Ecriture-Lecture




FEMME OU DEESSE ?


FEMME OU DEESSE ?



Le samedi 7 Novembre

J?en ai assez !
Je suis jeune ? et alors ?.
Je suis né il y a 27 ans. A Avignon. Je m?appelle Pierre Dumas J?ai fait mes études. A Avignon. Depuis 7 ans, je suis clerc dans une étude de notaire. A Avignon. J?habite depuis 10 ans dans le même petit appartement. A Avignon.
Bien sûr je suis allé ailleurs, en France, et même à Jersey, mais je ne suis jamais resté plus de 3 semaines hors de Avignon. Il parait que c?est une très jolie ville, moi, je n?en sais rien.
Quand je regarde derrière moi, il n?y a rien. Je n?ai que 27 ans, mais si les années qui suivent doivent ressembler à celles qui précèdent, elles ne m?intéressent pas. L?avenir n?a pas de sens pour moi. Pas de parents. A part une tante qui a deux enfants, une fille et un garçon, mais ils vivent à Paris et je ne les ai pas revus depuis plus de dix ans et nous ne correspondons pas. Je suis seul.
Je me demande bien pourquoi, je suis venu au monde. Personne n?a sollicité mon avis. Mais pour sortir du monde, je n?ai rien à demander. A personne. Et je vais partir, personne ne s?en rendra compte.
J?ai décidé de mourir en voyageant. Je vais me jeter dans le Rhône, et le courant m?emportera vers la mer.
Si l?on retrouve mon corps, ce que je n?espère pas, il faudra me faire des funérailles les plus simples possibles, pour qu?elles soient à mon image.
Voilà. Je vais laisser cette lettre sur la table de ma cuisine. Je ne sais pas qui va se rendre compte que je suis parti, ni quand.
Je pense que le notaire, surpris de ne pas me voir à l?étude demandera à quelqu?un de venir ici.
Je laisserai la porte ouverte en partant, pour lui faciliter les choses.
J?aurais passé 27 ans sur cette terre, complètement inaperçu. Ma disparition sera aussi furtive. Je n?ai même pas à dire Adieu. A qui le ferais je ?

Le lundi 9 Novembre

Je viens de rentrer, mais je ne fais que passer. Comme je l?avais prévu, personne ne s?est rendu compte de ma disparition, et ma lettre était là, sur la table.
Je dois écrire deux lettres, et ensuite les porter. Mais avant de quitter définitivement mon appartement, je veux raconter ce qui m?est arrivé depuis avant-hier, lorsque je suis parti pour mon rendez vous avec la mort. C?est à peine croyable et c?est pourquoi je veux l?écrire : Pour lui donner une petite concrétisation.
Je vais d?abord écrire mes lettres.

Voilà. Mes lettres sont écrites, j?ai libellé deux chèques et comme j?ai un peu de temps devant moi, je vais raconter ce qui est survenu dans ma vie depuis avant-hier soir.

Le 7 Novembre, donc, je partais pour mettre fin à une vie, vide, absolument sans aucun intérêt. Pourtant deux jours plus tard, si je mourrais maintenant ( ce que je ne souhaite plus) je pourrais dire que ma vie a été merveilleuse..
Je suis parti , après avoir écrit ma lettre, pour confier mon corps aux eaux du Rhône. Je savais en partant où était l?endroit du Rhône où je voulais aller, et, durant le trajet que j?effectuais mécaniquement, ma tête était vide de pensées. C?est un robot qui allait vers le destin choisi.
J?avançais sans traîner et sans précipitation. C?était un peu comme si j?étais déjà mort. Certes, mon c?ur battait toujours, mais il n?avait pas un battement de plus que la normale.
Le Rhône est à un peu plus de 1 km de mon appartement.
Lorsque je suis arrivé au bord, le soleil se couchait, et ses rayons faisaient des éclairs d?argent sur les vaguelettes. Le spectacle était beau, et malgré moi je me suis arrêté un moment pour contempler le fleuve.
Lorsque le soleil disparut à l?horizon, je me dirigeais vers lui pour me jeter dans l?eau, trois mètres plus bas.
J?entendis alors une voix me dire :
- Ne faites pas ça !
Ma première réaction a été d?accélérer les 3 ou 4 pas qui me séparaient du bord, mais une main saisit la mienne.
Cette main était d?une douceur extraordinaire. C?était un peu comme si des pétales de rose entouraient mes doigts, et surpris, je me retournais.
Je n?ai pas d?autres mots pour la décrire. Je dirais donc que c?était une jeune femme, mais c?était tout autre chose. Certes, sa morphologie était celle d?une femme, mais il y avait un tel rayonnement, une telle paisible douceur, qu?un mot jaillit dans mon esprit : Une Déesse.
( A suivre)


Si je parle de rayonnement ce n?est pas une image. Tout son corps était enveloppé d?une aura rose. Son visage d?une pureté absolue irradiait la bonté et son regard, la douceur et l?attention.
Sa main exerça une légère pression sur la mienne, et de sa voix d?une douceur irréelle, elle me dit :
- Venez !
Sans aucune résistance je la suivis, et sans prononcer un seul mot, nous avons marché plusieurs centaines de mètres le long du Rhône.
La nuit était tombée, et je sentais en moi, une sorte de jubilation que je n?essayais pas de m?expliquer, mais qui m?envahissait entièrement.
Des lumières brillaient sur le Rhône, à notre gauche. C?était un merveilleux Yacht relié au sol par une passerelle en bois ouvragé. Ma Déesse s?engagea sur cette passerelle, m?entraînant à sa suite.
Arrivés sur le pont, elle s?adressa à un matelot:
-Préparez la chambre 12. nous dînerons dans une heure.
Après quoi, elle m?entraîna vers un bar luxueux et demanda au barman :
- Un porto, et un Oniris.
Puis, tournée vers moi, elle ajouta :
- L?Oniris est un cocktail de mon invention.
S?adressant de nouveau au barman, elle précisa qu?il fallait nous servir sur le pont.
Elle me tenait toujours la main, et m?entraîna sur le pont où nous nous sommes allongés sur des transats.
Après un très long silence, sortant de mon état second, je prononçais les premiers mots depuis notre rencontre.
- Comment vous appelez vous ?
- Je suis certaine, Pierre que vous m?avez déjà donné un nom. Je me trompe ?
- Comment savez vous le mien ? Oui, c?est vrai, je vous ai appelé « Ma Déesse »
- Hé bien ne changez pas. Ce sera plus simple.
- Ma Déesse, comment avez-vous su mon prénom, et comment avez-vous pu deviner que je voulais me jeter dans la Rhône ?
- Posez moins de questions, et si vous vous sentez bien, profitez en pleinement.
Le barman vint avec les consommations et les posa sur une petite table entre nos deux transats.
On parle souvent de nectar divin à propos de diverses boissons. Je savais, après avoir trempé mes lèvres dans mon verre, que cette appellation devait être réservée à l?Oniris.
Chaque gorgée de ce cocktail était comme une caresse intérieure, douce, veloutée, qui entraînait une détente de tous les muscles du corps qui se sentait en lévitation.
Une paix, un calme merveilleux nous entourait, et nous sommes restés longtemps, sans parler, jouissant d?une infinie quiétude, puis, elle me prit la main, et toujours sans un mot, nous nous sommes levés, et elle m?attira vers la rambarde.
Une petite brise aigre me fit frissonner. Immédiatement, un matelot vint vers nous. Il posa sur moi puis sur ma déesse des manteaux faits d?une matière que je ne connaissais pas. D?une extrême légèreté, ce manteau ne devait pas peser plus de quelques dizaines de grammes malgré son épaisseur. D?un blanc immaculé, je sentais sa caresse sur mes joues, et une agréable chaleur m?envahit.
Je ne puis me retenir de questionner.
- Ma déesse, vous n?êtes pas de ce monde. Ne serait ce que ce manteau qui est fait d?une matière inconnue sur notre terre. Qui êtes vous ?
- Je suis?ce que vous pensez que je suis.
- Vous êtes donc une déesse ?
- Si vous le pensez, c?est que je le suis.
- Mais je peux me tromper !
- Sur ce que vous pensez ?
- Non. Mais par rapport à la Vérité.
- C?est ce que l?on pense qui est la Vérité. Arrêtez de vous torturer. Si vous êtes heureux, goûtez votre bonheur.
Elle avait le pouvoir de lire dans mes pensées car elle me dit :
Je vous le répète : Arrêtez de vous interroger sur ma véritable nature. Goûtez le moment présent, et l?avenir vous apportera la lumière.
(A suivre)



Comme une cloche cristalline résonnait, elle me dit:
- Notre repas est prêt, venez !
Et, ainsi que chaque fois que nous avions à nous déplacer elle me prit la main. Pour parler de sa peau, j?avais parlé de pétale de rose. C?était exactement ça. Doux, délicat, léger, et pourtant on ne pouvait résister à son entraînement. .
La salle à manger était relativement exiguë, et ne contenait qu?une table pour deux personnes et une grande desserte.
Des bougies sur la table, un fond de musique, créaient une ambiance feutrée et sereine.
Nous nous sommes installés face à face, et sans que nous ayons eu à choisir notre menu, un repas nous fut servi. J?avoue ne pas avoir fait très attention à ce que nous mangions, je sais seulement que tout était bon. Toute mon attention était concentrée sur ma Déesse, en face de moi.
Pour la première fois, je pouvais bien la voir. De longs cheveux blonds ondulaient sur ses épaules. Ses yeux étaient de couleur mauve. On dit quelquefois que des femmes ont les yeux mauves, mais il ne s?agit que de reflets, à certains moments. Elle, ses yeux étaient vraiment mauves. Ils étaient en forme d?amande et de son regard qui se posait sur moi, émanait une perpétuelle douceur. Avec ses pommettes hautes, s?il avait fallu la classer dans un type de femme, je l?aurais classée parmi les slaves, mais je doutais toujours qu?elle fasse partie du genre humain. Tant de perfection ne se trouve pas dans le genre humain.
J?essayais de mobiliser toutes mes facultés rationnelles pour me persuader qu?elle ne pouvait pas être autre chose qu?une très jolie femme, mais il y avait trop d?éléments inexpliqués. La douceur de sa main n?avait rien à voir avec une simple peau douce. . Et tout autour de son corps, discret, mais bien existant, il y avait cette sorte d?aura que les êtres humains ne possèdent pas , ou du moins n?est pas perceptible à l??il nu.
Et puis, elle savait non seulement mon nom, mais toutes mes pensées du moment. Comment la Raison pourrait elle expliquer cela ?
Comme je la regardais depuis un bon moment, elle me demanda en souriant:
- Alors ? A quelle conclusion êtes vous parvenu ? Suis-je une simple femme, ou bien?.quoi ?.
- J?allais vous poser la question, car pour ma part, je n?ai pu aboutir à une certitude. Elle me taraude l?esprit
Je vais vous la poser, car il est primordial pour moi de savoir si vous êtes une femme merveilleuse que je pourrai aimer, ou un être surnaturel que je ne pourrai qu?adorer de loin, d?en bas, en quelque sorte?
- Vous êtes très ambitieux, Pierre, me dit elle en riant .Mais?..vous n?aurez pas de réponse pour l?instant, il faudra que vous la trouviez par vous-même, et vous y parviendrez, j?en suis certaine.
- Avez-vous beaucoup voyagé, Ma déesse ?
- Je constate que vous entreprenez intelligemment votre enquête. Cette fois ci, je vais vous répondre. Oui, j?ai énormément voyagé. Je suis allée sur les cinq continents, et je me suis attardée surtout en Afrique.
- Comment voyagez vous ? En avion ? En bateau ? Ou autrement?..
- Ou en soucoupe volante ? Vouliez vous dire, questionna t elle en riant de plus belle ? Non. Sur terre, les moyens de transports sont bien suffisants. !
- Alors vous arrive t il de quitter la terre ?
- Très souvent. Très souvent, comme vous-même,?.. quand nous rêvons?
- Décidemment vous êtes insaisissable. !!!

- Songez qu?il n?y a qu?une question importante ; Etes vous heureux ? Vous m?avez répondu ; Oui. Alors, profitez de ce bonheur, vous ne l?avez pas toujours connu, n?est ce pas.
- - Dites plutôt que je ne l?ai jamais connu. Même à un degré moindre. Au fait que savez vous de moi et de ma vie ?
- Vous vous appelez Pierre Dumas. Vous avez 27 ans. Vous n?avez pas de famille, à part une tante un cousin et une cousine, tous à Paris ; vous êtes clerc de notaire depuis 7 ans et vivez dans le même appartement depuis 10 ans.
- Alors, vous n?êtes pas une femme, Ma déesse, vous savez tout de moi.
- Y compris ce que vous pensez en ce moment. Vous préféreriez que je sois une femme, n?est ce pas ?
- Je ne sais pas. Je ne sais plus?.
Après un moment de silence elle me dit :
- Venez ! Je vais vous faire voir votre chambre.
Elle me prit à nouveau la main, et m?entraîna vers l?intérieur du Yacht.
Elle avait raison de parler de chambre et non de cabine.
C?était une pièce spacieuse, luxueusement meublée, dans laquelle ma Déesse entra en me précédant.
- Il vous suffira d?appuyer sur n?importe quel bouton vert qu?il y a dans la chambre, il y en a plusieurs, pour que quelqu?un vienne.
Sur votre table de nuit, il y a un thermos. Buvez un verre de son contenu après vous être couché, vous aurez une nuit paisible. Je vous laisse, Pierre, à demain.
Elle sortit, mais c?était comme si elle était encore près de moi. Cette sensation de plénitude, de bonheur ne me quittait pas, et suivant les conseils de ma déesse, je ne me posais plus de question sur sa véritable nature. Elle m?a dit que je saurai un jour, et j?avais une confiance absolue en elle.
Su mon lit, il y avait un pyjama, exactement à ma taille. Je décidais de prendre une douche avant d?aller me coucher.
( A suivre)


En sortant de la douche, je vis plusieurs boutons au dessus desquels se trouvaient des noms de parfums : Violette. Marjolaine. Rose etc. Je m?amusais à appuyer sur l?un d?eux, et en quelques secondes, la chambre était parfumée. Il n?y avait rien de sorcier du moins dans ce système. Il s?agissait simplement de diffuseurs de parfums d?huiles essentielles.
Les draps étaient d?une souplesse, d?une douceur qui me faisaient penser à la peau de la main de Ma Déesse. Je pris un gobelet du nectar qui se trouvait comme annoncé dans un thermos. Quelques minutes plus tard, je m?endormais, sans même cogiter sur tout ce qui s?était passé durant cette journée mémorable. Ce qui était en soi, extraordinaire.
A mon réveil, le lendemain matin, jamais, jamais durant toute ma vie, je ne m?étais senti, dans une forme aussi éblouissante. Physiquement, j?avais l?impression qu?aucun exploit sportif ne pouvait m?être interdit. Par ailleurs la joie intense qui était née du moment où j?avais rencontré Ma Déesse, était toujours là.
Une pensée me traversa l?esprit : Qu?ai-je fait pour mériter cette félicité ? Mais cette pensée ne fit que passer, et je m?appliquer à suivre les conseils de Ma Déesse : Je jouissais intensément de ce bonheur que je n?avais jamais ressenti.
J?appuyais sur un bouton vert et quelques secondes plus tard, on frappait à ma porte.
Un petit moment, j?espérais que ce serait Ma déesse qui allait entrer sur mon invitation, mais ce n?était qu?une steward qui me demanda ce que je désirais pour mon petit déjeuner.
- Votre ?..Commandant, ne vous a pas donné d?instructions à ce sujet ?
- Non. Elle m?a seulement demandé de satisfaire toutes vos demandes, et de vous remettre cette lettre.
Elle me remit une enveloppe rose, parfumée, que je humais longuement avant de l?ouvrir. Voulant être seul pour la lire, je commandais un chocolat, des croissants et un verre de jus d?orange.
Dès que la steward fut sortie, je déchirais nerveusement l?enveloppe pour en extraire la lettre, et me mis à lire.
Mon cher Pierre
Je suis dans l?obligation de m?absenter pour la journée. Je rentrerai en fin d?après midi.
Reposez vous. Vous pouvez demander à n?importe quel membre de l?équipage ce que vous désirez. Il y a une bibliothèque bien garnie juste à côté de la salle à manger. Passez le temps de la façon la plus agréable possible. Je ne vous demande qu?une chose : c?est de ne pas descendre du bateau durant cette journée.
A ce soir donc V.D.

Je relus plusieurs fois cette lettre. Que signifiait cette signature V.D. ? Ses initiales ? Viviane ? Violette ?. Finalement le pense qu?elle n?a pas voulu me donner de renseignement et que V.D. signifie simplement Votre Déesse.
Une journée sans la voir. Cela aurait pu me paraître long. Ce n?était pas le cas. Tout d?abord, je savais qu?elle serait là en fin d?après midi, et surtout, sa présence était constante en moi, et je ressentais toujours le même bonheur profond depuis notre rencontre d?hier soir.
Mon petit déjeuner terminé, je décidais d?aller visiter le bateau. Il ne me venait pas à l?idée de descendre du bateau, puisqu?elle m?avait demandé expressément de ne pas le faire. Et puis, j?étais si bien ici, pourquoi partir ailleurs ?
Elle m?avait parlé de la bibliothèque dans sa courte lettre. Je sais bien. Ce n?était qu?une suggestion de sa part, mais pour moi, c?était une demande qu?elle me faisait, et je me faisais un devoir d?y faire droit.
Le fait est que cette petite bibliothèque de 20 mètres carrés, était bien pourvue. Sur chacun de trois cotés, il y avait dix étagères, accessibles par des petites échelles.
Ce sont les genres qui avaient présidés au classement des livres. Il y avait un coin poésie, un coin histoire, par période, un coin d? ?uvres romanesques, un coin romans historiques, un autre consacré aux biographies, un autre encore aux essais philosophiques etc?
Mais c?est un autre genre qui attira mon attention. Il s?agissait des phénomènes surnaturels, des ovnis, de la science fiction?..
Après plus d?une heure de recherches, je tombais sur un très vieux livre, qui avait été publié en 1862. Il était l??uvre d?un certain Albert Kartsec, et s?intitulait Dieux et Déesses.
La première partie de cet ouvrage ne m?intéressa pas énormément, et surtout, ne m?apprit rien, car elle était consacrée à la mythologie Grecque, or, j?avais toujours aimé ce domaine et possédais des connaissances solides en la matière.
( A suivre)


En revanche, la seconde partie me passionna. Selon l?auteur, la mythologie grecque, avait son fondement dans la réalité. Des êtres d?exception auraient existé en Grèce, dans des temps très reculés. Ces hommes n?étaient pas immortels mais leur longévité était considérable, de l?ordre de plusieurs siècles. Cette longévité allait de pair avec des aptitudes intellectuelles, également sans commune mesure avec celles des hommes actuels. Le terme d?homme devait être pris au sens générique, et s?il y avait des Dieux, il y avait également des Déesses.
Dans la dernière partie de son livre Albert Kartsec développa une thèse, qui, bien entendu, compte tenu de ce que je vivais, retint plus particulièrement mon attention. L?auteur estimait qu?il y avait de nos jours encore dans l?espèce humaine, des sortes de mutants dont la longévité et la puissance intellectuelle, excèdent de beaucoup les possibilités humaines habituelles. Certains alchimistes faisaient parties de cette petite minorité, et sous tous les cieux, dans tous les temps, ces êtres exceptionnels ont existé et existeront.
Etais-je l?hôte d?une Déesse ? Non seulement, je ne le savais pas, mais je ne parvenais pas à savoir si je le désirais. Une Déesse me serait inaccessible, alors qu?une femme, peut être?
A midi, un matelot vint dans la bibliothèque pour me demander si je préférais déjeuner dans la salle à manger, ou dans ma chambre. Je lui répondis que je ne mangerai pas, jusqu?au retour de la maîtresse des lieux. J?en profitais pour lui demander, comment elle était appelée par le personnel du bateau. Il me répondit avec un étonnement qui prouvait que pour lui c?était une évidence : « C?est le commandant »
J?étais bien avancé !!! J?essayais d?insister en lui faisant remarquer que même un commandant pouvait avoir un nom personnel. En souriant, il me répondit : « C?est aussi le Pacha ! »
Il me parut évident, que tous avaient des instructions pour que rien ne me soit révélé au sujet de Ma Déesse.

Dans l?après midi, je me rendis sur le pont, et j?allais m?allonger sur le transat que Ma déesse avait occupé la veille. Le temps était splendide, comme souvent en Provence à cette époque. Le mistral manifestait sa présence, mais en douceur, comme tout ce que j?avais vécu depuis la veille au soir. La veille, oui?Il me semblait que j?avais des années de félicité derrière moi.
Un matelot vint cependant m?apporter une couverture faite de la même matière que le manteau d?hier soir. J?en profitais pour lui demander s?il savait de quoi était fait ce tissu si léger et si chaud. Il me répondit que non, et qu?il n?en avait jamais vu en dehors de ce bateau. Une autre question me vint à l?esprit. Si ma Déesse ne voulait pas me dire son nom, elle ne pouvait me cacher le nom de son yacht, et je le demandais au matelot. « C?est La Magicienne » me répondit-il en s?en allant, marquant par là, qu?il ne répondrait pas à d?autres questions.
La Magicienne !! Tout ce que je vivais ne serait donc que de la magie ? Une illusion ? De simples apparences ?
Impossible ! Tout ce que je ressentais était bien réel. Il y a 24 heures, je voulais mettre fin à une vie insipide, et maintenant, je voulais vivre, vivre, je voulais un avenir, aussi merveilleux que mon présent. Et ce bateau au luxe inouï existait bel et bien lui aussi. Et Ma Déesse n?était pas une illusion, je sentais encore dans la paume de ma main, l?extraordinaire douceur de la sienne.
Perdu dans mes pensées, et toujours habité par un bonheur ineffable, malgré mes questions sans réponse, je constatais soudain que la nuit était tombée. Consultant ma montre, je vis qu?il était 18 heures30 et Ma Déesse n?était pas revenue.
La couverture sur les épaules, je rentrais et me dirigeais vers ma chambre, lorsqu?un matelot vint vers moi, pour me proposer un apéritif.
Pour la première fois, une vilaine pensée me vint à l?esprit. Il ne fallait pas que je mange, ni que je boive. Après tout n?étais je pas drogué ?
Peut être même cette couverture avait elle des effets magiques?je la retirais vivement de mes épaules pour la jeter au matelot.
- Vous non plus, vous ne savez pas de quel tissu est faite cette couverture ?
- Si monsieur. C?est une plante qui ne pousse que dans le centre de l?Australie, et qui ne se reproduit plus. D?où son extrême rareté. Avez-vous besoin d?autre chose ?
- Non merci?.ou plutôt si ! Savez vous à quelle heure doit revenir?.Heu?.votre ?.Commandant ?
- Elle vient de rentrer, me dit il en s?éloignant, marquant lui aussi son désir de ne pas répondre à d?autres questions.
Comment avait-elle pu rentrer ? Tout était silencieux autour de moi, et je n?avais rien entendu. Et pourquoi n?était elle pas venue tout de suite vers moi ?
( A suivre)



Je ne voyais pas d?autre solution que d?aller dans ma chambre et d?attendre.
Mon attente heureusement ne fut pas très longue, car » la folle du logis », mon imagination, fonctionnait à plein rendement, et j?inventais de multiples catastrophes, qui toutes, mettaient fin à mon nirvana.
Quand on frappa à ma porte, j?ai eu la certitude que c?était elle, et je ne fus pas déçu.
Toujours souriante, elle entra dans ma chambre et appuya aussitôt sur un bouton vert en m?expliquant :
-Je meurs de soif. Voulez vous un « oniris » ?
- Avant de vous répondre, pourriez vous me dire pourquoi vous avez donné ce nom à votre cocktail ?
Vous appelez le cocktail que vous avez inventé, Oniris, Vous appelez votre bateau « La Magicienne », cela veut il dire que tout ce que vous me faites vivre, n?est que rêve, illusion ?
- Je vois que vous avez beaucoup réfléchi Pierre, durant ma courte absence.. Au fait, avez-vous aimé « Dieux et Déesses de Kartfeld ?
- Vous répondez à ma question par une question. J?en ferai autant. Comment savez vous que j?ai lu ce livre ?
- Bien. Je vais faire preuve de bonne volonté. Non. Ce que vous vivez est bien réel. Vous ne rêvez pas et vous n?êtes pas la victime d?une illusionniste.
On frappa à la porte et Ma Déesse commanda deux oniris, pour me prouver sans doute que ce divin breuvage n?avait aucun effet caché. puisqu?elle en prenait elle-même.
Le matelot sorti, elle ajouta :
- Je vous l?ai dit : Je meurs de soif. Lorsque j?aurai bu, je vous dévoilerai une partie de ce que vous considérez comme des mystères.
Nous sommes restés silencieux jusqu?à ce que la barman nous apporte nos boissons. Mais pendant ce temps, je contemplais avec ravissement cet être d?une beauté irréelle, qui allait me livrer une partie, une partie seulement avait elle dit, de ses secrets.
Elle but son verre d?oniris en une seule lampée et me dit.
- J?avais rarement eu aussi soif. Bon. Je vais retirer de votre crâne, quelques points d?interrogation.
J?avais repéré à plusieurs reprises un très beau garçon qui semblait être d?une tristesse infinie. J?ai su très vite où vous habitiez.
Vendredi, je vous ai vu sortir de chez vous. Vous aviez un visage sans expression, hors du temps, et j?ai su que vous vous apprêtiez à faire une bêtise. J?avais vu la direction que vous preniez, et je savais ce que vous alliez faire. J?avais le temps de monter chez vous pour voir si vous y aviez laissé un mot. Je n?ai même pas eu à forcer la serrure (ce que je fais sans difficulté), puisque vous aviez laissé la porte ouverte. Et j?ai lu votre mot.
Je l?ai laissé, bien sûr et je suis partie pour vous rattraper. Je n?ai eu aucune difficulté à le faire. Vous marchiez comme un somnambule, pas très vite.
Vous savez donc comment j?ai appris tous les renseignements à votre sujet : Ils étaient dans votre lettre. Et vous comprenez pourquoi je me suis trouvée là quand vous avez voulu vous jeter dans le fleuve.
- Merci pour ces explications. Maintenant pouvez vous me dire votre nom, et pourquoi votre peau est plus douce qu?aucune autre, et pourquoi, de temps à autre, tout votre corps est nimbée d?une auréole, et pourquoi?

- Arrêtez !! Vous êtes insatiable. Je vous avais promis de vous dévoiler une partie de ce que vous considériez comme des mystères. Je l?ai fait. Le reste m?appartient. Ah, si ! je vais vous révéler aussi comment j?ai su que vous avez lu « Dieux et Déesse ». C?est très simple. Durant mon absence vous avez été filmé. Je dois dire que j?apprécie beaucoup le choix du livre que vous avez fait, et c?est d?ailleurs ce choix qui m?a amené à vous confier certains de mes petits secrets. J?ai beaucoup d?estime pour vous, Pierre.
- Ne pourriez vous changer ce sentiment d?estime par un autre ?
- Comme tous les timides, lorsque vous devenez téméraire, vous l?êtes pleinement. N?oubliez pas, que de votre propre aveu, vous ne savez pas vraiment qui je suis.
- Mais je sais parfaitement ce que je veux. Si vous êtes une Déesse, je veux être un Dieu, et si vous êtes une femme, je veux être votre mari.
- Enfant !!! On ne se décrète pas Dieu !
- Donc vous êtes réellement une Déesse ?
- Je n?ai rien dit de tel. J?ai simplement dit que l?une de vos hypothèses était impossible. Mais assez discuté. Maintenant, j?ai faim, allons dîner.
Nous sommes sortis de ma chambre et nous sommes allés dans la salle à manger où régnait la même ambiance douce et relaxante que la veille. Nous avons peu parlé durant le repas. Je ne sais si elle réfléchissait, car hélas ! Je n?ai pas le don de connaître ses pensées, mais moi, je n?arrêtais pas de sauter d?une certitude à l?autre. Bien sûr, c?est une femme. Merveilleusement jolie et riche, mais un simple être humain. Non ! Ce ne peut être une femme ! Tant de perfections réunies, c?est impossible, et il y a des détails qui n?existent pas chez les humains.
A la fin du repas, elle me dit :
- Pierre, avez-vous confiance en moi ?
- Curieuse question. Vous m?avez donné la vie, elle vous appartient, vous pouvez la prendre.
- Je n?en demande pas tant dit elle en riant. Simplement de faire ce que je vais vous demander.
- Je vous écoute, Ma déesse.
- Bien. Demain matin, vous allez rentrer chez vous. Vous allez écrire une belle lettre de démission à votre notaire, et dites lui que vous désirez prendre votre liberté immédiatement. Offrez lui en dédommagement 3 mois de votre salaire. Vous verrez, il acceptera.
Par ailleurs, vous allez écrire une autre lettre à votre propriétaire. Vous lui dirai que vous résiliez votre bail, et qu?en dédommagement, vous lui verserez 3 mois de loyer et que vous laisserez tous vos meubles. D?accord ?
- D?accord. Je laisserai tous mes meubles.
- Parfait. Vous ferez donc deux chèques l?un à l?ordre du notaire, l?autre à l?ordre de votre propriétaire. Pour cela vous utiliserez ce chéquier.
- C?est inutile, je peux faire ces chèques sur mon compte.
- Oui, dit elle en souriant, mais sur ce chéquier, il y a un nom qu?il m?a fallu choisir. Ce n?est pas le mien, bien sûr, mais si vous en aviez assez de m?appeler « Ma déesse », vous pourriez utiliser celui que j?avais choisi.
( A suivre)



Je pris le chéquier qu?elle me tendait. Il était au nom de Cristal de Lunivers.
- Cristal de Lunivers !!!! de Lunivers, cela va m?éclairer beaucoup sur votre véritable nature ! ! Merci. En revanche, pour Cristal, j?adopte !!
- Donc après avoir fait ces lettres, vous les porterez chez votre notaire et chez votre propriétaire, en joignant vos clés à cette dernière, et vous reviendrez au bateau. Nous lèverons l?ancre dans l?après midi.
Il y avait une chose dont j?avais la folle envie : C?était de savoir si la peau de ses joues étaient aussi incroyablement douce que celle de ses mains.
- Cristal ! je ferai tout ce que vous m?avez demandé, et sans solliciter la moindre explication. Je vais tout abandonner, comme vous le désirez. Je vais me livrer à vous en aveugle. Puis je vous demander une faveur, une toute petite faveur ?
- Vous voudriez m?embrasser sur la joue dit elle. Soit. Allez y ! Et comme une petite fille, ses bras tendus derrière son dos, elle joignit ses mains et pencha son visage vers le mien en fermant les yeux.
Sa peau était incroyable. Son attitude pouvait être celle d?une femme mais cette peau, et cette auréole autour de ses cheveux blonds, eux mêmes d?une finesse hors du commun. Non ! ce n?était pas une humaine.
Là encore, elle me prouva qu?elle lisait dans mes pensées.
- Je vous l?ai dit plusieurs fois : ne vous posez pas de question. Si vous êtes heureux , et je sais que vous l?êtes, vivez le moment présent, en vous disant que ce présent durera, durera?..
- Merci, Cristal. Demain, à midi, je monterai sur votre bateau, et vous confierai mon sort.

Pourtant, je n?ai pu avant de m?endormir m?empêcher d?essayer d?imaginer mon avenir. Je ne suis qu?un homme, moi ! Quand j?en ai eu assez de tourner des idées les plus farfelues dans ma tête, j?ai bu un gobelet du nectar contenu dans le thermos, et j?ai passé une merveilleuse nuit paisible. Ce matin je me suis réveillé en pleine forme, et je suis bien décidé à suivre aveuglément le destin que Cristal à tracé pour moi.
Je vais laisser sur ma table de cuisine ce récit. Ce sera la marque de la réalité de ce qui m?est arrivé..
Je pars. Deux courses à faire avant de retourner sur « La Magicienne. La porte, que je vais fermer derrière moi, sera celle de mon passé. Celui là, je ne le regretterai pas. Et maintenant, je viens de renaître. Je pars vers la vie.


Le propriétaire de Pierre Dumas, a trouvé ce récit à l?endroit où le locataire l?avait laissé. Ce propriétaire est mon beau frère. Il ne savait que faire de ce récit curieux, mais comme il connaît mon goût pour les histoires, il me l?a apporté.
Je retranscris ce récit, sans en changer une virgule.
J?ai fait rechercher le port d?attache du yacht « La Magicienne ». Les recherches sont infructueuses
Je donnerai cher pour savoir où sont et où en sont, Pierre et sa Déesse.. Femme ou Déesse ?

FIN
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