Ecriture-Lecture




LES ABEILLES



INTRODUCTION


J?ai exercé ma première profession, à la suite des hasards de la vie. J?avais lu une annonce dans le Figaro, j?ai répondu, et c?était le départ de ma première carrière dans l?Inspection d?assurances. Ce n?était pas une vocation.
En revanche, ma reconversion à l?apiculture s?est faite logiquement du fait de ma passion pour les abeilles.
Une amie de la famille avait eu des accidents qui ne lui permettaient plus de travailler en ville. Mais qu?allait elle faire à la campagne ? J?ai étudié pour elle divers élevages( lapins angoras, pisciculture, élevage d?escargot, apiculture) et c?est à cette occasion que je me suis passionné pour les abeilles, et j?ai fini par donner ma démission, et abandonner une situation assez lucrative, pour aller créer une exploitation apicole dans le Gers.
Je dus faire un emprunt, les débuts furent matériellement très durs, mais pas une seconde, je n?ai regretté mon choix.

L?abeille est un insecte extraordinaire, dont peu de personnes se doutent de la mission qu?elle remplit sur notre planète.
C?est en pensant à mes petits enfants que j?ai voulu jeter sur quelques feuilles, ce que j?ai pu apprendre sur la vie de nos petites amies les abeilles.
Avec un petit espoir : Que l?un d?eux ressente à son tour, la même passion qui est la mienne, et qu?il poursuive mes recherches sur les possibilités que nous avons de leur demander autre chose, à faire, tous en les rendant plus heureuses, plus fortes.
Les abeilles ont été choisies par la nature pour être le tout premier auxiliaire de la vie sur terre. Pourquoi ? Je n?en sais rien. Mais le fait est là. Incontestable.
Savez vous que l?abeille est de loin le premier insecte pollinisateur, du fait que les abeilles sont opérationnelles durant toute l?année, puisque ce sont des insectes sociaux, qui sont en nombre important toute l?année ?
S?il n?y avait plus d?abeilles, la plupart des végétaux ( et par voie de conséquence des animaux dont l?homme) disparaîtraient de la surface de la terre.
Je reviendrai plus loin sur la mission pollinisatrice des abeilles.
Mais sur bien des points, cet insecte est extraordinaire.
Savez vous que pour que vous puissiez avoir un pot de 1kg de miel sur votre table, les abeilles ont du parcourir pour vous 10 fois le tour de la terre ? Je le démontrerai.
Savez vous que la reine des abeilles peut pondre en haute saison, jusqu?à 2500 ?ufs par 24 heures ?
Savez vous que ce n?est que dernièrement, grâce aux ordinateurs perfectionnés, que l?on a pu déterminer la forme idéale d?un récipient construit avec le minimum de matière, contenant le maximum de produit avec une résistance mécanique maximale, et que c?est un cadre d?abeilles avec ses cellules hexagonales imbriquées?
Savez vous que pour indiquez à leurs s?urs où se trouve un champ mellifère, l?abeille fait instantanément le calcul de l?angle fait par le soleil, la ruche et le champ mellifère.
Et les abeilles nous réservent bien d?autres surprises déjà connues ou à découvrir
Alors, voulez vous m?accompagner pour visiter ce monde merveilleux ?
Voulez vous que je tente de vous servir de guide ?
Suivez moi, vous ne le regretterez pas.























La population :

Il y a parmi les insectes, 3 familles d? « insectes sociaux ». Les termites, les fourmis et les abeilles.
Les insectes sociaux se distinguent des autres, en ce qu'ils forment une société qui perdure d'une année sur l' autre, et quelquefois pendant de très nombreuses années. Alors que les autres insectes, les guêpes ou les bourdons par exemple) repartent chaque année d?un seul individu qui au printemps reconstitue une petite colonie.

Il y a dans une ruche, 3 sortes d individus.
1/ Une reine
2/ Durant la belle saison, des mâles, appelés faux bourdons, qui sont au nombre de quelques centaines

3/ Enfin les abeilles ouvrières,( de loin les plus nombreuses) dont le nombre est variable selon la saison.
La population ouvrière peut descendre en fin d'hiver, jusqu' à 20 ou 25 .000, et
peut monter en haute saison jusqu' à 70.000 ou 80.000 individus







LA REINE

La reine (que l' on appelle aussi la mère) ne mérite en fait, aucun de ces deux noms.
Ce n?est pas une reine, car elle ne dirige rien. Elle ne décide rien. Nous verrons par exemple que ce sont les ouvrières qui vont décider qu?un ?uf devra donner des mâles, ou que des jeunes larves, à peine écloses, seront destinées à devenir reine.
Ce n'est pas une mère car elle ne s' occupe pas de ses enfants. Elle ne les nourrit pas, ce sont les ouvrières qui préparent la bouillie larvaire et nourrissent les larves.
La reine (toujours unique) est en fait une pondeuse, et uniquement une pondeuse. Mais quelle pondeuse !!!!!
En haute saison, elle pond environ 2.000 ( et même 2500 )oeufs par 24 heures, ce qui représente une fois et demi son poids !!!!!
La vie de la ruchée dépend exclusivement de la reine, puisque c' est la seule qui est capable de pondre des oeufs fécondés, et donc d?assurer le renouvellement de la population.
Et pourtant cette reine, dont dépend la vie de la ruchée et qui réalise des pontes extraordinaires, n'était au départ qu'une larve comme les autres. Je dis bien comme les autres.
La preuve ? On peut faire une reine à partir de n' importe quelle larve ....à condition qu?on la nourrisse avec de la gelée royale.
Que fait un producteur de gelée royale ? Il fabrique des reines en partant de n?importe quelle larve qui normalement aurait été une ouvrière. Le processus est interrompu le troisième jour, c'est-à-dire au moment où la cellule contient le plus de gelée royale.
Dans un premier temps, la petite larve mange peu, et les apports sont plus importants que la consommation, puis lorsque la larve grossit, elle dévore plus vite que les abeilles fournissent de gelée royale.
Livrées à elle mêmes les abeilles mettent des reines en élevage dans 2 cas.
- Il faut remplacer la reine morte ou dont la ponte est devenue nettement insuffisante.
- Le logement des abeilles devient trop petit, du fait de provisions importantes ou d?une population trop nombreuse. Il faut donc préparer un essaimage, c'est-à-dire que la moitié de la population devra partir créer une autre colonie.
Lorsque les ouvrières, poussées par des stimuli encore peu connus, décident de faire d?une larve normale une reine, elles réalisent deux modifications
1/ La larve choisie sera nourrie exclusivement de gelée royale, et non pas de bouillie larvaire (mélange de miel et de pollen) comme les autres larves.
2 ) La larve se trouvait comme les autres dans des cellules de cire, hexagonales. Pour la future reine, la cellule sera agrandie et prendra la forme d?un gland à section circulaire et pendant vers le bas.
Lorsque la première reine naît, dans une ruche elle a un travail à faire de toute urgence. Un travail vital pour elle !!
Les abeilles, 18 jours plus tôt avaient pris en élevage plusieurs reines ( 5, 10, ou plus).Or, dans une ruche, il ne peut y avoir qu?une reine. Donc, la première née, s?empresse de parcourir tous les rayons de couvain pour repérer les cellules royales et tuer dans les cellules ses s?urs, qui ne sont pas encore nées.
Si une autre reine est déjà née, une seule solution : une bataille à mort.
Celle qui la première piquera l?autre gagnera.
Lorsqu?une reine aura bien établi son trône, elle va se reposer durant 2 ou 3 jours, puis elle effectuera son vol nuptial.
C'est à dire qu?après avoir bien repéré l?emplacement de sa ruche, elle va s?envoler, et derrière elle, de nombreux mâles vont la poursuivre dans une course effrénée.
J?ai eu l?occasion de voir, par une magnifique journée de mai, une dizaine de vols nuptiaux à la fois. Cela faisait autant de petites comètes qui passaient viraient, montaient descendaient à une allure folle, la reine en pointe, devant, et les mâles aspirant à l?accouplement la suivant de près.
C?est le plus rapide le plus fort qui va pouvoir s?accoupler en vol avec la reine. Sélection naturelle. Mais le pauvre mâle vainqueur, va y laisser sa vie. En effet, il va laisser son appareil génital dans la reine et tombera à terre, mort. L?amour et la mort se succéderont donc en quelques secondes.
Contrairement à ce que l?on pensait il y a encore quelques années, la reine connaîtra plusieurs accouplements et c?est ce qui explique, que lorsque vous examinez les abeilles dans une ruche, il y a des abeilles différentes ( certaines toutes noires, d?autres avec des bandes jaunes ou orangés).
Toutes les abeilles ont la même mère mais peuvent avoir des pères différents.
Lorsque la spermathèque de la reine sera pleine, la reine rentrera à la ruche?.pour ne plus en sortir. Sauf, éventuellement, et nous le verrons plus loin, en cas d?essaimage.

Après quelques jours de repos, la reine se mettra à pondre. C'est à dire qu?elle déposera un ?uf au fond d?une cellule, et libérera quelques spermatozoïdes de sa spermathèque, pour les déposer sur l??uf. Elle passera ensuite à la cellule suivante, pour recommencer son manège?..Le seul qu?elle accomplira durant toute
sa vie qui peut durer 5 ans. C?est le type même du travail répétitif.
Ce sont ensuite les ouvrières qui décideront de l?avenir de ces ?ufs. Trois possibilités :


1/ Si la naissance de mâles est nécessaire, des abeilles ouvrières, lécheront les spermatozoïdes avant qu?ils ne pénètrent dans l??uf.
LE MÂLE EST ISSU D?UN ?UF NON FECONDE

2/ Si la reine est vieille, ou si un essaimage est nécessaire,il faut faire une reine.
Les ouvrières laisseront éclore la larve, puis, dès sa naissance, cette larve sera nourrie exclusivement avec de la gelée Royale.
Dix huit jours après la ponte, une reine naîtra, qui toute sa vie ne sera nourrie que de gelée royale

3/ Dans le cas général, les ouvrières laisseront s?accomplir le cycle normal. Les spermatozoïdes féconderont l??uf, et la larve sera nourrie de bouillie larvaire c'est à dire un mélange de miel et de pollen préparé par les toutes jeunes abeilles.
Cela donnera des abeilles ouvrières.
Nous constatons donc que ce sont les ouvrières qui à la suite de stimuli, dirigent tout, et font, de l??uf pondu par la reine, soit une reine, soit un mâle, soit une ouvrière.
( A suivre)



LES MALES ou FAUX BOURDONS




Il y a dans la ruche, des mâles qui, comme nous l?avons dit sont issus d??ufs non fécondés.
Ils sont facilement reconnaissables dans une ruche, car ils sont plus gros que les ouvrières, ils ont un abdomen rectangulaire et de très gros yeux contigus.
Ils ne savent pas manger tout seuls (ou plus exactement ils ont bien une petite langue, mais n?aiment pas s?en servir (Ils préfèrent se faire nourrir) et n?ont pas de dard pour se défendre. Nous l?avons vu, certains (les plus costauds), parviennent à s?accoupler une fois?? et meurent immédiatement.
Quand aux autres, lorsque les froids arrivent, les ouvrières arrêtent de les nourrir et les expulsent. Comme les mâles n?ont pas de quoi se défendre, ni de se nourrir eux-mêmes, ils meurent dehors de froid et de faim??
Pas drôle d?être un mâle, chez les abeilles.Ils ne meurent pas de mort naturelle. Ils meurent juste après avoir fécondé la reine, ou, s?ils n?ont pas connu les joies de l?amour, ils sont condamnés à mourir de faim.
Les mâles, comme la reine, peuvent voler assez loin de la ruche ( 15 km et plus) alors que les ouvrières ne vont pratiquement pas au-delà de 3 km. Il y a une raison pratique : au delà de 3 kilomètres,( ce qui constitue 6 kilomètres aller et retour, l?opération n?est plus rentable, l? énergie nécessaire ( consommation de miel) est plus importante que la quantité de miel qui pourra être produite.
Il existe un phénomène assez curieux :
Il existe dans chaque région, des lieux, TOUJOURS LES MEMES, ou les faux bourdons(es mâles) se rassemblent. On dit qu?ils vont au bal.
Les jeunes reines vierges viennent à ces bals, et c?est au cours de ces danses acrobatiques, à 15 ou 20 mètres du sol, que les accouplements ont lieu.
Pourquoi y a-t-il plusieurs centaines de mâles dans une ruche, alors que pour la reproduction, 2 ou 3 mâles de chaque ruche seraient suffisants ?
La présence de tant de bourdons est d?autant plus surprenante, que les mâles sont des gloutons, ne ramassent aucune nourriture?.et que de plus il faut les servir.
Certes les mâles contribuent à la climatisation de la ruche.
Certes ils prennent leur part dans la transformation du nectar en miel, puisqu?ils participent au réchauffement de la ruche, mais j?avoue qu?aucune de ces explications ne me satisfait. Je crois tout simplement que la nature compte toujours large, et qu?elle ne recule pas devant le gaspillage ( Dans le genre humain, pour un
spermatozoïde qui va féconder l?ovule, combien sont perdus ?)
Je peux cependant signaler une utilité du mâle??.pour l?apiculteur soucieux d?en mettre plein la vue à des visiteurs. Il suffit, la ruche étant ouverte, de prendre un mâle et de le mettre dans la bouche. Les visiteurs hurleront d?admiration et d?effroi. Comme les mâles n?ont pas de dard, il n?y a aucun risque.
Bien entendu il est fortement conseillé de ne pas se tromper, car en prenant une ouvrière, la démonstration aurait des conséquences qui pourraient être fatales.
Alors, je n?en parle que parce que cette fantaisie peut amuser si elle réalisée par un véritable professionnel, certain de bien distinguer un mâle d?une ouvrière.




















LES OUVRIERES



Après avoir parlé de la reine ( toujours unique) et des mâles ( faux bourdons) qui sont 300 à 400 durant la belle saison, nous arrivons à la troisième catégorie d?individus de la ruche :
LES ABEILLES OUVRIERES
Elles sont de loin les plus nombreuses ( de 20.000 à 80.000 selon la saison)
De l??uf pondu et fécondé, naît, 3 jours plus tard une larve, difficilement visible à l??il nu.
Les abeilles nourricières alimentent cette larve avec une bouillie larvaire composée de miel et de pollen, et ce durant 5 jours.
Le 5ème jour la larve aura la taille d?un gros asticot. En 5 jours elle aura grandi de 1.700 fois !!!!!!

Ce cinquième jour, la cellule sera operculée par les abeilles,( c'est-à-dire fermée avec un couvercle en cire) et c?est donc dans sa petite boite hexagonale de cire que la larve va se transformer en insecte parfait.
Le 21 ème jour après la ponte, l?abeille va naître en perçant l?opercule.
L?abeille est un imago, c' est à dire qu?elle naît avec sa taille d?adulte : elle ne grandira plus durant sa vie.


Tout au long de sa courte vie, en fonction de son âge, elle se livrera à diverses occupations.
Sa vie se divisera en deux périodes. Tout d?abord, elle ne vivra que dans la ruche, sans sortir, puis jusqu?à sa mort, elle sortira, et deviendra butineuse, dés que les conditions atmosphériques le permettront
Durant les 3 premières semaines de sa vie, donc, l?abeille ne sortira pas de la ruche, et accomplira diverses tâches.
Dés sa naissance, après un court repos, pour prendre pied dans la vie, l?abeille va s?occuper des « corvées de casernement » nettoyage de la ruche, des cellules qui servent de berceau pour le couvain, (nurseries) rejet vers l?extérieur de débris divers ( en particulier morceaux de cire) et d?abeilles mortes.
Ensuite, elle va nourrir les larves en faisant la bouillie larvaire, en mélangeant miel et pollen
Puis une glande va se développer dans la tête de l?abeille. Cette glande pharyngée va produire la fameuse gelée royale dont la reine sera nourrie exclusivement, toute sa vie.
Quelques jours plus tard, cette glande va s?atrophier alors que d?autres glandes vont se développer dans l?abdomen : Ce sont les
glandes cirières, qui produiront de très fines écailles de cire qui sortiront entre les anneaux de l?abdomen. Enfin, vers la troisième semaine, l?abeille va sortir de la ruche.
La première chose qu?elle va faire, c?est un vol de repérage.
En voletant autour de la ruche, la tête tournée vers l?entrée, elle va repérer l?emplacement de sa maison, pour ne pas se tromper quand elle reviendra d?un vol de 2 ou 3 kilomètres. C?est aux heures les plus chaudes de la journée que ces vols de repérage (appelés « Soleil d?artifice ») ont lieu. C?est un spectacle dont l?apiculteur ne se lasse pas.
A partir de ce moment, les abeilles deviennent butineuses, et vont chercher divers produits qui serviront à fabriquer ce dont elles ont besoin.
Les butineuses vont récolter :
- Du nectar pour fabriquer du miel.
- Du pollen pour fabriquer la bouillie larvaire dont seront nourries les larves
- De la résine sur certains bourgeons pour fabriquer de la propolis
- De l?eau, pour préparer la bouillie larvaire et pour climatiser la ruche

En haute saison, la vie de l?abeille est courte ( 5 à 7 semaines, soit 3 semaines à l?intérieur de la ruche et 2 ou 3 semaines comme butineuse)
Anticipant sur l?étude de la gelée royale, je signale qu?une larve nourrie de miel et de pollen va vivre de 5 à 7 semaines
LA MÊME LARVE, NOURRIE DE GELEE ROYALE VA DONNER UNE REINE QUI VIVRA ENVIRON 5 ANS.
( à suivre)



LES PRODUITS DE LA RUCHE
:


Nous avons vu les habitants de la ruche. Nous poursuivrons cette petite étude par les divers produits de la ruche :

Miel, pollen, gelée royale, propolis , cire.


Lorsque l?on parle d?abeille, la première chose qui vient à l?esprit, c?est le miel.




LE MIEL
Il est produit par les abeilles, à partir du nectar des fleurs (et non à partir du pollen comme beaucoup le pensent, j?ai lu d?éminents écrivains parler de « pollen dont il a fait son miel « . c?est une totale erreur)
Le nectar, sous un beau nom, n'est en fait pratiquement, que de l' eau sucrée, et le sucre est en grande partie du saccharose, sucre qui n' est pas absorbable directement par l' organisme.
Une fois arrivée sur le lieu de butinage,? l?abeille se pose sur une fleur, plonge la tête à l?intérieur, et ,grâce à sa proboscis ( la langue de l?abeille forme une trompe comme celle de l?éléphant d?où le nom de proboscis) qui fait 5 à 6 millimètres de long, elle puise la goutte de nectar ( comme les enfants se servent d?une paille pour boire leur verre de sirop)
Il faut que les abeilles visitent des dizaines de fleurs pour remplir leur jabot qui contient 40 milligrammes de nectar.
Lorsque le jabot est rempli, les abeilles reviennent à la ruche pour déposer leurs récoltes dans des cellules.
C'est dans l'obscurité de la ruche, que les abeilles se livrent à un véritable travail d?alchimiste pour " transmuter" de la vulgaire eau sucrée en un miel d?or.
Elles accomplissent plusieurs opérations.
1/ Grâce à une diastase( l'invertase) elles transforment le saccharose, en " sucres nobles" c' est à dire directement assimilables par l' organisme ( lévulose et glucose principalement)
2/ Elles ajoutent. Des diastases, enzymes et un principe antibiotique
3/ Elles rendent le produit fini " conservable" L'eau sucrée au bout de quelques jours fermenterait, alors que le miel peut se conserver des années. Pour cela, les abeilles ramènent le pourcentage d'eau au dessous de 18 % . Cette opération est faite par évaporation. Les abeilles créent dans la ruche un courant d?air en battant des ailes
4/ Bien entendu, elles transmettent les éléments qu'elles avaient trouvés dans le nectar d'origine( quelques vitamines et oligoéléments). C'est cette dernière aptitude que j' ai utilisée pour effectuer mes recherches sur les produits nouveaux.
Le miel frais est toujours liquide. Il cristallise après un temps variable en fonction du rapport glucose/lévulose.
Les miels riches en glucoses (colza, par exemple) cristallisent très vite ( 4 à 5 jours après l' extraction et les cristaux sont très fins)
Les miels riches en lévulose ( acacia) ne cristallisent qu?après plusieurs mois, voir une année, en cristaux plus grossiers.
A noter que le miel, de par sa composition ; possède de nombreuses qualités diététiques qui disparaissent en grande partie lorsque le miel est chauffé.
Pourquoi le miel du commerce est- il très souvent chauffé?
Les grossistes achètent le miel chez des apiculteurs par tonneaux de 300 kg.
Lorsqu 'ils veulent l'empoter, le miel est déjà cristallisé. Pour pouvoir le mettre en pots,, il faut qu?il soit liquide, et pour cela, ils n' ont qu 'une solution: le chauffer .
Certains apiculteurs également, pour ne pas tout empoter au moment des récoltes (problème de temps et gros investissements en pots au moment des récoltes) chauffent leurs miels, pour n?acheter des pots et ne faire l?empotage qu?au fur et à mesure des besoins.


Pour être certain d' avoir un miel non chauffé, il faut s' adresser à un apiculteur en qui l'on a toute confiance.
J?avais indiqué au début de cette petite étude, que pour amener sur votre table un pot de 1 kilogramme de miel les abeilles avaient du parcourir 10 fois le tour de la terre. Vous me croyez ? Merci.
Mais je préfère vous le démontrer.
Lorsque avec sa proboscis, l?abeille récolte du nectar dans une fleur, ce nectar est entreposé dans le jabot ( distinct de l?appareil digestif)
Ce jabot contient 40 milligrammes de nectar. Le nectar est en grande partie composé d?eau, et ne pourrait se conserver tel quel. Il va falloir enlever de l?eau, concentrer les sucres.
Lorsque, le jabot plein, l?abeille revient à la ruche, ce nectar est transformé en miel. L?eau en surplus étant évaporée par des abeilles ventileuses, qui en agitant rapidement leurs ailes, créent un courant d?air qui provoque l?évaporation de l?eau en surplus.
Avec ces 40 milligrammes de nectar, les abeilles vont fabriquer environ 20 milligrammes de miel.
Ces 20 milligrammes de miel rapportés après un voyage, vont être utilisés pour diverses fonctions.
1/ Le miel est l?élément énergétique des abeilles. C?est leur nourriture. L?activité physique des ouvrières et des mâles (marche, vol) n?est possible que grâce au miel.
2/ Seules les butineuses apportent de la nourriture à la ruche. Or toutes les abeilles de moins de trois semaines ne rapportent pas de miel, mais en revanche, elles consomment. Sur ces 20 milligrammes, elles auront leur part.
3/ Les abeilles butineuses ne peuvent travailler tous les jours. D?abord, en hiver, elles ne sortent pas. Mais même à la belle saison, il peut y avoir des périodes sans beaucoup de fleurs, de plus, s?il fait trop frais ou s?il pleut, les abeilles ne peuvent sortir.
Pour toutes ces raisons, les abeilles, qui sont des petites bêtes bien organisées, font des provisions, car bien sûr, elles continuent à se nourrir.
4/ Ce n?est que lorsque toutes ces obligations seront satisfaites que l »?apiculteur pourra prélever le surplus de miel.
Nous avons vu qu?un voyage d?abeille rapportait 20 milligrammes de miel.
L?apiculteur, en bout de chaîne ne pourra récolter pour lui, (au maximum) que 5 milligrammes sur ce voyage.
Pour que l?apiculteur récolte 1 gramme de miel, il faudra que les abeilles effectuent 200 sorties. Pour avoir un kilo, 200.000 sorties. Retenez ce chiffre : 200.000 sorties
Les abeilles butinent dans un rayon maximum utile de 3 kilomètres. Prenons une moyenne de 1 kilomètre. Avec l?aller retour, au cours d?une sortie l?abeille va parcourir 2 kilomètres.
200.000 sorties à 2 kilomètres, cela fait 400.000 kilomètres, soit 10 fois le tour de la terre. Pour que l?apiculteur récolte 1 kg de miel. C.Q.F.D.

Le miel, première matière sucrante connue par l?homme, présente de gros avantages en diététique.
Tout d?abord, les sucres principaux qui le composent sont directement assimilables par l?organisme (lévulose et glucose) contrairement au saccharose ( le sucre de cuisine) qui doit être inverti et laisse des déchets dans l?organisme. C?est grâce à une diastase, l?invertase, que les abeilles transforment le saccharose du nectar principalement en lévulose et glucose
Le miel contient quelques vitamines, des oligoéléments, des sels minéraux, et un principe antibiotique( qui fait que l?application de miel sur des plaies hâte leur cicatrisation)
( à suivre)



LE POLLEN


Le pollen, est l?élément mâle de la plante.
Le pollen est en fait le spermatozoïde végétal qui féconde les parties femelles des plantes.
Ainsi que je l?ai déjà dit, l'utilité du pollen dans la ruche est simple: c' est l' élément plastique, alors que le miel est l' élément énergétique.
Le pollen est constitué de protéines qui permettent de développer la larve jusqu?au stade de l?abeille.
Les abeilles vont ramasser du pollen sur de très nombreuses plantes. Et c' est pourquoi le pollen a des qualités diététiques, car il est le concentré d'un nombre considérable de plantes. Vous comprendrez qu?un bon pollen doit être multicolore, car cela signifie qu?il contient des extraits de plantes très diverses.
Sur le plan pratique, vous pouvez voir les abeilles faire leur récolte de pollen. Regardez par exemple des fleurs de pissenlit faciles à examiner. Vous verrez que l?abeille se pose sur une fleur, le pollen de la fleur se colle à ses poils, alors, elle quitte la fleur, et, en vol, à l' aide de petites brosses situées sur une paire de ses pattes, elle rassemble les grains de pollen et les met dans de petites excavations qui se trouvent sur les pattes arrières. cela forme des petites boules,( de la grosseur d?une petite lentille) et l' on dit que les abeilles ont " des culottes de pollen"
Lors d?une sortie, l?abeille ramasse toujours le pollen de la même espèce de plante, comme si la mission de pollinisation leur avait été confiée. Mais chaque abeille peut aller sur une espèce différente. C' est pourquoi, à la ruche, vous pouvez voir des abeilles qui rentrent avec des culottes de couleurs différentes. Les unes auront des culottes jaunes ( colza par exemple) oranges (tournesol) beige clair ( saule marsault) noir (coquelicot) etc etc.
Je veux profiter de ce petit topo sur le pollen pour dénoncer ceux que j?appelle les ayatollahs de l?écologie.
Je dois préciser tout d?abord, que l?apiculteur, dès la récolte du pollen, doit le sécher, afin qu?il puisse se conserver.
Il m?est arrivé de trouver dans des boutiques diététiques des pots de pollen sur l?étiquette desquels, il était précisé « ce pollen est garanti séché au soleil »
Voilà de quoi ravir les tenants d?une écologie sourcilleuse. Quoi de plus naturel que le soleil ?
Mais??.Il faut savoir, que le pollen chauffé à plus de 40° perd la plupart de ses qualités. Or, peut-on régler la température du soleil?..surtout à moins de 40° ?
Non, bien évidemment, mais il y a plus. Les ultraviolets détruisent également la quasi-totalité des propriétés diététiques du pollen.
Ce qui revient à dire que prendre quelques cuillères de pollen séché au soleil a le même effet que si vous mâchiez des brins d?herbes sèches. Comme le miel, le pollen n?est pas thermostable. Seul parmi les produits de la ruche, les propriétés de la propolis ne sont pas altérées par la chaleur.
Je n?avais pas prévu d?évoquer ce problème, car j?ai l?impression de prêcher dans le désert, mais je vais me laisser aller à dire quelques mots d?un problème lié à la pollinisation et dont dépend ni plus ni moins la vie sur terre.
C?est l?un des plus brillant esprit de notre époque, Einstein, qui disait déjà que si les abeilles disparaissaient, la vie sur terre n?aurait plus que quelques courtes années à perdurer.
L?abeille est le principal insecte pollinisateur. Le principal, c'est à dire pour plus de 90%. Or pour se reproduire, les plantes ont besoin d?avoir leurs fleurs pollinisées.
Il y a dans les plantes, deux sortes de pollen. Les pollens entomophiles, transportés par les insectes, et les pollens anémophiles transportés par le vent. Or la très grande majorité des plantes se reproduisent avec les pollens entomophiles.
Ce qui revient à dire, que si les abeilles disparaissaient ( et c?est ce qui se produit actuellement à une vitesse effroyable) presque tous les végétaux disparaîtraient. Il n?y aurait par exemple plus aucun fruit. Les arbres actuellement en vie continueraient à avoir des fleurs, mais ces dernières ne feraient pas de fruit, et bien entendu, pas de graine.
Avec la disparition des plantes, disparaîtraient tous les animaux qui s?en nourrissent, tous les animaux carnivores?et bien sûr, l?homme omnivore.
Une expérience simple vous permettra de vous en convaincre.
Au printemps, si vous avez accès à un arbre fruitier, enveloppez une branche, juste avant la floraison d?un tissu aéré (gaze par exemple). Le vent pourra venir jusqu?à la fleur (et apporter les pollens anémophiles) mais pas les abeilles. Vous constaterez que sur la branche enveloppée, aucun fruit ne se formera alors que toutes les autres en porteront.
Or le fait est incontestable, les abeilles disparaissent. En 1996, on estime à 5 milliards le nombre d?abeilles qui sont mortes prématurément, sans avoir pu effectuer leur ?uvre pollinisatrice
.En 1997 10 milliards d?abeilles, en 1998, 12 milliards, en 2000, 15 milliards sont mortes ,
victimes des pesticides divers, du gaucho et du Régent.
Ce problème est connu et reconnu. Mais personne ne veut y croire, parce que ce serait trop horrible (comme en 1938 tout le monde en France « savait » que la guerre avec l?Allemagne était inévitable, mais on ne « voulait « pas y croire)
Ce ne sont pas quelques lignes qu?il faudrait consacrer à ce problème, mais un livre entier. Certains en ont écrit, mais l?opinion publique qui seule pourrait faire évoluer le problème des pesticides n?est pas mûre pour que les autorités politiques prennent des mesures drastiques et de grande envergure. Souhaitons que lorsque l?opinion publique se réveillera, ce ne sera pas trop tard ( mais la rémanence des pesticides dans les sols est telle?.)
( à suivre)84



LA GELEE ROYALE





J?ai déjà dit que durant les 3 premières semaines de leur vie, les abeilles ne sortent pas de la ruche, et exercent successivement plusieurs d?activités différentes. .
Elles accomplissent des " travaux de casernement" en maintenant la ruche dans un parfait état de propreté, puis, elles préparent la bouillie larvaire pour nourrir les larves, puis, elles produisent de la gelée royale, puis de la cire.
La Gelée Royale, sécrétée par une glande pharyngée des jeunes abeilles, est un produit extraordinaire.
La gelée royale remplit 2 fonctions.
1/ Toutes les larves durant les premières 24 heures, sont nourries avec de la gelée royale.
2/ Lorsque la ruche a besoin de créer une reine (la reine est morte, ou il faut préparer l'essaimage, ou encore la reine actuelle, n?est plus " performante") les abeilles nourrissent uniquement avec de la gelée royale une larve d?ouvrière quelconque, et cela donnera une reine. Cette dernière, après sa naissance sera nourrie toute sa vie avec de la gelée royale.
Et c'est là que vous pourrez constater que la gelée royale est un produit ...prodigieux.
Une larve nourrie normalement après les premières 24 heures avec de la bouillie larvaire ( mélange de miel et de pollen) donnera une abeille ouvrière qui vivra, en haute saison 5 ,à 6 semaines.
LA MEME LARVE NOURRIE A LA GELEE ROYALE, DONNERA UNE REINE QUI PONDRA JUSQU 'A 2.500 OEUFS PAR 24 HEURE, ET VIVRA 4 OU 5 ANS.
Les diététiciens devraient bien prendre pour symbole la reine des abeilles, car, c'est uniquement une question de nourriture qui fera vivre l' individu, 5 semaines ou 5 ans !!!

La gelée royale est un produit extrêmement complexe. A tel point qu'il y a environ 2 pour cent de sa composition qui n' ont pu être encore identifiés!!
Comme tous les produits complexes, c'est un produit très, très fragile, et très instable. Il ne se conserve pas. D' ailleurs si les abeilles mettent en réserve du miel et du pollen, elles ne stockent jamais de la gelée royale. Elle passe directement du producteur au consommateur, la reine est nourrie de bouche à bouche, par les ouvrières productrices de gelée royale.
Dans le domaine de la gelée royale, comme dans celui de la propolis, il serait hautement souhaitable que des chercheurs Français se penchent sérieusement sur les vertus de la gelée royale. Certes, Belvefer, le Professeur Rémi Chauvin et quelques autres ont commencé à déblayer le terrain, mais à ma connaissance, il n?y a pas eu beaucoup de suite.


Une équipe canadienne (dirigée je crois par le Professeur Townsend) a fait une curieuse expérience.
En partant de deux lots de 1000 souris chacun.
D?après le compte rendu d?expérience, le premier lot de 1000 souris s?est vu inoculer de la gelée royale. Ensuite, les 2 lots, soit, les 2000 souris ont reçu des inoculations de cellules cancéreuses (j?ignore de quel cancer) Quelques semaines plus tard toutes les souris du premier lot étaient en parfaite santé, les 1000 de l?autre lot étaient toutes mortes.
Je ne cache pas que ces résultats à 100% me semblent curieux, en revanche cela semble recouper les expériences de Belvéfer.
Cette expérience d?ailleurs ne prouve pas que la gelée royale guérisse du cancer mais qu?elle inhibe le développement des cellules cancéreuses.
Je vais vous faire part d?une expérience personnelle. Lorsque j?étais dans le Gers, il y avait une vieille dame de 80 ans, extrêmement sympathique, vive et pleine d?esprit, chez laquelle j?aimais aller discuter. Un jour, en arrivant chez elle, une de ses amies me dit que le docteur venait de passer et que la vieille dame n?avait plus que quelques heures ou au mieux quelques jours à vivre. J?avais fait le matin même une récolte de gelée royale. J?ai bondi chez moi pour en sortir une capsule de mon réfrigérateur et avec son amie, nous avons placé sous la langue de la vieille dame quelques milligrammes de gelée royale. Son amie a répété l?opération les jours suivants. 10 ou 12 jours plus tard j?ai eu la surprise et la joie de voir arriver chez moi la vieille dame au volant de sa 2 CV.
Je précise que dans le cas d?espèce il ne s?agissait pas de cancer mais d?une asthénie généralisée. Certes aucune conclusion ne peut être tirée d?un cas particulier, mais j?ai l?intime conviction que des recherches sur l?effet de la gelée royale fraîche administrée par intraveineuse, directement dans le sang, pour éviter l?action destructrice des sucs gastriques, n?oublions pas que la gelée royale est très instable) feraient ressortir des résultats surprenants.
Je ne veux pas trop m'étendre sur la commercialisation de la gelée royale . Cela me met dans une rage folle.
Sachez seulement que la gelée royale ne peut avoir des effets bénéfiques pour l?homme que si , d?une part,elle est très, très, très, fraîche, et si d?autre part, elle est prise par absorption sublinguale ( pour éviter à tout le moins, l?action de certains sucs gastriques.
La gelée royale se dégrade très vite dans le temps. Or 99% de la gelée royale vendue en France provient de l'importation. Donc des récoltes qui remontent à de nombreux mois?.. Faites vous une opinion. Cette gelée royale là, en dehors de l'effet placebo....
( A suivre)



LA PROPOLIS




Le nom de propolis a une origine grecque. Pro polis, signifie " devant la cité"
L'habitat naturel des abeilles est le trou d' un vieil arbre, ou un trou dans un vieux mur?. depuis l' apparition des constructions humaines.
Ces trous ont des entrées plus ou moins grandes. Les abeilles, pour se protéger plus facilement des intrus, réduisent les dimensions de l'entrée en déposant de la propolis.
La propolis est fabriquée par les abeilles, à partir de résines recueillies sur certains bourgeons.
Elles " butinent" ces bourgeons, entreposent la résine dans les petites dépressions de leurs pattes arrières( comme pour le pollen) et reviennent à la ruche.
La propolis a deux utilisations pour les abeilles.

Comme nous l'avons vu en parlant de l'étymologie de ce nom, elle sert à boucher des trous. C'est le ciment des abeilles.

Par ailleurs, la propolis est un antibiotique extraordinaire. A la fois fongicide et microbicide puissant, sa puissance est attestée par un fait :
La ruche est toujours à une température tiède (dans le nid à couvain, la température est toujours maintenue à 37 ou 38 °même s?il gèle dehors). De plus, l'hygrométrie est toujours importante.
C'est à dire, que toutes les conditions sont réunies pour que la ruche soit " un nid à microbes" les abeilles allant se promener partout à 3 km autour de la ruche.
Or, on ne peut rêver atmosphère plus saine que dans une ruche. Il n'y a pratiquement pas de micro organisme, et cela est du à la présence de propolis (qui recouvre les parois de l'habitat et les tours des cadres)
Il est infiniment regrettable que des études poussées n' aient pas, là encore, été effectuées sur les propriétés de la propolis.
Indépendamment de ses qualités dont nous venons de parler, la propolis a également des qualités anesthésiantes.
Les Russes (un peu plus avancés que l'Occident dans ses recherches sur la propolis) ont pratiqué des anesthésies locales à la propolis, pour certaines interventions chirurgicales.
N'allez pas croire que les qualités de la propolis soient de connaissance récente!
Les soldats romains possédaient dans leur « paquetage" un morceau de propolis. Lorsqu 'ils étaient blessés, ils enfonçaient dans leur blessure un morceau de propolis qui d'une part atténuait leur douleur et d?autre part, évitait que la plaie ne s?envenime.
Le célèbre luthier Stradivarius, avait une formule spéciale pour confectionner le vernis de ses violons. On ignore dans quelle proportion, mais il y avait dedans de la propolis.
Encore une petite précision.
L'expérience a été faite.
Si l'on touche, avec une baguette en verre, le dos d' une mouche puis que l' on" ensemence" une boite de pietri, en quelques heures des colonies de divers microbes se développent.
Si vous répétez l'opération en touchant avec la baguette, le dos d' une abeille, pour la transporter ensuite dans la boite de piétri, il n' y aura aucune colonie de microbes.
La mouche porte une multitude de microbes, l'abeille est saine.
Je vais répondre à une question que vous ne m?avez pas posée ( mais je sais que vous alliez le faire) :
Comment les abeilles arrivent elles a climatiser la ruche ( dans le nid à couvain il faut toujours une température tournant autour de 37 à 38 ° Ni plus ni moins. Or il peut y avoir du couvain (?ufs et larves) par temps de gel ou de canicule.
Pour réchauffer la ruche, les abeilles frottent les uns contre les autres les anneaux de leur abdomen. C?est le frottement qui dégage de la chaleur.
Pour rafraîchir la ruche, elles utilisent le même système que pour faire évaporer une partie de l?eau contenue dans le nectar : Elles se disposent d?une certaine façon les unes par rapport aux autres pour battre des ailes et créer un courant d?air qui fait évaporer l?eau.
Une petite observation personnelle
Je crois l'avoir déjà dit, le véritable animal est à mon sens la colonie et non l' abeille.
Tout se passe en effet comme si la ruchée était un véritable organisme dont les abeilles ne seraient que des cellules mobiles. La propolis qui tapisse le logement de l'abeille joue un rôle protecteur comme la peau des animaux.
Autre exemple qui me fait dire que c'est la colonie qui est un véritable organisme. Ce sont les jeunes abeilles d'intérieur qui produisent la gelée royale. Cette production terminée la glande productrice s?atrophie et les glandes cirières se mettent en action. c est à dire, que de toute évidence, les abeilles de vol ( qui ont plus de 3 semaines) ne peuvent plus produire de gelée royale.
Et bien si.
C'est tout à fait par hasard ( l' explication serait trop technique) que j' ai découvert qu'en cas de nécessité, les vieilles abeilles pouvaient réactiver leur glande de gelée royale et faire un élevage royal. C'est donc bien un organisme( la ruche) qui réactive certaines de ses cellules( des abeilles) pour assurer sa survie.
Encore un autre exemple?
L'abeille qui pique, laisse son dard dans la plaie et meurt assez rapidement. Si vous venez embêter une ruche, ce sont les vieilles abeilles qui viendront vous piquer et sacrifieront leur vie. C'est la réaction normale d' un organisme. La colonie envoie au sacrifice ses vieilles abeilles comme vous et moi, lorsque nous tombons, nous projetons nos mains en avant, nous les sacrifions, pour protéger ce que nous avons de plus précieux, comme la tête par exemple.
( A suivre)



LA CIRE



Pour éviter les redites, je ne m?étendrai pas sur cette autre production des abeilles. J?ai été amené à en parler au cours d?épisodes précédents.
Ce sont les abeilles de 12 à 18 jours qui produisent la cire. Cette dernière sort en petite lamelles entre les anneaux de l?abdomen.
Les cirières prennent ces lamelles par leurs mandibules, les triturent, additionnent du pollen et de la propolis, puis construisent avec une régularité stupéfiante des rayons. La présence du pollen permet de reconnaître à quel moment la cire a été produite.
La cire produite au moment de la miellée de tournesol est orange, celle produite au moment du colza est blanche, en période de floraison des coquelicots, la cire est gris très foncé. etc? Comme l?operculation (fermeture des cellules avec de la cire) s?effectue au cours des miellées, vous savez au premier coup d??il si votre cadre contient principalement du miel de colza ou du miel de tournesol)
Les rayons sont d?une régularité parfaite.
Et pourtant, quand vous regardez les abeilles travailler, quelle pagaïe apparente !!!!. Les cirières, liées l?une à l?autre par leurs pattes, forment des chaînes dans tous les sens, et cela donne une impression de désordre complet.
Lorsque le travail est terminé, vous voyez une construction extraordinaire d?homogénéité.
Les cellules, l?ouverture inclinée vers le haut pour que le miel ne coule pas, de formes hexagonales (elles sont bien françaises !!cocorico !!!) Ont des fonds constitués par trois triangles formant avec la verticale un angle très précis et toujours le même. Chaque fond de cellule s?appuie sur les fonds de trois autres cellules, et c?est ce qui donne la résistance mécanique de l?ensemble.
La cire a été la première matière plastique utilisée pas l?homme comme le miel a été la première matière sucrante).
Vous avez pu le constater, toutes les productions des abeilles, sont spécifiques, et possèdent des qualités connues extraordinaires?.et nous ne savons pas tout !
La ruche est un centre de production d?éléments diététiques de toute première importance.













Le langage des abeilles :




C?est grâce aux travaux d?un observateur de génie, Von Frisch, que nous savons comment les abeilles se communiquent « des tuyaux » sur les champs mellifères les plus intéressants.
Là encore, nous allons rester dans le domaine de l?extraordinaire, mais il faut vous y habituer, les abeilles ne font jamais rien de banal.
Vous savez maintenant que les abeilles de vol, les abeilles de plus de trois semaines, vont à l?extérieur de la ruche pour aller chercher, soit du nectar, soit du pollen, soit de la propolis, soit de l?eau ( pour faire de la bouillie larvaire ou pour climatiser par grandes chaleurs)
Et bien il y a d?autres abeilles qui sortent, et qui ne rapportent rien.
Non. Ne croyez pas que ce soient des paresseuses qui passent leur temps à se balader. Ce n?est pas le genre de la maison. Ce sont des mathématiciennes
Nous les appelons les éclaireuses. Elles partent de bon matin, dans toutes les directions à la recherche des champs mellifères existants sur le moment. Lorsqu?elles trouvent un endroit plein de fleurs intéressantes, d?un coup d?aile, elles reviennent à la ruche, et expliquent à toutes les butineuses présentes dans la ruche, ou il faut aller.
Elles effectuent une danse frétillante ou danse en 8 (c?est plus exactement une danse composée d?une partie rectiligne et de deux boucles.

Les cadres, dans une ruche sont verticaux. Lors du frétillement durant la partie rectiligne, l?éclaireuse indique l?angle formé par le soleil, la ruche et le champ nectarifère. Cet angle qu?elle avait calculé sur une projection horizontale, à l?extérieur, elle le reproduit sur le plan vertical. Les abeilles savent donc la direction qu?il faudra qu?elles prennent en sortant de la ruche.
Par ailleurs, le temps mis par l?éclaireuse pour parcourir la partie rectiligne, indiquera aux copines, non pas la distance, mais la durée de vol (car le vent a une influence sur la vitesse de vol.)
Vous trouvez ça extraordinaire ? Et pourtant ce n?est pas tout.
Pendant que l?éclaireuse fait sa danse frétillante, d?autres abeilles reviennent à la ruche pour y déposer leurs provendes. Si bien que l?éclaireuse peut être amenée à faire sa danse durant des heures?.
Or pendant ces heures, le soleil bouge, et l?angle en projection horizontale du soleil de la ruche et du champ mellifère change. Et bien dans l?obscurité de la ruche, l?éclaireuse modifiera la partie rectiligne de sa danse pour toujours donner la bonne direction.






Vous êtes sciées, hein ? Je vous le disais, le monde des abeilles est un enchantement.
Petit détail complémentaire : Les abeilles voient la lumière polarisée.
Comme elles se dirigent par rapport au soleil, la nuit, elles ne sortent pas.
Mais si le temps est couvert, elles voient la lumière polarisée et sortent normalement.
D?ailleurs, si vous êtes au rucher par temps couvert et que vous voyez subitement que des flots d?abeilles reviennent à la ruche (c?est très amusant de voir cette colonne d?abeilles qui pénètrent par le trou de vol. On se demande comment toute cette population peut tenir dans un volume relativement réduit), si donc vous voyez cette entrée en masse, vous pouvez aller vous mettre rapidement à l?abri, car quelques minutes plus tard, une grosse averse va se mettre à tomber. Ce sont de bonnes météorologues.
( A suivre)


La transhumance :

Il n?est pas dans mes intentions (pour l?instant en tous cas) d?aborder les problèmes apicoles eux-mêmes, car ils ne pourraient intéresser que des apiculteurs. Or je me suis fixé comme but de porter à la connaissance du plus grand nombre, les caractéristiques extraordinaires de la vie des abeilles.

Je ne peux résister cependant au désir de faire une exception pour la transhumance.
En grande partie, pour me faire plaisir et me remémorer certaines journées merveilleuses ou chargeant de nuit des ruches dans le camion, je partais vers des lieux de transhumance ( repérés des mois auparavant) où par des matinées lumineuses, dans les cadres enchanteurs des bois encore humides de rosée, je préparais les emplacements, déchargeais les ruches, puis le travail terminé, en dévorant un sérieux casse croûte, je regardais mes abeilles sortir des ruches pour effectuer leurs vols de repérage.
Ce sont des moments extraordinaires que l?on ne peut oublier.
Bien sûr il y a eu des moments moins agréables, lorsque par exemple sur une petite route, pour croiser un autre véhicule ; j?ai empiété sur le bas coté de la route, détrempé ?..Qui a cédé sous le poids de mon véhicule qui se renversa sur le bas coté. Il n?est pas facile de trouver quelqu?un qui accepte de venir avec son tracteur, tirer un camion autour duquel tourbillonnes des millions d?abeilles !!!
La transhumance consiste à amener des ruches à proximité de champs mellifères. On peut ainsi faire plusieurs grandes miellées durant la saison.
Par exemple, dans le sud ouest, en Avril, on peut aller sur le colza ; vers le 10 Mai sur l?acacia, puis fin Juin sur le tournesol et enfin dans les Landes, on peut aller sur la bruyère callune jusqu?en octobre.
Pour des raisons techniques bien sûr, ce ne sont pas les mêmes ruches qui peuvent être utilisées ( blocage de ponte, et peuplement provisoirement diminué).
Cette transhumance que l?on réalise de nos jours avec des camions, munis d?une petite grue qui monte et descend les ruches disposées par quatre sur des palettes, cette transhumance se faisait déjà dans l?antiquité. Sous une autre forme.
Vous savez, qu?en Égypte, les cultures s?étendaient le long du Nil pour profiter des terres enrichies par les limons lors des crues du fleuve. Le mot Apiculteur n?existait pas, mais la profession, elle,existait bien.
Les « mouchiers » de l?époque( je ne sais comment cela se disait en Egyptien) possédaient des barques spéciales sur lesquelles deux lignes de flottaison avaient été tracées. Celle du bas indiquait la présence à bord de ruches peuplées, mais sans beaucoup de provisions. Au dessus, une autre ligne de flottaison indiquait que les ruches étaient pleines.
La barque était amarrée à proximité des champs dont on voulait profiter du nectar.
Lorsque l?eau arrivait à la ligne de flottaison supérieure, c?est donc que les ruches étaient pleines et qu?il fallait songer à la récolte, puis déplacer le bateau pour aller chercher d?autres champs mellifères.
Contrairement à ce que nous sommes enclin à penser, en remontant dans la nuit des temps, on trouve toujours que les hommes ont été industrieux.
( A suivre)



L?essaimage :



Nous avons vu que la reine, seule, assure le renouvellement des individus constituant la colonie. Ce qui revient à dire que si la reine meurt, et qu?une autre ne peut venir prendre sa place principalement en hiver, (saison durant laquelle le vol nuptial ne peut avoir lieu, et la nouvelle reine ne saura donc pondre que des ?ufs non fécondés) ces ?ufs nous l?avons vu ne donneront que des mâles, mâles qui sont incapables de manger tout seuls et à fortiori d?aller chercher la nourriture de la colonie.)
On dit alors, que la ruche devient bourdonneuse (faux bourdons), et elle est condamnée à mourir de faim rapidement. Il faut donc pouvoir remplacer ces colonies qui meurent. La Nature, qui est très futée et bien organisée, a prévu l?essaimage.
Lorsqu?une belle ruche se développe bien, il arrive que le « logement » soit trop étroit pour entreposer tout le miel. Pour régler cette crise du logement, les ouvrières mettent en chantier l?élevage de quelques reines. En temps normal, la reine ne tolère pas que des cellules royales soient édifiées. ( Zut !! Je suis pris en flagrant délit d?anthropocentrisme. La reine n?a pas à tolérer ou ne pas tolérer?.Ce sont des stimuli qui guident son action?.comme toutes les actions des abeilles pour lesquelles je ne pense pas que l?on puisse parler « d?intelligence »)
Donc la reine qui en temps normal ne laisse pas s?effectuer la construction de cellules royales,( elle émet une hormone exogène qui inhibe la construction de cellule royale) ne fait rien au moment de l?essaimage pour empêcher cette construction.
Pourquoi ? Je n?en sais fichtre rien. Je suppose que durant cette période, cette hormone n?est plus émise.
Donc, de nouvelles reines sont mises en élevage. La vieille reine, qui n?est pas idiote (encore mon anthropocentrisme !! mais tant pis, je continue) la vieille reine, donc, sait fort bien que lorsque la première jeune reine naîtra, pleine de forces neuves, elle viendra lui faire son affaire. Aussi, quelques jours avant la naissance de la première nouvelle reine, la vieille reine pour la première fois depuis son vol nuptial) va laisser la place à sa fille et quitter la ruche, avec??la moitié de la colonie.
Qui désigne celles qui partiront avec la vieille reine et celles qui resteront ? Je l?ignore également.
En revanche, je sais que non seulement le partage se fait par moitié, mais dans chaque moitié, il y a la même proportion d?abeilles du même âge ( nourricières, déblayeuses, productrice de cire, de gelée royale, butineuses) . Avouez que cette répartition est époustouflante !
Les butineuses, avant de partir, remplissent de miel leur jabot. Il faut des provisions de route et s?alimenter durant les premiers moments dans la future ruche. Elles sont prévoyantes.
Vous êtes blasés ? Vous n?êtes plus étonnés ? Moi si ! Toujours !

En sortant de la ruche, toutes les partantes volent en un tourbillon de 10 ou 15 mètres de diamètre, puis, toutes ces abeilles, avec la vieille reine, viennent se poser, sur une branche d?arbre, contre un mur, sur un piquet etc, généralement très proche de la ruche qu?elles viennent de quitter. Vous voyez alors se former un essaim, c' est-à-dire une boule d?abeilles agglomérées les unes aux autres. Beaucoup d?entre vous ont sans doute eu l?occasion de voir ces essaims qui viennent de sortir de la ruche et peuvent rester 2 à 3 jours avant d?avoir trouvé un nouveau gîte.
Dès que l?essaim s?est posé, des
Eclaireuses (vous vous souvenez ? Ce sont les mathématiciennes de la cité)
partent pour chercher un nouveau logis : Un trou d?arbre assez vaste, une profonde fissure dans un mur, une vieille ruche, derrière un volet, sous un toit, ou?..une ruche- piège posée par un apiculteur, etc..
.La première éclaireuse qui aura trouvé le gîte idéal, reviendra à l?essaim pour expliquer aux copines (danse frétillante) dans quelle direction et à quel temps de vol se trouve le futur logis. Et tout l?essaim va s?envoler pour aller occuper ce nouveau logis. Peu après leur installation, les butineuses font un vol de repérage pour bien mémoriser leur nouveau local, et partent butiner. Il n?y a pas de temps à perdre, et elles sont chargées de nourrir toute cette petite société qui n?a plus de réserve.
Les cirières se mettent à construire des cadres de cellules, et dans les premières cellules construites, la reine recommence sa ponte. Une nouvelle ruche est née, qui remplacera les ruches mortes durant l?hiver.
Il peut arriver que les éclaireuses de cet essaim n'aient pas su ou pas pu trouver un nouveau logis. Les abeilles alors construisent des cadres en plein air, mais les chances de survie sont minimes, car pour réchauffer le nid à couvain, il n?y aura sans doute pas assez de provision, durant la mauvaise saison.
Pour terminer ce petit paragraphe sur l?essaimage, je vais vous parler d?une fausse idée qui perdure depuis plus de 2000 ans !
Si vous posez la question à des agriculteurs qui ont derrière eux des générations d?agriculteurs :
« Comment faut il faire pour qu?un essaim qui passe au dessus de vos champs, se pose chez vous ? »
Beaucoup vous répondront : C?est simple : il faut faire du bruit en frappant quelque chose en métal. Tapez sur une casserole, sur une pelle, sur un bidon, et l?essaim se posera immédiatement.
C?est faux. Et cette fausse idée remonte?..au droit Romain Le droit Romain qui régissait toutes choses, avait prévu que lorsqu?un essaim sortait d?une ruche d?un « mouchier » ( ancien nom de l?apiculteur. On appelait l?abeille « mouche à miel, ou plus poétiquement Avette), le propriétaire de la ruche avait un droit de suite. Il pouvait pénétrer sur des terrains appartenant à des tiers pour récupérer son essaim. Mais à cette époque, les petits larcins étaient fréquents. On allait faucher quelques bûches ou quelques gerbes chez un voisin) Aussi, pour bien prouver que le mouchier poursuivait un essaim et n?avait aucune intention malhonnête, il faisait du bruit en tapant sur un objet métallique. Comme les mouchiers avaient une réputation d?être un peu sorcier, les autres paysans pensaient que c?était un « truc » pour faire se poser les essaims.
Personnellement, dans un petit village du Gers, j?ai reçu de plusieurs cultivateurs ce « tuyau » transmis de génération en génération depuis deux millénaires.
« Nous, cela ne nous intéresse pas d?avoir des abeilles, mais pour qu?un essaim se pose chez nous, je sais ce qu?il faut faire » et ils m?expliquaient qu?un bruit métallique les faisait se poser.
( A suivre)



UN SPORT AMUSANT : LA CAPTURE D?UN ESSAIM


Comme dans toutes les activités, il y a des travaux plus ou moins amusants.
Il est par exemple extrêmement désagréable de nettoyer une ruche envahie par la fausse teigne. Toutes ces larves de teignes qui gigotent après avoir détruit tous les cadres de cire, et qui de surcroît, ont tissé dans les cadres des écheveaux de filaments difficiles à extirper, non, ce n?est pas drôle de passer tout ce magma à la lampe à souder. En revanche il est une activité amusante et très utile (ce qui ne gâte rien), il s'agit de la capture des essaims.
Nous avons déjà parlé de l?essaimage. La vieille reine, avec la moitié de la population, quitte la ruche et part à l?aventure, à la recherche d?un nouveau logis. Vous ne pouvez pas concevoir l?imagination de nos petits insectes pour trouver d?agréables pénates. Mais c?est avant que ce nouveau logis ne soit trouvé qu?il faut intervenir. Car lorsque les abeilles ont élu domicile quelque part, il ne s?agit plus d?un essaim, mais d?une ruche sauvage, dans laquelle, des cadres sont immédiatement construits et les cellules aussitôt garnies de larves au centre, de miel et de pollen autour. Et là, il est très difficile de les déloger (J?en dirai un mot plus loin)
Pour capturer un essaim, il faut donc faire très vite. Lorsqu?un essaim vous est signalé (et en période d?essaimage, c?est plusieurs fois par semaine que l?on me téléphonait), il faut immédiatement aller voir comment les choses se présentent. Car il est rare de trouver deux essaims se présenter dans des conditions identiques.
Il y a les cas simples ou l?essaim s?est gentiment posé sur une branche souple d'un arbre, à un mètre cinquante du sol. Il s?agit en l?occurrence de très, très gentilles abeilles, soucieuses de vous faciliter le travail......C?est merveilleux, mais malheureusement très, très rare.
Dans ce cas, il suffit de déposer une ruche vide, dans laquelle ou a enlevé les 4 ou 5 cadres du centre, on secoue la branche souple, les abeilles dont la reine qui est au milieu, tombent dans la ruche. On attend quelques minutes pour que les abeilles qui volent viennent rejoindre la reine, on ferme la ruche, et il n?y a plus qu?à l?emmener dans un rucher.
Mais les choses, je l?ai dit se présentent rarement d?un façon aussi favorable.
L?essaim peut se poser par exemple tout autour d?un piquet.
Le problème est plus délicat car on risque de manquer la reine. On fait tourner la ruche vide tout autour du piquet en brossant très rapidement les abeilles, de haut en bas bien sûr.
Bien souvent les essaims sont hauts dans des arbres. Il faut alors improviser, en utilisant un principe : Lorsque vous présentez un cadre de couvain frais devant des abeilles, elles viennent spontanément sur le cadre pour nourrir le couvain.. Vous pouvez donc, après avoir taillé une longue branche, ficeler à son extrémité fine un cadre de couvain que vous montez à la hauteur de l?essaim. Il faut quelquefois tenir la branche à bout de bras et comme il faut rester au moins 5 minutes pour que toutes les abeilles viennent sur le cadre, cela parait longuet.
D?autres fois, l?essaim s?est posé trop haut dans un arbre pour trouver une branche assez longue. Vous prenez alors un morceau de brique dans laquelle vous nouez une longue ficelle. Vous allez alors faire un exercice genre » lancement de grenade », mais en lancement vertical, pour que la brique passe au dessus de la branche ou se trouve l?essaim.
Croyez moi, ce n?est pas évident et plusieurs tentatives sont nécessaires Quand vous avez réussi votre coup, vous laissez descendre la brique, vous la détachez et à sa place, vous attachez un cadre de couvain frais, et le remontez jusqu?à la hauteur de l?essaim. Là encore vous attendez,( mais dans une position plus confortable), que les abeilles s?agglomèrent autour de cadre. Vous n?avez plus qu?à le descendre dans une ruche vide .
Bien souvent je vous l?ai dit, on vous appelle pour un essaim, alors que les abeilles sont déjà installées. Ce n?est plus un essaim, c?est une ruche sauvage, installée dans des endroits les plus divers. Disons le, il est des cas ou il n?est pas possible de récupérer les abeilles.
Lorsque les abeilles se sont installées dans un trou de mur, il y a une possibilité, mais l?opération est longue et vous n?aurez pas la vieille reine. En revanche quand l?opération réussit vous aurez une reine toute jeune.
Voici comment il faut procéder. Sous le trou du mur par lequel entrent et sortent les abeilles, vous installez avec un échafaudage de votre invention, une ruche, vide d?abeilles mais contenant des cadres vides et un cadre de couvain frais.
Il existe de petits appareils que tous les apiculteurs possèdent et qui s?appellent chasse abeilles (certains les utilisent pour les récoltes afin de chasser les abeilles des hausses à récolter). Ce petit appareil, très simple, est conçu pour que les abeilles puissent sortir d?un coté mais ne puissent plus rentrer de l?autre coté. Vous fixez le chasse abeille avec du mastic devant le trou, en veillent bien sûr à ce que le trou soit entièrement bouché.
Que se passe t il ? Les abeilles de vol sortent du mur par le chasse abeilles. Lorsqu?elles reviennent chargées de leurs provisions, elles ne peuvent revenir à la ruche dans le mur. Sans grande hésitation, elles rentrent alors dans la ruche nouvelle pour couvrir le couvain. Toutes les abeilles de vol se trouvent vite dans la nouvelle ruche, et y reviendront désormais..
Comme je l?ai déjà expliqué, ces abeilles de vol réactivent leur glande de production de gelée royale et des reines sont mises en élevage. A l?intérieur du mur, les jeunes abeilles vieillissent et sortent à leur tour, rejoignant la nouvelle ruche.
En laissant plusieurs jours le système en place, vous récolterez toutes les abeilles qui arrivant à 3 semaines, deviennent butineuses et sortent pour peupler votre nouvelle ruche.
Comme il ne rentrera plus de provision, la ruche, dans le mur va s?éteindre peu à peu, ce qui est triste, mais vous avez une belle ruche avec une jeune reine de l?année.
Lorsqu?un essaim est en vol, pour le contraindre à se poser, le moyen le plus simple n?est pas celui que j?indiquais plus haut?.. mais?..
D?utiliser un miroir. Vous renvoyez le soleil dans l?essaim. Les abeilles se guident d?après le soleil. En projetant sur elle la lumière du soleil, elles voient deux soleils, se trouvent désorientées et se posent.
( A suivre)



Mes recherches :


Dés le début de mes études sur les abeilles, j?avais été frappé par l?énorme travail accompli par les abeilles pour produire du miel.
Après tout, le nectar n?est guère plus que de l?eau sucrée. Et c?est en partant d?un élément aussi simple qu?elles réalisent un produit complexe, qui se conserve de nombreuses années, qui contient des enzymes des diastases un principe antibiotique, et des sucres nobles, directement assimilable par l?organisme.
Mais alors, ne pourrait on pas utiliser ces extraordinaires aptitudes que les abeilles possèdent depuis des millénaires, pour leur demander de faire des produits en partant d?un « nectar » plus élaboré ?
Il ne s?agissait pas pour moi, de contrer la nature. D?ailleurs bien que dans le langage courant, on parle d?abeilles sauvages et d?abeilles domestiques, il n?y a en fait qu?une sorte d?abeille sur ce plan là.
L?abeille ne se laisse pas domestiquer. Certaines vivent dans des ruches faites par l?homme, d?autres vivent dans des troncs d?arbre, mais elles sont identiques et vivent toutes de la même façon.
Par ailleurs, j?avais lu que les abeilles pratiquaient le hoarding.
Le hoarding est la propension de certains animaux à ramasser des provisions, non pas en fonction de leurs besoins, mais de leurs possibilités. Plus elles pouvaient engranger des provisions plus elles étaient satisfaites.
C?est en partant de ces données que j?ai décidé, dés que je suis devenu apiculteur à plein temps de faire des expériences. Les abeilles peuvent elles faire des produits plus élaborés que le miel ?
Au cours de mes expériences, je me suis rendu compte que l?action des abeilles sur des nectars naturels ou fournis était quadruple.
1/ Les abeilles ajoutent
Elles ajoutent toujours leurs propres apports. Enzymes, diastases, principe antibiotique. J?ai pu établir par des analyses que le principe antibiotique qui se trouve dans le miel est rigoureusement identique à celui qui se retrouve dans mes produits nouveaux. Ce qui établissait que ce principe antibiotique ne venait pas du nectar, il n?était pas d?origine végétale, mais des abeilles elles mêmes.
2/ Les abeilles invertissent les sucres. Elles transforment le saccharose (qu?il soit dans le nectar ou dans les sirops fournis) en sucres nobles, principalement lévulose et glucose, assimilable dans l?organisme sans y laisser de déchets. Elles réalisent cette opération grâce à une diastase qu?elle possèdent : l?invertase
3/ Les abeilles transmettent
Elles transmettent dans le produit fini ce qu?elles trouvent dans le nectar naturel ou fourni. Dans le miel il y a quelques vitamines trouvées dans le nectar butiné. Dans un produit nouveau je retrouve par exemple tel oligoélément que j?avais fourni.
4/ Enfin les abeilles, rendent le produit « conservable »
Le nectar ne pourrait se conserver, car la teneur en eau est trop importante.
Dans tous les cas, qu?il s?agisse au départ d?un nectar naturel ou d?un nectar fourni, les abeilles font en sorte que la teneur en eau soit inférieure à 18%. Ainsi traité, le produit se conservera durant des années.
Au cours de mes expériences, j?ai réalisé entre 50 et 60 produits nouveaux. Qui se divisent en deux catégories
a/ Les produits gustatifs, de couleurs et de goûts différents. J?ai fait des produits verts à la menthe, jaune au citron, rouge à la grenadine, et de multiples autres produits à la mandarine, à la vanille , au café etc
b/ Les produits diététiques, à base d?oligoéléments, ou de vitamines ou d?extraits végétaux.
Mais il ne faut pas croire que toutes mes tentatives étaient couronnées de succès. Il y a des produits dont les abeilles ne veulent pas. Et je suis persuadé que cela peut être très instructif pour l?homme.
Par exemple, si elles acceptent la plupart des oligoéléments ( magnésium, manganèse etc) elles refusent absolument le cuivre.
J?ai même eu un cas assez curieux. La diététique parlait beaucoup, en un temps, du sélénium produit auquel on prêtait beaucoup de vertus. Bien entendu, j?ai préparé pour mes abeilles des sirops avec du sélénium à diverses doses.
Le premier jour, elles l?ont pris avidement. Comme le second jour elles n?en voulaient plus, je suis allé voir ce qui se passait dans la ruche.
Il n?y avait aucune mortalité. Mais les abeilles ne sortaient plus, donc ne volaient plus. Sur les cadres, elles se déplaçaient lentement, amorphes.
Toutes les abeilles de cette ruche étaient en partie anesthésiées, et je suis persuadé que le sélénium doit avoir des effets secondaires qu?il serait prudent de bien étudier avant d?en prôner la consommation.
Il a fallu 8 jours pour que ces ruches reprennent une vie normale, sans aucune perte d?ailleurs.
Bien entendu, pour mener mes expériences, j?ai du mettre au point des techniques de production et un matériel permettant de réaliser des productions en simplifiant le travail au rucher. Travail de l?apiculteur mais aussi de l?abeille, bien sûr.
J?ai pris deux brevets, et même créé une petite Société pour lancer mes produits. Mais mes aptitudes commerciales n?étaient pas au niveau de mes possibilités sur le plan technique??.
Depuis 5 ans j?ai tout abandonné, et ne désire absolument plus m?occuper de ces produits. Mais j?ai la certitude que d?autres après moi, lanceront ces produits qui présentent de nombreux avantages.
- Il est possible de réaliser une palette de produits très diversifiés
- Sur le plan quantitatif, un apiculteur professionnel récolte 20 kg de miel par ruche et par an.
Or, il est possible de produire 100 à 120 kg de produits nouveaux par ruche
et par an
Bien entendu, la question va m?être posée. Et les abeilles, dans tout ça ?
Soyez certains que si mes abeilles en avaient pâti, je n?aurais pas poursuivi mes recherches. Mais c?est exactement le contraire.
J?ai déjà parlé du hoarding. Les abeilles aiment amasser le plus possible de provisions. L?expérience est venue confirmer la théorie. Les ruches sur lesquelles je faisais mes produits, étaient toujours dans l?abondance et elles étaient de loin les plus fortes de tout mon cheptel.
Par ailleurs, elles résistaient beaucoup mieux aux maladies. La varroa m?a fait perdre des ruches.
Pas une seule de celles sur lesquelles j?avais fait des produits nouveaux.
( A suivre)



Postface :

Dans cette conclusion, je ne vais pas reprendre ce qui a déjà été dit. Je ne vais pas non plus spéculer sur l?intérêt que vous y avez trouvé.
Je voudrais dire, combien cette expérience a été enrichissante pour moi.
Je me suis rendu compte en écrivant cette petite étude combien il est difficile de faire de la vulgarisation. Lorsque l?on a quelques connaissances dans un domaine, il est très difficile d?expliquer ce qui pour soi est évident.
Se mettre à la place de ceux qui n?ont que de vagues notions sur le sujet, est beaucoup plus difficile que de s?adresser à des personnes déjà averties.
J?avais eu une expérience de ce qui d?ailleurs est d?une application générale.
Lorsque je me suis mis à me passionner pour la vie des abeilles et l?apiculture, j?ai beaucoup lu. Mes connaissances étaient donc purement livresques
Lorsque j?ai acheté mes premières ruches, je n?avais jamais vu ouvrir une ruche. Mon vendeur après m?avoir livré, me proposa d?ouvrir les ruches pour que je puisse voir la qualité des colonies que je venais d?acquérir. Je refusais, disant que je lui faisais entièrement confiance. Mais, mon vendeur une fois parti, il fallait bien (d?ailleurs j?en mourrais d?envie), que j?aille voir enfin concrètement mes cadres d?abeilles.
Seulement, voilà. Tous les manuels, pour expliquer une opération à effectuer indiquent : « Vous allumez votre enfumoir, et?.. »
Stop !!!
Comment allumer un enfumoir, et avec quoi ? Personne ne le dit. Les livres sont écrits à l?intention de personnes qui ont déjà une petite expérience.
J?ai pensé que faire brûler des chiffons ferait de la fumée. Après une demie heure d?efforts de petits jets prostatiques de fumée sortaient de mon enfumoir.
Je pensais que c?était suffisant, et j?ai ouvert ma première ruche. Je n?eus que le temps de remettre le toit avant de fuir précipitamment piqué de toutes parts malgré mon bel équipement tout neuf.
Tout ceci pour dire que si l?un des auteurs avait pris la peine d?expliquer, même la chose la plus simple, tout se serait mieux passé pour moi, mais comment savoir le degré d?incompétence du lecteur ? Un spécialiste ne peut le mesurer.
Vous avez sans doute tous trouvé des notices d?utilisation d?appareils que vous veniez d?acquérir, dans lesquels les choses simples n?étaient pas expliquées?..ce qui vous bloquait dés le début.
J?ai voulu essayer d?éviter cet écueil dans ma petite étude, mais j?ai mesuré combien il était difficile de simplifier sans trop déformer, et à chaque ligne, un cas de conscience se posait.
Fallait il faire simple, et un peu déformer, ou être précis, et alors trop compliqué pour être compris ?
J?espère avoir pu trouver le juste milieu.













Pour terminer cette petite étude sur les abeilles,
je me suis amusé à imaginer les pensées d?une abeille ouvrière. Je lui ai fait raconter sa vie.





LES PENSEES D?UNE ABEILLE


Lorsque je réfléchis, je trouve que j?ai eu beaucoup de chance.
D?abord ; je m?appelle 100.111. Avouez que c?est une chance ! Mon nom est facile à retenir. Remarquez, mon vrai nom est Praya 100.111. Mais comme Praya est le nom de toute la famille, on m?appelle simplement 100.111.
Notre système est simple. Mère s?appelle 1, et tout les six mois on repart à 2 (la reine continuant à vivre) pour donner un nom en fonction de l?ordre de naissance
Lorsque l?on est à l?état d??uf et à l?état larvaire, on n?a pas de nom.
Ce qui compte, c?est le moment ou l?on sort de l?alvéole. Là, on commence a exister, à avoir une identité.
Normalement, on est seule à porter un numéro. Mais il peut arriver, à la sortie de l?hiver, que des abeilles vivent plus de 6 mois. Alors il peut y avoir deux abeilles qui portent les mêmes premiers numéros. Moi, avec mon numéro assez élevé, je sais que cela n?arrivera pas.
Oui je suis heureuse d?être ce que je suis.
D?accord, étant née en mai, je vivrai moins longtemps que la reine ou que ces gros lourdauds de faux bourdons.
Mère va vivre peut être 1200 jours ou encore plus. Mais vous vous rendez compte d?une vie !!!.
D?abord, elle va du début à la fin, toujours manger la même chose. La gelée royale. Et ce n?est même pas très bon.
Un jour, j?ai voulu en goûter dans une cellule ou une larve venait d?éclore. Pouah !!!! Et puis durant
toute sa vie, elle ne va faire qu?une chose. Elle va pondre, pondre, pondre... jours et nuits. Elle ne va faire que ça..
Non, vraiment, je ne regrette pas de n?être pas Mère.
Et les mâles ? Ces gros goinfres, incapables de se nourrir tout seuls. On les tolère parce que quelques un, servent à la reproduction de l?espèce, m?a-t-on dit. Mais lorsqu?ils ont mis leur semence dans une mère, ils meurent aussitôt.
Pas drôle. Et tous les autres, on les fiche en dehors de la ruche et on s?arrête de les nourrir. Ils meurent de froid, de faim et ils n?ont même pas la consolation de se dire qu?ils ont servi à quelque chose.
Non. Je n?aurais pas aimé être un mâle !!!!
Moi j?ai une vie agréable.
Mes souvenirs remontent au moment où je n?étais encore qu?une larve. Ce devait être à la fin de ce stade, trois ou quatre jours à peu prés avant ma naissance.
Je me souviens très bien avoir vu pousser la fin de mes ailes et de mes pattes. C?était amusant. Je trouvais que je changeais très vite. Et pourtant, je ne faisais aucun effort.
En revanche, j?ai un très mauvais souvenir de ma naissance. Il a fallu que j?en fasse des efforts pour sortir de ma cellule. J?ai du d?abord percer l?opercule qui m?enfermait ; puis, patiemment, il a fallu que j?agrandisse le trou.
Lorsque le trou a été assez grand, j?ai dû faire une sacrée gymnastique pour sortir complètement de l?alvéole. J?avais froid. Mes ailes restaient collées sur mon corps.
Vous croyez que les frangines seraient venues me donner un coup de main ? Rien. Pas même un regard en passant à coté de moi ! Trop occupées à faire leur travail. Il a fallu que je me débrouille toute seule.
Lorsque tout a été en état de marche, les ailes libres, bien sèche sur tout le corps, j?étais complètement crevée. Je suis restée 2 jours à ne rien faire, sinon à réparer mes forces.
Quand j?ai eu deux jours, les frangines sont venues me dire qu?il faudrait songer à travailler. Moi, je voulais bien, je n?aime pas ne rien faire.

C?est là, qu?elles ont commencé à s?occuper de moi. J?étais devenue intéressante, je pouvais servir. C?est à ce moment là que l?on m?a dit mon nom. C?est vrai, quand même !! 100.111, j?ai eu de la veine. Vous vous rendez compte? Si j?avais été un peu moins rapide, pour sortir de l?alvéole, je pouvais être appelée 100.894 par exemple. Pas facile à retenir.
On m?a demandé d?abord de faire des corvées de casernement. J?ai nettoyé les cellules qui venaient d?être libérées par les nouvelles naissances.
Remarquez, je ne sais pas pourquoi on appelle ça des corvées. Moi, je trouvais
ça intéressant. J?arrivais devant une cellule, pleine de déchets de cire et de l?enveloppe d?une larve, et lorsque j?avais fini mon travail, la cellule était propre, brillante?.Oui, c?était agréable.
Après j?ai été affectée aux cuisines. Je préparais la bouillie larvaire. Du miel, du pollen de l?eau, il ne fallait pas se tromper dans le dosage. Mais on prenait rapidement le coup, et je trouvais cette activité amusante.
Et puis, j?ai senti quelque chose qui grossissait dans ma tête.
On m?a dit que j?étais grande maintenant (quoique ma taille soit toujours la même depuis ma naissance et qu?aujourd?hui encore, elle est toujours la même) et que j?allais produire de la gelée royale. Je me souviens que je trouvais ça formidable. J?allais moi, personnellement produire quelque chose, et cette chose était indispensable pour que vive Mère?.. et donc toute la famille, puisque nous descendons tous d?elle.
J?ai aussi un bon souvenir de cette période. Ce n?était pas très fatigant, la gelée royale venait toute seule. J?ai la donnais directement à la reine et d?autres fois, j?allais en mettre dans les cellules ou une larve venait juste d?éclore.

Et puis un jour, je me suis aperçu de deux choses à la fois.
Ma tête devenait moins lourde, et je produisais moins de gelée royale. En revanche, entre les anneaux de mon abdomen, de fines feuilles de cire apparaissaient.
Je devenais cirière. Cette période aussi a été merveilleuse. Vous vous rendez compte. Je devenais architecte. Je construisais des cellules.
Il fallait qu?elles soient toutes identiques. Les cotés ( il y en a six) sont faciles à construire, en revanche il fallait sacrément s?appliquer pour faire les fonds, constitués de trois triangles qui devaient faire des angles très précis avec la verticale.
Heureusement, nous sommes très douées pour ce travail, et je me demande même comment nous y arrivons. Ca tient du miracle !!
Depuis ma naissance, jusqu?à aujourd?hui, je n?étais pas sortie de la ruche.
Je me déplaçais dans la maison avec mes pattes, je ne m?étais jamais servi de mes ailes.
Indépendamment des activités dont je vous ai parlé, j?ai été appelée à faire bien d?autres choses. Transformer le nectar en miel en régurgitant plusieurs fois le nectar et en ventilant pour chasser l?eau en trop.
Oui, j?en ai fait des choses?..
Ce matin, il fait un temps magnifique. Quand il a fait un peu chaud, je suis sortie pour faire mon vol de repérage. Il fallait que je situe bien l?emplacement de la maison, car j?étais appelée à partir à plusieurs kilomètres, et si au retour, je n?avais pas retrouvé mon logis, que serais je devenue ?
J?étais fichue. Impossible de vivre toute seule.
Alors j?ai bien pris mes repères, et je suis partie faire ma première quête de nectar. Et si j?ai bien aimé tout ce que j?ai fait jusque là, c?est ça que je préfère : Le butinage.
On vole librement dans les airs, à la hauteur que l?on veut. C?est enivrant, Avant de partir de la maison, des copines spécialisées (nous les appelons les éclaireuses), nous avaient dit dans quelle direction et à quelle distance nous trouverions des champs de fleurs.
Elles sont fortes ces copines, car juste à l?endroit indiqué, j?ai trouvé plein de fleurs. Il suffisait de se poser sur une fleur, de plonger la tête vers le fond, et avec notre langue en forme de trompe, on aspirait un liquide sucré. On le stockait, mais on ne pouvait pas s?empêcher d'en avaler un peu pour nous. Un délice.
J?ai fini mon premier voyage. J?ai déposé mon nectar dans une alvéole, de jeunes s?urs vont l?absorber et le régurgiter plusieurs fois pour en faire du miel, et moi, je suis vite repartie pour mon deuxième voyage.
J?ai vraiment une vie merveilleuse. Je vais faire ça encore très longtemps, très longtemps : 20 jours, peut être même trente jours.
Je suis heureuse.

FIN



Si certains lecteurs, veulent échanger avec moi sur les abeilles et l'apiculture, j'en serais très heureux.

Merci pour ce texte passionnant à lire,

un apiculteur amateur depuis 4 ans,
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