers 9 heures, afin de descendre pour avoir un entretien avec Aphrodite.
Malgré mon plâtre et mes douleurs, j?étais bien décidé à descendre avec Roger et Mathilde.
Avant d?arriver au Mont Ventoux, je me suis bourré d?antibiotique, malgré les reproches de Mathilde qui estimait que c?était une folie de vouloir emprunter des échelles de corde avec une jambe dans le plâtre. Je suis parvenu à la faire taire, tout en lui faisant piquer un fard, en lui demandant si je m?étais comporté comme un homme normal durant la nuit précédente. Mais elle aime avoir le dernier mot :
- Les évènements auxquels, sans aucune pudeur, vous faites allusion, Monsieur Delacour, se déroulaient dans une position horizontale et ne nécessitaient pas de vous appuyer sur votre jambe blessée. Vous êtes de mauvaise foi.
- Puisque monsieur il y a, je m?engage, madame Longereau, à renoncer si l?épreuve me semble au dessus de mes possibilités. Comme ça, ça va ?
Elle me répondit en se penchant rapidement vers moi pour déposer un baiser sur le bout de mon nez. Ce faisant, la voiture fit une embardée, ce qui déclencha les vociférations du conducteur qui nous suivait, et qui nous dépassa en faisant des gestes de forcené. On comprenait le sens de ses injures : On ne se bécote pas quand on conduit un véhicule, on risque la vie des autres usagers, il faut être inconscient etc? Il ne savait pas le pauvre homme que grâce à nous, peut être, lui et sa famille seront encore en vie dans deux mois
A la suite de cette scène, nous avons bien ri, et c?est un couple hilare que Roger reçu dans son palais de verdure.
Nous devions descendre vers onze heures et Mathilde, qui se révélait une femme autoritaire, ayant de la suite dans les idées, exigea que je reste au premier niveau.
- Ce n?est que si la Déesse est vraiment là, que je monterai te dire que tu peux descendre. Pourquoi prendre le risque de te blesser d?avantage, si elle n?a pu venir ? C?est une question de bon sens que tu devrais comprendre.
- Ce que je sais, bon sens ou pas, c?est que je veux descendre pour essayer de mieux comprendre les Carbons. Mais contrairement à toi, je suis un être pacifique, et soit !! J?attendrai l?autorisation de descendre.
Et je l?embrassais sur la joue.
Une heure plus tard, nous nous retrouvions tous les trois au niveau 2 où se trouvaient une vingtaine de Carbons dont l?un nous dit que la Déesse ne tarderait pas de venir.
L?un des Carbons vint vers moi. Je fus frappé une fois de plus par le manque d?expression de son visage. Sa bouche, seule bougeait quand il parlait.
- Monsieur, me dit il d?une voix monocorde mais dans un Français impeccable, je vous dois des excuses. C?est moi qui me trouvais près de vous quand un Gour a fait tomber un appareil du camion. J?ai cru que j?avais pu dévier l?engin pour qu?il ne tombe sur aucun de vous deux, mais le Gour qui avait suivi, donna un coup sur la barre métallique qui vint heurter votre jambe.
- Ce ne sont pas des excuses, que je vous adresse, mais des remerciements, car vous avez sauvé la vie de Mathilde et la mienne. Quand à ma blessure, elle ne sera bientôt qu?un mauvais souvenir?..Si un autre accident autrement important, la chute de la météorite sur la terre peut être évité.
-
Une multitude de questions me vinrent à l?esprit.

- Ici, je vous vois parfaitement, mais je ne vous ai pas vu lorsque vous étiez près de moi quand vous m?avez sauvé. Je n?ai pas vu non plus le Gour qui me voulait du mal. Lorsqu?ils sont visibles, comment se présentent les Gours, et puis?.
- Je conçois me dit mon Carbon que vous ayez une foule de questions à me poser, mais je vais me contenter de répondre à celles que vous m?avez posées. Pour les autres, il faudra vous adresser à La Puissante, qui seule, saura ce qu?elle pourra vous révéler.
Je peux vous répondre au sujet de notre invisibilité puisque la réponse vous a déjà été donnée par la Puissante. Dès que nous sommes à l?air libre, nous devenons invisibles. Je puis vous révéler qu?il en est exactement de même pour les Gours. Leur Déesse Héra, malheureusement a autant de pouvoirs que notre Puissante.
Les Gours sont très laids?Enfin nous trouvons qu?ils sont très laids, mais il faut reconnaitre qu?ils sont très efficaces. Ils sont moins forts que nous, mais ils ont trois jambes et quatre bras, ce qui leur donne une efficacité comparable à la notre.
Je suis désolé, mais je ne peux rien vous dire de plus. Si vous tenez à poser d?autres questions, il faudra vous adresser à notre Déesse bien aimée.
Roger et Mathilde avaient suivi ma conversation avec le Carbon, et lorsque nous nous sommes éloignés, Roger dit :
- Je me demande, si ce qu?ils appellent invisibilité ne serait pas simplement une autre dimension que celle dans laquelle nous vivons.
- Si, sur terre, nous sommes dans des univers différents, lui répondit Mathilde, comment pouvez vous expliquer qu?ils aient la possibilité d?intervenir dans le notre, soit pour nous attaquer, soit pour nous défendre ?
- C?est tout simple, dis- je en riant. Nous n?expliquerons rien du tout. Tout cela nous dépasse. Nous ne saurons que ce qu?Aphrodite voudra bien nous dire. Or, en dehors de la menace qui pèse sur nous, je crains qu?elle n?ait pas envie de nous en dire plus sur le monde qui est commun entre Carbons et Gours et nous.
Je venais de finir cette phrase, lorsque la Puissante pénétra dans la grande pièce. Aussitôt, comme la première fois, les Carbons s?étendirent par terre, à plat ventre, et la tête relevée vers elle.
Après avoir rejoint la petite estrade sur laquelle avait été installé un siège intermédiaire entre un fauteuil et un trône, elle nous fit signe d?approcher d?elle.
- Je ne regrette pas d?avoir fait appel à vous pour essayer de sauver cette terre. Je ne pensais pas que vous parviendriez tout les trois à toucher les hautes autorités.
Devant certains d?entre eux qui sont intervenus, je tiens à féliciter mes Carbons qui ont été très efficaces en veillant sur vous.
Par ailleurs, j?ai le plaisir de vous dire que vos spécialistes ont fait, et font encore du bon travail. L?opération qu?ils ont conçue est très risquée, mais je pense qu?elle a des chances de réussir.

Enfin, sachez que si nous nous rencontrons de nouveau, c?est que je l?ai bien voulu. Je savais que vous étiez là et j?aurais pu partir ailleurs sur terre ou dans le Cosmos.
Pendant qu?elle nous parlait, je ne la quittais pas des yeux. Elle était merveilleuse. Sa beauté était absolue. L?esthète le plus pointilleux n?aurait pu trouver aucun défaut?..en se basant sur des critères humains. Si ses Carbons ont des visages inexpressifs, en revanche, elle, avait des traits mobiles qui lui donnaient un charme inouï.
J?ai surpris Mathilde qui me regardait détailler les charmes de la Déesse, et en souriant, je me suis penché vers elle pour lui murmurer:
« Elle est merveilleuse, mais c?est toi, et toi seul que j?aime. »
Elle me remercia d?un sourire.


J?ai essayé d?obtenir des renseignements de la part d?Aphrodite, sur Hera et ses Gours, mais elle refusa carrément de me fournir la moindre indication.
- J?ai voulu entrer en contact avec vous pour que vous tentiez de sauver la terre. Sachez que depuis des millénaires, je n?étais pas entrée en contact directement avec des humains. Contentez vous de ce privilège.
- Il y a peut être un renseignement que vous pourriez nous fournir. Les Gours nous poursuivent, et il est évident que sans vos Carbons, nous ne serions plus en vie. Pouvez- vous nous dire, si les Gours vont continuer à s?attaquer à nous trois, bien que nous n?ayons plus d?intérêt pour eux, puisque notre mission est terminée.
- C?est en effet une question à laquelle je peux répondre. Aussi longtemps que Hera ne leur donnera pas de contre ordre, ils vont continuer leurs attaques contre vous, et mes Carbons vont continuer à vous défendre.
J?étudie actuellement un moyen pour que Hera soit contrainte à demander à ses Gours d?arrêter leurs attaques sur vous. J?ai bon espoir d?y parvenir dans quelques jours. Je vous ferai savoir quand vous ne courrez plus aucun danger de leur part. Jusque là, essayez d?être sur vos gardes, quoique vous ne puissiez pas grand-chose pour votre propre sécurité.
Je vais maintenant vous dire la raison pour laquelle j?ai voulu que nous nous rencontrions une nouvelle fois.
Contrairement à ce que vous pensiez, vous n?êtes pas encore hors jeu. Vous avez encore un rôle à jouer. Puisque vous êtes pris au sérieux par les hautes autorités politiques, votre mission sera plus simple à remplir. Il faut que l?un de vous parvienne à faire savoir aux hauts techniciens qui travaillent sur le projet de déviation de la météorite, que Hera a sans doute (je n?en suis pas absolument certaine) la possibilité d?intervenir lors de la mise à feu des fusées.
Avant, elle ne peut pratiquement rien, car j?ai mobilisé tous mes Carbons, et la sécurité est à peu près absolue. Mais à partir du moment où le carburant est chargé il y a un laps de temps dangereux, car mes Carbons ne peuvent s?approcher sans risquer d?être détruits. Ils sont très sensibles à certains composants. Pour empêcher les Gours de s?approcher eux-mêmes, il y a un moyen très simple : ils ne peuvent franchir les faisceaux de rayons X. Fournissez- leur ces renseignements, ils trouveront bien le moyen de protéger leurs fusées durant l?approvisionnement en carburant.
Ne perdez pas de temps. Allez.
- S?il vous plait ? Une dernière question à laquelle, je pense, vous pourrez répondre sans problème, car elle est mineure pour vous. Pourquoi Roger ne vous entend-il que tous les cinq ans ?
La Déesse qui déjà s?éloignait, revint sur ses pas en souriant.
- II y a bien longtemps que je pratique les humains, mais ils parviennent encore à me surprendre.
Tout d?abord, je viens pour vous prévenir que si vous ne faites rien, la terre est promise à la destruction, et vous venez me poser une question anodine qui n?a aucun intérêt pratique.
Ensuite, il ne vous est vraiment pas possible de penser que la race humaine ne se ramène pas aux seuls habitants de votre petit coin ?
Alors je vais vous répondre. Il y a des hommes sur toute la terre. Et tous méritent ma protection. Sur toute la terre j?ai des Carbons, dont vous n?avez pas à connaitre le nombre. Mais je dois les visiter, tour à tour, ce que je fais selon un cycle qui dure 5 ans.
Maintenant que votre curiosité de détail est satisfaite, allez- vous occuper du problème majeur !
J?aurais bien voulu continuer cette conversation pour soutirer quelques éléments supplémentaires, mais déjà, elle se retirait, suivie par ses Carbons.

En quelques secondes nous nous sommes retrouvés seuls, et nous n?avions plus qu?à remonter pour accomplir cette nouvelle mission.



CHAPITRE 9



Revenus dans la cabane de Roger, nous avons discuté sur la meilleure façon de transmettre nos renseignements. Nous nous sommes mis d?accord sur la façon la plus simple et la moins risquée. Plutôt que de retourner à Paris, et de risquer de nouvelles agressions des Gours, puisque désormais nous étions connus des autorités, il suffisait de téléphoner. Nous avons réfléchi aux inconvénients que pouvaient présenter cette façon de procéder, nous n?en avons pas trouvés.
Un seul petit problème : Nous n?avions les coordonnées d?aucune des personnalités au courant de l?affaire, et nous ne pouvions pas acheminer nos renseignements par des intermédiaires.
C?est Mathilde qui fit la proposition à laquelle nous nous sommes ralliés.
- Le Président de l?Assemblée Nationale est le premier que nous avons rencontré. C?est avec lui que nous devons communiquer. Pour cela, il suffirait d?entrer en contact avec un député de son parti, sans dévoiler bien sûr la raison de notre demande, et il aura certainement un numéro auquel nous pourrons joindre le Président.
De mon côté, je me suis engagé à trouver le député susceptible de nous fournir notre tuyau.
Deux heures plus tard, par mon portable, je pouvais joindre le Président de l?Assemblée Nationale, et je lui fournissais tous les renseignements fournis par Aphrodite. Il m?a écouté attentivement, tout en marquant à trois ou quatre reprises son étonnement par des « C?est impensable », « On croit rêver » « Aphrodite elle-même ? »
- Bien. Je vais transmettre vos précieux renseignements au Président de la République, qui répercutera ensuite vers les autorités scientifiques compétentes. Pour plus de sureté, je vais répéter tout ce que vous m?avez dit, et soyez assez aimable pour relever mes éventuelles erreurs.
Le Président de l?assemblée avait parfaitement compris ce que je lui avais dit.
Nous avons quitté Roger qui avec malice, nous dit qu?il y avait sans doute assez peu d?ermites qui voient autant de personnes et d?êtres de toutes sortes?..
Mathilde et moi sommes repartis, la main dans la main, bien décidé à ne pas tenir compte de l?épée de Damoclès qui pendait sur notre tête et de vivre comme si nous avions l?éternité devant nous.
Nous roulions vers Avignon. Un fort mistral soufflait, quand soudain une grosse branche de platane tomba sur la route à quelques mètres de notre véhicule. J?eus le temps de freiner et le choc contre cette branche fut léger.
Je descendis de la voiture et constatais que compte tenu de la direction du mistral, et de la position de l?arbre dont venait la branche, nous aurions du recevoir cette grosse branche sur notre carrosserie.
Très légèrement, Mathilde remarqua :
- Ce sont encore les Gours et les Carbons qui font joujou. Merci nos amis. Quand à vous les Gours, vous êtes très méchants avec nous.
Puis nous sommes repartis vers l?hôtel à Avignon.

Le lendemain, nous rentrions à Agen, et je vins m?installer chez Mathilde qui occupait une maison spacieuse et très agréable dans la banlieue d?Agen.
Comme je n?ai pas entrepris d?écrire sur nos amours, mais sur l?aventure extraordinaire que nous vivons présentement, je dois dire qu?il ne s?est rien passé durant un mois (alors que bien évidemment?.mais non, je n?en parlerai pas)
C?est donc un mois après notre dernière visite au Mont Ventoux, que sur mon portable, je recevais une communication du Président de la République en personne.
Il m?indiquait que la première tentative avait été un échec. Trois fusées étaient parties de Baïkonour, Cap Canaveral et Kourou, mais les impacts n?avaient pas été simultanés, et la déviation obtenue était nettement insuffisante pour que la météorite passe au large de la zone d?attraction terrestre. Une autre tentative était en préparation, mais le Président me demandait d?entrer en contact avec la déesse, pour essayer d?obtenir d?autres précisions, puisqu?elle semblait avoir de solides connaissances sur la question.
Je promis de faire le maximum, et le jour même, Mathilde et moi repartions pour le Mont Ventoux.
Roger nous reçut toujours aussi gentiment, mais depuis notre dernier passage, il n?y avait eu aucune manifestation des Carbons, absolument aucun bruit en provenance du sous sol.
Nous avons décidé de descendre pour essayer de rencontrer au moins un Carbon.
Dans la salle du bas, il n?y avait personne, et nous avons eu beau crier, appeler, personne ne répondit.
C?est en remontant dans la case de Roger que nous avons vu sur la table, déposé durant notre absence, un morceau de papier avec cette seule indication : DEMAIN 10 heures.
Aphrodite avait su que nous voulions la voir, et nous donnait rendez vous.
Mathilde et moi sommes retournés à notre hôtel habituel à Avignon, et le lendemain matin, de bonne heure, nous étions chez Roger.
A 10 heures moins le quart, nous étions dans la grande salle du bas.
A 10 heures exactement, une dizaine de Carbons suivis d?Aphrodite, entraient.
Toujours souriante et éclatante de beauté, elle nous dit :
- Je sais que vous voudriez obtenir d?autres renseignements de ma part.
Je ne puis vous dire qu?une chose : Tactiquement, c?était très bien. Techniquement, non. Il faut que les trois impacts soient absolument simultanés, et légèrement plus au nord.
Et elle se retira, sans que nous ayons eu le temps de prononcer un seul mot.
Evidemment, dès que nous nous sommes retrouvés en surface, j?ai aussitôt appelé le Président de la République, qui me remercia vivement pour ces précieux renseignements, et il s?engagea à me tenir au courant de l?évolution de la situation



CHAPITRE 10


Plusieurs semaines s?écoulèrent sans que nous recevions la moindre nouvelle, ni de la part des autorités françaises, ni du côté de la Déesse.
Seul petit incident : Après une journée de très fort mistral, j?ai du monter sur le toit pour remettre en place des tuiles déplacées. Un barreau de l?échelle se rompit sous mon poids, alors que je me trouvais à 5 ou 6 mètres du sol, et je fis une chute de deux mètres seulement?..sur le foin chargé dans une benne tirée par un tracteur qui passait là fort opportunément.
Mathilde et moi n?avions aucun doute. Les Gours avaient essayé de me tuer, et j?avais été de nouveau sauvé par les Carbons.
Par la suite, nous n?avons subi aucune autre attaque, et nous en avons compris la raison, à la suite d?un coup de fil de Roger.
Roger avait entendu du bruit en sous sol. Il avait compris qu?on désirait lui parler.
Il est donc descendu dans la grande salle où se trouvait un Carbon qui lui dit :
-Sachez que vous et vos amis, ne risquez plus rien des Gours. La Puissante est parvenue à capturer le fils que Hera avait eu avec un humain. Elle adore ce fils, et la Puissante a passé avec elle le marché suivant. Le fils de Hera sera libéré dans 100 ans, si cette dernière s?engage à cesser toutes attaques sur vous trois. Sinon, le fils de Hera serait transformé en Carbon.
La Puissante m?a chargé de vous dire, que vous pouvez être désormais tranquilles.
- Remerciez là vivement dis-je. Nous n?oublierons jamais que l?humanité, si elle s?en sort, le devra à la Déesse Aphrodite.
Il y avait une chose vraiment curieuse. Cela faisait maintenant près de deux mois que cette affaire avait débuté. C'est-à-dire que depuis plus de cinquante jours plusieurs dizaines de personnes au monde travaillaient sur le projet qui devait sauver notre planète. Or, aucune indiscrétion n?avait été commise. Pas un mot dans la presse, et si je m?en étonne, j?en suis surtout très heureux, car une telle nouvelle se répandrait rapidement dans le monde et générerait une panique considérable.
D?après les informations données par Aphrodite, si les savants ne parviennent pas à modifier le trajet de la météorite, elle viendra nous rendre visite dans un mois, et marquera la fin de l?espèce humaine, et de toutes vies sur terre.
Le Président de l?assemblée Nationale m?a téléphoné ce matin. Un journaliste Russe avait eu vent de la catastrophe qui nous menace, et il avait eu le temps de passer un article à ce sujet. Un seul. Il a été immédiatement emprisonné, (encore heureux pour lui qu?il n?ait pas été empoisonné, ce qui se pratique quelquefois) et le journal avait été tenu de publier un démenti.
Dans ce démenti, il était précisé que ce journaliste, soucieux de célébrité avait voulu publier un faux scoop, et il était selon le journal en observation dans un hôpital psychiatrique.
En dehors de ce petit accroc, rien ! Absolument rien dans les presses occidentales.
C?est une quinzaine de jours avant l?échéance fatidique, que je reçu un bref coup de fil du Secrétaire de l?Elysée.
La terre était sauvée. La deuxième tentative avait parfaitement réussi. La salve des trois fusées parties de Russie des Etats Unis et de Guyane, avait été parfaitement calculée, et les trois chocs se sont produits simultanément sur le météorite, dont la trajectoire avait été suffisamment modifiée pour qu?il passe au large de la zone d?attraction terrestre.
Pour plus de sécurité, une deuxième salve doit être tirée dans deux ou trois jours, mais d?ores et déjà, le succès était assuré.
Mathilde et moi avions eu la même idée.
Nous avons fait rapidement publier les bans de notre mariage, afin qu?il puisse avoir lieu au moment même où la météorite passerait au plus près de la terre, pour continuer son voyage.
Pendant que j?écrivais la relation de ces évènements, j?avais envisagé plusieurs solutions pour que ce témoignage puisse survivre après la disparition de la race humaine. Après tout, qui pouvait nous assurer qu?après une première destruction, la terre, sous une autre forme, ne serait pas de nouveau habitée par d?autres êtres, qui seraient heureux de recueillir le témoignage de ce qui s?est passé.
J?avais fait construire par un spécialiste en fer forgé, un cylindre d?acier d?une épaisseur de 15 centimètres, et ignifugé à l?intérieur.
Je vais déposer cet écrit dans le cylindre qui aura la place d?honneur, au dessus de la cheminée de notre nouvelle maison que nous allons occuper Mathilde et moi.
De cette extraordinaire aventure, nous avons tiré un enseignement.
Le Hasard n?existe pas. Les hommes sont des petites constructions neutres soumises à diverses influences. J?avais toujours senti au fond de moi, que nous n?avions pas de libre arbitre, et que nous n?agissions que poussés par des éléments déterminants. Pas de libre arbitre, pas de hasard, mais simplement des séries de causes qui nous dirigent à notre insu, et si nous nous croyons libres, c?est que nous ignorons les causes complexes de nos actions.
Mais je ne vais pas poursuivre ces considérations philosophiques. Mathilde et moi sommes en vie et nous nous aimons. Peu importe que cet amour soit la résultante d?une multitude de causes.
Alors, maintenant, recevons ce qui nous est donné : Vivons notre amour !



FIN
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