Ecriture-Lecture




LES DAMES DE VALENCE



LES DAMES DE VALENCE


Avec un sérieux, et une application remarquables, Denis, avec son couteau, bouchait méthodiquement, lentement, avec du beurre, les trous de sa tartine.
Un spectateur de cette scène, ne pourrait qu?éclater de rire.
Il penserait, que pour ce bel athlète de 1 mètre 85, 82 kilos, la confection d?une jolie tartine était la chose la plus importante du moment.
Pourtant, ce n?était en fait qu?un exercice machinal qui lui permettait de suivre le cours de ses pensées qui, elles, ne prêtaient pas à rire.
Sur le plan professionnel, Denis pouvait depuis quelques mois espérer une promotion. Sous chef du service contentieux d?une compagnie d?assurances, on lui avait fait miroiter la possibilité d?être promu Chef adjoint en fin d?année.
Mais, Denis avait appris la veille que la compagnie allait être absorbée par une société allemande, et dès lors, non seulement il n?était plus question de promotion, mais il fallait simplement espérer conserver son poste actuel, car des « dégraissages » de personnel étaient à prévoir.
Par ailleurs, sans qu?il y ait de liaison de cause à effet, la compagne de Denis depuis 4 ans, Marie France, lui avait annoncé l?avant veille, qu?elle désirait mettre fin à leur liaison.
Lorsqu?il réfléchissait à ces deux problèmes, Denis reconnaissait sincèrement que le premier problème était, et de beaucoup, plus préoccupant que le second.
Marie France était une amie d?enfance. Ils étaient liés, plus par une profonde amitié, que par un véritable amour. C?est Marie France qui avait pris l?initiative d?une séparation, mais Denis était bien d?accord, et ils avaient pris la décision de continuer à se voir en simples amis.
En terminant son petit déjeuner, Denis décida d?aller voir son ami Pierre pour lui parler de ses problèmes. Ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance, mais Pierre n?était pas encore au courant des difficultés que Denis traversait.
Il sauta dans sa voiture, et arriva chez Pierre une demi- heure plus tard. Ce dernier terminait son petit déjeuner.
- Tu es bien matinal, Denis. Ho , ho !! Tu n?as pas la mine joyeuse ! Des problèmes ?
- Oui. Deux.
- Bigre ! tu ne fais pas dans le détail. Je t?écoute.
- Tout d?abord, Marie France et moi, nous nous séparons.
- Ouais !! C?est une nouvelle pour toi, mais ce n?est pas un scoop pour moi. Je dois te dire que je m?attendais depuis plusieurs mois à cette issue. Je suis même surpris que cela ne vienne que maintenant.
- Si tu savais quelque chose, pourquoi ne pas m?en avoir parlé ?
- Mais je ne savais rien du tout !! Ou plus exactement, il n?y avait aucun élément concret, mais, pour moi, il était évident que vous étiez plus des copains de sexes différents et?. qui en profitaient, que de véritables amoureux.
- Je m?en rends compte aussi?.maintenant. Bon. Ca, ce n?est pas trop grave.
En revanche, ma boite va être reprise par une Société allemande, et il va y avoir des compressions de personnel.
- Je suis d?accord, c?est plus préoccupant, mais tu m?as dit espérer une promotion, cela veut dire que ta côte est bonne, et que tu risques moins que d?autres.
- Ce n?est pas cela l?élément déterminant. Je serai en concurrence avec mon homologue dans la société « reprenante », qui normalement aura la priorité.
- Je crois que les choses ne sont pas aussi simples. Tu es jeune pour ton poste, et les sociétés préfèrent garder les jeunes?..qui leur coûtent moins chers. Si tu ajoutes tes aptitudes professionnelles, tu vois que tu n?es pas sans atout.
- C?est vrai, je ne pars pas battu, mais le problème existe, et le risque de perdre mon poste est incontestable?.. et me fiche en l?air?
-
- Ecoute mon vieux Denis, pour l?instant tu sais qu?il va y avoir un problème. Tu sais que la décision n?est pas prise, et que ce n?est pas toi qui doit la prendre. Alors, attends pour te faire du mauvais sang?.de savoir si tu dois t?en faire. Pour l?instant, il n?y a qu?une urgence : Te changer les idées. Assieds toi dans un fauteuil, lis le journal, c?est celui d?aujourd?hui, et donne-moi une demi- heure. Je prends une douche, enfile un pantalon, une chemise et je t?emmène.
- Où ça ?
- Je ne te le dirai pas. Cherche, cela t?occupera l?esprit. A tout suite.
Malgré les conseils de son ami, Denis ne jeta qu?un ?il distrait sur le journal, ne chercha pas à savoir où Pierre voulait l?emmener, et ne put s?empêcher de penser à son éventuel licenciement et à ses possibilités de reclassement s?il faisait partie de « la charrette ».
Ils prirent la voiture de Pierre et quittèrent Lyon pour se diriger vers le sud par la nationale 7.
(A suivre)


Malgré plusieurs demandes de Denis, Pierre ne voulut pas dire où ils allaient.
Ils avaient fait un peu plus de 100 km, lorsqu?un camion, venant d?une route secondaire surgit devant eux.

Lorsque Denis ouvrit les yeux, il réalisa qu?il se trouvait dans un lit, et l?odeur d?éther ainsi que l?ambiance particulière lui firent comprendre qu?il se trouvait dans un hôpital.
Avec un calme qui le surprit lui-même, il se mit à inventorier les diverses parties de son corps. La vue était normal, l?ouïe également, car il entendait des voix venant du couloir. Il bougeait normalement la jambe droite, mais la gauche était emprisonnée, sans doute dans un plâtre. Il avait un léger mal de tête, ses doigts fonctionnaient normalement et ses bras également quoique sur l?un, un goutte à goutte avait été fixé.
Pour lui, le bilan ne semblait pas trop grave, et il se souvenait parfaitement du camion qui avait surgi devant eux.
Ce qui était urgent pour Denis, c?était de savoir comment Pierre s?en était sorti.
Une sonnette pendait à la tête de son lit. Il l?actionna et moins d?une minute plus tard, une infirmière entra. Elle souriait et Denis décida que c?était un heureux présage.
- Alors ? On est revenu parmi nous ?
- Depuis quand suis-je là ?
- Hier après midi. Vous avez eu une petite commotion cérébrale, et l?une de vos jambes n?a pas tenu le choc, mais vous vous en tirez bien.
- Et mon ami ? Dites vite !
- Pour lui, c?est plus sérieux, il est toujours dans le coma, mais le docteur est relativement optimiste.
- Relativement ? Dites moi tout !
- Je ne pense pas que l?on puisse en dire plus pour l?instant, mais il faut garder espoir.
Denis resta silencieux un moment, puis reprit
- Quand pensez-vous que je pourrai me lever pour aller le voir.
- Je pense que lorsque votre ami sera sorti de la réanimation, il vous sera possible d?aller dans sa chambre , en fauteuil roulant bien sûr.
- Merci, tenez moi au courant, je vous en supplie.
- Soyez sans crainte. Si vous pouviez dormir un peu, ce serait bien. Souffrez vous ?
- C?est supportable, merci.
L?infirmière sortit, Denis ferma les yeux, mais ne put dormir. Il songeait à la relativité des choses. Sa séparation avec Marie France ? Une broutille ! Le risque de perdre sa situation ? Important mais pas primordial. En revanche si Pierre ne devait pas se sortir de cet accident, ce serait pour lui, effroyable, et plus qu?à aucun autre moment, il eut conscience des liens qui l?unissaient à son ami de toujours.
Il se rendit compte que dans l?énumération de ses ennuis, il n?avait même pas pensé à ses propres blessures. Relativité, toujours.

Le soir, assommé par des cachets que l?infirmière lui avait apportés , il s?endormit tôt et passa une longue nuit bien que réveillé à 7 heures. Il sonna aussitôt et c?est une autre infirmière que celle de la veille qui vint. Il demanda immédiatement des nouvelles de Pierre , mais elle venait de prendre son service et devait aller se renseigner.
En revenant, elle lui donna quelques indications :
Pierre était toujours en réanimation, mais quelques signes favorables indiquaient qu?il ne devrait pas tarder à se réveiller.
A ces nouvelles pourtant encore très vagues, Denis se sentit tout à coup heureux.
Il avait subi en quelques jours de nombreuses épreuves, et trouvait le moyen de se sentir heureux. La machine humaine est, décidement, des plus complexes.
Alors qu?il n?avait rien pu avaler depuis la veille, il demanda qu?on lui apporte un petit déjeuner avec si possible un croissant. Il mangea de bon appétit, et demanda instamment à la nouvelle infirmière de le tenir au courant dés que Pierre sortirait de la réanimation.
Dans l?après midi, alors qu?il lisait distraitement un livre apporté par l?infirmière, on frappa à sa porte. Après avoir donné l?autorisation d?entrer, il vit deux dames entrer dans sa chambre.
- Vous êtes bien Denis Clarin demanda celle qui était la plus âgée, et après la confirmation de Denis elle ajouta :
- Je suis Laure Dupasset, et voici ma fille Véronique. Comment vous sentez vous ?
- Je ne me sens pas trop mal, merci. Mais je suis désolé, je ne me souviens pas vous avoir déjà rencontrée ; Vous savez, j?ai subi un traumatisme crânien?.
- Votre traumatisme crânien n?y est pour rien. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, mais comme a du vous le dire Pierre, c?est chez nous que vous veniez, quand vous avez eu votre accident. Il a donc du vous parler de nous.
- Hé bien figurez vous que non. Malgré mes demandes répétées, Pierre n?a jamais voulu me dire où nous allions. Il voulait me faire une surprise. Il n?a pas raté son coup ajouta t il en souriant en se désignant dans un lit d?hôpital. Avez-vous pu le voir ?
( A suivre)



- Nous en venons. Mais il venait de sortir du coma, et je crois qu?il ne nous a pas reconnu.
Nous avons pu parler au chef de service, et il nous a dit que l?on pouvait être raisonnablement optimiste.
- « Raisonnablement optimiste » ça veut dire quoi exactement ?
- Je n?en sais pas plus que vous. Mais il va s?en sortir, c?est à peu près certain. Il faut attendre.
Après un moment de silence, Denis reprit :
- Je suis très lié à Pierre. Nous ne nous cachons rien. Comment se fait-il qu?il ne m?ait jamais parlé de vous ?
- N?a-t-il vraiment jamais parlé « Des Dames de Valence » comme il nous appelle ?
- Ah ? Si !! Ainsi vous êtes « Les Dames de Valence » ? Mais sauf erreur, elles sont trois ?
- C?est exact. Mais ma fille aînée est en Angleterre actuellement. Elle rentre demain.
- Au fait, ou sommes nous ? Je ne l?ai même pas demandé à l?infirmière.
- Nous sommes à Valence. Vous étiez presque arrivés quand vous avez eu votre accident.
En souriant, elle ajouta : C?est une chance, hein ? Nous sommes tout à côté !
- Vous avez raison. On peut toujours trouver un élément positif dans une catastrophe. Mais tant que je ne serai pas rassuré sur l?état de Pierre, excusez-moi, je ne pourai avoir d?humour.
- C?est moi qui vous demande de m?excuser,.Peut être est ce parce que j?ai pu le voir, mais je suis plus optimiste que vous, pour Pierre.
Véronique, depuis leur arrivée, avait suivi avec attention la discussion entre sa mère et Denis, mais n?avait pas prononcé une seul mot. Elle prit enfin la parole :
- Vous ne saviez pas que vous veniez nous voir, vous ne savez donc pas la raison pour laquelle Pierre avait décidé de venir?
- Non. Y avait-il une raison particulière ?
Madame Dupasset intervint, en s?adressant à sa fille.
- Pour l?instant, Véronique, ce n?est pas important. Qu?ils se rétablissent d?abord tous les deux.
- Maintenant, Mademoiselle, vous avez piqué ma curiosité. Il y avait une raison particulière à notre venue à Valence ?
- Maman a raison. Rétablissez vous vite, et le reste n?est pas très important.
- Denis n?insista pas.

Les « Dames de Valence » restèrent près d?une heure dans la chambre de Denis, et lorsqu?elles furent parties, il était heureux d?avoir pu passer d?aussi agréables moments, alors que pourtant la situation ne s?y prêtait guère.
Le lendemain de la visite des « Dames de Valence », dans la matinée, Denis put en chaise roulante, se rendre dans la chambre de Pierre qui venait de sortir du service de réanimation.
Les deux amis furent heureux de se revoir. Pierre avait subi un traumatisme crânien important mais après les examens pratiqués, il ne devrait pas y avoir de séquelles de ce côté-là. Il avait une fracture simple de la jambe gauche qui devrait aussi se consolider sans séquelles. La jambe droite en revanche, avait souffert de trois fractures dont l?une ouverte, et il était malheureusement probable qu?une légère claudication devrait en résulter.
Les « Dames de Valence » avaient pu voir le véhicule de Pierre après l?accident, et selon leurs dires, ils devaient s?estimer heureux d?être tout deux encore en vie. Ce qui contribua à faire remonter le moral des deux amis : ils s?en tiraient bien.
Denis n?avait pas le droit de rester plus de 10 minutes dans la chambre de Pierre, encore très fatigué , mais il eut le temps de lui demander la raison pour laquelle il avait décidé d?aller voir les « Dames de Valence »
- Ecoute mon vieux, c?est assez long à raconter et franchement, je me sens un peu flagada. Si tu le veux nous en parlerons un peu plus tard, peut être demain.
Denis laissa son ami qui manifestement était encore extrêmement faible, mais se creusa la tête ( en vain) pour déterminer la raison semble-t-il assez importante, pour laquelle Denis avait voulu l?emmener à Valence.
Laure et Véronique Dupasset revinrent dans l?après midi, et se réunirent avec Denis dans la chambre de Pierre. Ils parlèrent de choses et d?autres, sans aucune allusion à ce qui restait un mystère pour Denis.
Lorsqu?ils quittèrent la chambre de Pierre, ce dernier dit à Denis.
- Viens me voir demain matin, j?ai une curieuse histoire à te raconter.
Le lendemain, dès que les toilettes et soins furent terminés, Denis se rendit dans la chambre de Pierre. Il était en bien meilleure forme, et fit un sourire en voyant entrer son ami.
- Bien que dans l?accident lui-même, je ne sois pas responsable, puisque le camion n?a pas respecté le stop, je me sens tout de même un peu responsable de t?avoir embarqué pour Valence. Je suis désolé.
- Ne dis pas de bêtises, crétin !! Si tu veux raisonner de la sorte, tu peux dire aussi que si nous ne nous étions pas connus, je ne me serai pas trouvé dans ta voiture, et moi, tout aussi finement, je pourrais te dire, que si je ne m?étais pas trouvé avec toi, j?aurais pu, au volant de ma voiture me tuer en entrant dans un platane. Alors, soyons sérieux. Dis moi plutôt pourquoi tu voulais m?emmener à Valence.
- Bon. D?accord. Ce que je t?ai dit était idiot et ne retenons de tout cela que nous ne nous en tirons pas trop mal.
- A la bonne heure. Mais avant de répondre à ma question précédente, répète moi ce que t?a dit le toubib qui a du te voir ce matin.
- Du côté de la jambe gauche, fracture simple. Pas de séquelle à prévoir. En revanche la jambe droite était en petits morceaux. Ce sera plus long, et surtout ma jambe sera raccourcie d?environ deux centimètres. Et je vais boiter.
- Tu vas alors devoir changer de prénom et t?appeler Claude.
- Pourquoi ?
- Tu ne le savais pas ? Claudiquer vient de Claude. Mais sérieusement, pour deux centimètres seulement, il suffira que tu portes une talonnette, et personne ne s?apercevra de rien.
- Tiens ? C?est possible. Je n?y avais pas pensé. Merci.
- Alors ? Ce que tu devais me raconter, ça vient ?
- D?accord. Tu vas voir, c?est assez extraordinaire.
( A suivre)


- Bon.. « Les Dames de Valence » sont trois, tu en connais deux, Laure la mère, Véronique la fille cadette, la troisième , la fille aînée se prénomme Valérie.
C?est par Valérie que j?ai fait la connaissance de la famille. J?étais en tournée d?inspection à Valence, lorsque, tout à fait par hasard, en lisant « le Dauphiné libéré » je suis tombé sur la photo de Valérie qui dédicaçait son premier livre dans une librairie de Valence. Elle m?avait semblé sympathique et comme j?avais un peu de temps devant moi, je suis allé à la librairie pour voir si cette jeune femme était aussi sympathique au naturel que sur la photo. Elle l?est beaucoup plus, mais c?est une autre histoire.
Nous avons discuté un long moment, et après la séance de dédicace, j?ai voulu l?inviter au restaurant. Elle ne pouvait pas accepter, car sa famille l?attendait, mais m?a demandé comme un service de venir dîner chez elle, car elle-même et sa famille se trouvaient confronter à un petit mystère que je pourrai peut être les aider à éclaircir. C?est comme ça que j?ai fait connaissance de Laure et Véronique, après Valérie.
Au cours du dîner, elles me parlèrent de leur petit mystère.
La semaine précédente, la nuit était tombée, et elles se promenaient dans leur parc au bout duquel est situé un vieux puits. Goûtant la douceur de la nuit, elles ne parlaient pas, et en arrivant à proximité du puits, elles entendirent des bruits curieux et virent une petite clarté qui par intermittence sortait du puits. Elles restèrent un moment sans parler, puis s?approchèrent près de la margelle. Cependant, elles n?entendirent ni ne virent quoique ce soit d?anormal.
Le lendemain soir, Valérie qui était certaine de n?avoir pas rêvé la veille, retourna vers le puits. Elle entendit des bruits qui semblaient être des chuchotements, et vit des lueurs intermittentes sortir du puits.
Tout comme la veille, lorsqu?elle s?approcha, toutes ces manifestations bizarres s?arrêtèrent, comme si le bruit de ses pas avait été décelé.
Valérie en parla à sa mère et sa s?ur, et elles décidèrent d?y retourner le lendemain. Elles le firent, et tout se passa comme les deux soirées précédentes.
Dans la journée du lendemain, Valérie, la plus intrépide des trois femmes, retourna au puits, et se penchant au dessus de la margelle, elle examina minutieusement les parois du puits, avec une lampe électrique. Elle ne vit rien de spécial. Elle put très bien voir le fonds du puits. Il n?y avait pas d?eau, simplement de la terre et des cailloux. Le mystère, s?il y en ait un restait entier. Voilà ce que Valérie relayée quelquefois pas sa mère me raconta.
Le repas terminé, j?étais dans l?obligation de rentrer sur Lyon, mais je leur promis de revenir le week end suivant pour essayer de comprendre ce qui se passait dans ce puits mystérieux.
. Lorsque tu es venu, avec le moral assez bas, j?ai pensé que ce serait une excellente chose pour toi d?étudier avec moi ce problème, qui constituerait le meilleur dérivatif à tes soucis. Pendant que j?étais allé m?habiller, j?ai téléphoné aux Dames de Valence pour les prévenir de notre venue. Ne nous voyant pas arriver, elles se sont renseigné et ont su que nous avions eu un accident. Elles sont venus nous voir à l?hôpital , et voilà. Tu sais tout .

- Amusante ton histoire. As-tu un petit début d?explication ?
- Si une seule personne avait cru voir ces phénomènes, on pourrait douter de leur véracité, mais deux soirs, elles étaient trois.
Je crois donc que le phénomène lui-même ne peut être mis en doute. Il reste l?explication à trouver. Valérie a parlé de murmures, il pourrait s?agir de personnes qui pour des motifs encore inconnus se livrent à une activité illicite. Mais ce n?est là qu?une supposition. Malheureusement, je suis cloué ici pour au moins 15 jours, et je vais devoir rester avec un point d?interrogation dans le crâne.
- En ce qui me concerne, le toubib a parlé de 6 à 8 jours. Je vais donc sortir avant toi, et si ces dames le veulent bien, je vais aller jeter un coup d??il à ce curieux puits.

- Surtout pas d?imprudence. Même si tu peux sortir de l?hôpital, tu as une patte folle, alors, il faudra que tu restes prudent?.et puis, j?aimerais bien, je ne te le cache pas, être avec toi pour trouver l?explication de ces phénomènes.

L?hospitalisation de Denis dura en effet une semaine, au bout de laquelle, les dames de Valence vinrent le chercher, lui et ses béquilles.
En fait, ces dames n?habitaient pas à Valence même, mais dans une belle propriété à Etoile, à une dizaine de kilomètres de Valence.
Le soir même, Denis voulut aller près du puits. Il demanda à y aller seul, pour faire moins de bruit. Il s?efforça d?en faire le moins possible avec ses béquilles, et s?arrêta à une dizaine de mètres du puits. Il entendit des murmures. Il lui sembla, qu? il s?agissait de voix humaines. Par ailleurs, de temps en temps, une très faible lueur sortait du puits. La faiblesse de cette lueur fit penser à Denis qu?elle ne venait pas d?une source située dans l?axe du puits. Il était donc probable que partant du puits, il devait y avoir un tunnel qui devait cheminer sous terre.
Mais il jugea qu?il ne pouvait pas poursuivre ce soir là ses investissements, car il souffrait vraiment trop de sa jambe. Les précautions qu?il avait prises pour ne pas faire de bruit, l?avaient amené à s?appuyer trop longtemps sur sa jambe plâtrée.
La maison de madame Dupasset était relativement isolée. S?il y avait eu une activité aux alentours, il aurait été facile de la déceler, mais rien de spécial n?avait été remarqué. La conclusion qui s?imposait, est que si des hommes venaient de nuit, à proximité du puits, ce ne pouvait être qu?en suivant un tunnel assez long. Cette conclusion ne faisait pas avancer beaucoup la solution du problème.
Puisque les faits étaient bien établis, madame Laure Dupasset aurait voulu tout simplement prévenir la gendarmerie. La fille cadette était du même avis. En revanche, Valérie, dont l?esprit était plus aventureux, préférait attendre la sortie d?hôpital de Pierre, pour qu?une discussion générale ait lieu et qu?une décision soit prise.
( A suivre)



C?est à ce moment là que Denis se rendit compte de ce qui aurait du, déjà, lui sauter aux yeux : Valérie était amoureuse de Pierre. Chaque fois qu?elle prononçait son prénom, ses yeux brillaient un peu plus, et surtout, elle souriait, comme si le seul fait d?en parler la rendait profondément heureuse. Peut être était-ce la vraie raison pour laquelle elle retardait jusqu?à la sortie de Pierre, la poursuite de leur petite enquête.
Denis avait obtenu un certificat d?arrêt de travail de trois semaines. Cela tombait assez mal en pleine période de reprise de sa compagnie, par une firme étrangère, il ne pourrait pas essayer de défendre son poste. Mais il se dit, qu?en tout état de cause, on ne lui demanderait pas son avis, et il prit la sage décision de ne plus penser à ce problème pour l?instant.
Le lendemain, dans la journée, Denis, accompagné de Valérie, se rendirent près du puits. Ils s?étaient munis d?une lampe puissante.
Arrivés à la margelle, ils tournèrent autour du puits en projetant le faisceau lumineux sur la face opposée.
C?est Valérie qui crut voir quelque chose.
Les parois du puits étaient constituées de pierres mal dégrossies, et de tailles différentes. Or, il semblait que partant du fond, l?une des parois présentait un rectangle de pierres, plus ajustées, formant comme l?encadrement d?une porte de 2 mètres de haut sur 1 mètre de large environ.
Il était difficile de savoir si le seul hasard avait disposé les pierres de la sorte, ou s?il s?agissait d?une construction voulue.
Pour répondre à cette question, il faudrait descendre au fond du puits, ce que ne pouvait envisager Denis pour l?instant.
Valérie et Denis parlèrent de leur observations à madame Dupasset et à Véronique, puis, à Pierre, lorsqu?ils allèrent le voir dans l?après midi à l?hôpital.
Alors qu?ils se trouvaient tous dans la chambre de Pierre, Véronique la plus discrète, la moins bavarde de ces dames, fit une proposition.

- Tout le monde est impatient de connaître le fin mot de cette histoire. pourtant, ni Pierre ni Denis ne peuvent descendre dans le puits. Je suis la plus légère des trois. Je suis persuadée que maman, Valérie et Denis pourraient m?aider à descendre et à remonter dans le puits. Le jour, il n?y a jamais personne, il n?y a donc aucun risque . Voulez vous que nous fassions l?expérience ? L?unanimité se fit?.pour refuser de faire courir des risques à Véronique, qui en cette occasion prouva qu?elle avait beaucoup plus de caractère que l?on avait pu le supposer.
- Soyez objectifs, dit elle. Le problème de me faire descendre et remonter du puits, n?en est pas un. A trois, vous parviendrez facilement à me hisser.
Par ailleurs, nous savons tous, pour y être allés plusieurs fois, que dans la journée, personne ne vient dans le puits.
Où existe-t-il un risque ? Il n?y en a pas !! Donc, munissons nous d?une solide corde, et descendez moi demain.
Ils discutèrent un long moment puis c?est Véronique qui emporta le morceau.
En sortant de l?hôpital, ils allèrent acheter une longue et solide corde. Lorsqu?ils furent rentrés à la maison, Denis fit à un bout de la corde une large ganse, dans laquelle Véronique pourrait s?asseoir pour descendre et remonter.

Puis, il se rendit près du puits pour vérifier la solidité de la poulie. Pour cela, il fit passer la corde dans la gorge de la poulie, et tenant les deux bouts de corde, il s?arc-bouta contre la margelle et tira de toutes ses forces. Il n?y avait pas de problème, la poulie pourra supporter aisément les moins de cinquante kilos de Véronique, et malgré son plâtre de marche, Denis pouvait développer une force largement suffisante, surtout avec la participation de Laure et Valérie.
L?opération fut fixée au lendemain.
Vers 14 heures de l?après midi, ils se rendirent tous les 4 près du puits. Véronique était en blue jean, tee shirt et espadrilles.
Denis passa la corde dans la gorge de la poulie, et tira jusqu?à ce que la ganse vienne à hauteur de la margelle. Véronique, munie d?une lampe, s?assit dans la ganse, et commença sa descente, retenue pas Denis, Valérie et Laure. La profondeur du puits était d?environ 15 mètres, et tout se passa sans aucun problème.
Par précaution, aucune parole ne devait être prononcée , Véronique devait examiner soigneusement les parois du puits, et n?aurait qu?à tirer sur la corde quand elle désirerait être remontée.
Véronique s?attarda environ 5 minutes au fond avant d?actionner le signal, et la remontée s?effectua assez facilement. Le seul regret de Denis est de ne pas avoir graissé la poulie qui grinçait fortement et aurait pu donner l?éveil si des personnes avaient été à proximité. Mais tout se passa bien, et c?est une Véronique excitée qui parut au niveau de la margelle. Comme elle était impatiente de parler, Denis, l?index sur la bouche lui demanda de se taire pour le moment.
La corde récupérée, ils regagnèrent la maison en silence, et Véronique put alors faire son contre rendu.
- Au fonds du puits, il y a bien une porte. En fait, c?est un bloc de mur incurvé, comme le reste du puits, mais j?ai très bien vu trois grosses charnières qui doivent permettre à ce bloc de 80 centimètres de large et 1 mètre 80 de haut (j?ai mesuré avec l?empan de ma main).
C?est parce qu?il y a un espace de trois ou quatre centimètres entre le bloc qui doit servir de porte, et le puits lui-même, que j?ai pu voir les charnières. J?ai essayé de voir autre chose, par les interstices, mais comme de l?autre côté, c?est certainement sombre, je n?ai rien pu voir.
Il y avait donc une certitude. Ce puits n?était pas un puits comme les autres. Il avait été aménagé pour communiquer avec un souterrain.
Ceci dit les autres problèmes restaient posés. Qui ? Et pour quoi faire ?
( A suivre)


Madame Dupasset, qui n?avait pas changé d?idée, pensait qu?il fallait prévenir les autorités, c'est-à-dire la gendarmerie, qui prendrait les choses en mains.
Mais, maintenant, Véronique avait changé de camp et tout comme sa s?ur, Denis et Pierre, elle voulait continuer par eux-mêmes, leur petite enquête.

Pierre obtint de tous, que rien ne se fasse avant sa sortie de l?hôpital, aussi, les Dames de Valence s?engagèrent à ne plus aller près du puits, et Denis retourna travailler dans sa compagnie.

Durant son absence, les choses avaient évolué, l?absorption par une société étrangère était désormais officielle. Le plan prévoyait le licenciement du cinquième des effectifs. Tout cela était certain.
Denis avait reçu l?assurance verbale qu?il conserverait son poste, mais à ce sujet, il n?avait pas reçu de confirmation officielle.
Lorsque Pierre sortit de l?hôpital, après un séjour un peu plus long que celui qui avait été prévu à l?origine, on enleva le même jour, le plâtre de marche de Denis.
Le week end suivant, ils furent invités chez les Dupasset, et après un déjeuner qui se déroula dans une ambiance joyeuse, ils se réunirent au salon pour envisager la suite de l?enquête au sujet du puits. Pierre avait un plâtre de marche, mais Denis avait recouvré la presque intégralité de ses moyens physiques.
Il fut décidé que l?on attendrait encore une semaine. Le week end suivant muni d?une échelle de corde, dans l?après midi du Samedi, Denis descendrait au fond du puits pour examiner attentivement les lieux, pour le cas ou un indice aurait échappé à Véronique. Ce n?est qu?après cette visite que la suite serait décidée.
La semaine suivante, Denis n?eut aucune difficulté pour descendre avec l?échelle de corde. Il examina minutieusement les parois du puits, sans trouver autre chose que ce que Véronique avait pu remarquer. Il avait arrêté ses investigations, s?était assis au fond du puits pour réfléchir, lorsqu?il entendit des bruits curieux. Il mit son oreille contre les interstices de « la porte » pour mieux écouter. Les bruits devaient venir d?un point assez éloigné. Il s?agissait de bruits métalliques, ainsi que d?autres bruits, des voix peut être, mais il n?en avait pas la certitude.
Comme ces bruits ne se rapprochaient pas, Denis se sentait en sécurité et resta plus d?une demi-heure à écouter, sans pouvoir obtenir des renseignements complémentaires.
Il remonta par son échelle de corde qu?il retira après lui, et raconta aux autres ce qu?il avait entendu. Une longue discussion s?engagea.
Descendre dans le puits à la tombée de la nuit, pour assister à l?ouverture de la porte, c?est ce que voulaient Pierre et Denis. Mais madame Dupasset faisait remarquer, appuyée par ses filles, qu?ils ignoraient toujours à qui ils avaient affaire. Bloquée à deux au fond du puits, les deux jeunes hommes, pouvaient être à la merci de n?importe quoi ou n?importe qui. Maintenant, mieux valait prévenir les gendarmes.
Pierre fit la proposition suivante :
- Ecoutez mesdames, je vous propose la solution suivante. Sur vos portables entrez le numéro de la gendarmerie. Pierre et moi, descendrons en fin d?après midi au fond du puits. Si cette lumière est visible d?en haut, c?est que la porte est ouverte. Nous assisterons donc à l?ouverture de cette porte, et nous prendrons aussitôt notre décision. Si nous pouvons sans risque, savoir qui est là, et ce qui se passe, nous attendrons. Si nous nous sentons en danger, nous remonterons par l?échelle de corde.
L?une de vous pourrait venir silencieusement à la margelle. Si nous sommes en danger, vous préviendriez alors la gendarmerie.
- Oui, mais te temps que les gendarmes interviennent coupa Valérie, qui disait « ne pas sentir » l?opération, s?ils sont armés vous serez en danger..
- Je ne le pense pas répondit Pierre. Si nous sommes découverts, ils voudront d?abord savoir si d?autres personnes sont au courant, et nous ferions alors traîner les choses. Non, croyez moi, si nous voulons savoir ce qui se passe, c?est la meilleure solution. Nous descendrons demain en fin d?après midi. D?accord Denis ?
Denis fut évidemment d?accord.
( A suivre)


Le lendemain, sous la serviette de leurs petits déjeuners, Pierre et Denis trouvèrent un pistolet et un revolver avec deux boites de cartouches. C?est Laure Dupasset qui était parvenue à se procurer ces armes, et leur dit qu?elle serait plus rassurée en les sachant armés.
Les deux amis ne cherchèrent pas à savoir si leur hôtesse, s?était procurée ces armes légalement ou non. Eux aussi, préféraient être armés, et ils la remercièrent chaudement.

Le lendemain à la nuit tombante, et le plus silencieusement possible, les deux amis installèrent l?échelle de corde, solidement arrimée à deux pieux qui se trouvaient là opportunément. Denis devant et Pierre derrière, ils descendirent jusqu?au fond du puits et examinèrent les interstices pour déceler tous les éléments faisant prévoir une approche. Ils avaient prévu, si des gens venaient ouvrir la porte, de remonter un peu sur l?échelle de corde, de se plaquer contre la paroi, en espérant ne pas être repérés.
Ils étaient en bas depuis une petite demi- heure, lorsque les bruits leur parvenant s?amplifièrent. Ils ne parvinrent pas à définir ces bruits.
Lorsqu?ils sentirent des présences très proches derrière la porte, ils remontèrent de 2 ou trois mètres, en remontant également le bas de l?échelle, pour qu?elle ne soit pas vue.
Dans un chuintement qui prouvait que les gonds avaient été soigneusement huilés la porte s?ouvrit, laissant passer une lueur vacillante. Mais ils ne virent rien. En revanche, ils entendirent des bruits qui semblaient être de conversation, mais qui n?avaient qu?un lointain rapport avec des voix humaines.
Il est juste de reconnaître que les deux jeunes gens frissonnèrent, non pas de froid, mais d?inquiétude, en sentant qu?ils côtoyaient quelque chose de bizarre.
Ils étaient là ; plaqués contre la paroi du puits, depuis 5 bonnes minutes, lorsque quelque chose franchit la porte.
Quelque chose, car les deux jeunes gens n?avaient jamais rien vu de pareil.
Il s?agissait d?une chose, de moins de 1 mètre de haut. Ce que l?on pourrait appeler la tête était constituée d?un triangle noir, qui, aux trois coins des angles, comportait des sortes de lentilles rondes qui devaient être des yeux, car ces lentilles mobiles venaient de se fixer sur eux. Une boule noire se trouvait à l?emplacement du corps, et de cette boule, sortaient 6 ou 7 tentacules terminés par de petites excroissances qui devaient servir soit de pied, soit de main .
Les yeux qui se fixaient sur Pierre et Denis n?avaient rien de menaçant, et la chose faisait entendre des sons curieux tenant du pépiement d?oiseau et du coassement de grenouille.
Sans quitté les jeunes gens des yeux, la chose, avança vers eux. Pour cela elle roulait sur les tentacules tendus, un peu comme les gymnastes font en roulant alternativement sur les jambes et puis les bras.
La chose s?arrêta à moins d?un mètre de l?échelle, et continuait à émettre ses cris curieux, puis voyant qu?aucun contact phonique ne pouvait s?établir, elle tendit gracieusement un tentacule vers Denis qui était le plus proche de lui. Il semblait s?agir d?un geste de bienvenue, et Denis, après une petite hésitation, tendit également la main
Le tentacule était doux, sec, et tiède. Pendant que Denis et la chose se « serraient la main », un autre tentacule s?allongea, s?allongea pour arriver à proximité de Pierre, plus haut sur l?échelle, et tout comme son ami, Pierre tendit la main.

Partant alors à reculons, mais cette fois ci en se servant de deux tentacules comme de jambes, en tirant un peu, il fit comprendre aux jeunes gens qu?il voulait les emmener à l?intérieur du tunnel. Il n?y avait aucune brutalité aucune menace dans ce geste, aussi lorsque Denis demanda :
- Que fait on ? On le suit ?
Pierre lui répondit :
- Si l?on veut savoir, je crois qu?il n?y a pas d?autres solutions.
Ils descendirent de l?échelle de corde, et toujours tenus par la main, ils entrèrent dans le tunnel.
Sur quelques mètres, ce tunnel était construit de pierres, comme le puits, puis les parois devinrent lisses, jaunes et émettaient de la lumière. C?est cette luminosité qu?ils avaient aperçu en haut, sortant du puits.
( A suivre)



Toujours précédés par la Chose, ils arrivèrent dans une pièce d?une vingtaine de mètres carrés.
Là se trouvaient 3 autres ""choses", identiques à leur guide, et une quatrième, dont les formes étaient également identiques, mais qui était entièrement de couleur orangée. Ce devait être le chef.
Ile échangeaient tous les quatre à toute vitesse leurs cris bizarres, et sur un geste de tentacule du chef, l?une des choses sortit par un couloir latéral.
Un lourd silence plana durant un moment, puis la chose qui était sortie, revint dans la pièce en portant un objet de forme cubique qui scintillait. Il l?installa devant le chef, qui de ses tentacules, appuya en plusieurs endroits. Il n?arrêtait pas d?émettre ses bruits de conversation, lorsque soudain, Denis et Pierre, entendirent très distinctement dans leur langue.
- Bonjour. Nous ne voulons vous faire aucun mal. Rassurez vous. Grâce à cet appareil mes propos sont traduits dans votre langue, et je comprendrais ce que vous direz.
Je vais avoir quelque chose à vous demander, mais auparavant, il faut que vous nous connaissiez mieux , que vous soyez persuadés que vous ne craignez rien de nous.
Nous, nous savons à peu près tout de vous.
Vous habitez sur une planète que nous appelons Gronch. Nous, nous sommes venus de la planète Vera, il y a 5 de vos années.
Nous sommes venus pour vous étudier, mais nous espérions pouvoir le faire, sans nous faire repérer.
Nous avions remarqué que la nappe phréatique s?étant abaissée, beaucoup de vos puits étaient constamment secs. Nous avons utilisé cette particularité pour aménager notre lieu de séjour.
Dans plusieurs puits, nous avons construit des portes que nous ouvrons le soir, car nous avons besoin, d?air non confiné pour survivre.
Notre cycle d?étude se termine et nous allons rejoindre Vera dans quatre jours. Avouez que nous n?avons pas eu de chance, nous sommes là incognito depuis 5 ans et au moment de repartir, nous tombons sur deux habitants de Gronch particulièrement courageux. Pouvez vous nous faire part de vos impressions ?
C?est Pierre qui répondit.
- Notre impression dominante est certainement une sorte d?irréalité. Bien sûr, périodiquement nous parlons entre nous d?extra terrestres, mais sans y croire vraiment. Je ne sais ce qui va se passer lorsque nous raconterons?.
Pierre fut coupé par le Chef
- C?est justement à ce sujet que j?ai quelque chose à vous demander. Il faut absolument que jusqu?à notre départ, vous ne parliez pas de nous. Vous devez vous en rendre compte, c?est un problème de vie ou de mort pour nous.
Vous êtes nombreux, très nombreux sur Gronch, et il y en a qui voudront nous retenir de force, nous étudier, au besoin en nous découpant en morceaux?? Je vous en conjure : ne dites rien pendant 4 jours, et après notre départ, non seulement vous pourrez parler, mais nous vous laisserons des éléments qui vous permettront d?apporter la preuve de notre existence.
- Combien êtes vous demanda Denis ?
- Nous sommes quinze. Et nos quinze vies sont entre vos mains
Les deux amis se regardèrent et après un court conciliable à voix basse, Pierre dit.
- Nous ne dirons rien avant votre départ. Mais nous allons être obligés de rentrer vite chez nous, sinon, l?alerte sera donnée, et vous serez découverts. Pouvons nous revenir demain ?
- Merci. Merci, et bien entendu d?accord pour nous revoir demain. Nous vous faisons confiance.


Pierre et Denis sortirent rapidement du tunnel et remontèrent par l?échelle de corde, en parlant à haute voix pour rassurer les « Dames de Valence ». Pourvu qu?elles n?aient pas encore fait appel aux gendarmes !
A peine sortis du puits, Valérie et Véronique se précipitèrent sur eux.
- Merci, Mon Dieu ! nous avons eu si peur, que nous avons alerté la gendarmerie. Ils vont arriver.
Catastrophés, Denis et Pierre se regardèrent, et Denis prit un air dégagé pour dire.
- Hé bien, fausse alerte ! Ils n?auront plus qu?à repartir. Il n?y a rien de spécial. Nous avons pu ouvrir la porte que vous aviez vue, Véronique. Elle donne simplement sur un tout petit cagibi, peuplé de?.chauves souris.
Nous pensons, Pierre et moi, que cette cache avait été aménagée durant la révolution par des royalistes voulant échapper aux révolutionnaires. Mais cela ne présente vraiment aucun intérêt maintenant.
Quelques minutes plus tard, les gendarmes arrivèrent.
( A suivre)


En s?excusant de les avoir dérangés pour rien, Pierre et Denis reprirent le récit fait par Denis. Il s?agissait simplement d?une petite cache aménagée au fond d?un puits, squattée par des chauve souris. Les gendarmes acceptèrent d?autant mieux cette explication, qu?il se faisait tard, et qu?ils allaient pouvoir aller se coucher. Ils repartirent sans insister.
Il fut difficile pour Pierre et Denis de ne rien dire aux Dames de Valence, mais ils étaient réconfortés par la pensée que ce mutisme, ou plus exactement, ce mensonge ne durerait que 4 jours.
Le lendemain soir, faisant comme si cette idée venait de surgir dans son esprit, Pierre dit à Denis, devant ces dames.
- Dis donc, nous sommes remontés en vitesse, hier soir pour éviter, mesdames, que vous vous inquiétez, mais du coup, nous avons tout laissé en chantier. Il serait bon d?y retourner pour remettre la porte en place, afin que les oiseaux ne soient pas effarouchés par le bouleversement des lieux. Qu?en penses tu ?
- Je pense que tu as raison. Détendez vous mesdames, nous n?en avons pas pour très longtemps.
Les deux amis prirent l?échelle de corde, et se dirigèrent vers le puits, sans, semble t il, éveiller la curiosité des dames.
Arrivés au fond du puits, la porte était fermée. Avec une pierre, ils donnèrent des coups, et peu après, ils entendirent les drôles de bruits du langage des extraterrestres, et la porte fut ouverte.
Comme la première fois, un habitant de Vera, vint prendre une main de chacun dans un tentacule, et les amena dans la pièce ou le chef les attendait, la boite cubique de traduction devant lui.
- Bonjour Messieurs. Avez-vous pu ne pas parler de nous ?
- Oui, tout est bien. Nous avons eu peur, car très inquiètes des femmes avaient alerté la gendarmerie, mais nous leur avons dit qu?il n?y avait rien d?intéressant au fond du puits, simplement une petite excavation qui avait du servir de cachette durant notre révolution.
- C?est bien. Merci. Lorsque nous serons partis, vous pourrez faire voir les lieux ou nous sommes, que nous avons aménagé avec des matériaux que vous ne connaissez pas sur votre planète. Je vous laisserai également mon appareil de traduction. Ainsi, vous serez crus, et vous nous aurez sauvé.
- Comment allez vous repartir dans votre planète ?
- Nous partirons d?ici même. Puisque vous êtes dans nos secrets, venez !
En roulant sur ses tentacules tendus, faisant la roue, le chef sortit de la pièce suivi par les deux jeunes hommes. Ils traversèrent un court souterrain et parvinrent dans une autre pièce, au milieu de laquelle se trouvait un engin de la forme d?un cigare de 4 mètres de long 2 mètres de diamètre.
- Voilà notre véhicule. Nous ne sommes pas très grands et nous sommes à l?aise dedans. D?ailleurs le trajet n?est pas long. Le temps pour votre soleil de se lever deux fois.
- Mais alors, vous allez plus vite que la lumière ?
- C?est évident. La lumière n?est pas rapide. Nous utilisons une fluide interstellaire qui n?a pas de nom dans votre langue puisque vous ne le connaissez pas.

- Pouvez vous nous dire demanda Serge, combien de temps vous vivez ?
- Le temps n?a pas la même définition chez vous que chez nous. Vous ne pouvez assister, durant votre vie, au maximum, qu?à 36 ou 37000 levers de votre soleil . Nous pouvons assister à plusieurs millions de levers de ce qui nous sert de soleil, Araka, mais les cycles sont différents.
- Vous allez repartir dans votre engin, en passant par le puits ?
- Oui. Pourquoi ?
- Parce que je ne vois pas votre véhicule sortir du puits. Il y a, savez vous, une poulie juste au milieu de la sortie qui vous barrera le passage.
- Soyez sans crainte. Notre appareil , tout comme nous même d?ailleurs, peut changer de forme en fonction des nécessités. Nous pouvons nous transformer en un long ruban. Nous n?aurons aucune difficulté pour passer entre la margelle et la poulie.
- Nous aimerions tant, mieux vous connaître. Pensez vous revenir bientôt. ?
- Je ne peux vous répondre. Mon rang n?est pas très élevé dans notre hiérarchie, je ne suis le chef que de ce petit groupe qui est avec moi. Seul le Grand Chef prend ses décisions, et je ne suis pas au courant.
Mais j?y pense : Ca vous intéresserait que je vous laisse une copie de notre véhicule ?
- Vous le pourriez ?
- Bien sûr ! il nous reste du matériel et nous allons vous faire un modèle réduit que vous trouverez ici après notre départ. Merci encore pour votre accueil. Je crois que nous avons eu beaucoup de chance de tomber sur vous, car d?après nos études sur vos semblables, il en est beaucoup qui n?auraient pas hésité, au nom de la science?ou surtout, de la cupidité, de révéler notre présence, quitte à nous condamner à mort.
- Partez sans crainte. Nous ne parlerons que lorsque vous serez déjà loin. Maintenant, nous devons remonter. Ces dames ne comprendraient pas que nous mettions tant de temps pour réparer une porte.
- Soyez rassurés, après votre remontée, nous remettrons la porte en place . Comme ça, si quelqu?un, avant notre départ vient se pencher sur la margelle, il constatera que vous avez bien fait votre travail.
- Merci. Nous aurions aimé mieux vous connaître et devenir vos amis. Adieu !
Adieu ! Ah ! un dernier cadeau. Je peux vous révéler que notre passage dans votre vie, va vous être bénéfique, et vous permettre de travailler ensemble, en perpétuant notre souvenir.
( A suivre)


Pierre et Denis remontèrent et lorsqu?ils retirèrent l?échelle de corde., ils virent que déjà, la porte avait été remise en place.
Le lendemain était un lundi et les deux amis durent aller reprendre leur travail.
Pierre reprit ses tournées d?inspection des ses agences, quand à Denis, il n?avait toujours aucun renseignement officiel sur le sort qui lui était réservé, à la suite de l?absorption de sa compagnie par une autre Société.
Chaque soir, les deux amis se téléphonaient et le jeudi, la conversation fut particulièrement longue :C?est la nuit suivante que leurs amis devaient repartir sur leur planète.
Le vendredi soir, ils arrivèrent chez les dames de Valence, et dirent aussitôt qu?ils devaient aller faire une vérification dans le puits.
- Allez vérifier, leur dit la maman, allez. Mais vous ne savez pas mentir. Toutes les trois nous savons que contrairement à vos dires, vous avez vu quelque chose dans le puits. Mais nous avons estimé que si vous ne nous en parliez pas, c?est que vous ne pouviez le faire.
- Merci pour votre discrétion. Nous allons descendre, et si tout est normal, nous vous raconterons.
-
Pierre et Denis descendirent au fond du puits. La porte avait été poussée mais non fermée. Ils purent facilement entrer. Les murs, construits d?une matière qu?ils ne connaissaient pas, étaient toujours luminescents. Dans la première pièce, conformément à sa promesse le chef des extra terrestres avait laissé sa boite de traduction. Dans la seconde pièce, à la place du grand cigare, il y en avait un, beaucoup plus petit, de 1 mètre de long sur 30 centimètres de diamètre. En soulevant la petite porte d?accès, ils virent qu?à l?intérieur, il y avait une multitude de petits appareils, dont ils étaient incapables de deviner le fonctionnement.
Leurs amis étaient bien partis, et ils étaient désormais déliés de leur promesse de silence.
Ils remontèrent et racontèrent aux trois femmes stupéfaites, minutieusement, tout ce qu?ils avaient vus, et toutes les conversations qu?ils avaient eues .
C?est Véronique, qui décidément se révélait être la plus réaliste des trois, qui prit la parole.
- Ce qui vous est arrivé est merveilleux. Mais ce que je retiens en premier lieu, c?est que le chef vous a dit que vous pourriez travailler ensemble, pour perpétuer leur souvenir. Cela me paraît très clair.
Vous aviez quelques craintes, Denis pour votre situation. Votre problème est désormais réglé. Vous devez tout les deux organiser ce lieu pour attirer des touristes. Vous allez devoir créer une société, et vous trouverez facilement des capitaux pour bâtir un hôtel et un restaurant pour accueilli tout ceux qui voudront venir voir les vestiges laissés par des extraterrestres.
Toutes leurs pensées étant tournées vers l?extraordinaire expérience, personne n?était revenu mentalement sur terre. Personne sauf Véronique, qui fut chaleureusement félicitée pour son sens pratique.




Post face

L?idée de Véronique se concrétisa rapidement. Une société fut créée par les Dames de Valence et les deux amis. Des articles dans les journaux, plusieurs passages à la télévision, amenèrent de nombreux curieux. Il fallait transformer ces curieux en visiteurs payants. Des terrains furent achetés pour bâtir un grand hôtel et plusieurs restaurants.
Mais non ! Cette merveilleuse histoire n?eut pas que des retombées matérielles. Je puis vous dévoiler que pour le premier anniversaire de la rencontre entre des habitants de VERA et des terriens, un double mariage aura lieu. Pierre donnera son nom à Valérie et Véronique prendra celui de Denis.
Comme la suite fut heureuse, elle ne mérite pas d?être racontée. D?ailleurs, que raconter ? Les gens heureux n?ont pas d?histoire.

FIN
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