Ecriture-Lecture




CARNET INTIME


Le 3 Avril

Suis-je heureuse ? Cette question est venue à mon esprit ce matin quand j?ai ouvert les yeux. Pierre mon mari venait d?ouvrir les volets, laissant entrer tout d?un coup une énorme gerbe de soleil. C?est lui qui ouvre les volets le matin c?est moi qui les ferme le soir, cela résulte d?un accord tacite, et c?est lui, qui prépare les petits déjeuners alors que la confection des repas est de mon domaine.

Je reviens à ma question. Suis-je heureuse ? Si je me la pose, c?est que je n?ai aucune certitude à priori. Je ne suis donc pas très malheureuse?.et sans doute pas très heureuse non plus. Je suis en fait, comme tout le monde.

Non, pas comme tout le monde. Cette pensée m?embête. Je ne suis pas comme tout le monde !!! Je suis moi, et donc différente des autres.

J?ai 38 ans. Bon, ce n?est plus tout jeune, mais ce n?est pas vieux non plus. J?avais lu, un jour avec délice, dans un roman de Pierre Nord « Le bel âge de la femme se situe entre 35 et 55 ans. J?avais lu cela il y a 10 ans. J?étais donc une gamine. Et maintenant, je ne suis qu?au tout début de mon bel âge. Mon mari a 40 ans. Lui aussi est à son bel âge. Bien sûr, il n?a plus les petites attentions qui ont suivi notre mariage, mais je sais que ce qu?il a perdu en manifestations extérieures, ses sentiments ont gagné en profondeur. Nous avons tant de choses en commun ! D?abord, notre fils Luc. Il a 6 ans, et très objectivement (si, si, très objectivement) il est très beau et intelligent. Nous l?adorons, et peut être, pourrait-on nous reprocher de trop le laisser voir. Pour un fils unique, ce n?est pas très bon, il faudra que j?en parle à son père. Quoique, je ne pourrais jamais être sévère avec cet adorable bambin.

Avec mon mari, nous avons également notre maison en commun. Ca compte ces questions matérielles. Il travaille et sa situation est correcte, il est cadre supérieur dans un groupe d?assurances. Quant à moi, je travaille à mi-temps, non pas parce que nous ayons besoin d?argent, mais pour ne pas m?encrouter exclusivement dans des tâches ménagères, je préfère avoir une activité en dehors de la maison..

En somme, pour me résumer nous sommes une famille unie, pas trop pauvre, et, à ma question du début : Suis-je heureuse ? Je ne devrais pouvoir que répondre : Oui !

Alors pourquoi j?hésite ? Oui, pourquoi ? Car j?hésite. Et je ne n?en vois pas la raison.

Allons, lève-toi, paresseuse ! Pierre a du commencer son petit déjeuner sans moi, car il est très ponctuel et n?aime pas arriver en retard à son travail. Il n?aime pas non plus que je ne l?accompagne pas durant le petit déjeuner.

Tiens, tiens ? Par deux fois, j?ai fait mention de ce que Pierre n?aimait pas?? C?est qu?il n?est pas très facile, le monsieur !! Je l?adore mon mari. Mais c?est vrai qu?il n?est pas très facile. Il faut que les choses soient faites d?une certaine façon, et en temps voulu. Ce n?est pas grave, pas grave du tout. Tout juste un peu énervant quelquefois. Enervant n?est pas le mot, disons astreignant. Voilà. Astreignant. Je manque peut être un peu de liberté et la fantaisie n?a pas trop sa place dans notre couple. Heureusement, il y a Luc. Lui, arrive à mettre de la fantaisie. C?est fou ce qu?il est intelligent pour son âge, mon fils, et observateur. L?autre jour, il regardait dans le ciel passer un avion à réaction qui laissait deux trainées de condensation, et il m?a dit :
« Maman, il y a un avion qui freine depuis longtemps, et il n?arrive pas à s?arrêter ». C?est mignon, non ?

Nous avons déjeuné, Pierre et moi, dans notre cuisine très claire le matin. Cette maison est vraiment agréable, beaucoup plus que l?appartement dans lequel nous avions aménagé après notre mariage. Et puis, nous avons un jardin, qui était indispensable avec notre fils. C?est qu?il a besoin d?espace, le gamin, et debout sur les pédales de sa bicyclette il commence à faire des dérapages contrôlés. Il fait plus de chutes que de dérapages réussis, mais heureusement nous avons des pelouses qui amortissent le choc.

J?aurais voulu un bassin avec des poissons rouges, mais Pierre n?a pas voulu. Il a prétexté que notre petit Luc pourrait se noyer. Dans un bassin de 30 cm de profondeur, c?est peu probable, mais il avait décidé et n?en a pas démordu. C?est quand même vrai qu?il n?est pas très facile mon doux mari. Mais ce n?est pas grave.

J?y pense maintenant, il y a des gens que Pierre ne veut pas voir. J?avais une copine de lycée, Elisabeth. Elle s?est mariée avec un Anglais. Bon, elle aurait aussi bien pu trouver un Français, mais enfin ce n?est pas très grave. Ce qui est plus embêtant c?est qu?il ne veut pas apprendre le français et c?est pourquoi Pierre ne veut pas les voir. Mais quand même, c?est Elisabeth qui est mon amie, ce n?est pas son mari. Alors, que je ne puisse voir Elisabeth, j?en souffre un peu. Il exagère un tantinet mon Pierre. Moi, je ne m?oppose pas à ce qu?il voit, et fasse venir à la maison son copain Robert. Pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur ce garçon. C?est un coureur. Ca à la rigueur, cela ne me gêne pas. Mais ce qui m?insupporte, c?est qu?il me fasse du baratin à moi, la femme de son meilleur copain. Et Pierre ne voit rien, ou il ne veut pas voir. Une de ces jours, je vais l?envoyer sèchement sur les roses. Mon pauvre benêt de mari ne se rend pas compte que je n?aurais qu?un mot à dire, et Hop !! Je me retrouverais dans le lit de son meilleur copain.
Tiens, j?y pense ! Il y a le problème des vacances. Oh, ce n?est pas très grave. Mais il y a des choses qui ne se discutent pas, et encore moins être remises en cause. A Pâques, et à Noel, nous passons trois jours chez les parents de Pierre. C?est automatique. De même, pour les grandes vacances, nous allons 15 jours, chez mes beaux-parents. C?est réglé comme du papier à musique. A la réflexion, si, c?est grave. Nous ne pouvons avoir un bon séjour de durée normale aux sports d?hiver, quand aux grandes vacances, amputées des 15 jours, elles ne sont plus tellement grandes ces vacances.

C?est vrai, il exagère Pierre. Heureusement qu?il y a Luc. Luc, c?est notre ciment. S?il n?y avait pas notre fils, je me demande si je continuerais à tout accepter. A vrai dire, non, je finirais par ruer dans les brancards. Je crois que dès maintenant, je ne me laisserai plus faire, et s?il fallait jusqu'à envisager une séparation, il est bien possible que je ne céderais pas. Je m?en rends compte, c?est un macho Pierre ! Il régente tout, et moi, je n?ai qu?à m?incliner. Non seulement il faut que je m?incline, mais lorsque nous parlons de ces tout petits problèmes, il exige qu?en conclusion, je lui dise qu?il a raison.

Hé, là !!! Que se passe-t-il ? Il fait un temps splendide, j?ai un enfant merveilleux, un mari qui a de grandes qualités, et je me torture pour savoir si je n?aurais pas de raisons de me séparer de lui. Cette question qui m?est venue subitement à l?esprit : « Suis-je heureuse », qui a surgi d?une façon spontanée, est curieuse, et en tous cas ridicule..

D?une façon spontanée?..Heu? est ce certain ? Je crois que je me prends en flagrant délit de??.disons, de dissimulation. Il faut que j?arrête de me raconter des histoires. Ma question « Suis- je heureuse ? » n?est pas venue de rien, comme j?essaie de me le faire croire, une sorte de génération spontanée. Si j?étais franche, je ferais un rapprochement avec ma rencontre d?hier. Rencontre banale, et pourtant?


Oui, j?étais allée chez un antiquaire pour essayer de trouver une coiffeuse ancienne pour la mettre dans ma chambre. Le propriétaire du magasin (enfin c?est moi qui ai décidé que c?était le propriétaire, ce n?est peut être qu?un vendeur) est venu vers moi. Il m?a fait expliquer ce que je cherchais, sans m?interrompre, puis il m?a posé des questions sur l?ameublement de ma chambre, et avec une certitude de goût que je trouve extraordinaire, il m?a déconseillé la coiffeuse que j?avais repérée, pour m?en proposer une autre, d?ailleurs beaucoup moins chère, ce qui prouve que ce n?est pas un simple commerçant.
J?ai tout de suite accepté d?acheter la coiffeuse qu?il me proposait, et je suis restée dans le magasin pendant près d?une heure, à parler dans un premier temps des antiquités, puis peu à peu de littérature, et de la vie en générale. Si je n?avais pas eu à aller chercher Luc à la sortie de l?école, j?y serais peut être encore??

Il est sacrément calé ce garçon. Il parle d?une façon posée, sait écouter, ne s?impose pas, mais donne toujours des bonnes raisons pour que l?on soit amené à le rejoindre dans ses conclusions. Allons, je veux être franche, Alain m?a fait grande impression. Oui. Il s?appelle Alain Mangin, et hier soir (j?ai un peu honte à l?avouer, même à mon carnet intime) j?ai fait le tour de la maison, et en essayant d?adopter le goût d?Alain, je me suis rendue compte que bien des meubles ne sont pas à leur place. Quelles fautes de goût ! Jamais je ne pourrais inviter Alain à venir à la maison.

Bon. J?ai été franche. Je ne nie pas que cet Alain m?ait fait une forte impression, mais, cela ne va plus loin. Je fais partie d?une famille qui forme un bloc, indestructible. Mon mari, mon fils et moi. Liés d?une façon indissoluble.
Ouais !! A la réflexion ma s?ur et son mari formaient aussi, une union indissoluble?.jusqu?à leur divorce qui est intervenu à la stupéfaction de tous, et de moi en particulier. Certes, je n?envisage pas la possibilité de divorcer. Dans mon esprit, divorcer a quelque chose de honteux. C?est la reconnaissance d?un échec. Or Pierre et moi, n?avons pas échoué. Loin de là. Il m?aime, je l?aime, nous avons un fils adorable. Que m?arrive?t-il aujourd?hui pour agiter des idées aussi saugrenues ?

Que je suis bête !! Je vais arrêter aujourd?hui, et quand je reprendrai, demain, tout ira beaucoup mieux, et je vais bien rire en relisant ce que j?ai écrit aujourd?hui.
LE 4 Avril

J?avais donc acheté cette fameuse coiffeuse, qu?entre parenthèse je trouve de plus en plus merveilleuse, et elle devait m?être livrée ce matin. Je pensais que ce sont deux livreurs qui viendraient. C?était bien le cas, mais parmi les deux, il y avait Alain. Même habillé en jeans, il a une classe folle ce mec !! Et du savoir vivre. Il n?a fait aucune remarque quand il est passé par la salle à manger et qu?il a vu ce buffet ridicule que depuis hier je ne peux plus supporter. J?en parlerai à Pierre.

Il s?est attardé plus que nécessaire dans notre chambre, et a simplement remarqué à haute voix, que nous avions deux glaces Louis XIV de toute beauté. J?en ai été toute heureuse. Non pas pour la valeur que ces glaces représentaient, mais parce que leur présence signifiaient que je n?étais pas dépourvue de goût.
Lorsqu?ils sont partis, j?étais embêtéééééée. Devais-je remettre une pièce à son employé ? La question s?est réglée d?elle même, car l?employé est monté dans le camion pendant qu?Alain discutait avec moi. Ouf !!!
- Madame Vernet me dit-il, si je peux me permettre de vous donner un conseil, s?il vous vient à l?idée, un jour, de changer l?un de vos meubles pour acquérir quelque chose de plus?.authentique, je vous conseille de songer à un buffet renaissance italienne.
J?en étais sûre : il n?avait pas aimé mon buffet. J?ai du bafouiller quelque chose comme, « j?y songerai, » ou « je vous donne raison », enfin, il est parti à son tour, et j?ai ressenti un grand vide.

C?est idiot. Ressentir un grand vide parce qu?un livreur ayant fini son travail est reparti. Je me demande si je tourne bien rond. Et j?aime mon mari.

Pourquoi ai-je écrit ça ? Evidemment j?aime mon mari ! Cela n?a jamais été mis en question, et n?a rien à voir avec un buffet renaissance italienne. Décidemment, je n?ai pas l?esprit très clair, et je me demande si je vais continuer à venir m?épancher sur ce carnet intime.


Le 10 Avril

Cela fait près d?une semaine que je ne suis pas venue me confier à ce carnet. Je ne savais pas trop quoi écrire, car mes idées étaient confuses.

Si je reprends la plume, ce n?est pas que les choses soient plus claires pour moi. Je ne comprends toujours pas ce qui m?est arrivé. J?étais très heureuse, entre mon mari et mon fils, ou plus exactement je ne me posais pas la question, c?était une évidence, nous formions une famille soudée et nous nagions dans le bonheur. Alors pourquoi cette question qui a fait irruption dans mes pensées. Suis-je heureuse ? J?avais pensé à une réponse : Alain. Or je ne sais toujours pas si cette réponse est valide.
Non. Je ne sais pas.

Mais ce que je sais, c?est que ce matin, en prenant notre petit déjeuner, j?ai dit à Pierre :
- Je ne sais pas si tu es de mon avis, chéri, mais je trouve que notre buffet de la salle à manger, fait ringard.
Il a levé les sourcils en me regardant.
- Ah, bon ? Je ne trouve pas. Il me semble très fonctionnel, et puis nous y sommes très habitués, nous pouvons tout de suite trouver ce que nous cherchons, les yeux fermés.
- Tu as raison. Nous y sommes très habitués, trop peut être, il ne faut pas se laisser guider par des habitudes.
- Si je comprends bien, Béatrice, tu voudrais changer, non pas pour une raison précise, mais simplement pour changer. Je ne crois pas que changer pour changer soit une attitude très rationnelle.
- Je ne t?ai pas parlé de changer pour changer, mais de changer parce qu?il est ringard.
- Ca veut dire quoi, ringard ? Il n?a pas changé, lui, depuis que nous l?avons acheté, et tu n?as jamais dit qu?il était ringard.
- Bien sûr qu?il n?a pas changé. Ce sont les modes qui changent, et actuellement la mode est à la renaissance italienne.
- Que tu veuilles suivre la mode pour tes robes, d?accord, à la rigueur, mais s?il faut suivre des modes pour les buffets, les tables et les poêles à frire, nous n?en sortirons jamais, je ne suis pas d?accord. Nous n?aurions pas les moyens pour suivre tous ces spécialistes du marketing.
- Bon. Ce n?est pas grave. Je t?en parlais comme ça?..
Notre conversation s?est arrêtée là. Et je ne suis pas fière de moi de l?avoir engagée. Car enfin, j?ai menti à Pierre, à mon mari chéri, pour pouvoir retourner chez Alain. Ce n?était pas très beau.


Le 13 Avril

J?avais pris la décision de ne plus écrire sur ce carnet, aussi longtemps que je n?aurais pas repris mon équilibre, que la normalité soit revenue dans mes pensées. Et puis??.

Dans l?après midi, je regardais un film d?ailleurs débile à la télévision, lorsque la sonnette d?entrée retentit. Je suis allée ouvrir. C?était Alain. Toujours très à l?aise, élégant, souriant qui me dit :
- Madame Vernet, excusez moi si je vous dérange, mais je voulais vous prévenir en priorité qu?un buffet renaissance italienne vient de rentrer en magasin. Sans que cela vous engage en quoi que ce soit, je vous invite à venir le voir. Votre jour et votre heure seront les miens.

Je ne savais que dire, et c?est finalement, sans me rendre compte de ce que je disais que je lui ai répondu
- Demain à 15 heures ?
- C?est parfait me répondit-il en me saluant. Il est parti sans prononcer un autre mot, et je suis restée bêtement immobile, sur le seuil de ma porte, au moins deux minutes.
Quand j?ai repris mes esprits, la voiture d?Alain tournait au coin de la rue, et je me demandais pourquoi j?avais pris ce rendez vous, presqu?à mon insu.

Je suis inquiète. Oui, inquiète. Pourquoi un homme que je ne connais finalement pas me fait autant d?effet ? Je me suis interrogée : « As-tu un coup de foudre ? » Et sincèrement je me suis répondu que non. J?aime un homme, et un seul, mon mari Pierre. Alors cet Alain ne serait il pas un gourou ou un truc comme ça qui m?aurait jeté un sort ?

Je ne veux pas agir dans le dos de Pierre. Ce soir, au cours du repas, je lui dirai que demain j?ai l?intention d?aller chez un antiquaire. Non, je ne parlerai pas de buffet renaissance italienne, et encore moins d?Alain, mais du moins, il saura où je vais. Pourquoi ce demi-mensonge, ou cette demi-vérité ? Peut être pour pouvoir revenir sur le sujet demain soir, et lui parler du buffet ? J?espère que non. Ce serait dégueulasse. Je ne m?aime pas beaucoup en ce moment, et tout cela à cause de ce bonhomme que je ne connais pratiquement pas.



14 Avril

Les choses se compliquent. Ou se simplifient. Je ne sais pas encore.
Cette après midi, à 15 heures, je suis entrée dans le magasin d?Alain. Il était là, toujours séduisant et correct. Je n?arrivais pas à déterminer si j?avais devant moi, un homme empressé auprès d?une femme, ou un excellent commercial, très professionnel, en présence d?une cliente. Quoiqu?il en soit, il m?a emmenée vers le fond de la boutique, où il avait installé le fameux buffet renaissance italienne, autour duquel il avait installé 4 ou 5 spots pour l?éclairer parfaitement.

Je l?ai regardé attentivement, et Alain ne m?a pas dit un mot, me laissant me faire une opinion en toute indépendance. J?avoue avoir été un peu déçue. Trop brillant, trop clinquant, je me demandais s?il n?avait pas été fabriqué dans le courant de l?année.
Au bout de quelques minutes il finit par me dire.
- C?est une très belle pièce et bien sûr son prix est assez élevé, mais j?ai une proposition à vous faire. Je vous donne ce buffet plus 20.000 euros et vous me donnez vos deux glaces qui sont dans votre chambre.
Vous faites une bonne affaire, et moi aussi, car j?ai un acheteur pour vos glaces, c?est un collectionneur qui m?en donnera un très bon prix, car il y des années qu?il en cherche.

Je ne savais plus que penser. Ou plus exactement, je commençais à me dire que ce monsieur était un antiquaire qui faisait des affaires et c?est tout. Et j?en étais vexée, c?est pour cela que j?ai écris que je ne savais plus que penser. Cette pensée qu?Alain n?était qu?un commerçant, ne me plaisait pas, mais alors pas du tout.


J?ai réussi à me reprendre en mains, et j?ai commencé par lui dire que son armoire ne me plaisait pas, et que pour tout dire, elle faisait « toc » . Devant mon affirmation j?ai cru qu?il allait mourir de stupéfaction, puis il se reprit lui aussi, pour me dire
- Ce buffet est authentique, et s?il fait un peu toc, cela je vous le concède, c?est que le vendeur a voulu trop bien faire. Il voulait tellement qu?il soit impeccable, qu?il y est allé un peu fort avec le vernis, mais je vais bien sûr, lui restituer sa patine normale.
- Je ne doute pas que vous puissiez modifier son apparence, mais par ailleurs, il est hors de question que je vous l?échange contre mes deux miroirs.
- Songez que je vous donne, outre le buffet, 20.000 euros. C?est tout de même une affaire que vous faites.
- Alors, c?est que je ne suis pas faite pour les affaires car c?est non. Merci monsieur d?avoir pensé à moi pour votre buffet. Je passerai de temps en temps pour voir vos nouveautés ??.anciennes.
Et je suis partie. Il n?a pas dit un mot pour me retenir. J?ai alors pensé que ce n?était pas un simple vendeur. Un vendeur ne m?aurait pas laissé partir sans tenter de me raccrocher. Evident, non ? Alors, serais-je pour lui, autre chose qu?une simple cliente ? Je ne sais plus?..



LE 31 Mai
Il y a un bon moment que je ne suis pas venue gribouiller sur mon carnet. C?est encore parce que je ne savais quoi écrire. Il ne se passait rien Mais maintenant, si !! J?ai matière à écrire.
Nous avons eu, parfois, quelques accrochages bénins avec Pierre. Comme dans tous les couples, et c?était sans conséquence. Hier, ce fut plus sérieux. Beaucoup plus sérieux. Je voulais faire installer une balançoire dans le jardin pour Luc.
Pierre m?a dit sèchement qu?il n?en était pas question. Quand je lui en ai demandé la raison, il m?a répondu que cela serait moche dans SON jardin.
J?ai pris la mouche et lui ai dit que ce jardin était aussi bien à moi qu?à lui, et il m?a dit textuellement :
- Mets toi dans la tête, une fois pour toute, que c?est moi, le chef de famille, et je ne veux pas de balançoire dans le jardin. C?est tout !
- Mon pauvre Pierre tu as un siècle de retard. Le pater familias ou le chef de famille du code napoléonien, c?est fini, il y a quelque temps déjà. Je n?accepte pas que tu t?abrites derrière des principes démodés. Je suis ton égale.
- Mon égale, mon égale, c?est vite dit. Comparons nos salaires, veux- tu ?
- Tu n?as pas tort. Je ne gagne rien pour tout le travail que j?effectue à la maison. Nous allons changer ça !
- Arrête de m?empoisonner l?existence avec des bêtises. J?ai du travail sérieux à faire, moi.
Et il est parti à son bureau.
Moi, je suis allé au mien, où je travaille à mi-temps et je me suis précipitée dans le bureau de la patronne, qui est aussi une amie.
- Serait-il possible que je prenne un mois de vacances pendant tout Juin ?
- En général, tu prends des morceaux pour les sports d?hiver à Noel, aux vacances de Pâques et le reste en été. Si tu prends tout d?un coup, il ne te restera rien.
Je ne pouvais lui dire qu?en fait de sports d?hiver dont je lui parlais, il s?agissait en fait, en grande partie, de séjours rasoirs chez les parents de Pierre. Ce n?était pas le moment des aveux, et je lui répondis :
- Je m?en fiche ! Il faut que je parte !
- Ecoute, si tu le veux, tu peux prendre un mois sabbatique non payé, et, comme ça, tu pourras garder toutes tes vacances. De plus, je ne te le cache pas ça m?arrangerait, parce que les affaires sont molles en ce moment, et c?est un euphémisme.
- OK pour un mois sabbatique. Merci. Du 1er au 30 juin ?


Et voilà. J?ai un peu d?argent de côté, et je vais partir, je ne sais pas encore où, mais je vais partir avec mon fils, et Pierre n?aura qu?à se débrouiller tout seul.

Hier soir, quand Pierre est entré, il semblait avoir oublié notre algarade. Il est venu m?embrasser, j?ai détourné la tête, pour esquiver son baiser, et lui ai dit : il faut que nous parlions. Il a eu l?air surpris, puis s?est souvenu de la conversation du matin. Il a repris son air froid et têtu.
- Inutile de revenir sur notre discussion de ce matin. Pour l?installation de la balançoire, c?est non.
- Puis-je placer un mot ? Il n?est pas question de ça. Je pars tout le mois de Juin avec Luc.
- Tout le mois de juin ? Avec Luc ? et où pensais-tu aller ?
- Cela ne te regarde pas. Nous partons demain.
Il est resté un moment muet, en me regardant comme une bête curieuse. Puis il a fini par dire, toujours avec son air sérieux et froid.
- Si tu veux partir, fais-le, mais il n?est pas question que tu emmènes Luc. Je m?y oppose formellement.
Cette fois, c?est moi qui suis restée interdite. Depuis que j?avais pris la décision d?aller m?aérer quelques jours, je n?avais pas envisagé une seule seconde que ce serait sans emmener Luc. C?était d?une telle évidence !!
Je suis donc restée figée sans doute un long moment, car c?est Pierre qui a repris.
- Je te préviens, si tu emmènes Luc hors du foyer conjugal, je n?hésiterais pas une seconde : Je déposerais plainte contre toi pour enlèvement d?enfant.
Ainsi nous en étions déjà là ? Je ne m?étais pas rendue compte que les choses étaient si graves. Je pensais qu?il s?agissait d?une crise passagère mais qui se réglerait forcément avec le temps, car je n?ai pas cessé d?aimer mon mari, et il parle de déposer une plainte contre moi, si j?emmenais mon fils en vacances durant quelques jours !!! J?ai senti la rage monter en moi ;
- Ainsi tu envisages de déposer une plainte contre moi, ta femme, si j?emmène mon fils durant quelques jours ? Tu es fou ? Ou alors tu saisis cette occasion pour divorcer. C?est ça, hein ? Tu veux divorcer ? Tu as rencontré une autre femme ? As-tu le courage de l?avouer ? Je t?écoute !
- C?est toi qui es folle. Je n?ai pas parlé de divorce. J?ai dit, et je répète que je m?oppose à ce que tu partes avec Luc. C?est tout. Car enfin, je suis le chef de famille et tu prétends m?imposer tes décisions ? Cela, je ne l?accepterai jamais !
J?étais folle furieuse, et en sortant de la pièce, je lui ai jeté ;
- Soit. Je partirai seule. Tu te débrouilleras avec ton fils.
A vrai dire, cela ne lui poserait pas de gros problèmes car nous avons une femme de ménage-nounou qui vient à mi- temps. Il se débrouillera pour la faire venir plus longtemps, voilà tout !.
Je suis allée chercher deux valises, et j?ai commencé à les remplir. Ce n?était pas facile, car je ne voyais plus très bien à travers mes larmes.
Ce matin, je suis allée travailler, et à midi, je ne suis pas rentrée à la maison. J?ai acheté un sandwich, et je suis allée faire quelques courses. Je me suis trouvée un moment devant le magasin d?Alain. Par hasard, je jure que c?était par hasard. Derrière sa vitrine, il m?a aperçue, et m?a fait un grand signe du bras, auquel j?ai répondu, puis, après avoir dépassé son magasin, j?ai fait demi-tour pour y entrer.
Alain n?avait pas bougé depuis mon passage et quand il me vit entrer, il eut son sourire charmeur.

- Je suis heureux que vous ayez quelques instants à me consacrer. Voulez vous voir quelque chose de spécial, ou est-ce une visite d?amitié ?
- C?est une visite d?amitié?..avant de m?absenter pendant un mois.
- Vous partez en vacances ? Dans quel coin allez-vous ?
- Aucune idée. Je pars, c?est tout ;
J?avais toutes les peines du monde à retenir mes larmes, et Alain était trop fin pour ne pas s?en apercevoir.
- Madame Vernet?.Ou plutôt, Béatrice, puisque vous me faites une visite d?amitié, je vois bien que vous avez quelques problèmes. Si je puis vous aider à les surmonter, n?hésitez pas à m?en parler. Je serais tellement heureux de pouvoir être pour vous autre chose qu?un antiquaire.
Je ne savais pas pourquoi j?étais là. Il n?y avait aucune préméditation de ma part, pourtant je me sentais apaisée d?avoir cet homme à mes côtés, cet homme dont je ne savais absolument rien, mais dont l?effet était sur moi, lénifiant.
- Oui, Alain, j?ai des problèmes. J?aime toujours mon mari, pourtant, je vais partir demain matin, seule, pendant un mois.
- Sans doute une petite brouille passagère. Et vous ne savez vraiment pas où vous allez ?
- Non. Je vais décider au dernier moment, à la gare. Je le ferai peut être à pile ou face, ai-je ajouté en essayant de sourire.
Après un court silence, il reprit :
- Ne bondissez pas en entendant ma proposition. Je vous la fais sur un plan purement amical.
Moi aussi, j?ai besoin d?aller prendre l?air. Je n?ai pas pris de vacances depuis deux ans, alors voilà ce que je vous propose. Nous partons demain matin avec ma voiture, pour la destination que vous choisirez, au besoin à pile ou face, ajouta ?t-il, et nous partirons en amis, en simples amis. Bien sûr nous prendrons deux chambres dans les hôtels où nous descendrons, et nous ferons du tourisme, sans arrière pensée, avec le seul souci, vous et moi de refaire nos forces et de passer d?agréables moments dans la sérénité.

Cela peut paraitre bizarre, mais je n?ai pas été surprise par cette proposition qui aurait dû me faire bondir sous l?outrage. En tous cas, il me semble que j?aurais du être outragée d?être considérée comme une femme légère, car cette offre était cousue de fil blanc. Sous une belle enveloppe, il me proposait de devenir sa maîtresse.
Et pourtant non. Cette proposition, je l?avoue, m?a semblée normale. C?est même un peu comme si j?étais entrée dans la boutique, uniquement pour l?entendre. Quelle femme étais-je devenue ? Je ne me reconnaissais plus. J?avais l?impression depuis quelque temps d?avancer dans la vie à tâtons, oui, c?est ça, je ne voyais pas clair devant moi, et c?était un peu au hasard, ou plus exactement au feeling que je me dirigeais.
Finalement, ma seule certitude était mon amour pour mon fils. Le reste??.Même au sujet de mon mari, je ne savais plus si je l?aimais vraiment ou s?il était une habitude commode.
Toutes ces pensées ont traversé mon esprit à la vitesse d?un éclair, et Alain se trouvait devant moi, attendant ma réponse.
- Vous ne viendrez pas me chercher chez moi, je ne viendrai pas ici. Rencontrons-nous à la gare, demain matin à 9 heures.
Je me suis sentie rougir en fixant ce rendez vous et après avoir dit « A demain », je suis sortie de la boutique, pendant qu?Alain, qui n?avait plus prononcé un mot me regardait partir, un beau sourire aux lèvres.



Le 1ER juin


Hier, après avoir quitté Alain, la soirée a été très désagréable à la maison. Il y avait ma grande tristesse de quitter mon fils. C?était la première fois, pour une aussi longue période. Un mois, cela va être long. Mais je n?ai pas eu trop de temps pour m?appesantir sur la tristesse de cette séparation, car Pierre était là, et il était difficile de ne pas le voir avec son visage fermé, ses yeux durs, sa voix sèche, plus haute que d?habitude, et qu?il n?utilisait que pour « des motifs de service » c'est-à-dire, avoir du pain, ou la carafe d?eau. La froideur de ce repas était tellement intenable, que j?ai servi le dessert, et sans me servir moi même, je me suis levée en disant simplement : « J?ai à faire ».
En fait mes valises étaient prêtes, et je voulais vite me déshabiller, me coucher, et faire semblant de dormir quand Pierre rentrerait dans la chambre.
De fait, je n?ai pas eu à faire semblant de dormir. Je pense que mon mari est monté très tard dans la chambre, et je ne l?ai pas entendu arriver.
Le matin, il fut plus difficile de s?éviter. Comme chaque jour, Pierre ouvrit les volets, et je constatais que la journée s?annonçait magnifique. En arrivant dans la cuisine, je vis, sans surprise, que comme d?habitude également, Pierre avait préparé mon petit déjeuner. J?ai fait trainer pour avoir une contenance, et il y avait bien longtemps que je n?avais fait un petit déjeuner aussi copieux.

Au moment de partir, son attaché case à la main, Pierre me regarda longuement, sans prononcer un mot et sortit. J?avais l?impression qu?un poids d?une tonne avait été enlevé de ma poitrine, c?est en chantonnant, que je suis allée faire ma toilette et que je me suis habillée. J?étais prête une demi-heure avant l?heure prévue pour mon départ de la maison, et je l?ai consacrée à Luc. Je l?ai gardé dans mes bras, je lui ai parlé, parlé, je ne sais plus très bien de quoi. Je me souviens lui avoir expliqué que je devais partir pour quelques jours, et qu?il fallait qu?il soit très gentil avec son papa et la nounou.
Il était très étonné par mon attitude inhabituelle et ne cessait de me demander :
« Où tu vas, maman, où tu vas maman ? »
J?ai fini par lui dire que je partais pour mon travail ; mais que je penserais à lui tous les jours. « Tu me téléphoneras maman ? » Là, j?étais prise au piège, car en téléphonant, c?est Pierre que j?aurais au téléphone, alors, un mensonge de plus ou de moins, je n?étais plus à cela près, et je lui ai dit, qu?évidemment je lui téléphonerai.
Voilà. Je suis à Avignon, dans une chambre d?hôtel. Je viens me réfugier près de mon carnet, qui contient ce qu?il y a de plus vrai en moi.
Il est 22 heures. Je pense à mon fils. Beaucoup. Il me manque. Je pense un peu à Pierre mais lui, ne me manque pas, pour l?instant. Puisque j?avais décidé d?écrire toute ma vérité, ou du moins, toute ma vérité consciente, je dois dire que cette journée a été formidable. Je n?ai pas eu une seconde d?ennui ou de regret. Alain est un compagnon de voyage hors de pair.

Nous nous sommes retrouvés à la gare, à l?heure prévue. Comme toujours, il était très élégant et m?a demande si j?avais réfléchi à la direction que je voulais prendre. Sur ma réponse négative, il m?a proposé dans un premier temps d?aller à Avignon. C?est une très jolie ville qu?il connait un peu ainsi que ses environs. Comme je n?avais aucune idée précise, d?accord pour Avignon.
Nous avons déjeuné ici, et après nous être installés chacun dans notre chambre, et avoir fait un brin de toilette, il m?a proposé d?aller voir la fontaine du Vaucluse. Cette source, la plus puissante de France, et la cinquième du monde qui jaillit au pied d?une falaise de plus de 200 mètres de haut, ne m?a pourtant pas parue spectaculaire, jusqu?à ce qu? Alain m?explique que sous cette petite surface d?eau, c?était un gigantesque gouffre qui s?enfonçait sous terre.
Il n?était pas nécessaire d?être très lettré pour savoir que Pétrarque et Laure y avaient séjournés, car leurs noms étaient partout, sur des enseignes diverses. Nous avions de plus la chance de bénéficier d?un temps magnifique, et d?un mistral présent mais qui avait su se montrer assez discret. Nous avons beaucoup parlé, et si, certes, je ne connaissais pas toute la vie d?Alain, je savais qu?il avait eu une jeunesse très heureuse jusqu?à la mort de sa mère, alors qu?il avait 15 ans. Son père s?était remarié 3 ans plus tard et l?ambiance entre Alain et sa belle mère n?était pas trop mauvaise quoique leurs rencontres soient très épisodiques.
Alain ne s?était jamais marié, mais il a eu une longue liaison de 11 ans avec une femme d?affaires, très jolie selon les photos qu?il m?a fait voir, et qui, très ambitieuse était partie faire fortune aux Etats Unis, sans avoir donné une seule fois de ses nouvelles. Elle avait tourné la page il y a trois ans, et ne revenait jamais en arrière. Alain en avait souffert pendant quelques mois, mais « pas au-delà du raisonnable » selon son expression.
Notre journée a donc été merveilleuse. Ce qui est formidable avec Alain- formidable, et un peu décevant, pourquoi le cacher- c?est que pas une seule fois, il n?a eu envers moi un geste déplacé. J?ai dit décevant. Non pas que je regrette qu?il ne se soit rien passé entre nous. Non, surtout pas. Je n?y vois pas encore assez clair dans mes rapports avec mon mari, mais j?aurais aimé avoir eu l?occasion de remettre Alain à sa place par un ;
« Allons, Alain !! Nous avons dit : entre amis. Il faut s?en tenir là ».
Oui, cela m?aurait fait plaisir d?avoir à prononcer ces quelques mots, mais il a été irréprochable. Je ne dis pas que c?est vexant, mais presque.
Je tombe de sommeil. Je vais arrêter là. Avant de m?endormir ma dernière pensée sera pour mon petit Luc. C?est en tous cas, ce que j?espère.









Le 2 Juin.


Je pars d?un principe ; je ne sais pas ce qu?il vaut ce principe, mais je crois qu?il n?est pas ridicule. Je pense que lorsque l?on passe de nombreuses heures avec une personne, elle pourra jouer la comédie et s?efforcera de paraitre ce qu?elle n?est pas,?..mais pas au delà de disons?.10 heures. Et nous avons passés plus de dix heures ensemble, Alain et moi. J?en conclus que c?est le vrai Alain que je connais. Il est bourré de qualités ce type là. Jusqu?à me donner des complexes. Je cherche, sans trouver, ce que je pourrais lui reprocher. Il est cultivé mais ne cherche pas à l?étaler. Il comprend et pardonne beaucoup des faiblesses humaines. Il ne tente pas de faire croire qu?il sait, quand il ne sait pas. Il avoue ses lacunes sans excès d?humilité. Il est naturel.
Je viens de me prendre en flagrant délit d?intérêt pour Alain. Je prends la plume, normalement pour décrire ma journée, et je ne parle que d?Alain. Pourtant nous en avons vu de belles choses dans la journée. Nous sommes allés à Fontvieille, voir le moulin de Daudet. Bien sûr, si l?on va au fond des choses, ce n?est pas le vrai moulin de Daudet, et? Il n?était même pas à lui?? Mais le paysage, lui, est bien là, et l?on imagine facilement les petits lapins courant sur la colline et se nourrissant de thym et de serpolet.
Nous sommes allés également voir l?abbaye de Sénanque dans une vallée tellement encaissée que l?on n?y voit pas très longtemps le soleil dans la journée, même en été. Il fallait vraiment être maso pour construire l?abbaye dans cet endroit.
Je parlais tout à l?heure, en commençant le compte rendu du jour, d?un principe. J?en ai un autre. Je suis décidemment une femme à principes?.Ce qui ne manque pas de saveur quand on pense que je suis partie en balade pour un mois avec un homme que je ne connaissais pas. Enfin, c?est pour dire, puisqu?il ne s?est rien passé.
J?ai donc un autre principe, qui vient contrecarrer le premier. Par définition, un homme parfait n?existe pas. Or, je ne trouve pas de défaut à Alain. C?est donc que je ne le connais pas. Mais je finirai bien par les dénicher ces défauts. Et alors, aïe, aïe, aïe !! Qu?est ce que je vais trouver ?
Et lui ? Il m?en a trouvé des défauts ? Il va avoir du mal. Je n?en ai pas tellement. En tous cas, si je ne les vois pas, Pierre les a vus lui. Je préfère penser qu?il a cru les voir, mais qu?il se trompe. C?est vrai, ça ! Que peut-on me reprocher ? Une chose est certaine, Alain ne me reproche rien. Du moins pour le moment. Enfin il ne m?a rien laissé voir, son attitude envers moi n?a pas changée.
Demain, nous restons à Avignon. Nous découvrirons les beautés de la ville. Le pont Saint Bénezet, le Palais des papes, le rocher des Doms, les Remparts.



Le 15 Juin

Cela fait presque deux semaines que je n?ai plus écrit sur mon cher carnet, mon confident. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je n?en ai pas éprouvé le besoin. Pourtant sur le plan touristique, j?en aurais eu des choses à raconter. Nous sommes restés 4 jours à Avignon, et nous sommes allés aux Baux de Provence, dans diverses abbayes, nous avons fait un pique nique au bord du Rhône. Puis, Alain m?a proposé d?aller sur la côte d?azur. Il commençait à y avoir pas mal de monde, et après être restés 2 jours à Sainte Maxime, puis trois jours à Saint Raphael, d?un commun accord, nous avons quitté ces endroits surpeuplés pour retrouver une nature plus calme, moins artificielle.
Nous sommes allés au nord d?Avignon dans un petit village qui s?appelle Suze la Rousse. Là, plutôt que d?aller à l?hôtel, nous sommes descendus dans un gite rural. Je dois dire que j?ai un peu hésité avant d?adopter cette solution. Quand nous étions à l?hôtel, chacun avait sa chambre, nous étions indépendants, et ce sont deux copains qui faisaient du tourisme dans la journée. Là, c?est un peu différent. Nous vivons sous le même toit, et même si nous avons pris la précaution de prendre un gite avec deux chambres indépendantes, nous ne sommes que deux, nous faisons les courses ensemble, je fais les repas pour deux, nous vivons presque comme un ménage.


Le premier matin dans le gite, nous nous sommes rencontrés dans la cuisine. Alain est venu vers moi, a posé ses mains sur mes épaules, naturellement, comme s?il allait me faire une bise, puis il se reprit, et me tendit la main comme il le faisait chaque matin dans les hôtels.
- Excusez moi, Béatrice, il est évident que nous sommes dans un cadre familial, et je me suis laissé aller, dans l?ambiance?.Avez vous bien dormi ?
Et notre journée s?est déroulée d?une façon habituelle. Alain ne se départit jamais de son rôle de simple compagnon de voyage, et je commence à me demander sérieusement si je suis si moche ou si bête que ça, pour ne pas inspirer le moindre élan vers moi.
Mais que ferais-je, s?il tentait de me faire la cour ? Honnêtement ? Oui, Honnêtement !! Hé bien honnêtement, je n?en sais rien. Bien sûr, Alain est un homme attirant, et son sourire me fait souvent craquer, mais je suis mariée, mère de famille. Je reconnais que les arguments que j?oppose à mon attraction vers lui sont assez peu convaincants. Car, après tout, ce ne sont pas des sentiments que j?oppose à des sentiments, ce sont des conventions sociales. Je suis mariée parce qu?un monsieur avec une écharpe tricolore a entériné ce que nous demandions, il y a longtemps d?ailleurs, mais à la réflexion, c?est idiot : comment s?engager pour l?avenir, alors que l?on ne sait pas ce qu?il va apporter. Voilà que je deviens libertaire, anarchiste, maintenant. Je ne tourne plus rond. Il faut avouer que la drôle de situation dans laquelle je me trouve, ne m?aide pas à raisonner d?une façon naturelle.
Cela fait plus de deux semaines que je suis partie de chez moi. Mon fils me manque, me manque énormément, et je ne sais pas si je vais tenir encore 15 jours. Bien sûr, je n?ai pas téléphoné, et il m?arrive d?avoir des peurs, des sueurs froides : S?il arrivait quelque chose à Luc, personne ne pourrait me prévenir, et je me sentirais responsable jusqu?à la fin de ma vie.
D?un autre côté, je ne vais pas me mentir. J?apprécie toujours cette escapade (ce mot me convient bien, il m?arrange, car il rend anodin ce qui pourrait avoir de graves conséquences), donc cette escapade avec un compagnon sympathique, cultivé, respectueux (un peu trop peut être ?) ne manque pas de charme.
Nous avons sillonné toute la région. Nous sommes allés à Nyons, capitale de l?olive, à Dieulefit (la cité de la poterie), à Montélimar, la patrie du nougat. Heureusement qu?Alain a une grande voiture, car il n?y aura bientôt plus de place pour caser tous nos achats.



LE 24 JUIN

Ce matin, j?étais déjà dans la cuisine pour préparer nos petits déjeuners, quand Alain est arrivé. Il m?a serré la main comme d?habitude, et j?ai remarqué qu?il était pâle, et avait les traits tirés.
- Ca ne va pas Alain ?
- Il y a un problème, Béatrice.
Je me suis senti aussitôt fondre de frayeur, prévoyant un tas d?accidents qui auraient pu survenir à Luc.
- Il est arrivé quelque chose à Luc ?
- Non, non, je ne pense pas. Luc n?est pas en cause !
- Alors ?
Il m?expliqua. J?avais personnellement coupé tous liens avec ma famille, mais Alain avait l?obligation professionnelle de rester en contact avec son adjoint qui assurait la marche du magasin en son absence. Cet adjoint, Jacques avait eu dans l?après midi d?hier la visite de Pierre. Mon mari constatant que je ne donnais aucune nouvelle, fit une enquête, pensant que je n?étais peut être pas partie seule.
Il s?était souvenu de mes contacts avec un antiquaire, et avait retrouvé la facture concernant ma coiffeuse. Il avait appris que le propriétaire du magasin d?antiquités était parti en vacances le même jour que celui du début de mon escapade. Il est donc venu voir Jacques, et a exigé qu?il lui donne le lieu où nous nous trouvons. Jacques a formellement refusé. Pierre lui a dit alors qu?il reviendrait le lendemain (c'est-à-dire aujourd?hui) à 11 heures et qu?entre temps il devait me faire savoir que si je ne rentrais pas à la maison sous 48 heures, il introduirait une action en divorce, et commencerait à faire constater par huissier mon absence du domicile conjugal.

Cela va paraitre ridicule, mais je n?avais pas vraiment réalisé jusqu?à aujourd?hui que ma conduite pouvait avoir des conséquences aussi terribles. J?étais bien, je faisais du tourisme avec un homme charmant, et je ne faisais rien de mal, puisque je ne trompais pas mon mari. Alors ?
La situation se présentait sous un jour tout nouveau. En m?analysant, je suis arrivée à la conclusion que ce n?était pas le divorce qui me terrifiait. C?était que je perde la garde de mon fils. Je pouvais faire confiance à Pierre. Il saurait parfaitement faire ressortir devant un tribunal, qu?une mère qui part avec un autre homme, sans même prendre des nouvelles de son fils, ne méritait pas d?avoir la garde de son enfant.
Je me sentais, seule, malheureuse, fautive, et ce que trois semaines n?avaient pu faire, se réalisa en quelques instants. Je tombais dans les bras d?Alain, pleurant à chaudes larmes et ne sachant que répéter : « Mon fils ! Je ne veux pas perdre mon fils, que dois-je faire ? Je ne veux pas perdre mon fils ?.»
- Venez Béatrice, nous allons nous installer dans le salon, et nous allons réfléchir à tout cela.
Nous avons abandonné notre petit déjeuner pour aller dans le salon. Ce mot de salon est un peu trop luxueux, car il s?agit d?une petite pièce comprenant une banquette, certainement la moins chère du marché, deux fauteuils en toile et une table basse.
Nous nous sommes installés dans les fauteuils, et comme je ne savais que dire : Je ne veux pas perdre mon fils ! Je suis dans un trou noir, je ne veux pas perdre mon fils, c?est Alain qui prit la parole :
- Calmez-vous Béatrice. Nous allons essayer d?y voir un peu plus clair. Je vais tout d?abord vous faire un aveu, puis je vous demanderai de le laisser de côté pour l?instant.
Je vous aime Béatrice. Si vous vous posiez la question, ce sera au moins un point qui sera éclairci. Mais je ne veux avoir en vue que votre situation personnelle, essayer d?imaginer comment en sortir le moins mal possible.
Voyons quelle heure est-il demanda-t-il en regardant sa montre. 8 heures 30. Jacques m?a dit qu?il ne me téléphonerait que lorsque votre mari sera à la boutique. Nous avons donc deux heures et demie pour réfléchir et prendre des décisions.
Pour vous, je l?ai bien compris, le problème primordial est votre fils. Vous avez peur de perdre la garde de votre enfant. Pour éviter ce qui serait un déchirement pour vous, il y a une solution et il n?y en a qu?une seule. Il faut rentrer chez vous.
Je vous propose donc de régler nos problèmes de location de ce gite rural, et nous partirons demain de très bonne heure, pour arriver chez vous vers midi.
Il faut maintenant prévoir l?attitude que vous devrez adopter vis-à-vis de votre mari. Le conseil que je vais vous donner me coûte énormément, mais, je vous l?ai dit, je n?ai en vue que vos propres intérêts.
Il faudra donc que vous rentriez chez vous en femme repentante, et vous devrez faire tous vos efforts pour reconquérir votre mari. Pourquoi ? Parce que vous ignorez ce que votre mari a fait, ou pourra encore faire jusqu?à votre arrivée, demain à midi. S?il a pris des dispositions pour faire établir votre abandon de foyer, il ne faut pas lui donner l?occasion de s?en servir.

- Vous dites que vous m?aimez et vous me conseillez de reconquérir mon mari ? Mais, Alain, vous me demandez l?impossible. Moi aussi je vous aime, vous êtes un homme merveilleux, et je ne pourrais pas jouer la comédie et me montrer amoureuse de Pierre.
- Merci pour votre aveu, Béatrice qui me remplit de bonheur, mais réfléchissez : Il n?y a pas d?autre solution. Vous ne savez pas quelles sont les cartes qu?il à en mains. Il ne faut pas courir le risque qu?il vous fasse enlever la garde de votre enfant. Non, Béatrice, je ne suis pas aussi merveilleux que vous ne le pensez, car j?ai la certitude que si vous n?avez plus la garde de votre enfant, jamais, jamais, vous ne pourriez être heureuse avec moi. C?est pourquoi je vous conseille la patience. Il faut, je le répète que votre mari, même s?il n?en a pas le désir maintenant, puisse après votre retour, penser qu?une vie commune est encore possible, et que pour cela, il ne doit pas vous occasionner des ennuis.
- Mais Alain, et nous ? Je ne pourrais pas dire à Pierre que je l?aime, alors que c?est avec vous que j?aimerais vivre.
- XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
- Pourtant, il faudra qu?il le croie. Une chose est très importante : Il faut le persuader, ce qui est d?ailleurs la vérité, qu?il ne s?est rien passé entre nous. Fort heureusement, j?ai conservé toutes nos factures d?hôtel, et vous pourrez prouver que chaque fois nous avons pris deux chambres séparées. Bien sûr pour ce gîte rural, ce sera plus difficile à prouver, mais je demanderai au propriétaire de bien spécifier dans sa facture qu?il s?agit d?un gîte comprenant deux chambres indépendantes.
- Alain, Alain, Vous êtes bon, vous êtes fort, vous êtes intelligent, je vous aime, et je veux être à vous avant de rentrer chez moi.
- Ma chérie (c?est la seule privauté que je puisse me permettre), nous ne pouvons pas être l?un à l?autre, et vous allez comprendre pourquoi. Si votre mari, malgré tous nos espoirs, demande un divorce avec la garde exclusive de votre enfant, vous allez vous trouver devant un tribunal. Vous serez appelée à prêter serment. S?il ne s?est rien passé entre nous, c?est en toute quiétude, en toute tranquillité d?esprit, que vous pourrez faire le serment que durant notre voyage, nous n?avons été que deux compagnons faisant du tourisme, et que vous n?avez jamais été infidèle à votre mari.
- Vous avez raison. Je suis folle, heureusement que vous êtes là, mais vous ne m?empêcherez pas de vous dire que je vous aime et vous aimerai toujours
- Loin de moi le désir de vous empêcher de me dire votre amour?..à condition que cela reste entre nous. C?est au nom de notre amour que je vous le dis : Soyez gentille avec votre mari, jusqu?à ce que vous sachiez les documents qu?il possède. S?il n?a rien fait pour établir votre abandon de foyer, alors, Béatrice, nous reverrons le problème sous un jour nouveau.
Alain a raison. Alain a toujours raison. Je vais donc essayer, comme il me le demande, de revenir en femme soumise, consciente de sa faute, quoique n?ayant pas commis l?irréparable, et qui sollicitera son pardon.
J?ai commis une folie, inconsciemment, mais sans désir pervers, voilà ce que doit être ma position.
Comme prévu, Jacques a téléphoné à Alain, et Pierre a exigé que je vienne au téléphone. J?ai commencé par lui dire, effectivement, que je ne m?étais pas rendue compte de la gravité de mon acte, que mon voyage avec Alain s?était déroulé « en copains », que bien sûr, il ne s?était rien passé entre nous, et que d?ailleurs, nous avions toujours fait chambres à part, comme je pourrais le prouver, si nécessaire.
Il m?a semblé qu?à la fin de notre communication, Pierre était un peu moins agressif, et soulagé par ma décision de rentrer dès demain. Mais je suis impatiente de revenir vers ce carnet demain soir, car il me semble que le plus difficile sera fait.

Il est onze heures du soir, je vais essayer de dormir vite, car nous partons demain de très bonne heure.


LE 25 JUIN
Quelle journée !! Le voyage de retour s?est effectué dans une ambiance morose. Je me faisais un mauvais sang d?encre en pensant à mon premier contact avec Pierre. Qu?allait-il avoir comme attitude, et quels seront les premiers mots qu?il va prononcer ? Allons nous nous embrasser, nous serrer la main, ou restera-t-il froid et distant ?
Alain se doutait bien de mes préoccupations et avec son tact habituel, il ne m?a pas tarabustée, il n?a pas essayé à tout prix d?essayer de me faire rire. Il est parfait mon Alain. Oui, mon Alain, car sur ce point en tous cas, je vois très clair en moi. L?élan qui me porte vers Alain est d?une autre nature, d?une autre puissance que celle que j?avais connue lors de nos débuts avec Pierre. En tous cas, c?est mon intime conviction actuelle.
Alain a arrêté sa voiture à une centaine de mètres de ma maison. Je n?ai pris que mes deux valises. Il n?était pas question que je prenne tous les achats que j?avais effectués : Il aurait fallu que je fasse plusieurs voyages. Alain m?a dit qu?il allait ranger tout cela chez lui, et que nous réglerions tout ça plus tard. Il a été entendu que je lui téléphonerai demain dans la journée, quand je serai certaine de ne pouvoir être entendue par Pierre.
Lourdement chargée par mes deux valises, j?ai ouvert le portail et traversé le jardin. Soudain, la porte d?entrée s?est ouverte, et Luc, descendant les escaliers avec toute la vitesse que lui permettaient ses petites jambes, s?est précipité sur moi, en criant maman ! Maman, maman ! J?ai posé mes valises et reçu mon fils dans mes bras. Ce fut un instant d?intense bonheur. Je mesurais exactement le profond attachement de Luc pour moi, et je fus certaine que jamais, Pierre ne pourrait me l?enlever.
En entendant crier son fils, Pierre vint vers moi. Il avait une expression sévère, et une barre verticale sur son front, juste au dessus du nez, que je connaissais bien. C?était la marque d?une colère contenue. J?ai profité au maximum des embrassades de mon fils, pour retarder le moment où Pierre et moi allions être face à face. Mais il a bien fallu que ce moment arrive.
- Je ne puis croire que tu ne te sois pas rendue compte de la gravité de tes actes. La conclusion s?impose. Tu étais consciente, en partant avec lui. Tu es donc une épouse et une mère indignes.
Contrairement à mes craintes, j?étais parfaitement maitresse de moi, et c?est, je crois, assez calmement que je lui ai répondu
- Tu ne crois pas que tu dramatises tout ? Nous nous étions disputés, j?ai eu besoin de prendre l?air. C?est tout à fait par hasard que Monsieur Grange l?antiquaire qui n?avait pas pris de vacances depuis longtemps avait décidé de partir quelques jours. Je passais devant chez lui pour aller à la gare, il m?a vue, est sorti pour échanger quelques mots avec moi, et nous avons décidé de partir en copains. Je dis bien, c?est EN COPAINS, que nous sommes allés faire du tourisme. Bien entendu, il ne s?est rien passé entre nous. Contrairement à ce que tu as dit, je ne suis ni une épouse, ni une mère indigne. Partout où nous sommes allés, nous prenions deux chambres indépendantes. Si tu le désires, bien que cette exigence serait ridicule, je pourrais te jurer que je ne t?ai pas été infidèle. Si tu ne me crois pas, que veux tu que je te dise de plus ? Tu aurais tort, et c?est tout !!
-
- C?est ça !! C?est la meilleure !!! Tu pars pendant un mois, sans donner signe de vie, accompagnée d?un autre homme, et c?est moi qui ai tort ? Tu ne trouves pas que tu pousses le bouchon un peu loin ?
- C?est toi, qui crois que j?ai lancé le bouchon très loin, alors que je n?ai rien fait d?extraordinaire. En tous cas, si pour toi, mon attitude a été incompréhensible, et si cela peut te faire plaisir je veux bien te présenter mes excuses, mais vraiment?..il n?y a pas de quoi fouetter un chat.
J?ai repris mes valises, suis entrée dans la maison pour les poser dans le hall d?entrée. Luc restait accroché à mon jean, et je mesurais pleinement à cet instant combien j?avais du lui manquer. Je me suis rendue dans la salle de bains pour me laver les mains, toujours crochetée par Luc. Je le pris dans mes bras et nous sommes allés dans la salle à manger.
La table était mise, Pierre était déjà assis, je suis allée poser Luc sur sa chaise haute et me suis installée à ma place.
Comme Luc ne cessait de me bombarder de questions : « Où tu étais maman ? Qu?est ce que tu m?as rapporté, pourquoi tu es partie longtemps etc, etc » son père le fit taire sèchement par un : « Tais-toi Luc !! Mange et tais toi, j?ai à parler avec ta maman. Le gosse effrayé par la voix furieuse de son père fit sa moue qui normalement précède ses pleurs, mais il sut s?arrêter à temps, et ne dit plus un seul mot.
- Tu penses bien, Béatrice que tu as des explications à me fournir ?
- Mais je te les ai données les explications. Que veux tu que je te dise de plus ?
- Je ne peux croire que tu es partie, comme ça, avec un inconnu, sans avoir préparé ton coup à l?avance.
- Quel coup ? Il n?y avait rien de préparé à l?avance je te le jure?
- Tu jures bien facilement. Tu crois me convaincre avec ces serments à la noix ? Depuis quand connais-tu cet homme ?
- J?ai du le connaitre le jour où j?ai acheté ma coiffeuse. Tu vois, cela ne remonte pas très loin.
- Et vous avez eu le coup de foudre ?
- Mais enfin, qui te parle de coup de foudre ?
J?ai alors fixé Pierre dans les yeux :
- Ecoute-moi Pierre. Je t?ai dit la vérité. Elle est très simple. Maintenant, si tu ne me crois pas, que veux tu que j?y fasse ?
- Ton histoire est invraisemblable. On ne part pas durant un mois avec un homme que l?on ne connait pas. Ce n?est pas crédible. Donc tu me mens ! Tu es sa maitresse, avoue-le !!
Je me suis levée, je suis allée chercher mon sac à main que j?avais laissé dans le hall, j?en ai retiré diverses factures d?hôtel, et les ai tendues à Pierre.
- Si j?étais sa maitresse, crois tu que nous aurions pris chaque fois deux chambres ?
Pierre jeta un coup d??il sur les factures, et me dit, avec la moue d?un gars à qui on ne la fait pas :
- Tu parles d?une preuve ! C?est justement parce que tou
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